Un clan.
Auquel je me sens si attachée.

Celui que je n’espérais pas rencontrer en posant mes valises à Monterey et qui pourtant s’est imposé comme une évidence. Ma passion pour les deux roues était si vibrante et dévorante que j’ai fini par rencontrer au fur et à mesure du temps d’autres riders, essentiellement tous des hommes. Peu m’importait d’être la seule femme de la bande, je n’ai jamais été du genre à faire des chichis et à me plaindre. Tout ce que je désirais, c’était partager de longues sessions moto en compagnie d’une horde tout aussi enthousiaste que moi et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçue. J’ai construit de formidables souvenirs grâce à nos nombreux rassemblements et aujourd’hui est un événement particulier. Dont je suis à l’initiative, une grande première pour la timide et réservée femme motarde que je suis à leur yeux. Et pourtant, voilà presque un mois et demi que je suis devenue autre chose. Un supplément que j’ai envie de leur partager, à eux, ces hommes qui possèdent une place toute trouvée dans mon cœur.

Spontanément, j’ai proposé un barbecue, en cette fin d’été. Afin de retrouver ces hommes que je porte en haute estime, afin de leur présenter mon fils dont je suis si fière. Le lieu de rendez-vous est rapidement atteint pour ma part, je suis plutôt surprise d’être la première arrivée. Mais c’est une bonne nouvelle, après tout, j’ai donc largement le temps d’installer une nappe à carreaux rouges sur la table de pique nique présente au parc et de sortir quelques boîtes contenant un repas que j’ai pris soin de commander à mon traiteur favori. J’aime beaucoup trop mes compagnons de route pour leur infliger ma cuisine qui s’avère régulièrement infâme. Henry, lui, dans sa poussette, gazouille et relève d’un calme absolu. Si fière de mon garçon et particulièrement satisfaite de son comportement, je fronce soudainement les sourcils quand j’entends des bruits de moteur se faire entendre. L’inévitable s’offre à mes oreilles: ils sont là.

Inquiète que ce vacarme bouleverse mon enfant, je me rue à ses côtés et l'informe, désireuse de communiquer le plus possible avec mon nourrisson:

Mmmm… Peut-être que… Attends, bébé…

Je lui installe donc un casque les oreilles qui a pour but de le protéger du vrombissement de plus en plus intense. Me retournant, je peux apercevoir quelques motos débarquer et, tout sourire, je crie afin de me faire entendre convenablement:

Comment pouvez-vous faire attendre la seule nana de la bande? Et jeune maman, qui plus est?!

Positionnant ma main au-dessus de mes yeux afin de les couvrir du soleil qui est ravageur en cette belle journée, je tente de reconnaître les visages qui approchent.
Et me réjouit d’avance de savourer un moment en leur compagnie!