Sur la pointe des pieds, les bras tendus, Olive suit avec grande précaution la mince bordure du trottoir. Ça l’amuse de parfois trébucher, sentir la raser les voitures dont elle n’entend pas le klaxon, car le son qui provient de ses écouteurs est bien plus fort. Impossible de fouler l’extérieur sans ce vieux lecteur MP3, vert pomme, qui semble pourtant à ses yeux d’une modernité fabuleuse depuis qu’elle se l’est procuré dans une petite boutique de produits d’occasion. Sa culture musicale est pauvre, une dizaine de chansons s’enchaînent perpétuellement. Olive ne s’en lasse pas, le cœur qui palpite toujours aussi fort lorsque les morceaux s’entament. C’est encore plus fantastique que le poste radio volé par ses frères, bien plus prodigieux que la platine vinyle qu’elle fait même tourner en son absence. Car elle ne supporte pas la solitude que lui offre la liberté qui l’a tant fait fantasmer, elle piétine le silence. Même dans ses rêves d’enfant, Olive n’imaginait pas le monde aussi grand. C’est le soir, lorsqu’elle remonte le drap sur sa carcasse qu’elle se demande alors si elle a fait le bon choix.
Son corps se faufile entre les ruelles et autres chemin de traverse. L’obscurité lui fait faire demi-tour après un mauvais choix qui l’agace. Les raccourcis sont dans la pénombre et son téléphone obsolète - mais déjà trop performant pour elle - ne peut être la lueur d’espoir. Toute contrariée quand son collant s’effile après avoir flirté avec le crépi d’une façade, elle s’autorise un long soupir avant de dégainer une cigarette. Elle espère qu’un jour, elle n’aura plus à user de trajectoire farfelue. Qu’elle aura vaincu la crainte effroyable que surgisse au milieu des autres, une silhouette qu’elle pourrait confondre avec celle de ses parents. Cette peur impérieuse qui lui force à presser le pas et baisser le regard lorsqu’elle n’a d’autres choix que de pénétrer la foule qui lui coupe le souffle.
Elle s’enfonce dans le quartier est tandis qu'Anna LaCazio et Peter Kingsbery s’accompagnent sur « born with teeth ». Incapable de retenir un sourire quand elle repère sa destination, elle arrive le pas chancelant et écrase sa cigarette contre sa semelle. Conscience de son extrême ponctualité, Olive est prête à parier qu’elle est la première arrivée. Le mégot au fin fond de la poubelle, elle pousse la porte et ses grands yeux passent au crible l’intérieur du bar. Pour se féliciter d’avoir eu raison, mais surtout, car tout est prétexte à boire, elle commande un Gin Tonic après s’être un peu installée à l’écart. Elle mordille ses lèvres, tapote du pied. Impatiente qu’il se manifeste à ses côtés. Son index tripote le collant délié pour tirer sur le fil qui dépasse par pure distraction imbécile. Olive rêve de s’enquérir d’un second verre, mais « pas avant qu’il arrive » se répète-t-elle. Ça fait un moment qu’elle est ici maintenant, elle a pris son temps pour boire le premier, a réclamé une paille pour flâner davantage. Il ne devrait plus trop tarder.
code by midnight shadow
_________________
just listen to the music of the traffic in the city, linger on the sidewalk where the neon signs are pretty
Corban Rivers
81
Zachaidan
Jacob Elordi
n-dia (avatar), awona (signature), gifs (stefansalvatored et harley)
/
22 ans et toutes ses dents. Du moins, pour l'instant. Une mandale bien placée est si vite arrivée. M'enfin, vous devriez voir l'autre.
Indisponible pour le moment, veuillez rappeler plus tard. Si vous avez la chance de réussir à laisser un message, c'est qu'il vous tolère. Et encore, il ne faut pas s'attendre à du haut vol. A peine le soleil levé qu'il n'est déjà plus à tes côtés. S'il répond au téléphone, c'est que déjà ton numéro est enregistré. Pas forcément pour les bonnes raisons, mais c'est déjà ça de gagné. Jouer avec Corban, c'est comme jouer avec le feu. Plus tu t'en approches, plus tu risques de te brûler les ailes.
Étudiant en Kinésiologie, il essaye vulgairement de garder la moyenne histoire de pouvoir continuer à pratiquer son sport. Il aide également officieusement de temps en temps la famille, pour dépanner. Ça lui fait plaisir, il ne faut pas croire. Mais le business de ses parents et de sa sœur sont bien trop rodés pour qu'il ait besoin de mettre le nez dedans. Pas vraiment intéressé par les études, il espère seulement que sa bourse sportive et son niveau d'athlète lui évite de replonger dans des bouquins théoriques de 800 pages.
L'immeuble communautaire possédé par Malone Harlow, à l'est de la ville. Ça l'arrange, c'est à côté de l'université.
Out of the womb into an ugly world I've been thrown. some bar with @Olive Peck
Il existe des rencontres qu'on aurait jamais aimé faire et d'autres qui, par pur hasard, deviennent des véritables trésors insoupçonnés. Olive était une de ses personnes. Habituellement, c'était rare que tu te rapproches de quelqu'un étant diamétralement opposé à toi caractériellement. Mais sa pureté naïve la rendait presque attachante. Ce n'était pas réellement pour cette raison que tu l'avais approché. Ou du moins, tu n'avais pas les meilleures des intentions au moment où vous vous êtes rencontrés. Dans ta spirale infernale, tu l'avais entraîné avec toi et c'était justement parce qu'elle ne refusait pas que tu avais continué. C'était égoïste de ta part et inconsciemment tu le savais. Mais en même temps elle arrivait à te tenir la tête hors de l'eau pendant cette période compliquée où tu avais juste envie de tout oublier. Elle réussissait à te faire penser à autre chose et c'est tout ce que tu souhaitais. Vous aviez cette connexion naturelle et presque déconcertante qui te plaisait tant. Vous pourriez parler de la pluie et du beau temps que tu serais ravi, parce que tu savais pertinemment qu'elle trouverait un moyen de rendre la discussion complètement lunaire. Et souvent, elle ne le faisait même pas exprès.
Réglé comme une pendule, c'était ce soir. Même bar, même heure. Putain, tu n'allais jamais être à l'heure en étant parti aussi tard de l'autre bout de la ville. Enculé ! Tu vois pas que le feu est vert !, tu t'égosillais dans l'habitacle de la voiture alors que personne ne t'entendait. Par contre, tu ne te privas pas d'appuyer sur le klaxon. Tu ne t'énervais pas spécialement parce que tu te savais en retard - de toute façon tu l'étais tout le temps - mais la route avait ce don de te mettre sur les nerfs, enfin plutôt les gens qui ne savaient toujours pas conduire alors que... Putain mais avance ! Deuxième coup de klaxon, bien plus long que le premier. Tu étais à deux doigts de lui refaire le pare choc arrière avant de te rappeler que ton père te tuerait s'il devait à nouveau réparer ta caisse. Seconde option : tu le contournais dans un crissement de pneus, enfumant ton sillon. Fuck this shit, ça méritait bien une clope. D'une main rapide, tu trifouillais dans la poche de ton blouson noir Carhartt à la recherche de ton paquet. Tu en extirpas une, la plaçant entre tes lèvres afin de venir l'allumer avec ton zippo. Joli trouvaille. Volé ? Non non, emprunté. C'était le tien maintenant. Reprendre, c'est volé.
Jetant la fin de la clope par la fenêtre, tu ouvris ta portière sur le parking du bar où tu étais attendu. Ce n'était pas trop tôt, la route t'avais paru durer une éternité. Il allait falloir beaucoup d'alcool pour éponger cet affront. Tu passais la porte, encore sur les nerfs. Comme une apparition salvatrice, Olive était là, sirotant son verre avec une paille. Bordel, du elle tout craché. Ça t'arracha un sourire alors que tu te dirigeais vers sa table, posant ton fessier juste en face d'elle. Je vois que tu ne m'as pas attendu pour commencer les festivités, Oli. T'aimais bien donner des surnoms, aussi pourris puissent-ils être. Maintenant, il te fallait une bière. Commande passé, tu pointas du nez son contenant. Qu'est-ce que c'est ce soir ? Dis-moi que c'est ton premier, supplias-tu presque du regard. Tu allais te vexer si c'était déjà son troisième. Dans ta grande bonté, tu lui laissas le bénéfice du doute.
La paille tournicote dans le verre vide alors que ses ongles tapotent le bois de la table. Gonflée d’énergie qu’elle ne peut évacuer, Olive se comprime. Ces rendez-vous, auxquels elle tient, toujours au même endroit, éveillent en elle des sensations qui ne se répriment pas. Une impatience aussi vive que celle de ses retours d’école où le pas pressé, elle s’engouffrait derrière la lavande pour rejoindre son frère qui l’attendait, sans faute, avec le poste radio. Ces entrevues, programmées au bar, sont précieuses pour elle et c’est tout son corps qui se raidit les fois où la porte s’ouvre, espérant sans cesse que ce soit lui, parce que sa plus grande crainte serait qu’il ne vienne plus. Plus que tout, Olive craint d’être abandonnée dans ce monde dont elle ne maîtrise pas les codes ni les rouages et s’enracine tenacement à ceux qui lui permettent de s’éveiller.
C'est ses grands yeux qui brillent de mille feux quand il pénètre dans la pièce. Olive n’a de cesse d’être aussi éblouie que fascinée par son aura écrasante. De huit ans son aînée, cela est difficile à croire si on ne dispose pas de l’information. Ses lèvres esquissent le plus beau des sourires tandis qu’il prend place face à elle et commande sa bière.
- Je me suis récompensée d’être arrivée première et de mon trajet aussi !
Elle ne possède pas le permis, un bien pour les habitants pour cette ville, car il serait illusoire de croire qu’Olive possède les capacités requises pour être derrière un volant. Trop distraite, elle est surtout bien trop impressionnée par ces véhicules à quatre roues qu’elle n’avait jamais connus dans sa communauté reculée de Colorado City.
À sa question, elle échappe un rire mutin et lève les deux mains en l’air.
- Promis Monsieur, c’est mon premier ! elle attrape le verre vide qu’elle retourne, C’était un Gin Tonic… Terminé trop vite… Il me manque déjà.
L’air faussement triste, elle s’empresse d’en demander un deuxième avec la plus grande politesse.
- On va pouvoir trinquer ! Tu ne peux pas trinquer si tu es tout seul !
Depuis qu’Olive a découvert cette habitude étrange qu’ont les gens avant d’entamer leur boisson, cela l’amuse beaucoup. Ce qu’elle préfère, c’est les règles que certains imposent absolument : « Dans les yeux ! » , « On ne croise pas ! » Elle n’y comprend pas grand-chose, mais elle en rigole énormément. Il lui est impossible de décrire le plaisir qu’elle prend à tâtonner les pratiques curieuses des individus qu’on lui a toujours interdit de côtoyer.
Sa main farfouille l’intérieur de son blouson, à la recherche de son paquet de cigarettes dont elle en extirpe deux. La première pour elle, la seconde qu’elle glisse entre les lèvres de Corban.
- Et quand ce sera fait, on ira fumer et tu me raconteras ta journée ! Bien sûr tu pourras me raconter n’importe quoi car je n’ai, de toute façon, aucun moyen de vérifier alors c’est le moment de t’inventer une vie fabuleuse, car je crois que c’est ce que je ferai, un truc genre, j’ai une grande maison avec plein d’animaux, elle marque une pause, enfin c’est le premier truc qui m’est venu.
Les rêves d’Olive ne sont pas extravagants. Elle n’est qu’une loufoque simplette qui n’aspire pas à l’histoire d’amour ni à la richesse. Dans ses songes les plus fous, entourée de ses frères, elle vit sa liberté. Parce qu’elle veut y croire, au moins un peu, à cet infime espoir. Mais elle sait aussi que s’arrimer juste à ça ne mènerait à rien.
code by midnight shadow
_________________
just listen to the music of the traffic in the city, linger on the sidewalk where the neon signs are pretty
Corban Rivers
81
Zachaidan
Jacob Elordi
n-dia (avatar), awona (signature), gifs (stefansalvatored et harley)
/
22 ans et toutes ses dents. Du moins, pour l'instant. Une mandale bien placée est si vite arrivée. M'enfin, vous devriez voir l'autre.
Indisponible pour le moment, veuillez rappeler plus tard. Si vous avez la chance de réussir à laisser un message, c'est qu'il vous tolère. Et encore, il ne faut pas s'attendre à du haut vol. A peine le soleil levé qu'il n'est déjà plus à tes côtés. S'il répond au téléphone, c'est que déjà ton numéro est enregistré. Pas forcément pour les bonnes raisons, mais c'est déjà ça de gagné. Jouer avec Corban, c'est comme jouer avec le feu. Plus tu t'en approches, plus tu risques de te brûler les ailes.
Étudiant en Kinésiologie, il essaye vulgairement de garder la moyenne histoire de pouvoir continuer à pratiquer son sport. Il aide également officieusement de temps en temps la famille, pour dépanner. Ça lui fait plaisir, il ne faut pas croire. Mais le business de ses parents et de sa sœur sont bien trop rodés pour qu'il ait besoin de mettre le nez dedans. Pas vraiment intéressé par les études, il espère seulement que sa bourse sportive et son niveau d'athlète lui évite de replonger dans des bouquins théoriques de 800 pages.
L'immeuble communautaire possédé par Malone Harlow, à l'est de la ville. Ça l'arrange, c'est à côté de l'université.
Out of the womb into an ugly world I've been thrown. some bar with @Olive Peck
Malgré votre différence d'âge flagrante sur le papier, elle ne se ressentait en revanche absolument pas ni physiquement ni mentalement. Si tu n'étais pas le plus petit de la fratrie, Oli pourrait être cette petite soeur dont le sourire enfantin irradie la pièce dès qu'elle te voit. Comme si tu venais de rentrer d'une journée de cours bien chargée et qu'elle t'avait attendue bien sagement à la maison pour pouvoir jouer avec toi et te raconter sa journée dans les moindres détails. Hm, ouais, c'était définitivement Oli. Sauf que normalement, les règles universelles seraient que tu ne traînes pas la petite sur le mauvais chemin. Sauf que voilà, vous étiez tous les deux dans un bar, à savoir pertinemment que ce ne serait pas le premier verre, et encore moins le dernier.
- Pas difficile d'arriver avant moi, je te l'accorde. Et ça a été, pas de gros lourds sur ton trajet ?
Si vous n'étiez pas là tous les deux à discuter et à vous côtoyer depuis un moment, ç'aurait pu être toi le gros relou sur sa route. Avec assez de verres dans le sang qui ne pourraient être comptés sur les doigts d'une seule main, tu aurais très probablement pu être ce genre de mec. En général quand ça arrivait, soit tes potes te tiraient par le colback pour sauver la demoiselle en détresse - quand ils n'étaient pas aussi klaxonnés que toi -, soit la victime t'envoyait valser avec une belle tarte pleine de doigts.
Tu plissais les yeux, un petit sourire en coin en écoutant sa défense chancelante.
- Ça passe pour cette fois, je ne chercherais pas à avoir des preuves.
Comme si c'était le signal, elle s'empressa de commander un deuxième verre. Dans ta tête, c'était comme une compétition muette : il fallait que tu finisses vite ta bière pour rattraper ton retard. Ensuite, tu passerais aux choses sérieuses. Whisky ? Non, d'abord, ça trinque. Tu élevas la pinte pour la faire claquer contre son cocktail, les mirettes rivées dans les siennes. Chez toi, c'était droit dans les yeux et pas autrement. Sinon, ça devenait un bon prétexte pour un gage ou une bonne pichenette sur le front. Enfin ça dépendait avec qui, parce qu'en général ça finissait en bagarre avec ton grand frère.
- Cheers !
Cette bière n'attendant rien pour attendre, tu avalas d'une bonne traite quelques gorgées. Tu n'eus même pas le temps de dire "Ouf" qu'une clope prit place entre tes lèvres. Un coin de ta bouche s'éleva.
- T'sais comment me parler toi dis donc hein. J'paye la prochaine.
Tu la calais dans la commissure de tes lèvres pour que ce soit plus simple de continuer la discussion. Tout en te levant, tu lui fis un signe de tête pour que vous pussiez vous diriger vers l'extérieur et vous raconter cette fameuse journée. Ta bière dans une main, l'autre était à la recherche de ton feu.
- Plein d'animaux à quel point ? Genre une ferme ?
Sa façon de voir la vie était affolement mignonne. La première chose à laquelle elle avait pensé c'était une grande maison avec plein d'animaux ? Simple et efficace, elle n'était pas du genre à en demander trop. Tu voulais la suivre dans son rêve, ça avait l'air sympa. Rien que pour ce soir.
- T'as des animaux exotiques ?
Le froid vint mordiller ta peau à travers tes vêtements quand tu passas la porte battante du bar, c'était étrangement agréable. Oli sur tes talons, tu vins approcher la flamme de ton briquet près de sa cigarette pour l'allumer. Après tout, elle avait payé sa clope alors tu pouvais bien lui faire ce plaisir. Ce fut ensuite ton tour, un long souffle expirant ta fumée et entraînant tes paroles sur son chemin.
- Qu'est-ce que j'ai fait aujourd'hui...
Toi aussi tu avais envie de t'inventer une vie mais il faudrait déjà que tu saches ce que tu veux. Niveau avenir, à part réussir à décrocher un contrat dans une grosse équipe de basket, y avait pas grand chose qui te trottait en tête. Bien sûr ça entraînerait de gagner beaucoup de thune et tu pourrais t'acheter une putain de baraque. Ou un ranch comme tes parents ? Peut-être un chien et des chevaux en plus. Et puis les soins de ta sœur aussi... Putain, penser aussi loin te donnait mal au crâne, t'avais pas l'habitude de ces conneries. C'était pas trop le genre de discussion que tu pourrais avoir avec quelqu'un chez toi ou avec tes potes. T'aimais pas parler de tes sentiments, alors l'avenir c'était hors de portée. Tu t'en tenais au basket et basta. Oli réussissait à te sortir de ta zone de confort et c'était déstabilisant.
- J'me suis occupée des chevaux et j'me suis baladé en forêt. C'était putain d'beau, dis-tu le regard dans le vague, tirant une grosse latte par la même occasion.
Si seulement... T'avais plus trop le temps entre les cours et le sport. Monter à cheval te manquait. Pourtant, avec ta déguaine, on ne se douterait pas du tout. Les gens étaient plutôt du genre à penser que, pour toi, l'équitation était un sport - si on pouvait appeler ça un sport - de filles à papa pourries gâtées. S'ils savaient. A une époque, tu passais plus de temps sur un cheval qu'avec un ballon de basket entre les mains.
Accueil
