tw :: thèmes sensibles évoqués : guerre, mort, violence physique, torture.

« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : mi-novembre 2023.
Mission de sauvetage depuis : Fin août 2023,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat S. Adelson : 25 octobre 2023.
Dernière position connue des soldats Adelson/O’Sullivan : Kaboul


À Kaboul, les attaques sont fréquentes. Depuis la prise au pouvoir des Talibans, le pays est la cible d'interminables conflits depuis août 2021, faisant de nombreuses victimes. Les étrangers et les personnes associées aux pays occidentaux sont la cible d’enlèvements et de violences de la part de groupes terroristes. La situation sécuritaire est très instable, il y a des postes de contrôles sur toutes les routes et dans toutes les villes. Les femmes ne sont pas autorisées à voyager seules et sont souvent confrontées à des difficultés aux postes de contrôle. L’ambassade des Etats-Unis en Afghanistan a tout bonnement suspendu ses activités. Tout y est très limité. Les autorités afghanes ont publié une serie de décrets visant à réguler les comportements acceptables selon leur propre interprétation stricte de l’islam. Les libertés ont été considérablement réduites depuis la prise au pouvoir.

C’est l’anarchie, ici. C’est carrément l’enfer sur terre. Nous sommes seuls, Camaël et moi. Personne ne viendra nous aider. Je suis retenue dans cet endroit humide et froid contre ma volonté depuis des jours ou des semaines, je ne sais plus. Je ne saurai dire exactement depuis combien de temps, mais je sens déjà mes forces se réduire. Les enlèvements contre rançon sont devenus un marché très lucratif dans tout le pays. Les ressortissants étrangers courent un très grand risque d’être enlevés. De nombreux occidentaux, y compris des touristes, des médecins, ou encore des soldats américains, ont été enlevés, et même tués, dans certains cas. Comme mon équipe. Il n’y a aucun survivant. Je n’ai rien dit à Caleb, ni à Connor. À personne, d’ailleurs mais le risque que je courais était très grand. Je le savais et je n’ai rien dit. Voulant les protéger à tout prix, j’ai risqué ma vie, en toute connaissance de cause. Je veux juste rentrer chez moi. Je souffre, j’ai faim, j’ai froid. J’ai sommeil et mon corps est épuisé. Pourtant, il se bat encore, il résiste dur comme fer aux différentes tortures qu’il subit mais je sais qu’il ne tiendra pas encore longtemps.

Je suis privée de nourriture depuis des jours, mon ventre se tord par manque extrême. Ligotée les mains dans le dos, mon corps épuisé se repose sur mes jambes écorchées. Je ne vois rien. Il fait noir dû au fait que je porte un bandeau autour des yeux. Je m’endors, sur mes genoux, ma tête qui s’écroule sur le sol. J’ai besoin de dormir. Je viens de subir une nouvelle attaque, mais je refuse de parler. Je refuse de céder à ces animaux. Ils ne gagneront pas. La seule chose qui m’aide à tenir le coup, c’est de penser à ma famille. C’est de penser à mes petits garçons qui attendent le retour de leur maman. C’est de penser à Connor qui doit tourner en rond, en espérant entendre le téléphone sonner. C’est de penser à Caleb, qui doit sans doute remuer ciel et terre pour trouver l’endroit exact où je me trouve. C’est de penser à Charlie, à Anya, qui s’inquiètent pour leur amie. C’est de penser à Nathan et Harper, qui se demandent ce qu’est devenue leur… ? « Belle-mère ». Dans ma tête, chaque visage défile, chaque marque d’affection envers eux m’aide à tenir le coup. Je veux rentrer chez moi. Je veux retrouver les miens.

Dans la cellule à côté, j’entends Camaël hurler autant que je hurlais, y’a pas si longtemps. J’ignore depuis combien de temps je suis restée évanouie mais je tente de me redresser, tandis que dans mon dos, mes poings sont toujours extrêmement liés. La corde est en train de me brûler les poignets tant c’est serré. Je reconnaîtrai les cris de mon coéquipier entre mille. Je me sens impuissante, autant qu’il a dû se sentir impuissant de m’entendre résister avec rage !!! Il n’est pas question qu’on abandonne, Cam, il faut qu’on continue à se battre pour revoir nos proches un jour. Je ne vois rien, mais j’entends tout, comme si mon corps tout entier voulait absolument combler ma soudaine cécité. Et puis, je n’entends plus les plaintes du sniper. Je suis alerte, malgré ma condition. Et la porte de ma cellule s’ouvre bruyamment. Le grincement de celle-ci m’afflige tellement que j’aimerais me boucher les oreilles à cet instant. Un corps tombe à côté de moi, je l’entends vivement s’écraser sur le béton égrainé. Pendant un instant, j’ai cru être la cible de nouvelles représailles mais fort heureusement la porte se referme et je suis… épargnée. Pour combien de temps ? Je l’ignore…

Cam ? Cam, tu vas bien ?

Mais les grognements qui résonnent dans mes oreilles me prouvent qu’il ne s’agit pas du tout de Camaël. Mais de quelqu’un d’autre…

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« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : mi-novembre 2023.
Mission de sauvetage depuis : juin 2022,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat M. Salomon : juin 2022.
Dernière position connue du soldat M. Salomon : Kaboul


À Kaboul, les attaques sont fréquentes. Depuis la prise au pouvoir des Talibans, le pays est la cible d'interminables conflits depuis août 2021, faisant de nombreuses victimes. Les étrangers et les personnes associées aux pays occidentaux sont la cible d’enlèvements et de violences de la part de groupes terroristes. La situation sécuritaire est très instable, il y a des postes de contrôles sur toutes les routes et dans toutes les villes. Les femmes ne sont pas autorisées à voyager seules et sont souvent confrontées à des difficultés aux postes de contrôle. L’ambassade des Etats-Unis en Afghanistan a tout bonnement suspendu ses activités. Tout y est très limité. Les autorités afghanes ont publié une serie de décrets visant à réguler les comportements acceptables selon leur propre interprétation stricte de l’islam. Les libertés ont été considérablement réduites depuis la prise au pouvoir.

C’est l’anarchie, ici. C’est dans cet endroit que l’on nous a envoyé, mon unit et moi-même. On nous a bien prévenu que c’était une mission très délicate, que nous devions nous préparer, que nous devions dire au revoir à nos familles dans le cas où nous ne reviendrons pas tous… Et en même temps, on a l’impression, lorsque l’on part sur ce genre de missions que c’est toujours ce que l’on nous dit, alors forcément, on finit simplement par s’y habituer. C’était une mission risquée, c’est vrai mais une mission courte. Nous devions simplement aller libérer une famille de touristes américaine. Une mission de routine pour nous… enfin c’est ce qu’on se disait. Mais voilà cette fois, ils avaient raison, mais voilà cette fois, cela ne s’est pas bien passé. A peine, avions nous atterri à Kaboul que mon unité a littéralement été assassiné. On nous attendait… quelqu’un nous a sûrement dénoncé… en tout cas, ils savaient et j’ai vu tous les membres de mon unité, tomber les uns après les autres. Je ne sais pas pourquoi moi je ne suis pas mort et parfois j’aimerai simplement avoir été tué comme les autres parce que ce que je vis depuis ce jour là est pire que la mort.

Au début, on m’a bandé les yeux et on m’a emmené, les mains et les pieds attachés, dans une cellule pas plus grande qu’une grosse boîte. Je ne sais pas exactement où j’étais mais je sais que pour y arriver, nous avions traversé plusieurs tunnels. Je suis incapable de dire combien de temps je suis resté ici, sans manger, sans boire… Le plus dure a été la faim… enfin au début… et ensuite, la soif a vraiment été compliqué à vivre… je me suis retrouvé à boire mon urine comme je pouvais… mes pieds étaient attachés mais mes mains avaient été détachés… j’étais dans le noir le plus complet… je ne sais pas combien de temps je suis resté ici… et puis on m’a de nouveau déplacé et la torture a commencé. J’étais dans une cellule un peu plus grande mais toujours plongé dans l’obscurité. Et surtout je savais que je n’étais pas seul. Ils avaient réussi à faire prisonnier d’autres soldats. Chaque jour, enfin c’est comme ça que je le ressentais, on me torturait pour savoir ce que je savais. Chaque jour de manière différente. Chaque jour de plus en plus fort. Je n’ai jamais rien dit, je n’ai jamais craqué même quand ils utilisaient la torture psychologique, en tuant juste à côté de moi des frères d’armes… je ne sais pas exactement combien, ni qui… mais j’en ai entendu plusieurs. Je n’ai de l’eau qu’un jour sur cinq… enfin une torture sur cinq… j’ai les pieds, et les mains attachés… un bandeau sur les yeux et je dors à même le sol…j’entends des frères d’armes hurler à la mort… parfois, j’entends un tir d’arme à feux et alors les hurlements s’éteignent… jusqu’au prisonnier suivant…

Je suis aujourd’hui incapable de dire depuis combien de temps je suis ici mais je sais que ça fait longtemps. J’ai perdu beaucoup de poids à cause de la malnutrition… j’ai été malade à plusieurs reprises mais mon corps, jusqu’à présent a toujours réussi à prendre le dessus… ma seule raison de vivre, ma seule raison de m’accrocher à cette vie c’est Sinaya et le désir de la revoir un jour. Le dernier moment que l’on a passé ensemble me revient en boucle… je nous revois l’un dans l’autre, l’un contre l’autre et ce simple souvenir m’aide… j’ai oublié ce qu’elle m’a annoncé, sans doute mon cerveau pour me protéger à préférer faire comme si elle ne m’avait rien annoncé ce jour là… donc je garde en moi le seul souvenir de notre nuit qui fut un feu d’artifice d’émotions, de jouissance, de bonheur…

On vient encore de me torturer, et on me ramène à une cellule mais on ne prend pas la même direction que d’habitude. J’imagine alors que je vais de nouveau me retrouver avec quelqu’un… mais c’est la première fois que l’on me change… cette fois c’est moi que l’on met avec quelqu’un et pas l’inverse… alors je sais ce que ça veut dire. Si je ne parle pas cette fois, c’est moi que l’on exécutera pour essayer de faire parler la personne qui se trouve dans cette cellule… et c’est terrible, mais je suis prêt… je suis prêt à mourir, je veux simplement que cet enfer prenne fin, je veux que ça s’arrête… Je suis jeté dans la cellule, les mains attachés, et j’atterris la tête sur ce sol sableux. Mes yeux sont bandés mais j’entends la porte se refermer derrière moi. Et là, tout à coup, mon cœur se brise littéralement. Cela ne peut pas être possible. Elle ne peut pas être là. Non. Pas dans cet enfer. Non. Je ne veux pas que cela soit possible. Je ne suis pas encore sûr, pourtant des larmes roulent sur mes joues. Je déglutis difficilement. Non. Non. Sinaya est en sécurité aux Etats-Unis. Non, elle ne peut pas être là. Elle n’est pas là. Peu de mots sont sortis de ma bouche depuis que je suis prisonnier ici. Alors la voix rauque, je prononce seulement :

Sinaya ?!!

Je n’ai pas envie d’entendre la réponse car je sais déjà… cette voix, je la reconnaitrais entre toutes et partout. Un nouveau sentiment de peur m’envahit alors. Depuis que je suis ici, j’ai eu peur, peur de mourir à chaque instant… mais jamais, je n’ai eu peur de craquer… mais voilà à cet instant alors que je sens sa présence juste à côté de moi, j’ai peur de craquer, j’ai peur de dire à ces types ce qu’ils veulent entendre, j’ai peur de la perdre, je ne peux pas la perdre !!

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« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : mi-novembre 2023.
Mission de sauvetage depuis : Fin août 2023,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat S. Adelson : 25 octobre 2023.
Dernière position connue des soldats Adelson/O’Sullivan : Kaboul


Non. Il ne s’agit pas de Camaël O’Sullivan, mon coéquipier.
J’aimerais le croire, mais l’entendre prononcer mon prénom de cette manière, ne peut être qu’une seule autre personne, en ces lieux : Matthew Salomon. Matt…

Je rassemble mes esprits, je tente d’avaler ma salive qui a ce goût désagréable de métal, dû au fer présent dans l’hémoglobine. C’est tellement dégueulasse, mais malgré le fait que je crache autant que je peux, il est inévitable d’en avaler, juste un peu. Sur les genoux, je m’approche difficilement de lui, mais je sens son corps contre moi, j’aimerais pouvoir enlever mon bandeau des yeux, afin de confirmer que je n’ai pas rêvé de sa présence. J’aimerais pouvoir défaire mes liens, pour le toucher, afin de m’assurer que c’est bien lui.

Mon dieu… je n’arrive pas à le croire.  Matt a disparu il y a si longtemps et je me suis inquiétée ces derniers mois, quand mon supérieur m’a dit ne pas savoir où il se trouvait. Je n’imaginais pas un seul instant que ce serait ici, dans de telles conditions, qu’on se retrouverait. Mon cœur s’emballe, mon corps tremble. Parce que la panique s’empare de moi.

— Matt! Matt? Matt, mon dieu !!!!!

La panique.
Elle débarque toujours quand il ne faut pas. On ne contrôle pas tout dans la vie, mais j’ai toujours réussi à garder un certain sang froid dans des situations difficiles, comme en ce moment où je résiste depuis des jours, des semaines… je ne sais plus vraiment. La, je panique parce que c’est en train de nous arriver, à tous les deux. Peut-être que j’avais surtout imaginer qu’il avait déserté, même si ce n’est pas dans le caractère de Salomon, de faire ça, mais jamais, au grand jamais, je n’aurais cru qu’il se serait fait prisonnier, au même titre que moi.

Tous les deux, nous sommes dans la même galère. Au même endroit, nous vivons les pires instants de notre vie. Et je voudrais être n’importe où ailleurs, plutôt qu’ici. Je voudrais alors qu’il soit n’importe où ailleurs, plutôt qu’ici.  Ainsi, la porte s’ouvre en faisant ce putain de vacarme désagréable, ce qui m’oblige à reculer immédiatement. Je ne vois rien, mais je les entends parler, ces saloperies d’Afghans. C’est en arabe qu’ils discutent (ou qu’ils braillent, surtout) et mes années passées à l’étranger avec ma famille m’aident tout de suite à cerner ce qu’ils s’échangent.

La suite ne va pas être de tout repos…

Je sens une main s’écraser sur mon épaule, qu’elle serre de toutes ses forces,  m’arrachant un cri de douleur. J’ai été malmenée, il y a moins d’une heure, je subis encore le contrecoup de mon précédent interrogatoire. Ils veulent des informations, que je suis susceptible de détenir mais je n’ai rien à avouer. Je ne sais même pas vraiment ce qu’ils espèrent. Et quand bien même j’aurais les informations qu’ils recherchent, je ne parlerais pas. Je ne trahirai pas les miens.

— Toi, l’américaine, tu vas me dire ce que je veux savoir, sinon, il est mort !

Et là, on me retire le bandeau de mes yeux. Il me faut plusieurs secondes avant de me réhabituer à la lumière de mon environnement même s’il fait sombre. Les yeux encore flous, je peux apercevoir le soldat Salomon, et pendant un instant, je retiens mon souffle. Sa condition physique n’est tellement plus la même que celle en mémoire, la dernière fois que nous nous sommes vus, il…

— Boom, boom.

Je sursaute à ses mots, tandis que le soldat ennemi frappe le crâne de Matt, avec son arme à feu, à deux reprises. Si je ne dis rien, il lui explose la tête. Si je ne parle pas, Matt meurt sous mes yeux apeurés.

Est-ce que je suis prête à sacrifier un homme que j’ai aimé pour mon pays ?
Non, je ne suis pas prête.
Je ne peux pas. Et je ne le veux pas.

Les larmes aux yeux, je me retiens de pleurer et au moment où je suis prête à dire « Je vais vous dire tout ce que vous voulez savoir… » la porte s’ouvre de nouveau, sur deux autres soldats du camp ennemi, qui ordonne aux deux autres d’arrêter immédiatement. Quelque chose de plus urgent retient leur attention. Je reçois un coup de pied sur mon épaule déjà souffrante, si violemment que j’hurle de douleur en tombant sur le sol. Je crois qu’elle a bougé de son emplacement. Je me sens mal, je crois que je vais m’évanouir…

J’ai mal au cœur. J’ai aussi envie de vomir et ma respiration est irrégulière. J’ai besoin de libérer mes mains, mon épaule me fait un mal de chien. Et là, je n’entends plus aucun bruit. Nous venons de gagner du temps. Du répit.

Le répit, ici, il ne dure jamais longtemps…

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Date actuelle : mi-novembre 2023.
Mission de sauvetage depuis : juin 2022,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat M. Salomon : juin 2022.
Dernière position connue du soldat M. Salomon : Kaboul


Après une énième séance de torture, je suis jeté, les yeux bandés et les mains attachés dans une nouvelle cellule, je suis résigné, je suis prêt à mourir. Je suis incapable de dire depuis combien de temps je suis ici mais je sais que cela fait très longtemps, trop longtemps, je veux simplement que ça s’arrête. Mais voilà le destin me fait un nouveau pied de nez, car je ne suis pas dans une cellule avec n’importe qui, non je me retrouve avec la seule personne avec laquelle je ne voulais jamais me retrouver, avec celle qui m’a permis de tenir pendant tout ce temps, avec l’amour de ma vie, le seul et l’unique. Je le sens, mon cœur défaillit en entendant sa voix et lorsque nos deux corps se retrouvent l’un contre l’autre, il explose littéralement. Elle prononce mon prénom mais je ne retiens qu’une chose la panique dans sa voix. On a toujours été très discret tous les deux, d’abord parce que Sin’ était mariée, mais aussi parce que nous savions que si nos supérieurs avaient appris pour notre histoire nous n’aurions alors plus eu le droit de partir en mission ensemble. Un couple en mission, c’est trop risqué, si on se fait prendre, on ne résistera pas longtemps… mais à l’époque ensemble nous étions inarrêtable… La souffrance que je ressens à cet instant n’est pas physique, elle est psychologique et pourtant elle prend le pas sur mon corps. Je tiens depuis tout ce temps grâce à une seule personne et aujourd’hui, elle est là avec moi dans cet enfer. Je n’arrive pas à y croire. J’ai tellement mal.

Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur notre sort, que j’entends des bourreaux derrière nous, ils semblent avoir compris que nous nous connaissons et veulent en tirer profit. Mon cœur se serre en entendant Sinaya hurler de douleur. Je voudrai réagir, je voudrai dire quelque chose, mais je ne veux pas leur prouver encore plus à quel point ils ont raison de se servir de nous deux de cette manière. L’un d’entre eux pointe son arme sur moi et mon cœur a un nouveau raté quand je le sens frapper sa crosse sur ma tête, je ne sais pas si Sinaya aurait parlé, je ne sais pas si elle s’apprêtait à parler mais nous nous retrouvons de nouveau seuls. Elle semble souffrir le martyre et j’aimerai vraiment pouvoir l’aider. Si j’ai bien compris, nous devrions être tranquille un moment alors comme tous les soirs, enfin ce que je pense être le soir, je désarticule mon poignet qui est aussi fin que celui d’un enfant désormais tellement j’ai perdu de poids et je réussis ainsi à détacher mes mains. Je déplace légèrement mon bandeau de mes yeux, suffisamment pour la voir mais pas trop loin pour pouvoir le remettre vite s’ils revenaient plus vite que je ne le pense et je pose mon regard sur elle. Notre cellule est un peu plus éclairée que celle dans laquelle je suis désormais depuis si longtemps ce qui me permet de voir qu’elle a toujours ses vêtements. Je sais ce qu’ils font aux femmes militaires pour les avoir entendu plus d’une fois et je ne suis pas prêt à ce que cela arrive à Sinaya. Elle est allongée sur le sol, moi aussi mais nos regards se croisent et je plonge dans ses yeux comme si je ne les avais jamais quitté. Des larmes roulent sur ses joues, comme sur les miennes car nous savons ce qui nous attend et on n’est jamais prêt pour ça. Si lorsqu’ils reviennent, elle ne parle pas, ils me tueront. Alors je dois lui dire, je dois lui dire que je suis prêt, qu’elle peut me laisser mourir car les soldats qui parlent sont ceux qui meurent le plus vite ici. Et je ne supporterai pas qu’elle meurt. Elle doit vivre. Je tente de me redresser difficilement et en rampant, j’arrive à m’approcher d’elle, suffisamment pour l’aider à se détacher les mains afin qu’elle souffre moins. Et alors que je tente de tenir sur mes genoux du mieux que je peux, je chuchote :

Tu ne dois pas parler… s’il te plait promets moi que tu ne diras rien…

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Matt est actuellement tout ce que j’ai, dans cet enfer. Camaël est quelque part, dans l’une des cellules autour de moi. Tout ce que je sais, actuellement, c’est que je retrouve un coéquipier,… et bien plus, après plus d’un an de silence radio. Personne ne savait où il était, alors la question que je me pose, c’est : est-ce qu’il a toujours été ici ? Sans doute, oui. Vu sa condition physique affaiblie, j’ai toutes les raisons de penser que Matthew est retenu captif depuis plus longtemps que Cam et moi. J’ignore le nombre de jour exacte mais je sais que ça fait un moment. J’ai perdu la notion du temps et la seule chose que je veux actuellement c’est rentrer chez moi. Je veux retrouver Connor, et nos enfants. Je nourris l’espoir —aussi infime soit-il, de les retrouver tous.

Le coup que j’ai reçu à l’épaule il y a quelques minutes me plonge dans une douleur atroce. Je ne suis pas capable de faire une pression sur mon bras pour atténuer la douleur ou pour simplement immobiliser mon membre, ayant les mains attachées dans le dos, ça rend les choses encore plus pénibles. J’ai la tête qui tourne, j’ai envie de vomir tripes et boyaux… en fait, je tournerai bien de l’œil, si je n’entendais pas Matt s’approcher de moi pour tenter de me délier les mains. Dans l’exercice, je ferme les yeux, hurle à la mort. Tout est si décuplé ici. Les émotions, les douleurs… Même ce que je ressens actuellement, de retrouver Matt. Et lorsque mes mains sont enfin libres, je pose celle qui est saine contre mon épaule douloureuse. Je chuchote à mon tour :

— On est pas seuls Matt… il faut qu’on sorte de là. Il faut qu’on trouve le moyen de partir… J’veux pas crever ici !!

Je regarde autour de moi, à la recherche de quelque chose qui pourrait peut-être nous aider à nous échapper. Malheureusement, il n’y a rien qui traîne. La cellule est vide et je crois qu’il va falloir être imaginatif. J’ignore combien de temps nous serons tranquilles mais je sais que ça ne dure jamais assez longtemps pour pouvoir nous reposer comme il se doit. Affamés, privés de lumière du jour,… rien qui aide vraiment… mais on aura peut-être deux ou trois jours de tranquillité, qui sait ?

— Il va falloir que tu m’aides, Matt…mon épaule, elle…

Elle n’est plus à sa place. Et si on ne remet pas mon bras dans son axe, je risque de le perdre et je refuse ce genre de complications.

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Mission de sauvetage depuis : juin 2022,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat M. Salomon : juin 2022.
Dernière position connue du soldat M. Salomon : Kaboul


Je ne peux pas la perdre, je ne veux pas la perdre… Sinaya a été celle qui m’a fait tenir. Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je suis ici, je ne sais pas non plus comment j’ai fait pour tenir jusque là, mais je suis sûre d’une chose, c’est elle… c’est Sinaya qui m’a fait tenir. A chaque fois que je pensais flancher, à chaque fois que je croyais que c’était la fin pour moi…. Il me suffisait de penser à elle, de me rappeler notre dernière nuit ensemble pour ne pas craquer… mais elle se retrouve ici avec moi et j’ai peur, peur que le reste de vie qu’il me restait s’évapore. Je suis toutefois sûre d’une chose, je ne veux pas qu’elle meurt, je ne pourrai pas supporter qu’elle soit tuée devant moi, c’est simplement impossible. Pourtant quand je lui dis qu’elle ne doit jamais parler, même si une arme est posée sur ma tempe, même s’ils tirent car je sais ce qu’ils font à ceux qui parlent… elle me dit que nous ne sommes pas seuls, et qu’on doit se battre. Ce qu’elle ne sait pas c’est que je suis là depuis si longtemps… et je n’ai jamais été seul… pourtant, je suis toujours là… Lorsqu’elle me dit qu’elle ne veut pas crever ici, je la comprends… bien évidemment, moi non plus je n’ai pas envie de crever ici mais plus que ça, je n’ai pas envie qu’elle meurt ici… pas elle.

Je n’ai pas la force de répondre, je n’ai la force de rien je sens mes forces s’évanouir encore et encore… Mais quand elle me demande de l’aider avec son épaule, je prends une grande inspiration, je regroupe mes forces, et je m’approche d’elle. Je pose ma main sur son épaule et sans la prévenir, je remets son épaule. Un cri de douleur sort alors de sa bouche, ce que je comprends parfaitement, et pour ma part, je m’affale sur le sol dure de cette cellule… je viens d’utiliser les dernières forces qu’il me restait. J’avais tellement de questions à lui poser, tellement de choses que je voulais lui dire et j’aurai voulu pouvoir effleurer son visage, ou ses mains, j’aurai voulu avoir un contact avec elle mais voilà… son cri a été entendu par les hommes qui nous retiennent et ils ne mettent pas de temps à nous rejoindre. Ils me trouvent allongé sur le sol, sans vie presque et semblent penser qu’elle m’a fait du mal. Ils m’emmènent alors dans une autre cellule sans que je ne proteste, je ne peux pas… et comme souvent dans ces cas là, je sens mon corps m’abandonné, je perds connaissance et je ne sais pas exactement combien de temps je reste inconscient, ce que je sais c’est que pendant ce temps là je revis encore et encore notre dernière nuit ensemble…

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« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : Date inconnue.
Mission de sauvetage depuis : Fin août 2023,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat S. Adelson : 25 octobre 2023.
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Mon épaule me fait souffrir. Je n’arrive pas à réfléchir correctement. Tout se mélange, tout se bouscule. Je ne peux pas penser à Matt, je ne peux pas m’occuper de lui, à ce “nous” que nous étions. Je ne peux pas réfléchir à mes fils et à leurs liens qui le lie à mon ancien amant. Non, je ne peux pas et, au fond, je ne veux pas. J’ai tellement mal. La seule chose qui me traverse l’esprit, c’est de pouvoir me débarrasser de ma souffrance ou du moins, la réduire à presque néant. Et pour cela, c’est Matt qui va devoir m’aider. J’ai les poignets liés, je ne peux me sortir de là toute seule. Matt est dans un sale état, je le sais et j’ai peur qu’il ne puisse pas me venir en aide mais autant essayer. Je ne veux pas crever ici. Je veux rentrer chez moi, retrouver mes garçons, retrouver Connor, ma famille… Tout le monde. Je dois pouvoir me battre pour eux, je ne peux pas accepter la fin qui me guette telle une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je le sens bien, mes jours sont comptés. Ma vie ne tient plus qu’à un fil et pas seulement ma vie ; celle de Matt est en danger également. Camaël est en danger et j’ignore ce qu’il adviendra de lui où de nous. Je ne suis juste pas prête à  mourir pour mon pays. Enfin… Je ne suis pas prête, tout simplement, à mourir.

Lorsque, —avec le peu de force qui lui reste, Matt me remet l’épaule en place, la douleur est si vive que je ne peux m'empêcher d’hurler. Hurler au point que je suis en train d’avoir la tête qui tourne, au point d’alerter nos ravisseurs. Matt est inconscient, je n’ai même pas le temps de m’approcher de lui pour m’assurer qu’il est toujours en vie, que les soldats afghans le sortent de ma cellule. Je ne sais pas du tout où ils l’emmènent, mais je prie fort pour qu’il ne lui arrive rien. Je suis venue ici dans le but de secourir mes coéquipiers et ils sont tous morts. J’ignorais que Matt faisait partie des prisonniers et j’ai tellement besoin de le sauver, à présent. Je ne pourrais pas le laisser mourir pour notre pays. On doit trouver un moyen de sortir d’ici…




Et le temps passe. Il passe, encore et encore. Je n’ai plus la notion du temps. Ici, impossible de distinguer le jour de la nuit. Je suis certaine d’être bien en dessous du niveau de la terre. Dans un cachot dégueulasse où les rats ne veulent même pas trouver refuge. La faible lumière qui s’y trouve m’empêche juste de devenir folle. Privée de tous mes repères, je suis adossée contre les pierres froides de ma prison. Je n’ai même pas une paillasse pour dormir, juste à même le sol, où parfois je m’endors recroquevillée en position foetale.

Sortir d’ici reste une priorité. L’instinct de survie prend le dessus malgré la faiblesse de mon corps. Il est fatigué mais  je tiens bon. Je tiendrais autant qu’il le faudra pour retrouver ma vie à Monterey. Je donnerai tout ce que j’ai pour ma famille. Si seulement, j'arrivais à me sortir d'ici. A nous sortir d’ici, Matt, Camaël et moi. Parce qu’il semblerait qu’il ne reste que nous. Juste nous trois, sur une vingtaine de collègues. J’entends tousser dans la cellule d’à côté. Il y avait longtemps que je n’avais pas entendu quelqu’un de si proche. Le mur est fissuré, je plonge ma tête à travers les débris mais je n’arrive pas à distinguer la personne qui s’y trouve derrière. A l’aide de mes ongles noirs de saleté, j’essaie de défaire les joints qui s’émiettent doucement. Je murmure :

— Matt, c’est toi ? Cam ? …

Et quand j’entends tousser de nouveau, je comprends qu’il s’agit de Matt. Je pousse un long soupir. Il est toujours là. Il est en vie. Dieu soit loué. Il est encore avec nous ! J’aimerais pouvoir faire quelque chose mais je me sens impuissante. Je sais que le temps a filé, on n’essaie plus de nous torturer, c’est le seul avantage d’être ici, je crois qu’il y a d’autres prisonniers qui n’ont pas notre chance et j’ignore pourquoi ? Je me dis que, peut-être, on attend quelque chose de nous, forcément, sinon pourquoi serions-nous toujours en vie ? La paix n’est peut-être que temporaire mais j’ai l’impression que ça fait longtemps qu’on ne nous a plus rien demandé. Ont-ils eu les réponses à leurs questions ? Si seulement je le savais…

— Matt ? On va s’en sortir, hein ?

tw :: thèmes sensibles évoqués : guerre, mort, violence physique, torture.

« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : Date inconnue.
Mission de sauvetage depuis : juin 2022,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat M. Salomon : juin 2022.
Dernière position connue du soldat M. Salomon : Kaboul

Je reprends connaissance, je suis allongé sur le sol de cette cellule. Mes ravisseurs ne prennent même plus la peine de m’attacher, ils savent que je n’ai plus de force. La notion du temps a complètement disparue pour moi. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis prisonnier ici, je ne sais pas depuis combien de temps je n’ai pas revu la lumière du jour, je ne sais pas depuis combien de temps s’est écoulé depuis que j’ai perdu mon unité intégralement. Je perds à nouveau connaissance…

Et puis je reprends conscience. Je sais une chose, Sinaya est désormais ici avec moi. J’ai été extirpé de sa cellule parce qu’elle s’est mise à hurler… et de nouveau, je suis incapable de dire combien de temps s’est écoulé depuis que je suis revenu ici. Je n’ai désormais plus rien à me raccrocher car la seule personne qui a réussi, sans en avoir conscience, à me tenir en vie pendant tout ce temps est à quelques mètres de moi, dans la même galère. Et je perds à nouveau conscience…

Et puis je me réveille, la voix de Sinaya me réveille. J’ai conscience que ce n’est pas un rêve, pas comme ceux que je fais depuis que je suis ici… Elle est là de l’autre côté. Elle me dit que l’on va s’en sortir, et c’est tout ce que je lui souhaite. Elle ne peut pas mourir ici, elle ne mérite pas de mourir ici. Elle doit vivre, je ne supporterai pas le contraire. Une bouteille d’eau, remplie avec un tout petit peu d’eau et posée à côté de moi. J’en bois une gorgée et elle est vide mais ça fait du bien. Je me redresse aussi difficilement que je peux et je m’appuie contre le mur d’où Sinaya me parle. Je sens que mes forces m’abandonnent à nouveau, alors je lui dis doucement :

Tu dois t’en sortir toi… il faut que tu sortes d’ici… et tu diras à ma famille que je suis mort rapidement, que je n’ai pas souffert… s’il te plait, ne leur dit pas ce qui nous est arrivé…

tw :: thèmes sensibles évoqués : guerre, mort, violence physique, torture. Blessures physiques

« La liberté est le seul bien pour lequel il vaille la peine de se battre »

Date actuelle : Date inconnue.
Mission de sauvetage depuis : Fin août 2023,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat S. Adelson : 25 octobre 2023.
Dernière position connue des soldats Adelson/O’Sullivan : Kaboul

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Mission de sauvetage.

Nom de code: Ironhead
Chef d'équipe: Grizzly
Equipe sur le terrain: Alpha team. (Alpha 1.1, 1.2 & 1.3)
Effectif sur zone: 8 opérateurs.
Objectifs:
-Atteindre la zone X
-Localiser Adelson & O'Sullivan  X
-Extraire Adelson & O'Sullivan X


Après de longues minutes à passer par les souterrains, à analyser ce qu’il voyait à travers son appareil de vision nocturne, Alan faisait fonctionner sa mémoire à son plein potentielle. Se souvenant des embranchements, de la forme des tunnels. Pour surtout, se souvenir où frapper. Malgré l’eau nauséabonde, les petits remous qu’il faisait, il était invisible, une ombre se déplaçant dans ces galeries. Il avait son collègue et frère d’arme avec lui, tout deux s’enfonçaient toujours dans la noirceur de ces sortes de catacombes. Un très léger cliquetis pouvait se faire entendre, mais bien trop léger par ces deux hommes surentraînés. Alan examinait le coin, avant de se stopper proche d’un mur qui semblait être refait. Dans ses souvenirs, il n’y en avait pas. La carte du moins ne l’indiquait pas. Mais les plans de ce genre d’endroit n’étaient rarement que tenue à jour. Il n’était donc pas délirant de voir que ces derniers avaient changés. Mais sa mémoire en était certaine. Sa cervelle se souvient très bien que derrière ce bloc infranchissable pour le moment, qu’il y avait la prison. Il savait que c’était ici qu’il devait se rendre, qu’il devait prendre d’assaut. Prêt comme toujours, cet homme devenu un robot tant tout ce contexte lui semblait si normal, si naturel qu’il lui collait à la peau. Dans un geste de main, il venait faire comprendre à Dareios qu’ils allaient faire une ouverture pour ensuite y aller. Geste fluide, avant d’attendre la confirmation, qu’il avait compris.

Grizzly venait laisser son arme pendre avec sa bandoulière, avant d’attraper à l’arrière de sa tenue, enroulée, un dispositif très spécial. Il venait le plaquer contre le mur, se déroulant avant de former comme une plaque posée dessus. Sauf qu’elle contenait bien autre chose que de l’acier. Le contour était une combinaison de poudre, ainsi que d’un produit très très perçant. Et l’intérieur d’explosif. Charge murale placée, il venait se placer d’un côté, avant de faire signe que l’assaut commençait. Languette tirée, les étincelles partaient pour faire le tour de la charge, pour briser le lien. Avant de détoner dans un fracas immense, faisant voler en éclat la roche qui bouchait le chemin. Instinctivement, Alan lançait une première fumigène, suivit d’une seconde. Histoire de couper toute vision dans la pièce. Le voile de la nuit était une première cachette, mais une simple lampe pouvait les révéler. Alors qu’un épais nuage de fumée rendait l’endroit opaque. Exactement ce qu’il voulait. Petit tic, et ses lunettes passaient de vision nocturne à vision thermique. Arme à la main, bouche du canon tendu, tout ce qui avait une arme dans les mains recevait la visite du faucheur. Grizzly avançait dans la pièce d’un pas assuré, toujours en garde. Une balle, deux, trois. Les cadavres tombaient pendant qu’il nettoyait le passage. Le bruit d’un silencieux, les petits flashs lumineux venait couper ce silence pensant. Tout était si chirurgical, si coordonné que ça en était effrayant. Eux-même ne savait pas ce qui se passait, ils n’était pas au courant que Grizzly et Black Hawk étaient venus collecter leurs âmes. Grizzly, avec son masque de tête de mort s’approchait de la cellule avec une silhouette féminine. Assez proche pour réussir à ouvrir la cellule, il venait tirer sur le verrou, avant d’enfoncer la porte. Il s’approchait assez pour qu’elle puisse voir à son tour la démarcation du faucheur. « Sinaya Adelson ? » Disait-il, d’une voix roque, fort. Forcée sans trop de mal dans le grave. Il coupait sa thermique pour voir son visage. Dans un très mauvais état. Mais c’était bien elle. Doigt sur la radio. « Alpha leader à Alpha team, j’ai vision sur l’objectif, préparez l’évacuation. » Il s’approchait encore, avant de lui dire. « C’est votre jour de chance, vous pouvez marcher ? »

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Date actuelle : Date inconnue.
Mission de sauvetage depuis : Fin août 2023,
Statut de la mission : ÉCHEC
Nombre de jours en détention illégale : Inconnu.
Dernière communication du soldat S. Adelson : 25 octobre 2023.
Dernière position connue des soldats Adelson/O’Sullivan : Kaboul


Adossée contre le mur de ma prison, ma tête cogne à plusieurs reprises le béton qui s'effrite. Geste que je fais souvent, pour réfléchir depuis que je suis ici. Je soupire, ferme les yeux et pense. Encore et toujours.-. Je ne fais que ça, depuis des semaines, des mois même ! Je réfléchis à comment nous sortir d’ici mais je n’y arrive pas. Je le sais à présent ; j’ai échoué dans ma mission et je ne reverrai plus jamais les miens. Je ne reverrais plus mes petits garçons… Rien que d’imaginer Apollo pleurer après sa mère, me retourne l’estomac. Et penser que mon bébé n’aura aucun souvenir de moi, me fend le cœur. C’est ça, j’ai le cœur brisé et je pourrais mourir de chagrin, que ça ferait l’affaire à ceux qui nous retiennent en captivité. Matt est dans la cellule d’à côté mais j’entends de moins en moins de bruit. Il tousse moins, ça, j’en suis certaine. Il est toujours en vie, mais j’ignore pour combien de temps. J'aimerais tellement être auprès de Matt, je ne veux pas le laisser mourir seul. Il ne mérite pas une telle chose. Tout comme moi, je ne veux pas m’éteindre sans une présence familière à mes côtés, au moment même où toute vie quittera mon corps affaibli.

Mon épaule reste douloureuse. Je n’ose même pas la lâcher, de peur de perdre mon bras. Enfin, j’exagère peut-être mais elle me fait atrocement souffrir depuis longtemps malgré le fait qu’elle ait pu être replacée. J’aurais dû voir un médecin après ça mais on sait très bien que ça ne fonctionne pas comme ça ici. Je peux perdre tous les membres que je veux, tant que je reste en vie, c’est ce qui compte. Autant pour eux, que pour moi, au fond. Mais je dois reconnaître que mes chances de survie dans cet endroit s'amenuisent. Le temps qui passe est en ma défaveur, j’suis pas idiote… Je songe souvent à abandonner. Je songe à fermer les yeux et ne plus les ouvrir. Dormir, pour l’éternité. Oui j’y pense beaucoup, jusqu’à ce que la projection de mes deux garçons se tienne devant moi. Jusqu’à ce que celle de Connor apparaît, elle aussi, devant moi. Là, je sais que je dois me battre. Là, je sais que j’ai trois raisons de rester en vie. J’ai bien entendu des milliers de bonnes raisons de continuer à me battre pour survivre à l’enfer, mais mes raisons de vivre sont là, devant moi. Je ne peux les ignorer, les abandonner. La vie a continué pour eux, mais je suis certaine qu’elle n’a pas la même saveur sans ma présence. Je veux retrouver Connor, Apollo, Jacob. Les serrer dans mes bras et ne plus les quitter. SURTOUT, ne  plus jamais les quitter de toute ma vie.

Quand on devient militaire, quand on sert son pays, on sait dès le départ qu’on va en chier. On sait qu’on va devoir mettre sa vie au profit de toute une population, qu’on va devoir défendre corps et âme, jusqu’à donner sa vie entière pour son pays mais on ne nous prépare pas, au fait, de devenir parents. Et quand on le devient, c’est compliqué d’allier sa vie de militaire à celle de parent. Je suis une mère et tout ce que je souhaite pour eux, c’est qu’ils vivent dans un monde sans violence, dans un monde en paix, et pour cela, on doit la leur donner, cette sécurité. Seulement, je croyais qu’on en était capable, et plus les années passent, moins c’est ce que je pense. Je me dis qu’on vivra toujours dans un monde en guerre et que la meilleure façon que j’ai de protéger mes enfants, c’est d'être avec eux. Et là, je ne suis pas avec mes garçons. Je n’ai plus envie d’être ici, je n’ai pas plus envie de donner ma vie pour mon pays. Il est révolu, ce temps-là, je n’ai pas ouvert les yeux assez vite. Et maintenant, je vais mourir ici, sans revoir le visage ni le sourire de ceux qui comptent le plus pour moi.

Inspirant profondément, je fais un bond de surprise, quand la porte de ma cellule se retrouve enfoncée sur le côté. La panique gagne mon corps, je suis persuadée que les hostilités sont sur le point de reprendre et que je vais encore bien morfler pour les prochaines heures. Relevant la tête vers une silhouette masquée, j’ai du mal à comprendre ce qui est en train d’arriver. Quand il prononce mon nom complet, je me redresse, tout en tenant mon bras mutilé.

— Oui, c’est moi. Vous êtes qui ?

L’homme qui se tenait face à moi était fagoté d’une manière particulière. Je ne connaissais pas, ni ne reconnaissais l’uniforme. Et donc, il ne devait pas appartenir à nos rangs. Ses mots suivants me font comprendre qu’il est là, lui, ainsi qu’une équipe visiblement bien préparée, pour me faire sortir d’ici.

Mon jour de chance.
Ses mots résonnent en moi. Je me sens déboussolée, ne semble pas prendre pleinement conscience de ce qui est en train de m’arriver. Je me relève, avec difficulté, geignant de douleurs, à mes multiples blessures. Je ne lâche pas mon bras, murmure alors :

— Si je peux marcher ? Oui… je dirais que oui !?

Je peux marcher, effectivement. Je suis faible, bien entendu. Suffit de voir mes premiers pas, mous, pour le comprendre mais je suis capable de mettre un pied devant l’autre alors…

— Vous faites partie de quelle unité ? Quel est votre nom de code ?

Mais tout de suite, je pense à Matthew, puis Camaël, lance alors dans un ton qui se veut suppliant :

— Mes coéquipiers… Vous venez pour eux aussi ?

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Dernière communication du soldat M. Salomon : juin 2022.
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Alors que je sens toutes mes forces m’abandonner, alors que j’ai l’impression que la vie s’échappe de mon corps, que je glousse doucement vers un sommeil infini, je suis réveillé en sursaut par un bruit impressionnant dans la cellule d’à côté. Et vous savez ce qu’on dit dans ces cas là ?!! Savoir que Sinaya est en danger et tout mon corps voudrait se redresser, je serai prêt à me battre pour elle… je ne saurai dire combien de temps, tant j’ai peu de forces mais il y a une chose dont je suis sûre, dont j’ai toujours été sûre, une chose dont je n’ai jamais douté, je suis prêt à mourir pour elle. Mon cœur bat à cent à l’heure. Je suis tellement inquiet. Qu’il me prenne moi !! Qu’il la laisse tranquille !! S’il vous plait, laissez la !!

Je tente de me redresser comme je peux, j’ai l’impression de ne plus sentir du tout mon pied droit, mais je n’y pense pas pour l’instant. Je voudrai hurler qu’il la laisse mais un petit cri à peine audible sort de ma bouche. Je suis à genoux, je me dirige vers la porte de ma cellule quand elle s’ouvre dans le même bruit que celui que j’ai entendu à l’instant. Sinaya est debout, soutenu par quelqu’un et elle sourit, elle sourit sincèrement. Serait-ce enfin la fin de ce cauchemar ? Est-ce que je vais enfin revoir la lumière du soleil ? Est-ce que je vais pouvoir revoir ma famille ? Est-ce que nous allons enfin avoir le droit à notre chance de s’aimer avec Sinaya ? J’ai envie de sourire moi aussi mais j’ai l’impression d’en être incapable. Le mec qui soutenait Sinaya s’approche de moi, alors que Sinaya semble plus en état que moi de tenir debout et il m’aide à me relever. Sinaya parle alors d’un autre gars, je m’accroche alors à ce type alors que nous partons à la recherche de Camaël…

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Lorsque cette mission avait commencé, Camaël avait été plus qu'enthousiaste de pouvoir enfin retourné sur le terrain après tout ce temps. C'était une chance inespérée pour lui surtout après ce qu'il s'était passé lors de sa dernière mission connu, à savoir la mort de ses équipiers, de sa femme et de l'enfant que celle-ci attendait. Un fiasco total. Le jeune homme avait donc été plus que ravi d'apprendre qu'on avait à nouveau besoin de ses talents de sniper pour une mission de sauvetage, mission dirigée par Sinaya, une amie à lui. Elle l'avait d'ailleurs chaudement recommandé. Tout aurait donc pu être parfait, mais malheureusement cela ne put pas le cas Sinaya et lui se faisant enlever à Kaboul lors d'une embuscade tendue par l'ennemi tandis que le reste de l'équipe se fit décimer. C'est ainsi qu'un long et douloureux calvaire commença pour le jeune homme qui en vint à perdre la notion du temps.



Camaël ignore depuis combien de temps il est ici allongé par terre, enfermé dans cette pièce délabrée, humide et sans fenêtre. Tout ce qu'il sait c'est que les journées passent et se ressemblent. Une torture par ci. Une torture par là tout en entendant le cri d'autres personnes qui se faisaient également torturer dans les cellules d'à côté. Le jeune homme n'échappait pas à cette règle sachant très bien qu'à chaque fois qu'on venait le voir c'était pour essayer de lui soutirer des informations, chose que jamais il ne céderait. Cam avait donc connu l'électrocution, les brulures apportées par des cigarettes, la suffocation par immersion dans de l'eau souillé ainsi que la suspension par les pieds et l'arrachage des ongles avec une pince. C'était vraiment un calvaire à vivre si bien que parfois il avait pensé à craquer et à tout déballé voulant que toute cette souffrance cesse. Souffrance qu'il pouvait ressentir chaque jour ayant plusieurs brulures sur le corps, un bras cassé, de multiples hématomes ainsi que diverses blessures sur tout son corps. On lui avait également cassé une cheville afin d'éviter toute tentative de fuite ses tortionnaires ayant remarqué qu'il n'était pas prêt à se laisser faire. Camaël avait cependant tenu bon bien que l'idée de mettre fin à ses jours lui ait effleuré l'esprit à plusieurs reprises. Il s'était donc enfermé dans une bulle pour résister et avait pensé à tout ceux qui attendait qu'il rentre. Le visage de Charlie, sa cousine, s'était donc tout d'abord dessiné devant ses yeux puis était apparu ensuite celui de Daphnée, une jeune femme qu'il avait rencontrée et qui lui plaisait beaucoup. Tout un tas de visages familier défila ensuite devant ses yeux et c'est lorsque le dernier, celui de Sinaya, apparut qu'il se décida à tout faire pour s'en sortir. Après tout elle aussi était retenu ici et elle souffrait certainement autant que lui se faisant également torturer donc il n'avait pas le droit d'abandonner. Il devait se battre. Pour elle, mais également pour toutes les personnes qui attendaient son retour.

Aujourd'hui Cam s'attendait donc de nouveau à se faire torturer sachant très bien que ce serait certainement son dernier jour ici. Après tous ses tortionnaires n'avaient rien réussi à lui soutirer et ils avaient donc compris que Camaël ne leur servirait plus à rien. Ils allaient donc devoir s'en débarrasser. S'étant préparé à cette éventualité, le jeune homme fut donc surpris lorsque la porte de sa cellule s'ouvrit laissant apparaitre un homme suivi de près par Sinaya ainsi que d'une autre personne dont il ne reconnaissait pas le visage. Ne réalisant pas encore ce qu'il se passait, le jeune homme les regarda donc tout en essayant de se relever s'aidant du mur se trouvant à ses côtés. Il aurait bien aimé les rejoindre, mais il n'en fit rien car pour lui tout cela n'était qu'un rêve ou au pire une illusion.

"Sin... Sinaya... Non ce n'est pas possible… Vous n'êtes pas réelle !!" murmura-t-il tout en faisant la grimace à cause de ses nombreuses blessures.