self (ava, sign, icons, bann, gifs), taylor acorn/homebody (lyrics sign).
eugene, la star déchue (r. gosling) ; cole, le cynique absolu (z. efron) ; naveen, le geek charmant (m. cornett) ; caron, la rebelle (a. de armas).
à seulement quarante-deux ans, j’ai cette mauvaise habitude de me tirer le visage avec mes mains, tous les matins lorsque je croise le miroir. pourtant pas à plaindre, ma grand-mère dit encore de moi que je suis « belle comme un cœur ».
veuve depuis trois ans. un cœur qu'elle pensait incapable de rebattre pour quelqu'un d'autre, davantage après la trahison de son mari. et pourtant... semblerait-il qu'elle ait été dans le tort. encore trop bornée pour accepter ce qu'elle ressent.
après une carrière très brève dans le monde la musique après ma victoire dans un télé-crochet, j'ai repris le chemin des études. aujourd'hui travailleuse sociale au bord du burn-out, je fais de mon mieux pour aider les autres.
au nord de la ville, petite maison… assez grande pour loger six personnes.
✧ gagnante d'un télé-crochet, au début des années 2000. à la clef, un album qu'elle n'a jamais pu finir suite à l'arrivée de sa première fille. opportunité ratée qu'elle ne regrette pas spécialement. bon vent !
✧ fan inconditionnelle de la country. elle ne compte plus le nombre de festivals qu'elle a fait. passionnée par la musique, il n'est pas rare de la voir jouer quelques-unes de ses chansons préférées au piano.
✧ veuve depuis un petit bout de temps, maintenant, il y a peu, ses filles ont eu la brillante idée de l'inscrire sur un site de rencontres. très peu à l'aise à l'idée de rencontrer de parfaits inconnus. les documentaires sur les serials killers l'ont traumatisés, à tout jamais.
✧ dès qu'elle rentre du travail, la première chose qu'elle fait, c'est se mettre en pyjama. pour elle, il relève presque de l'illégalité que de traîner chez soi dans un vêtement qui n'est pas confortable.
✧ comme les enfants, à 16h, elle prend son goûter. important pour prendre des forces, éviter les maux de ventre. en bref, il est impossible pour elle d'avoir le ventre vide.
✧ féministe depuis la première heure. elle avoue avoir été dépassé par ses filles, dont elle apprend énormément et ce qu'elle apprécie. toujours au goût du jour, la maman fitz'.
Stationnée devant ce foutu bar depuis presque vingt minutes. Impossible de redémarrer le véhicule depuis tout ce temps-là. Je laisse les musiques défiler. Je les écoute sans réellement les écouter. Un bruit de fond qui ne fait que nourrir ma mémoire. Le regard plongé dans le vide. Mes yeux qui n’osent se poser sur l'établissement devant lequel je me suis, délibérément, garé. Je sais parfaitement où je suis. Cet endroit que j’ai si soigneusement évité pendant des jours et des jours. La fierté a primé. Cette foutue fierté qui, il faut l’admettre, me rend détestable, à certains moments. Cette même fierté qui nous a fait changer nos plans, à mes amies et moi. Si d’habitude, ce bar est presque notre sanctuaire, cette fois-ci, obligées de se trouver un autre endroit où rattraper le temps. Je ne pouvais tout simplement passer la porte, faire comme si de rien n’était. Parce que ce n’est pas rien. Ce que je ressens, malgré moi, ce n’est pas rien. Mon amour propre. Ma dignité. Ma fierté. Tout ça en prend un coup. Un énième coup comme si, au cours des années, avec un mariage foireux, tout ce beau monde n’avait pas suffisamment souffert. Je fais semblant depuis des jours et des jours, de n’en avoir rien à faire, de faire comme si mon cœur, alors que je prenais soin à ce qu’il n’est rien à voir là-dedans, ne ressentait rien. Le simple fait que je sois bloquée ici prouve définitivement le contraire. Je m’affronte à la réalité parce qu’elle est impossible à nier. Pourtant reine dans cet art, cette compétition dans laquelle je mériterais toutes les médailles.
Forcée de rendre les armes. De les mettre à ses pieds. C’est ce qui me retient. A me poser, cette question à la con, est-ce qu’il le ferait, lui aussi ? A cela, je me souviens les dires de ma grand-mère, cette sage, un brin trop religieuse sur les bords, donner sans demander en retour. La phrase, malheureusement, significative de mon mariage foutrement foireux. Donner sans demander en retour. Rien que d’y penser, ça me tord le bide. J’en ai des crampes. Bien loin des papillons, des frissons que je ressentais à Cuba. Et pourtant, il s’agit toujours du même homme. Le même qui a réussi à me faire sortir de cette routine, de cette existence plutôt chaotique. Celui qui réussissait à me faire sourire à travers un SMS et des smileys mal placés. Le même dont je n’ai plus aucune nouvelle. Le même pour lequel j’ai prévu tout un voyage en Europe, des billets qui traînent dans mon sac, qui attendent désespérément qu’il donne un signe de vie. Nerveusement, toujours avec la musique en fond, je cherche dans les tréfonds de mon sac-à-main. Je chope les billets. Je jette un coup d’œil à la date. Bordel, c’est dans moins d’un mois. Il y a encore quelques semaines, il aurait suffi d’une visite impromptue après le travail, je lui aurais donné – très certainement de force – les billets. Je lui aurais fait un listing de tous les endroits à faire absolument. Sauf que, maintenant, tout a changé. Il a suffi qu’il s’éloigne. Il a suffi qu’il cesse de répondre à mes messages, à mes appels, pour que je n’ose plus aller vers lui. Pour que je sois paralysée.
Pour la première fois depuis que je suis stationnée, j’apporte une sorte d’importance à ma playlist en mode aléatoire. Playlist où, comme souvent, mes filles ont apporté une modification et ajout. Contre toute attente, ce sont les notes d’une chanson de Taylor Swift qui se distinguent. All too well. Chanson complètement inconnue au bataillon. Cependant, les paroles ont su attirer mon attention. Une larme coule sans même que je ne puisse la contrôler. Oh, merde… Est-ce que je suis en train de me reconnaître dans les paroles de la chanteuse préférée de mes filles ? Non, c’est hors-de-questions ! Non, bordel ! Non ! Après avoir appris que Derek me trompait, je me suis promis une chose ; ne plus jamais ressentir cette peine pour un homme. Aucun homme sur Terre ne mérite les larmes d’une Fitzgerald. Aucun n’est assez digne pour ça et ils ne le seront jamais. Je suis plus forte que ça. J’ai survécu à l’adultère de l’homme qui partageait ma vie depuis pratiquement quinze ans, à l’époque, je ne devrais pas me sentir aussi mal, actuellement. Non, Sebastian Hayes n’aura pas le luxe de me rendre malheureuse. Ce n’a été qu’une erreur de lui laisser les clefs de cette porte-ci. Il est temps que je les récupère.
J’essuie cette larme, frêle et à peine visible de mon visage. D’un coup d’œil, je regarde si l’état dans lequel je me trouve est potable. Au même moment, je détache mes cheveux mis en queue de cheval… Putain, pourquoi je fais ça ? Pourquoi j’en ai quelque chose à faire de savoir à quoi je ressemble en sa présence ? Je m’en tape totalement ! Aussitôt, je me refais un chignon en, à peine, dix secondes. Dix secondes de trop, données à un homme. Beurk ! Dans cette lancée, remplie de courage, de dégoût de moi-même et de colère – aidés par cette fierté qui, depuis le début, ne m’a jamais quitté. Je claque, violemment, la porte de ma voiture. Je m’approche de la porte du bar. Jour de semaine. A cette heure-ci, c’est fermé, toutefois, je connais par cœur les horaires du propriétaire. L’avantage d’être… son amie ?
Vas te faire foutre, Nini. Vous êtes pas amis, espère de truite écervelée, aveuglée par tes expériences passées foireuses. Et après tu oses donner des conseils à tes sœurs et à tes filles ? Pauvre débile, féministe à deux balles !
Je toque une première fois à la porte d’entrée de l’établissement. Aucune réponse. Bien évidemment. Pourtant, je distingue parfaitement la lumière tamisée de fin de service. A d’autres, Seb’ ! Je t’ai déjà aidé à nettoyer ton bar en fin de soirée, tu ne m’auras pas. De ce fait, je toque une seconde fois… Oh, et puis, merde ! Patience perdue, je tape, de mes deux mains, de façon rapide, incontrôlée, j’y mets toute ma force, presque à étaler mon corps contre cette porte. Je fais un boucan dingue. De quoi réveiller les habitants tout autour. Une technique plutôt foireuse mais qui, si j’en crois l’ombre grandissante que j’entrevois, fonctionne. En entendant le trousseau de clefs, je stoppe mon chahut. A cet instant précis, alors qu’il n’y a que plus que quelques secondes qui me séparent de Sebastian, je réalise, je prends conscience de ce que je viens de faire. Encore une fois, je n’ai pas gardé mon calme, j’ai agi impulsivement, je n’ai pas réfléchi pleinement à ce que je voulais dire, faire. A croire que je fais exprès…
Me voilà face à lui. Si je tente de me montrer impassible, prétendre que je gère pleinement la situation, à vrai dire, je suis dans le même état que lui, l’incompréhension totale. Je le vois à son regard, il ne comprend rien de ce qui se passe. Nous qui ne nous sommes pas vus depuis plusieurs jours, lui qui n’a répondu à aucun de mes appels et sms, il me retrouve devant lui. Je n’imagine même pas la dégaine de folle furieuse que je dois avoir, d’autant plus. C’est là, c’est maintenant qu’il faut que je dise quelque chose. Il faut que je lui avoue à quel point je suis triste, en colère de ce silence radio. Je voudrais lui crier dessus… Sauf que je ne peux pas. Alors que j’allais ouvrir ma bouche pour lui balancer tout mon venin, je vois ce regard. Je reconnais cette tristesse. Cette envie de chialer mais effrayé à l’idée d’y succomber et de ne jamais s’arrêter. Je ne l’ai jamais vu chez lui. A vrai dire, je n’ai jamais été réellement témoin d’un sentiment de la sorte chez lui. Lui qui, de nature, cache si bien ce qu’il ressent.
« Seb’ ? », lâchai-je doucement.
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( homebody )
i built a home, waiting for nobody. it had the bones, but missing the arms around me. now here you are, you got to my core, kicked down the door. i've had a home, but never a homebody.
Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Depuis quelques jours, peut-être quelques semaines, j’occupais le studio juste au-dessus du bar. Mes habitudes, mes bonnes vieillies habitudes avaient été balayé d’un revers de la main, bien malgré moi. Ma journée commença par des livraisons de boissons au bar que j’ai dû réceptionner. L’avantage de dormir sur place est d’être prêt rapidement. Mon footing matinal est la seule chose à laquelle je n’ai pas pu faire de concessions, en effet, il s’agit là de mon infime remède afin de vider mon esprit. Debout depuis 6h du matin, alors que je pensais avoir trouvé un sommeil réparateur depuis mon retour de Cuba, il m’était impossible de fermer l’œil depuis cet été, rongé par des pensées et des cauchemars que je pensais avoir réussi à faire taire. Je pris une profonde inspiration, signais les bons de livraisons et m’engouffrait dans le bar afin de tout superviser. Être toujours actif me permettait d’occuper mes pensées en permanence. Pas de place à la réflexion ou autre, j’enchainais les tâches de façon automatique, voire robotique, poussant mon corps dans une fatigue extrême pour espérer y trouver la nuit du repos. Je n’avais aucune envie de parler, aucune envie de discuter, aucune envie de faire le moindre effort. Je me plongeais tête baissée dans mon boulot et y mettais toute mon énergie. Je voulais qu’on me laisse tranquille dans mon coin. Parler devenait un effort, rien qu’ouvrir la bouche en était un. Enfermé dans une bulle, dans un état d’esprit négatif, j’avais du mal à remonter la pente et à croire en ce cher soleil qui brillera à la fin du tunnel.
Je donnais à peine quelques nouvelles aux enfants, lorsqu’ils en réclamaient, incapable de les laisser s’inquiéter et surtout, refusant de les voir débarquer. Je préférais rester seul, bien que la solitude ne me fasse pas des plus grands biens. Pendant des années je m’étais enfermé dans une bulle, et il a fallu que la personne qui m’en sorte soit celle à laquelle je pense en permanence. Parce que même si je la laisse volontairement loin, même si j’ignore ses messages, lorsque mon téléphone vibre pour afficher son nom est le seul moment où je me sentais véritablement vivant. J’en devenais dingue. Je savais que mes sentiments à son égard étaient plus qu’effrayants. Oui parce qu’au vu de l’avancée de notre situation, il est difficile de ne pas évoquer de sentiments. Mais j’en devenais dingue au point de l’imaginer face à la porte du bar, à cette heure-ci, au milieu de la nuit, un air triste, meurtri, figé sur son visage. Je mis quelques secondes à me remettre de la scène. Parce qu’elle est bel et bien là. En chair et en os. Pas juste mon imagination qui me joue des tours.
J’ouvris la bouche dans l’espoir qu’un son en sortirait, de préférence intelligible, mais je n’entendis rien d’autre qu’un soupir. Elle fit alors la seule chose capable de briser le peu de détermination qui me restait encore : elle leva les yeux vers moi et murmura mon prénom. Mon cœur se contracta si fort dans ma poitrine, puis cessa de battre à cet instant là. J’étais perdu. Totalement et complètement perdu. « Qu’est-ce… » tu fous là à une heure aussi tardive ? Pourtant, les paroles se bloquent au fond de ma gorge et plus aucun son ne sort. « Le bar est fermé à cette heure-ci. » lui fis-je constater sur le ton le plus neutre possible. « Tu devrais revenir demain, à partir de 17h. » la remballais-je alors que… Je n’avais qu’une envie, celle de la prendre dans mes bras, la serrer contre moi et ne plus la lâcher. Elle m’a manqué. Elle m’a beaucoup manqué. Elle m’a manqué au point d’en avoir mal au cœur lorsque je pense à elle, à son absence, et à cette distance que j’ai volontairement mise entre nous. Ses sourires m’ont manqué, ses regards suggestifs et son comportement si naturel que j’en venais à me demander comment ai-je pu être si aveugle toutes ces années. Parce qu’elle a toujours été là, dans les bons, comme dans les mauvais moments. Parce qu’elle a toujours été un pilier, un appui, et… Parce qu’elle trouve toujours un manière de me faire rire, même dans les situations les plus cocasses. Son visage ne montre cependant aucune envie de rire, aucune. Il était fermé, sans doute meurtri par la situation que nous vivions ces dernières semaines. « Entre. » Je n’avais qu’une envie, c’est de la ramener contre moi, la serrer dans mes bras. Rester ainsi de longues heures. Ne plus réfléchir à ce qui nous entoure. Qu’est-ce que tu fais là, Niamh ? Eu-je envie de demander, mais la réponse est plus qu’évidente. J’ai disparu des radars depuis des semaines, ne donnant plus aucun signe de vie. « Je suis désolé de ne pas avoir répondu à tes messages, j’étais… Pris ces derniers temps. » Avouant ainsi, le regard détourné, les avoir bien reçu, lu et délibérément ignoré. Mais je présentais des excuses, présage tout de même d'un bon début, non ?
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I know a lot. But I didn't see anything.
Niamh Fitzgerald
416
wild heart/louisa + elle.
mandy moore.
self (ava, sign, icons, bann, gifs), taylor acorn/homebody (lyrics sign).
eugene, la star déchue (r. gosling) ; cole, le cynique absolu (z. efron) ; naveen, le geek charmant (m. cornett) ; caron, la rebelle (a. de armas).
à seulement quarante-deux ans, j’ai cette mauvaise habitude de me tirer le visage avec mes mains, tous les matins lorsque je croise le miroir. pourtant pas à plaindre, ma grand-mère dit encore de moi que je suis « belle comme un cœur ».
veuve depuis trois ans. un cœur qu'elle pensait incapable de rebattre pour quelqu'un d'autre, davantage après la trahison de son mari. et pourtant... semblerait-il qu'elle ait été dans le tort. encore trop bornée pour accepter ce qu'elle ressent.
après une carrière très brève dans le monde la musique après ma victoire dans un télé-crochet, j'ai repris le chemin des études. aujourd'hui travailleuse sociale au bord du burn-out, je fais de mon mieux pour aider les autres.
au nord de la ville, petite maison… assez grande pour loger six personnes.
✧ gagnante d'un télé-crochet, au début des années 2000. à la clef, un album qu'elle n'a jamais pu finir suite à l'arrivée de sa première fille. opportunité ratée qu'elle ne regrette pas spécialement. bon vent !
✧ fan inconditionnelle de la country. elle ne compte plus le nombre de festivals qu'elle a fait. passionnée par la musique, il n'est pas rare de la voir jouer quelques-unes de ses chansons préférées au piano.
✧ veuve depuis un petit bout de temps, maintenant, il y a peu, ses filles ont eu la brillante idée de l'inscrire sur un site de rencontres. très peu à l'aise à l'idée de rencontrer de parfaits inconnus. les documentaires sur les serials killers l'ont traumatisés, à tout jamais.
✧ dès qu'elle rentre du travail, la première chose qu'elle fait, c'est se mettre en pyjama. pour elle, il relève presque de l'illégalité que de traîner chez soi dans un vêtement qui n'est pas confortable.
✧ comme les enfants, à 16h, elle prend son goûter. important pour prendre des forces, éviter les maux de ventre. en bref, il est impossible pour elle d'avoir le ventre vide.
✧ féministe depuis la première heure. elle avoue avoir été dépassé par ses filles, dont elle apprend énormément et ce qu'elle apprécie. toujours au goût du jour, la maman fitz'.
Ça ne m’étonne que très peu, sa réaction. D’une certaine façon, je savais qu’il réagirait de la sorte. Je savais parfaitement qu’il chercherait à me rejeter. Après tout, c’est ce qu’il fait depuis déjà des jours et des jours. Je sais être en terrain miné. Je réalise de plein fouet cette distance qu’il a pris soin de créer entre nous. Il est froid, de mauvaise foi, un brin blessant. Un moment de protection, je le reconnais, j’utilise le même. La logique, ou plutôt ma logique voudrait que j’emploie la même tactique que lui. Quand on m’attaque, je n’attaque que plus fort. Sauf que je ne peux agir de la sorte. Si j’ai été blessé parce qu’il a dit, ce n’est qu’une blessure superficielle. Lui, je le vois à son regard, il s’agit d’une plaie plus profonde, plus ancrée. Une cicatrisation lente voire inexistante. Je ne peux tout simplement pas le laisser vivre ça seul, peu importe ce qui est la cause de ce malheur, je me dois d’être là pour lui. Parce qu’il a été là pour moi, à la mort de Derek. Qu’il a supporté mes crises de colère, mes monologues longs de plusieurs heures parfois, qu’il a supporté toute cette haine et colère que je portais en moi depuis des années, qu’il a encaissé et qu’il n’a jamais été autre chose que compréhensif. Et aussi, en dehors du fait que je lui suis redevable, c’est aussi parce que je ne peux me résoudre à l’abandonner, à me dire qu’il m’a ignorée et que, par conséquent, je dois agir de la même façon. Je ne peux tout bonnement pas. Pourtant, en y repensant, tout aurait été plus simple pour moi. Je serais passée à autre chose, j’aurais tourné la page et je serais allée de l’avant. Sauf que je ne peux pas m’y résoudre. Je ne peux pas, je ne veux pas être loin de lui. Encore moins sachant qu’il vit une période difficile.
Je vais puiser dans ma fierté. Mon égo prend un sacré coup. Pourtant, je suis bien obligée d’admettre que celui qui souffre le plus, c’est mon cœur. Le voir me rejeter de la sorte, le voir aussi malheureux, le voir si mal… ça me bouffe. Et imaginer qu’il est dans cet état-là depuis des semaines et des semaines, ça me rend malade. Et je lui en veux. Je lui en veux de n’avoir rien dit à personne. Pas même ses enfants sont au courant de ce qui lui arrive. Personne. Il garde tout en lui. Si une partie de moi comprend, dans un sens, je n’ai jamais montré aucun signe de vulnérabilité à mes filles, pas même quand leur père est mort, c’est compréhensif qu’il fasse de même avec ses enfants, aussi. Malgré tout, je pensais que nous avions dépassé ce stade entre nous. De toute évidence, lui, de son côté, peine à passer outre. De ce fait, je dois faire cet effort. Ce que je fais. En temps normal, à cette phrase « tu devrais revenir demain, à partir de 17h », je l’aurais envoyé se faire foutre lui et toute sa descendance, je me serais barrée et il est fort probable qu’il ne me revoit jamais. Sauf que je ne le fais pas. Je reste là. Je lui fais comprendre que je n’ai pas l’intention de partir, combien même il tente de me dégager. Et bordel, ça fait mal. Putain, ça fait chier. D’une certaine façon, cet égo m’empêche d’être humiliée, de me sentir de la sorte. Là, de la pire des façons, Sebastian a réussi à mettre le doigt sur ça. Mais non. Je ne bouge pas. Je reste là. En espérant qu’il comprenne rapidement et sans faire plus de dégâts que je ne compte pas partir.
J’entre enfin. Je n’ai pas dit un mot mais il semble avoir compris qu’il était bien inutile de chercher à me rejeter davantage. Je passe le bas de la porte. J’ignore encore pouvoir avancer un peu plus. Je ne veux pas risquer de le brusquer. Toute cette tension est pesante. J’aurais presque envie de chialer. Pleurer parce que je suis rassurée de l’avoir en face de moi, de le voir… en vie, tout simplement. Mais pleurer aussi en constant le point que nous avons atteint. Un stade de non-retour, sur le papier, tout du moins. J’ose espérer pouvoir passer outre cette période complexe. Je ne veux pas le perdre. Pas après tout ce qu’on a pu se dire. Pas après tout ce qu’il m’a avoué. Pas après commencé à y croire pour la première fois depuis si, si longtemps… Peut-être même pour la première fois de toute ma vie.
« Pris à quoi ? Te morfondre dans ton coin sans rien me dire ?, demandai-je rhétoriquement. Seb’, je ne te demande pas de me dire le pourquoi du comment mais ne te cache pas derrière des excuses toutes faites. Pas à moi. »
Son regard fuit le mien. Moi qui le cherche désespérément. Ces moments de complicité me manquent tant. Il me manque tellement. Nous sommes dans la même pièce et pourtant j’ai la sensation d’être à des kilomètres de lui. Il a instauré cette distance avec brio. Sauf que cette foutue distance, je ne la supporte plus. Je n’en veux plus. Je l’ai supporté pendant des semaines, ce soir, c’est terminé. Alors, d’un pas légèrement hésitant mais décidé, je m’approche de Sebastian. Il ne daigne toujours pas me regarder. A me demander si je ne le dégoûte pas… Peu importe, maintenant. Je suis bien trop proche pour reculer, pour faire machine arrière sans passer pour une peureuse. Bien que son corps se montre rigide, qu’il ne veuille aucune attention physique, je passe outre, je me forge une place dans ses bras, le serrant près de moi, ma tête posée là où je peux entendre son cœur battre, mes mains caressant délicatement son dos. Je lui prouve que ce n’était pas des paroles en l’air quand je lui disais être toujours là pour lui. Même lorsqu’il me rejette, qu’il fait en sorte de me dégoûter pour que je ne veuille plus l’approcher, je vois clair dans son jeu, rien ne me séparera de lui. Une promesse est une promesse. J’ai à cœur de tenir toutes celles que je fais.
« Je ne partirai pas. », dis-je d’une voix soufflée, délicate et douce.
Mon cœur, mon corps me hurlent de lui dire. Cette fameuse et célèbre petite phrase de trois mots et sept lettres. Et peut-être qu’il s’agirait du moment adéquat, au fond sauf que je suis bien trop allée à l’encontre de ma raison, ce soir et elle ne me laisse pas prononcer ces trois petits mots. Impossible. Une reprise in extremis de ma fierté made in Fitzgerald.
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( homebody )
i built a home, waiting for nobody. it had the bones, but missing the arms around me. now here you are, you got to my core, kicked down the door. i've had a home, but never a homebody.