Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Andrea Hopkins // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Eli Hartley // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
42 ans, les années qui défilent, sans aucun sens ni raison et ce depuis bien longtemps. L'emprise du temps qui s'affirme, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Marié à une femme qui a été plongée dans le coma pendant cinq ans, mon alliance réchauffant mon torse, pendentif improvisé d'une chaîne autour de mon cou.
Coeur prit, sur le papier. Mais battant aussi pour celle qu'il ne faudrait surtout pas apprécier autant...
Psychologue, fondateur d'un centre réunissant diverses spécialités médicales. Parler, je n'ai jamais su faire. Écouter est un don que j'ai décidé de mettre au service des autres.
Une bâtisse dans l'Ouest de la ville, isolée, presque inexistante. Mon havre de paix, le seul endroit sur Terre où je ne veux surtout pas être dérangé.
" Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra "
WON'T STAND DOWN
I never believed that I would concede
And let someone trample on me
You strung me along, I thought I was strong
But you were just gaslighting me
メ Adepte des paris sportifs depuis toujours
メ Champion d'échecs durant son adolescence
メ Porte des lunettes, quand il y pense
メ Fumeur invétéré, buveur occasionnel
メ Lis en permanence quatre livres simultanément
メ Possède une large cicatrice sur l'avant bras gauche
メ A décidé, sur le tard, de pratiquer l'équitation. Il vient d'acquérir sa jument, Perle, et souhaite développer la thérapie grâce aux chevaux
Can we kiss
With poison on our lips
Well I'm not scared
Can we touch and taste forbidden bliss
They can't stop us now, I won't let you be alone
I am coming for you
Keep us apart, it's too much to ask
Je dois me concentrer. Ma tâche n’est pas encore terminée. Encore un effort de plus, un plissement des yeux de plus, une réflexion de plus. Oui, tout s’ajoute dans mon quotidien, tandis qu’il perd ses fondements les plus anciens et les plus sécuritaires. Du plus, du plus, toujours du plus. Mais le château est construit sur un tas de sable, il n’a rien de solide, il n’est que dérisoire, friable, sur le point de s’effondrer pour de bon. Le travail, une fois de plus, me raccroche à la vie. Voilà des heures que je n’ai pas levé le nez de mes dossiers, courbant l’échine, me plongeant sans vergogne dans des dossiers toujours plus complexes. La douleur de mes patients finit par m’atteindre, j’ai de plus en plus de mal à conserver une distance raisonnable. Du plus, du plus, toujours du plus. Et fatalement, leur gestion du deuil résonne en écho sur ma propre situation. Le constat est évident, je n’arrive plus à garder la tête hors de l’eau. Je me sens comme un noyé, pas tout à fait mort mais ne pouvait respirer pour autant. Le nez quasiment collé sur la feuille, la sensation de pouvoir la transpercer, devenir un simple mot sur le papier, ne plus avoir la moindre importance, je me transcende dans les ténèbres de la complexité mentale. Rien n’a de sens, dans l’existence que je mène, et pourtant, je continue. Car je ne sais rien faire d’autre? Car le travail, c’est la santé, comme on dit? Mais que faire quand l’équilibre se retrouve bouleversé, et que la balance penche dangereusement du mauvais côté…?
Sylvia s’est réveillée. C’est une vérité qui me ronge, que j’ai tant attendu, sans doute trop, au point que ce constat ressemble à un mirage. Et maintenant qu’il existe, pour de bon, qu’il resplendit de sa foudroyante véracité, je ne sais plus quoi en penser. Ni que faire. À part travailler. Plus rapidement que je n’ose l’avouer, je me trouve au pied du mur. Un dossier attire mon attention, de par sa complexité que je ne sais résoudre. Touché en plein égo, je me décide à demander conseil à mon collègue, Isaac, siégeant dans un bureau non loin du mien. Abdiquant, je me lève, fait quelques pas silencieux afin de rejoindre sa porte, que je toque d’un geste délicat. Mon visage épuisé apparaissant dans l’embrasure, je murmure, d’une voix étrangement calme, presque reposante:
Isaac…? Je ne te dérange pas? Navré de m’inviter dans ton bureau mais…
Courte hésitation, regard qui préfère fuir en direction des rédactions que je tiens entre mes longs doigts. J’ai la sensation de flotter dans les cieux inconnus alors que toute ma concentration doit se mettre au service de mon emploi. Reprenant mes esprits, j’ajoute:
… C’est au sujet d’un dossier. Un cas délicat… J’aimerais avoir ton avis et…
Et soudain, ma vision se brouille. La tête me tourne, je me sens partir en arrière. Chute évitée de justesse tandis que je m’écroule sur une chaise installée juste à ma droite.
Honteux, plus bas que Terre, je me montre enfin sous mon vrai visage: Je suis un homme acculé. Isaac, voilà, tu peux jeter un regard attristé sur ma carcasse mise à mal. Ton ami, collaborateur de confiance et solide partenaire dans le métier est réduit à ses propres démons, aux conséquences de son silence, aux aléas de ses choix auxquels il croyait dur comme fer, pourtant. Mais le corps est esclave de l’esprit, je le démontre une fois de plus. Ne me juge pas trop sévèrement, Isaac, je t’en supplie…
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"Shame on you for thinking that you're an exception"
Dead Star
Isaac Ashton
239
Anakin (he)
Hayden Christensen
hayden-christensen, within temptation
micah lewis (glen powell), dale bellamy (jack o'connell)
39 years old, the thirties taking a toll on the mind.
~you're all that I'm asking for~
~ now what is left of all this love beside the pain that I fight against? ~
child psychiatrist, trying to help as many as I can.
A nice little house with a decent back garden to be closed to my little princess Ella, aged 6.
"Dads are most ordinary men turned by love into heroes, adventurers, story-tellers, and singers of song."
Here.
bronze member
Sujet: Re: " I follow your lead " Dim 28 Avr - 12:10#
Qui aurait cru qu’un événement inopiné changerait la dynamique de ma vie ? J’avais si longtemps broyé du noir, si longtemps cru que jamais je ne me relèverais de la perte de mon fils, que je me mettais parfois à culpabiliser d’arriver à rire. Retrouver Lou avait été salvateur. Elle aussi avait souffert, elle aussi avait perdu un être cher, mais elle avait également donné la vie. Kayla, sa fille, était son renouveau, et le mien en partie. Je ne négligeais pas Ella, ma propre fille, mais petit à petit, je pouvais apercevoir le bonheur se dessiner en filigrane. Mais je restais prudent, après tout j’avais appris à mes dépens que tout pouvait foutre le camp en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. En tout cas, si je n’oubliais en rien mon fils, je tâchais de reprendre doucement du poil de la bête, de lui montrer que j’étais capable de vivre pour deux et que je persisterais à vivre ma vie pour qu’il puisse tel l’ange qu’il était désormais, apprécier le spectacle de là-haut. Je me sentais plus à même d’aider les enfants ces derniers temps. Leurs tourments ne faisaient plus forcément toujours référence à Jake, mais à ma condition de père. Je voulais les aider, je voulais me dire que je pouvais leur apporter la paix. En ce jour, j’avais reçu la petite Sierra. Une enfant souriante, mais qui ne parlait pas. Je n’étais pas encore sûr de moi, mais je soupçonnais que son silence vienne d’un traumatisme lié au voisinage, car elle ne rejetait pas ses parents. J’avais donc alerté la mère ce matin, et lui avait demandé d’ouvrir l’œil, la rassurant quant aux progrès de sa fille, qui avait des choses à dire, mais qui ne savait probablement pas par où commencer. Alors elle jouait ou dessinait et j’observais son comportement, tentant de trouver un indice. Je la voyais une fois par semaine, je ne voulais pas la brusquer. Son mutisme finirait par disparaitre, j’en étais convaincu. Alors que je la saluais chaleureusement en lui souhaitant une bonne journée, elle me rendit mon salut de la main, agrippant la main de sa maman, son sac à dos rose sur les épaules. Retournant à mon bureau, je me penchais un instant sur son dossier, reprenant des détails que j’avais pu oublier vu comme j’avais été plus que distrait avant de retrouver un peu de sérénité. C’est à ce moment que Nyls débarqua devant mon bureau, frappant à la porte poliment, ce qui m’interpela tout de suite. Lui souriant, je lui répondais, reposant mon dossier sur le bureau, lui accordant tout mon temps. « Non, évidemment que non. Tu ne déranges jamais. » Il avait été mon salut tant de fois. Et si j’étais ici aujourd’hui, c’était grâce à lui. Certes, lui comme moi nous avions traversé des eaux troubles, et sa situation était des plus déconcertantes, mais je ne me permettrais jamais de juger ce qu’il vivait. On ne contrôle pas ses émotions, je l’ai vécu, je sais ce que c’est. On a l’impression que la vie nous en veut et que quoi qu’on fasse, on est le coupable désigné. Il a l’air fatigué mon grand ami, mais ne nous l’étions pas tous ? Ecouter des étrangers parler de leur deuil, c’est des plus éreintant, et ça consume. « La petite Sierra vient de partir. Elle fait des progrès. » Avancais-je, un léger sourire, comme pour lui indiquer que je commence à aller mieux. « Rentre, tu ne vas pas rester là. » Je me lève de ma chaise, comme pour l’inciter à faire ce que je lui demande, m’approchant de la machine à café qui se trouve à proximité de mon bureau, lui jetant un regard avant de comprendre que le regard de Nyls a l’air aussi perdu que s’il avait vu un fantôme. « Tu veux un… » Je me coupe et j’ai tout juste le temps de le voir tomber de tout son long sur la chaise qui se trouve non loin de lui, et j’ai le temps de saisir un morceau de sucre, accourant jusqu’à lui. « Ca ne va pas ?! Qu’est-ce qu’il se passe ? » Je lui tends le morceau de sucre, que je lui mets dans la main. Je ne sais pas si c’est un malaise vagal, mais je ne l’ai jamais vu dans un tel état. Inquiet, je me place devant lui, accroupi, parlant avec calme malgré une situation des plus déconcertantes pour moi. Nyls c’était un roc, un mentor, l’homme qui m’avait raccroché à la vie quand j’en avais le plus besoin. J’avais conscience que sa situation était délicate, mais là, j’avais la sensation que ça l’avait drainé. « Tu veux t’allonger ou tu es mieux comme ça ? Je vais te chercher un verre d’eau ? » Quel mal le frappait-il soudainement ? Quoi qu’il en soit, j’allais lui accorder le temps qu’il faudrait, c’était à mon tour d’être la main tendue, de le soutenir.
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We're forced through the gauntlet like mice in a maze, we're running. We know we go under, like moths to the flames we're falling. We know it is cruel.
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42 ans, les années qui défilent, sans aucun sens ni raison et ce depuis bien longtemps. L'emprise du temps qui s'affirme, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
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Hors de question de flancher. Hors de question de laisser mes émotions me diriger. Hors de question d’abandonner ce combat qui est le mien depuis plusieurs années, à présent.
Mais comme tout bon soldat, je laisse planer dans l’atmosphère une potentielle envie de déserter. Être aussi lâche ne me ressemble pas, mais l’homme est surprenant dans sa capacité à évoluer. J’ai beau entretenir un visage des plus indifférents, me protégeant ainsi d’éventuelles questions en série qui pourraient me mettre mal à l’aise, je ne peux plus me retenir plus longtemps. La pression émotionnelle est trop forte, la situation bien trop grave. Dès que je ferme les yeux, je vois le visage de Sylvia, à l’hôpital, qui renaît de ses cendres, qui sort d’un isolement bien complexe. Je me revois lui tenir la main, chuchoter son prénom, la rassurer, lui dire que tout va bien se passer, passant une main douce sur son front moite. J’ai occulté l’horreur, cherchant à tout prix à la préserver aussi longtemps que possible de ses propres crimes. Et moi, qui attrape ma peine, qui m’allège de ce fardeau que je n’ai jamais réclamé…?
Voilà donc pourquoi je n’ose plus dormir, bien trop effrayé à l’idée que ces souvenirs, bien réels, m’oppressent, me rendent fou, me font perdre pied. Il semblerait que j’ai sous-estimé ma force, combattre est une constante bien trop variable dans mon quotidien depuis désormais une quantité astronomique de mois. J'emmagasine les coups, je serre les dents, je reste focalisé sur mon travail, le seul aspect de ma vie que je peux encore contrôler à ma guise. Oui, entre les murs de mon cabinet, je suis seul maître à bord, je laisse mes tracas au dehors, avant qu’ils ne finissent par se faufiler insidieusement jusqu’à ma forteresse. Et ceci explique cela. Le corps est esclave de l’esprit, c’est une vérité que j’ai toujours su et qui s’applique désormais à ma situation. Tournant de l'œil, je m’affale sur une chaise et accepte volontiers le sucre proposé par mon collègue. L’avalant fébrilement, je marmonne, la bouche pâteuse:
Je suis navré, Isaac, vraiment. Je te donne une bien piètre image de moi-même, par cette déplorable attitude…
Une suspension équivoque, l’intime conviction de poursuivre mes explications, de ne pas laisser des propos aussi hasardeux plonger mon collègue dans une incompréhension floue. Isaac est une personne fiable, de confiance, et il semblerait être le seul capable de comprendre l’origine d’un trauma si ancien, qui continue à impacter mon existence. Plusieurs soupirs, avant de me jeter dans le vide, tentant d’être le plus concis possible:
Sylvia. Elle s’est réveillée. Ça y est, son coma est enfin terminé. Mais j’ai la sensation que c’est la suite d’un cauchemar qui dure depuis trop longtemps…
La situation a changé et je ne l’accepte pas, c’est un fait. Parfois, quand tout stagne autour de vous, c’est un répit salvateur, se conforter dans une attente est signe de déni mais aussi d’un choix à ne pas formaliser. Désormais, je dois suivre le mouvement, réagir, et cela… m’effraie au plus haut point. Fixant le mur juste derrière Isaac, j’ajoute, la mort dans l’âme:
Que suis-je devenu, mon ami? Un mari qui aurait presque préféré que sa femme reste plongé dans un sommeil éternel? Je n’ai pas la force de l’affronter. Je ne veux plus souffrir…
Tel un enfant, je laisse quelques sanglots me tordre la poitrine et j'accepte enfin que l’angoisse qui me tourmente se matérialise. J’ai passé mon existence à écouter les autres, à tendre la main, à supporter les traumas, qu’ils s’empilent dans mon esprit que je pensais si solide. Mais désormais, tout s’effondre, tel un château de cartes. Et l’incompréhension se fait sa place, je regarde autour de moi, perdu, acculé, paniqué. Isaac, pourras-tu m’accepter comme patient, moi qui ne suis plus qu’un bambin désabusé…?
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Sujet: Re: " I follow your lead " Mar 4 Juin - 21:18#
Je n’avais jamais vu Nyls dans un état pareil. Il était plus solide que moi. Il faisait face en silence, depuis de longs mois, la situation délicate dans laquelle il se trouvait malgré lui. Il n’avait pas choisi, mais ça l’avait frappé de plein fouet. Dommage collatéral d’un drame que Shelby vivait depuis. Quant à moi, je ne pouvais que comprendre à quel point c’était dur. Mon fils me manquait tous les jours. Ma vie avait volé en éclats, et j’étais là aujourd’hui à me trainer, à essayer de trouver un autre sens à ma vie en vivant pour deux. Ca ne le ramènerait pas, mais souhaiterait-il que je laisse tomber sa sœur pour autant ? Je le revoyais lui faire des grimaces, chercher à la faire sourire, l’embrassant sur la joue autant qu’il le pouvait. Des souvenirs que je m’efforçais de ne plus revivre pour éviter de souffrir. A côté de ça, Nyls, empêtré dans un entre-deux, à attendre le réveil de sa femme, et à combler le manque chez Shelby au travers de sessions de gestion du deuil, mais également emmêlé dans une remise en question de ses sentiments. Rien n’était simple, pas même pour lui, celui qui avait toujours été d’un soutien inégalé. Il devait se sentir épuisé, parce qu’il portait à bout de bras le chagrin de tant de personnes en plus de sa propre culpabilité, qui je savais, l’étouffait alors qu’une fois encore, il n’était en rien responsable. Et je comprends qu’un événement a dû le bouleverser pour qu’il réagisse de la sorte, qu’il s’écroule sur la chaise de mon bureau comme si toute force l’abandonnait. Face au malaise vagal, je n’ai dans un premier temps, qu’une réaction de survie me poussant à lui donner de quoi reprendre des couleurs. Il est en état de choc, mais la confiance qu’il me porte le pousse à accepter le sucre qui fait son petit effet et lui donne un air bien moins pâlichon. Je le rassure quant à sa culpabilité renouvelée, une piètre image de lui-même soutient-il, mais il a oublié mes plus sombres heures. « Ne t’inquiètes pas, j’ai dû te montrer bien pire par le passé. » La sentence finit par émaner de ses lèvres, et je hoche la tête, comprenant la gravité de la situation. Elle rabat les cartes. Le réveil de Sylvia doit remettre en question tout son équilibre. Il lui en veut d’avoir bouleversé la vie de Shelby, tout comme il pense avoir quelque chose à se reprocher. Tout son quotidien a explosé en des milliers de morceaux de verres et il se doit de réemprunter ce chemin comme une pénitence, ne sachant plus de quoi demain sera fait. La première question qui me vient, c’est l’état de la mémoire de Sylvia, parce qu’elle peut elle aussi tout remettre en question, faciliter les choses comme les compliquer. « Elle se souvient de tout ?! » J’imagine qu’il voit les échéances, qu’il se voit tel un acteur, prétendre que tout ira bien, la rassurant face à la petite mort qu’elle avait vécue. « Ca doit te bouleverser, c’est normal… » Je mets naturellement une main sur son épaule, cherchant à me montrer bienveillant, à vouloir rassurer mon ami, lui apportant tout mon soutien. « Nyls. Tu vis une situation compliquée. Tu n’as pas à avoir honte de quoi que ce soit. » Je sens qu’il est noyé dans sa culpabilité alors que c’est la situation complètement tordue qui ne lui facilite pas la tâche. C’est pourquoi, j’essaie de me livrer, lui montrer que d’éprouver des sentiments négatifs à l’égard de sa femme n’était pas impardonnable. « La difficulté c’est que moi je peux détester l’homme qui a tué mon fils, parce qu’il m’est étranger. Pour toi, la personne coupable de la mort d’une enfant, c’est ta femme. » Commençais-je, pinçant mes lèvres, souhaitant encore une fois d’étouffer l’homme qui avait fauché mon fils qui voulait simplement aller chercher son ballon de basket sur la route, et puis l’image de ce chauffard fut remplacée par la mienne, parce que j’aurais dû aller le chercher moi-même ce ballon. « Et je ne saurais te dire de passer outre ce que tu ressens. Tu es un être humain, et c’est peut-être plus sain de lui en vouloir, ça veut dire que tu es contre l’injustice. » Et je comprends que l’affronter est au-dessus de ses forces. Qu’en est-il d’elle ? Craint-elle de percevoir ce qu’il ressent au-delà de son regard ? Moi, je n’avais pas supporté le regard de ma femme, ses accusations – fondées pour moi – sa détresse. Nyls avait subi celles de Shelby avant d’affronter les remords de sa femme, et y faire face relevait de l’insurmontable, même pour un psy. « Mais tu as pu lui parler ? Comment se sent-elle ? » J’essayais de le ramener à du tangible, pour lui éviter de se perdre dans les méandres de ses pensées. Je n’avais malheureusement pas de remède, mais je comptais l’écouter aussi longtemps qu’il en ressentirait le besoin.
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Se détester est un sentiment loin d’être naturel. Qui m’est plutôt familier et contre lequel je me bats depuis des années. Telle une ombre que j’avais enfin chassé, elle revient, plus consistante que jamais et je l’observe me coller à la peau, sans être capable d’agir contre elle.
Accepter ses failles est loin d’être naturel. Je ne suis pas parfait, j’en ai bien conscience. Mais grâce à la fonction que j’occupe, je me dois d’être irréprochable et solide. Tel un exemple à suivre, assumer mes propres carences affectives et ce silence qui m’enferme dans un Enfer que j’ai moi-même créé est tout bonnement impossible.
Mais vivre une telle situation est loin d’être naturel. Qui peut relayer une telle expérience de vie, celle d’être le mari d’une femme qui a tout détruit autour d’elle? Qui attend patiemment un signe de la mort pour poursuivre sa propre vie? Une telle cruauté est insoutenable. Pas étonnant que mon corps finisse par suivre les ordres de mon piteux esprit.
Isaac semble percevoir la situation, celle où il me soutient et se tient à mes côtés, comme un juste retour des choses bien que je ne l’ai jamais considéré comme affaibli ou sujet à une quelconque pitié. Bien au contraire. Le drame qu’il a vécu, sa propre histoire qui a dévié de direction malgré sa propre volonté, l’a certes mis à terre mais ne l’a pas acculé pour autant. La peine était immense, presque envahissante mais avec le temps, du travail sur soi et une belle dose de patience, Isaac a réussi à s’en sortir. Sa tête est enfin hors de l’eau, la noyade n’est jamais très loin et c’est le lot de tout un chacun. Mais il respire, il nage, jusqu’à un rivage bien plus glorieux et chargé d’espoir, j’en suis convaincu. Le regard dans le vide, j’écoute chacune de ses phrases, y puisant une vérité face à laquelle je ne peux rien répliquer, mis à part cette tirade triste à mourir:
Oui, ma femme… Ce statut m’empêche donc de la haïr?
Le terme employé est fort mais pour autant approprié. Au contact d’Isaac, je peux me laisser aller, la véracité de mes propos est à l’image du dégoût qu’ils m’inspirent. Mais cette dualité a suffisamment duré. Je ne peux plus me voiler la face, il est temps de verbaliser, d’évacuer, d’accepter et enfin… d’agir. Envers et contre tout. Détournant la tête en direction de sa bibliothèque bien chargée, le parfait objet de distraction, je lui avoue:
Je… J'ai dû, en quelque sorte, lui apprendre ce qu’elle avait fait. Te rends-tu compte, se réveiller après un si long sommeil…
Qui ne peut être comparé à une phase agréable de repos. Parfois, je ressentais l’envie qu’elle ne se réveille jamais. Le besoin serait plus approprié, d’ailleurs. Qu’elle parte dans ce lit d’hôpital qui est devenu, par la force des choses, son foyer miraculeusement et potentiellement éternel. Mais on ne choisit pas dans la vie, on se contente de subir. L’émotion trahit ma voix tandis que je poursuis: Je n’arriverais pas à lui pardonner, Isaac. Je pensais pouvoir mais non… C’est tout bonnement impossible. Et tu connais le dicton, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés. Je me suis préparé depuis plusieurs années à gérer ce deuil impossible et désormais… Désormais…
Elle est vivante et c’est là toute l'origine du problème. Quelle abomination, quelle lâcheté de se laisser envahir par de pareilles pensées. Soupirant, je finis par ajouter, posant les paumes de mes mains sur mes deux genoux:
Je suis navré de t’importuner avec mes tracas insolubles, mon ami. Et les tiens, se sont-ils enfin tus?
Se reporter sur l’autre, se soucier d'autrui afin de noyer son propre chagrin. Oui, cet océan de solitude parfois partagé, cette amitié qui se présente telle une bouée de sauvetage. La seule dont j’ai véritablement besoin, en somme… L’écoute, la compréhension, l’empathie. Que je peux lire dans les yeux d’Isaac et qui sont le symbole d’une salvation évidente…
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bronze member
Sujet: Re: " I follow your lead " Dim 18 Aoû - 18:25#
Nous sommes les cordonniers les plus mal chaussés Nyls et moi. Nous traversions au même titre que les autres des souffrances et même si nous étions capables d’aider les autres, s’occuper de sa propre souffrance était tout autre chose. Je comprenais qu’il puisse se sentir coupable parce que sa femme avait abusé de la boisson et qu’on voudrait être capable de dire non, de partir avec la bouteille et la vider dans l’évier. Toutefois, il était surréaliste de croire que c’était suffisant. Nyls ne pouvait pas se tenir pour responsable des actes de sa femme. L’en empêcher était plus compliqué qu’il n’y paraissait. Mais malheureusement, mon ami se rongeait, et je le voyais à travers sa façon de se tenir, sa façon d’être en général. Je ne pouvais pas lui jeter la pierre, après tout quand j’avais perdu Jake, j’avais été que l’ombre de moi-même voire pire qu’un zombie. La charge mentale était telle, qu’on était bien incapables de faire quoi que ce soit. Nyls en a gros sur le cœur, je ne l’ai jamais vu si démuni, si abattu, lui qui m’avait toujours paru invincible, si fort qu’il serait toujours ce roc sur lequel on pourrait s’appuyer. Nyls n’est pas plus un surhomme que ce que je ne le suis. Et c’est peut-être ça qui fait notre force. Nous avons des émotions, qu’il faut accepter et comprendre. Sylvia aussi pouvait faire des erreurs. « Non. Tu peux la détester. Mais, elle reste ta femme et c’est pour cela que tu t’en veux. N’a-t-on pas juré loyauté et fidélité même dans l’adversité ? Ces principes qu’on met au point en temps de paix de l’âme, sont plus difficiles lorsqu’on les confronte à des événements tragiques. » Avançais-je dans un sourire qui se voulait apaisant. Je voulais que mon ami prenne conscience qu’il n’avait rien à se reprocher, d’autant plus que la situation était inédite. « Ca a dû être terrible aussi bien pour toi que pour elle. » Pas évident de faire réaliser à une personne en état de choc que ses actions ont conduit à la mort d’autres. D’autant plus dans le cas d’un décès d’un enfant. Quelle avait été la réaction de Sylvia ? Je me demandais si elle était dans le déni, si elle s’en voulait, comment elle allait tout simplement. Je doutais qu’elle ait voulu faire du mal volontairement. Tout comme le mangeur d’âmes qui avait pris mon fils. Il n’avait juste pas réalisé que ses addictions avaient des conséquences. Ca ne m’empêchait pas de penser chaque jour à lui ôter la vie. « Je le comprends. Et elle dans tout ça, est-ce qu’elle réalise ? » Je ne le lâchais pas du regard parce que ses émotions en disait long sur son état et que je m’inquiétais inévitablement de le savoir au plus mal. Je comprenais qu’il ne pouvait pas lui pardonner, d’autant plus qu’il était désormais émotionnellement attaché à Shelby, mais il allait devoir accepter que son mariage aurait à être remis en question et qu’il faudrait prendre des décisions qui seraient probablement douloureuses peu importe le ressentiment qu’il avait. Je hoche la tête à ses dires et j’essaie de le convaincre d’être indulgent avec lui-même. « Donne-toi du temps, ce n’est pas parce que tu es psy que tu es forcément immunisé. Regarde-moi… » Je souris à demi, repensant encore au sourire de mon fils et de ce jour funeste qui hante mes nuits. « Tu n’as pas à être désolé, un ami est fait pour ça. » Je suis on ne peut plus calme, mais je déglutis avant de répondre à sa question avec toute la peine du monde. « Ils ne se sont pas tus. Ils sont là, toutes les nuits. Mais j’essaie de me reconstruire, sans pression parce que je ne peux faire plus. Colleen va se marier, semblerait-il. J’ai revu mon premier amour et j’ai envie de construire quelque chose, mais malgré ça, j’en veux à ma femme de refaire sa vie. Alors tu vois, tu n’es pas plus à condamner que moi. » Comme lui, je me trouve dans une impasse, partagé entre des émotions contraires, pour deux femmes que j’avais véritablement aimées. Mais Nyls n’est pas venu ici pour m’écouter geindre sur mes déboires amoureux. Aujourd’hui, c’est moi l’épaule sur laquelle se reposer, et je veux qu’il en soit conscient. « Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider Nyls, tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. » Il avait toujours été là pour moi, si généreux, que je ne pouvais que lui tendre la main à mon tour.
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We're forced through the gauntlet like mice in a maze, we're running. We know we go under, like moths to the flames we're falling. We know it is cruel.
Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Andrea Hopkins // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Eli Hartley // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
42 ans, les années qui défilent, sans aucun sens ni raison et ce depuis bien longtemps. L'emprise du temps qui s'affirme, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Marié à une femme qui a été plongée dans le coma pendant cinq ans, mon alliance réchauffant mon torse, pendentif improvisé d'une chaîne autour de mon cou.
Coeur prit, sur le papier. Mais battant aussi pour celle qu'il ne faudrait surtout pas apprécier autant...
Psychologue, fondateur d'un centre réunissant diverses spécialités médicales. Parler, je n'ai jamais su faire. Écouter est un don que j'ai décidé de mettre au service des autres.
Une bâtisse dans l'Ouest de la ville, isolée, presque inexistante. Mon havre de paix, le seul endroit sur Terre où je ne veux surtout pas être dérangé.
" Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra "
WON'T STAND DOWN
I never believed that I would concede
And let someone trample on me
You strung me along, I thought I was strong
But you were just gaslighting me
メ Adepte des paris sportifs depuis toujours
メ Champion d'échecs durant son adolescence
メ Porte des lunettes, quand il y pense
メ Fumeur invétéré, buveur occasionnel
メ Lis en permanence quatre livres simultanément
メ Possède une large cicatrice sur l'avant bras gauche
メ A décidé, sur le tard, de pratiquer l'équitation. Il vient d'acquérir sa jument, Perle, et souhaite développer la thérapie grâce aux chevaux
Can we kiss
With poison on our lips
Well I'm not scared
Can we touch and taste forbidden bliss
They can't stop us now, I won't let you be alone
I am coming for you
Keep us apart, it's too much to ask
Être plongée dans de pareilles abysses n’a rien d’agréable. C’est au contraire une torture infâme, une énigme insoluble qui me tourmente depuis bien trop longtemps. J’ai côtoyé une tranquillité éphémère et désormais, je paie les conséquences de ce déni sans précédent. J’ai si longtemps espéré que Sylvia sorte du coma et maintenant que cette chimère ne s’échappe plus d’entre mes doigts, tel un nuage de fumée, ce fardeau est trop lourd à porter sur mes épaules. J’ai du mal à accepter de revenir en arrière, je suis comme bloqué, figé, intercepté. Et le train lancé en pleine vitesse en direction du cœur de Shelby s’est retrouvé stoppé net en gare, sans possibilité de poursuivre son chemin. L’amour est cruel, sans pitié. Et il est encore plus douloureux à supporter quand il s’avère être à sens unique. Je n’aime plus ma femme, pas comme devrait le faire un époux dévoué et sacrificiel et je suis amoureux d’une âme que j’ai meurtri, au plus profond. Que l’existence peut s’avérer si mesquine. Le discours de mon ami et collègue est frappant, criant de vérité et je m’accroche à chacun de ses mots, telle une bouée de sauvetage que je ne pense pas mériter. La culpabilité est trop envahissante, elle prend le dessus, quitte à flouter ma vision et à fragiliser ma silhouette corporelle. Je vacille, me réfugie sur un siège où je ne suis qu’un petit enfant malheureux, posant un regard attristé sur ses souliers bien vernis. Irréprochable, sous tout rapport, et pourtant si creux, à l’intérieur. Ayant perdu toute raison de vivre ou tout simplement trop indécis pour en espérer une nouvelle? Vider son sac, le genre d’expression toute faite qui ne veut pas dire grand chose, au final, mais qui trouve tout son sens désormais. Mes confidences sont entendues, soulignées et une réponse leur est apportée. Entre les lignes du discours d’Isaac, je descelle autre chose, une timide confession à laquelle je ne peux m’empêcher de rétorquer ceci:
Je suis heureux d’apprendre que l’amour te sourit. Sans doute un peu trop. Cela ne te fait rien que Colleen se remarie…?
Bien indiscret Nyls que j’offre à Isaac, deux hommes qui n’ont pas de secrets l’un pour l’autre, ou presque. Mon audace précède cette chute inévitable, j’en suis intimement persuadé. Je souris, prends quelques instants pour rassembler mes esprits. Tout est si complexe, indéchiffrable, même pour le cerveau infatigable qu’est le mien. Sans cesse en mouvement, presque trop à l’étroit dans ma boîte crânienne, il m’offre une accalmie de courte durée, qui me permet de rebondir, autocentré sur mes propres conflits intérieurs:
Je suis navré, je déborde d’envie de vérité, en ce moment. J’ai tout avoué à Shelby et depuis, elle ne m’adresse plus la parole… J'aimerais que tout soit plus simple, si tu savais…
Penser à la femme que j’ai détruite, au travers ces confessions apportées lorsque je la pensais perdue, dans les débris de ce pont, me plonge dans un total désarroi. Abdiquant, je me plie en deux, laissant ma colonne vertébrale à la vue du ciel moralisateur et poursuis, mon front contre la paume de ma main, allant toujours plus loin dans la mise en lumière de mes sentiments divergents:
Je suis complètement perdu, quant à l’amour que je dois porter à ma femme. J’ai la sensation qu’il est… mort, à l’instant même où elle a été plongée dans le coma.
Je ne me pensais pas capable de verbaliser ces émotions profondes mais je sais que Isaac me comprendra. Qu’à son contact, je peux faire preuve d’une franchise sans vergogne et, détail ô combien important, je n’aurais pas à supporter son jugement. Pas de tabou, entre nous. Rien qu’une conversation entre amis. Ou une thérapie surprise qui peut s’avérer payante…
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"Shame on you for thinking that you're an exception"
Dead Star
Isaac Ashton
239
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hayden-christensen, within temptation
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39 years old, the thirties taking a toll on the mind.
~you're all that I'm asking for~
~ now what is left of all this love beside the pain that I fight against? ~
child psychiatrist, trying to help as many as I can.
A nice little house with a decent back garden to be closed to my little princess Ella, aged 6.
"Dads are most ordinary men turned by love into heroes, adventurers, story-tellers, and singers of song."
Here.
bronze member
Sujet: Re: " I follow your lead " Sam 12 Oct - 14:58#
Le moment est loin d'être agréable pour mon ami. En temps normal on ne souhaite qu'une chose: voir l'être aimé s'éveiller, ouvrir les yeux et que les séquelles soient les plus minimes possibles. J'aurais tant aimé voir les yeux de mon fils croiser les miens et me rassurer même embués de larmes. Mais plus jamais Jake ne se réveillerait. Aurais-je souhaité qu'il revienne en ce monde meurtri par les blessures ou les séquelles qu'impliquaient son accident ? Non. Dans ce cas, j'aurais souhaité sa mort. Peut-être que c'était ce que Nyls ressentait désormais. Les conséquences des actes de Silvia pesant bien trop dans la balance. Je ne pouvais le blâmer, mais il le faisait lui-même. Et ses sentiments l'annihilent, le privent de ses forces, tel le fantôme que j'avais été pendant de longues années. Je sais ce qu'il vit et j'espère qu'il remontera la pente, qu'il cessera de s'accabler, parce qu'il n'est en rien responsable de cette tragédie. Que fait-il à part aimer ? Est-il condamnable pour juger un acte répréhensible ? Je ne le pense pas et j'aimerais lui donner une réponse bien huilée, qui marcherait à tous les coups, pour le sortir de sa détresse. Mais je me heurte à une réalité douloureuse, un bonheur qui s'éloigne bien qu'il ne me paraisse pas forcément perdu pour lui. Ce que je veux, c'est qu'il se libère du poids qui l'accable, qui le ronge. S'il doit pour le moment détester sa femme, qui le fasse, si ça le soulage. Je retiens un rire, alors que Nyls se focalise sur une part de bonheur qui tente de se faire sa place dans ma vie. Tout n'est pas rose, et je suis encore aussi perdu que lorsque j'avais rencontré Colleen à l'université encore amoureux de Lou, alors qu'aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit. Je baisse les yeux, admettant moi aussi mes tourments. "Si. J'enrage. Parce qu'on a pas pu sauver ce qu'on avait. Et je sais quelque part que notre histoire n'est pas vraiment terminée. Mais je ne peux infliger ça à Lou. Alors j'essaie de faire des choix éclairés en tentant de ne pas trop y mêler ce que ressent mon coeur." Moi aussi je ne savais où donner de la tête, mais Colleen avait raison, je faisais preuve de destruction et ce n'était pas la bonne attitude. Il admet que les relations avec Shelby se sont étiolées face à la vérité, et si ça l'impacte, le bouleverse, il a eu le bon réflexe. Les mensonges finissent par créer une chimère qu'une fois révélée est le mal incarné. J'essaie alors de le rassurer, je me montre des plus empathiques, parce qu'il en a besoin. "Tu as pris la bonne décision, Nyls. Rien ne vaut la vérité. Ne t'accable pas et laisse du temps à Shelby. Elle a besoin de digérer l'information, de faire son deuil de son côté pour faire des choix à son tour. Laisse lui le temps de revenir vers toi. Si les sentiments sont forts, elle parviendra peut-être à se rendre compte que tu n'y es pour rien dans l'affaire." Les actes de sa femme n'étaient pas de son fait, même s'il aurait pu l'en empêcher, il n'est pas un surhomme, juste un homme fait d'os et d'eau. Je viens vers lui, posant une main compatissante sur son épaule alors qu'il s'écroule, ravi qu'il soit en mesure de formaliser ce qui le tracasse. C'est un bon début. Je le regarde, compatissant au possible, le comprenant comme depuis le début de notre amitié. "Mon ami, l'amour n'est pas immuable. On peut avoir des griefs, on peut voir le sentiment disparaitre, c'est comme tout. S'il n'est pas entretenu, si on s'éloigne pour x ou y raison, c'est parfois pour le mieux. Peut-être que Silvia et toi avez besoin de vous séparer. Peut-être que ça l'aidera aussi." Etre prisonnier d'un mariage n'était pas nécessaire à notre époque, le divorce n'était parfois pas un échec mais d'une prise de conscience. Le moment était peut-être mal choisi, mais ça ne se contrôlait pas. Ce n'était pas à moi de faire un choix, mais je voulais qu'il comprenne que je le soutiendrais quoi qu'il arrive.
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