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(( so kiss me the way that you would If we died tonight ))

w/ ›› @Eric Carter  

Le temps venait de s'arrêter. Je n'entendais plus rien, je ne voyais plus rien et soudainement, je ne savais plus ou je me trouvais, dans quel environnement ni même avec qui. Jonas. Un flash fracturait mon esprit, il était là, quelque part près de moi, j'avais entendu son rire et en une fraction de seconde, plus rien. On le perd, on les emmène, entendis je soudain comme un écho alors que les sons revenaient chahuter mes oreilles. Des sirènes, des bruits de fer, de pas, des voix, des cris. Jonas, dis je sans savoir si le moindre son était sorti de ma bouche. Quelqu'un me portait, je bougeais mais j'avais du mal à reprendre mes esprits. Je me battais pour revenir mais c'était trop dur, les yeux encore fermés, je divaguais très loin quittant ma réalité et les secouristes qui me sortait de la carcasse dans laquelle Jonas et moi étions pris au piège.

Cet accident, je n'en avais pas grand souvenir lorsque j'ouvrais les yeux sur mon lit d'hôpital. De ce que le médecin m'expliquait, un chauffard avait grillé un stop, à vive allure, et avait percuté mon véhicule. Dans cette voiture, il y avait mon fils et sans attendre, je demandais ou il se trouvait et comme il allait. Il était au bloc, son cas était plus grave que le mien puisque la voiture avait tapé côté passager, là ou il était assis. Mon cœur se serrait, j'avais du mal à respirer et pourtant, je me devais de tenir le coup ne serait ce que pour le rassurer à son réveil. On va avoir besoin de sang mais aussi d'un rein... Jonas a été grièvement blessé, poursuivait le médecin. On a vos résultats et vous n'êtes pas compatibles, est ce que vous pourriez contacter son père ou un parent ? Je regardais le médecin, sans rien dire, comme si tout autour de moi n'avait plus aucun sens. Un parent ? Je n'en avais plus... Son père ? Impossible. Je tournais la tête vers la porte pour y découvrir Eric. Il avait du être prévenu ; il me semblait que je l'avais mis en contact d'urgence dans mon téléphone. Je sentais ma gorge se nouer, la vie de notre fils était en danger. Notre fils, cet enfant que j'aimais plus que tout au monde mais dont nous n'avions jamais parlé ouvertement. Sa paternité, il ne l'avait jamais su, ou peut-être l'avait il deviné avec le temps. Je n'avais jamais osé me poser sérieusement la question. Le temps nous est compté, je vous laisse quelques minutes, finit il par dire avant de s'éclipser, saluant de la tête, Eric. Je vais bien, commençais je par dire ne sachant pas ce qu'il avait entendu ou non. J'avais quelques blessures mais rien de comparable à celles de Jonas et c'était injuste. Il ne méritait pas de souffrir et si j'avais pu, j'aurais tout pris sur moi, peu importe les conséquences.

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(( so kiss me the way that you would If we died tonight ))

w/ ›› @Théa Matthews  

Alors que j’étais en train de présenter un nouveau projet de loi pour le renforcement de la justice dans l’état de Californie, je sentais mon téléphone portable sonner inlassablement dans ma poche. Je me faisais la promesse de ne plus m’en encombrer à l’avenir, m’excusant auprès du Gouverneur de Californie, que j’espérais bientôt remplacer à la tête de l’état, quittant la salle de réunion pour tendre l’objet vibrant encore à mon assistante. « Karen, pouvez-vous répondre, je suis en réunion importante avec le gouverneur. M’en informer si c’est urgent. » Elle prit le téléphone sans rechigner, se présentant alors que je m’éclipsais, prenant l’appel. J’avais à peine repris ma présentation que je fus à nouveau dérangé, cette fois par Karen qui confuse me confirma la gravité des faits et ce pourquoi le téléphone reprenait inlassablement ses sonneries intempestives. « Euh…Monsieur le Procureur général… je suis désolé de vous interrompre mais c’est urgent. » De nouvelles excuses et je me dirigeais vers la porte, un peu agacé de passer pour un peintre auprès de mon supérieur. « C’est…euh… Madame Matthews a eu un accident et vous étiez le contact d’urgence. » Je ne saisis que deux mots : accident, Matthews. Prenant le téléphone d’entre ses mains, je me présente et écoute ce qu’on a à me dire. « Eric Carter. » On me confirme les dires de ma secrétaire, et je raccroche sans même prendre le temps d’expliquer à Karen. « J’arrive tout de suite. » Je fonce vers la salle de réunion, et prend simplement la peine de m’excuser auprès de mon chef, sans m’épancher. « Monsieur le gouverneur, une urgence familiale. Je m’occupe d’apporter les modifications. Je m’excuse du contretemps. » Théa n’est pas officiellement de ma famille, mais pour moi ça va au-delà de ça. Je prends alors ma voiture, pas décidé à attendre le chauffeur, et roule à toute berzingue jusqu’à l’hôpital. Théa a eu un accident et Jonas était avec elle. Il n’imagine pas l’état dans lequel elle devait être. On lui avait assuré que Madame était blessée, mais ses jours n’étaient pas en danger, en revanche son fils… Je persistais à me dire que si elle ne m’avait jamais parlé de sa grossesse, c’était pour une bonne raison. J’avais respecté, mais malgré moi, je m’étais toujours dit que c’était parce que Jonas était né alors que j’étais en terre ennemie. Je n’avais pas le temps de penser à tout ça, et je me hâtais aux urgences. On m’indiqua rapidement l’endroit où je pouvais trouver Théa, mais je calmais ma course pour ne pas alerter le monde sur mes liens avec elle. C’est au moment où j’arrivais que j’entendis le verdict. Jonas avait besoin d’un donneur compatible pour une transfusion et un rein. Sa mère était soit non-compatible, soit trop faible. Je croisais le regard de Théa à cet instant. Tout devait se bousculer dans sa tête. Pouvais-je vraiment sauver cet enfant d’une mort certaine ? Si tel était le cas, je n’hésiterais pas une seule seconde. Quitte à devoir rendre des comptes ensuite. Comment justifier cette opération auprès de ma famille ? Ca n’avait pas d’importance. M’approchant alors que le docteur me laissait rentrer pour nous laisser un instant, je m’abaissais à la hauteur de la femme de ma vie, ne sachant pas bien comment elle voulait aborder le sujet. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Je ne voulais pas lui couper l’herbe sous les pieds. Je voulais qu’elle ose m’en parler. Parce que si j’avais toujours eu des doutes, elle l’avait gardé secret. On s’était toujours aimés, cet enfant ne pouvait pas être d’un autre. Cependant, il y avait toujours une possibilité. Jonas ne me ressemblait pas. Plus brun que blond, comme sa mère. Alors forcément, ça laissait place à une réalité qui était différente de celle que je m’étais imaginée.

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w/ ›› @Eric Carter  

Il y avait des tonnes de choses que j'aurais voulu dire à Jonas, à cet instant. Je ne pouvais malheureusement pas parler à mon fils, il était dans un état critique et j'étais totalement impuissante. Je n'avais plus spécialement de famille et ce depuis des années... Plus personne vers qui me tourner si ce n'était mes amies et Eric. Comment pouvais je lui demander une chose pareille ? J'étais désespérée et c'était peu de le dire. Tout se bousculait dans ma tête et je ne savais pas si le bruit ambiant était réel ou si mon cerveau me faisait dérailler des suites du choc. Je repensais aux moments que j'avais partagé avec Jonas, de sa naissance à son adolescence. Il était si solaire, son sourire arrivait à réchauffer mon cœur Il avait une vision de la vie que j'admirais, il avait tant d'espoirs en les autres, en la façon dont on pouvait encore évoluer et arranger ce qui n'allait pas sur cette planète. J'avais beau l'avoir élevé seule, je savais que passer du temps avec Eric lui avait également ouvert l'esprit. Il le voyait comme une sorte de mentor, une figure masculine. Jonas savait pertinemment que j'avais confiance en lui, et avec le temps, il avait du deviner que je nourrissais plus que de l'amitié pour cet homme. Nos regards s'étaient souvent croisés mais du haut de ses 17 ans, il avait toujours eu la discrétion de ne jamais rien me demander. Il était si mature pour son âge que s'en était admirable.

La présence d'Eric me désarçonnait. C'était bien la première fois que je perdais pied face à lui, que je perdais mon aplomb et mon humour parfois sarcastique. Plus de vingt ans que je l'aimais, que nous nous aimions en secret et il fallait en arriver là pour que j'en perde mes mots. J'avais l'impression que ma vie était un mensonge et que j'avais entrainé mon fils et Eric là dedans, avec moi, sans qu'ils n'aient rien demandé. Un chauffard a grillé un stop, je crois, dis je en le regardant quelques secondes avant de poser mes yeux sur le plafond. Je suis désolée qu'ils t'aient dérangé, En vérité, j'étais contente qu'ils l'aient fait, contente qu'il soit là malgré tout. Sa présence suffisait à m'apaiser même si je me retrouvais face à un dilemme énorme ; dire la vérité à Eric sur sa paternité ou mentir et trouver le moyen pour que Jonas ait une greffe rapidement. Je détestais mentir, je ne pouvais pas regarder l'homme que j'aimais dans les yeux et déployer des efforts surhumains pour dissimuler, encore, ce qui était plus que réel. Je prenais une légère inspiration et je reposais mon regard sur Eric sentant mon cœur accélérer ses battements. J'avais imaginé ce jour, n'étant pas sure de le vivre, mais j'avais parfois pensé au moment ou j'allais devoir avouer que Jonas et Eric étaient liés par le sang. Certes, mon fils me ressemblait énormément, il n'était pas blond comme son père bien que parfois, il avait certaines de ses mimiques. Jonas était intelligent, perspicace, drôle, il avait les qualités de son paternel même en ayant grandi plus ou moins loin de lui. Tu as entendu ce qu'a dit le médecin ? demandais je finalement.

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w/ ›› @Théa Matthews  

La situation ne pouvait pas être plus complexe, plus désagréable. D’une part parce qu’il était arrivé quelque chose de grave, et que Thea se sentait impuissante. Son fils était dans un état critique, et il risquait d’y passer. D’autre part, parce que je ne pouvais avoir aucun geste tendre avec elle, craignant qu’on me prenne la main dans le sac et que ça fasse parler de nous. Il était déjà bizarre de me voir accourir à son chevet alors que le gouverneur de Californie était dans mon bureau pour une réunion importante. Toutefois, j’avais pris la bonne décision, je le savais. Malgré moi, j’avais commis une erreur en précisant une urgence familiale à mon patron, qui je l’espérais, n’aurait pas la bonne idée d’appeler ma femme pour lui demander comment elle se portait. La vie de Nora étant de notoriété publique, il se demanderait vite pourquoi j’avais usé de l’excuse familiale. Pourtant c’était vrai. J’aimais Thea plus que tout au monde. Si une tragédie arrivait en même temps à l’une et à l’autre, je n’aurais pas de scrupule à me rendre auprès de celle avec qui j’avais tout partagé si ce n’est une vie à deux. Notre alchimie allait au-delà de tout, et même des secrets. Si je m’étais souvent demandé pourquoi elle m’avait caché sa grossesse, je ne pouvais pas lui en vouloir puisque moi aussi je lui avais dissimulé des choses malgré moi. L’enfant avait malgré tout fait partie de ma vie, mais je ne m’étais pas vraiment comporté comme le père que j’aurais dû être. Du moins devant tous. J’avais fait le nécessaire pour qu’il aille à l’université sans payer quoi que ce soit, économisant chaque année pour qu’au même titre que Julia et Braeden, il ait la possibilité de préparer son avenir sans qu’il ne se soucie des frais. L’année prochaine, on lui inventerait qu’il avait gagné une bourse et que les frais étaient pris en charge, juste pour ne pas qu’on sache. Et pourtant, je n’étais même pas sûr qu’il soit mon enfant, mais j’aimais trop sa mère pour ne pas le considérer comme tel. Je sentais que Thea était complètement démunie, incapable de réfléchir. L’instinct maternel. Je voulais tant lui dire que j’étais soulagé qu’elle n’ait rien en étant plus présent pour elle, mais la situation m’en empêchait. Je restais là, près d’elle, m’accroupissant pour me mettre à sa hauteur, me fichant bien d’avoir été dérangé. « Ils ont bien fait, je serais toujours là pour toi. » Ces mots, je les souffle, toujours prudemment alors que je devrais la serrer dans mes bras. Je sentais qu’elle était perdue, qu’elle ne savait plus par où commencer, et je ne comptais pas la brusquer. Si le temps pressait, elle n’était pas obligée de tout me révéler, mais s’il fallait que je fasse des tests pour potentiellement sauver son fils, je voulais que la demande vienne d’elle. Alors qu’elle me demandait si j’avais entendu les dires du médecin, je hochais la tête doucement préférant préciser tout de même que je n’avais pas non plus tous les tenants et les aboutissants. « En grande partie, oui. » Et prenant sa main dans la mienne, caressant le dos de sa main de mon pouce, me hasardant à ce geste tendre qui n’était pas des plus démonstratifs, je lui affirmais. « Tu peux tout me demander, tu le sais. » Je sous-entendais que même si ce n’était pas moi le père de Jonas, je pouvais faire des tests de compatibilité pour le sauver, parce que pour elle je serais prêt à donner ma vie. Me déboutonnant les manches de la chemise que je commençais à retrousser, je plongeais mon regard dans le sien le temps de quelques secondes : « Si je suis compatible, je le fais. » Ainsi, je ne lui forçais pas la main, je lui laissais le choix de m’en parler quand elle serait prête.

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w/ ›› @Eric Carter  

C'était donc le moment que j'avais repoussé durant près de dix sept ans qui allait se produire, le moment ou j'allais devoir révéler à Eric sa paternité. Au fond, il devait l'avoir deviné mais je n'avais jamais formulé cela à haute voix, je ne lui avait même jamais rien demandé. Garder Jonas avait été un choix personnel, et j'avais assumé seule depuis son premier souffle. J'étais fière de notre parcours, de notre famille un peu atypique même si j'avais longtemps rêvé de partager ce bonheur familial avec Eric. Il avait sa vie, ses enfants, Julia et Braeden étaient adorables comme tout, il avait fait du bon travail et j'étais certaine qu'il aurait pu être un père incroyable pour notre fils. Il était sans doute trop tard aujourd'hui pour en rêver mais je ne pouvais pas m'empêcher d'envisager qu'un jour... Je n'étais pourtant pas une rêveuse, j'étais même du genre assez terre à terre même si je croyais tout de même au karma. Je le sais mais selon ce que tu faisais, je sais aussi que tu ne peux pas t'absenter comme tu le veux, Clouée dans mon lit d'hôpital, j'avais encore la pensée au travail et à tout ce qu'Eric devait gérer. Il y avait les élections, évidemment, mais son poste actuel lui demandait aussi beaucoup de temps, n'était pas procureur général qui veut. Il me confirmait ensuite avoir tout entendu et je mordais ma lèvre ne sachant pas vraiment quoi lui dire sur l'instant. Est ce que je devais tout déballer d'un coup ou est ce qu'il était préférable d'attendre et de disséminer des informations au fil de la conversation ? Moi qui était habituellement si sure de moi, de mes billes, j'en étais toute déstabilisée. Jamais je ne te demanderai quelque chose pareil, commençais-je. C'était la vérité même si dans le cas de Jonas, peut-être un peu moins. Me concernant, je n'aurais rien imposé à Eric mais pour notre fils, j'étais bien sur ravie qu'il ne pose pas de questions. Je resserrais sa main dans la mienne sans savoir si on avait réellement le droit de se toucher en "public". Toutefois, nous étions uniquement tous les deux dans ma chambre, j'imaginais donc qu'une dérogation était permise. Rien que de faire ce test, c'est incroyable, je t'en serai reconnaissante à vie, Et c'était peu dire. Si je ne suis pas compatible, il y a 99% de chances que tu le sois, osais je dire sans déclarer officiellement sa paternité mais j'initiais le processus. J'ai menti... Pour Jonas, je suis capable de te le demander, avouais je en souriant légèrement en coin. Eric savait parfaitement à quel point j'aimais mon fils, à quel point nous étions proches tous les deux. Il était l'un de mes piliers et une vie sans lui n'aurait plus eu aucun sens.

Soudain je revenais un peu à la réalité des choses, ou plutôt à sa réalité familiale. Comment allait il expliquer son choix à sa femme, à ses enfants ? Ce n'était pas mon problème en soi, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'y songer et de me sentir coupable de le mettre dans un potentiel embarras. Comment tu vas expliquer ton choix ? demandais je en le regardant dans les yeux. Je laissais volontairement de la largeur à ma question parce que si je pensais au privé, il y avait aussi la vie publique, ses collaborateurs notamment ainsi que ses conseilles, ses collègues et j'en passe.

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w/ ›› @Théa Matthews  

J’imaginais qu’il y avait des choses à dire, qu’il fallait qu’on se pose et qu’on discute. Mais une fois de plus, le temps nous était compté. Son fils, était entre la vie et la mort, et s’il devait y avoir une discussion, elle attendrait qu’il soit tiré d’affaire. Entre nous, il y avait bien trop de secrets, et je commençais à croire que c’était pour cette raison que notre histoire ne pouvait exister. Les planètes ne s’alignaient pas, mais peut-être qu’il fallait se rendre compte que nous avions fait des choix, et que nous devions les assumer. Il fallait être inhumain cependant pour exiger une mise au point dans de telles circonstances. J’avais cru la perdre pour de bon. Ce n’était pas elle qui était en danger, mais une partie d’elle quitterait ce monde s’il ne s’en sortait pas. J’avais donc suivi mon instinct et mes convictions passées me poussaient à croire que je pouvais être la solution qui éviterait un drame. Malgré le moment difficile, Thea parvenait encore à penser à mes obligations professionnelles et je les balayais en posant un doigt sur ses lèvres. « Tu restes plus importante que tout. Je pourrais être président de la République que tu passerais encore avant. » J’étais sincère. Un monde sans elle n’était pas envisageable. Je serais probablement capable de découvrir un moyen de la ramener à la vie si je finissais par la perdre. Le travail me paraissait insignifiant, et pourtant, j’étais l’une des personnes les plus influentes de Californie. A l’heure actuelle, mon boulot me paraissait secondaire, et même si le Gouverneur de Californie m’en voulait d’avoir écourté notre rendez-vous, même s’il parlait à Nora et finissait par découvrir le pot aux roses, je n’en avais plus rien à faire. Finalement, ça faisait des semaines que je songeais à remettre de l’ordre dans ma vie, et peut-être que l’accident était une prise de conscience. Le premier choix que je faisais, c’était de laisser Thea en paix et de faire en sorte de découvrir si son fils pouvait être mis hors de danger par une quelconque action de ma part. Elle avait beau suggérer qu’elle ne me demanderait rien, elle laissait entendre tant de choses évidentes, que je n’avais pas besoin d’être convaincu davantage. « Si tu es sûre que je sois compatible, alors tu devrais me demander. Une opportunité comme celle là ne se représentera peut-être pas, et le temps est compté. » Je n’attendais pas plus pour lui rendre son sourire alors qu’elle finissait par admettre que pour son fils elle était prête à tout. « Je vais le signaler au médecin. » Aussi, je m’approchais de la porte pour aller en parler au médecin qui allait sûrement devoir m’expliquer ce que ça impliquait, si je venais à faire don de mon second rein. Mais je n’avais pas le temps de m’éclipser que la femme de ma vie m’interpelait sur une question plus que légitime, que j’avais volontairement mise de côté, parce que j’en connaissais les implications. Je savais que je ne pouvais pas mentir sur ma condition médicale, tout comme je ne pourrais dissimuler une nouvelle cicatrice. Ca se saurait inévitablement. Inutile de faire des plans sur la comète pour l’instant, d’autant plus que je ne savais pas si j’étais compatible, même si selon ce qu’avançait Thea, il y avait de grandes chances que je le sois. Je n’avais pas vraiment le luxe de réfléchir dans un tel cas, et je préférais laisser les problèmes de côté. Tout ce qui importait, c’était de sauver Jonas. « J’en fait mon affaire, tu n’as pas à t’inquiéter de ça. Tu as déjà suffisamment d’inquiétudes. Tout ira bien. » Je n’en étais pas convaincu, mais peut-être que ce sacrifice nous permettrait d’y voir plus clair, d’envisager notre vie à deux, à trois, même si pour ça, je devais ne pas devenir gouverneur. Et puis, c’était elle la spécialiste des relations publiques, elle aurait bien une idée. « Je reviens, le temps presse. » Dis-je alors que je quittais momentanément la pièce pour indiquer au docteur que je souhaitais faire des tests pour évaluer ma compatibilité. Ca passait par une prise de sang et on m’invita à prendre place sans délai. Une fois les tubes prélevés, je revins vers Thea, un coton accroché par du scotch sur mon avant-bras. « Il n’y a plus qu’à attendre les résultats. Si c’est positif, je descends au bloc. » Jonas allait s’en sortir. D’ailleurs, je n’en informais pas Thea, mais j’avais signalé au docteur que si quelque chose se passait mal, je souhaitais qu’on le sauve lui en priorité.

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w/ ›› @Eric Carter  

Sentant son doigt sur mes lèvres, je ne pouvais que les étirer dans un sourire sincère. Je pensais aux obligations qu'il avait mais j'étais tout de même la plus heureuse qu'il soit présent pour moi comme pour Jonas. Je n'avais qu'à le regarder pour comprendre que je ne pouvais pas aimer quelqu'un d'autre que lui. Eric avait tout et si on ne pouvait pas être ensemble, savoir que je détenais son cœur me suffisait sur le moment. Cela ne l'était pas toujours et savoir qu'il s'endormait et se réveillait aux côtés d'une autre femme m'avait rendu malade, plus d'une fois, mais j'avais appris à vivre avec, à ne survivre qu'en attendant les moments que l'on pouvait passer rien que tous les deux. Ils étaient rares mais ils étaient pures, honnêtes et intenses. J'espère que tu diras toujours ça quand tu seras Gouverneur, le taquinais je en posant ma main sur la sienne puis en déposant un baiser sur le bout de ses doigts. Il n'hésitait pas une seconde et j'étais si reconnaissante que j'en perdais presque mes mots. Ce n'était pas mon genre, j'avais appris, même dans les pires situations, à toujours garder de l'aplomb et une répartie sans faille. Cela faisait partie de mon métier. En l'occurrence là, je n'étais pas en représentation, j'étais simplement une mère craignant pour la vie de son enfant. J'approuvais de la tête quand il me disait qu'il allait voir le médecin et j'attendais qu'il me tourne le dos pour porter ma main à mon cœur soufflant doucement tant l'émotion m'avait prise de court. Je vais essayer de ne pas m'en faire mais je ne peux rien te promettre, dis je honnêtement. Je savais que ce don, si tant est qu'il y en ait un, allait mettre en lumière notre véritable relation, notre histoire passée, actuelle aussi... C'était un bouleversement que nous n'avions jamais accepté mais pour Jonas, pour la prunelle de mes yeux, j'étais prête à tout sacrifier. Je le laissais partir pour effectuer quelques tests et j'en profitais pour fermer les yeux, essayer de réfléchir à tout ce qui allait se passer pour nous dans les prochaines semaines. Il entrait en campagne et cette affaire allait forcément influer sur sa réputation, et sur les votes. Malgré tout, j'avais déjà quelques idées même dans ce lit d'hôpital qui commençait à m'être insupportable. Merci Eric, J'étais plus que sincère et je tendais ma main pour pouvoir prendre la sienne. Il était temps d'être franc l'un avec l'autre, après tout, si il y avait bien quelqu'un en qui j'avais confiance sur cette fichue planète, c'était lui. Peut-être que parler de sa paternité allait abaisser le reste des barrières qui nous séparait encore. Tu n'as pas douté un seul instant pas vrai ? Je parlais évidemment du fait qu'il était le père de Jonas. Vous vous ressemblez tellement.

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w/ ›› @Théa Matthews  

Ce moment suspendu dans le temps, on le devait à l’inquiétude. Je la connaissais suffisamment pour savoir que si elle perdait Jonas aujourd’hui, elle ne s’en relèverait pas. Il était son combat contre la vie. Thea savait que notre histoire n’avait rien de conventionnel, qu’elle était presque impossible tant le hasard faisait tout pour nous séparer. Et malgré cela, elle avait continué de vivre comme une acharnée, d’y croire même lorsque je lui imposais des choix politiques qui nous contraignaient à nous oublier. Je l’aimais sans possibilité de qualifier la puissance de ces sentiments. Elle en était consciente, mais la mort dans l’âme, on évoluait séparément. Et pourtant, elle faisait tout pour nous faciliter la tâche, j’étais en revanche, pieds et poings liés. La faute à des actes que je regretterais un jour. Elle resterait l’élue de mon cœur, mais plus le temps passait et puis je suffoquais dans ma vie rangée qui ne m’appartenait pas. Tout quitter pour elle, je l’avais envisagé maintes fois, mais elle m’en avait toujours empêché. Au nom d’une carrière dont je n’avais pas souhaité, par pensée pour mes enfants. Thea ne laissait rien au hasard, et se faisait toujours passer en dernier. Et ça me pesait de la voir se négliger et par conséquent négliger notre bonheur pour les autres. Ce pourquoi j’émettais des réserves sur le tournant que devait prendre ma carrière politique. « Si je suis gouverneur. » Je savais qu’avec elle dans mon équipe je pourrais atteindre des sommets, mais en avais-je envie ? Après tout, je voulais faire ma vie avec elle, pas être à la tête de l’état. Il y avait plus urgent que de questionner ma vie et mes choix professionnels. Jonas était en attente de greffe, et je comptais bien être donneur si la médecine le permettait. Je pouvais percevoir le soulagement dans les yeux de Thea, et j’espérais que ça reste ainsi, que le pari de sauver son fils soit payant. Elle avait l’air inquiète, et qui ne le serait pas dans son cas ? Mais plutôt que de la réconforter plus longtemps, je faisais mon devoir de paternel, lui accordant quand même un sourire sincère. « Tant que tu essaies. » Je voulais qu’elle ne se fasse pas trop de mouron et qu’elle positive. L’idée était de ne pas l’accabler avec les problèmes que cette intervention allait me causer, mais qu’elle retrouve son fils et qu’ils puissent se remettre tranquillement de leurs émois, de cette épreuve qui resterait peut-être dans leurs têtes pendant quelques temps durant. « Tu me remercieras quand il sera hors de danger. » Dis-je alors que je lui serrais à nouveau la main. M’installant sur le rebord de son lit, je venais enlacer son corps de mon bras libre et poser ma tête contre la sienne. C’est alors qu’elle aborda le sujet en restant évasive, mais j’avais compris où elle voulait en venir, et je ne l’incitais pas à être plus explicite. « Je mentirais si je disais que j’étais sûr qu’il soit de moi. Mais quand je suis parti en Irak à l’époque, je savais que nos sentiments n’avaient pas de limites. » Apprendre qu’elle avait un fils m’avait fait quelque chose mais à cette époque j’étais bien trop happé par ma propre vie et ce que j’avais vécu pour la confronter. « Alors je me suis persuadé que tu n’avais pas pu tomber amoureuse d’un autre en si peu de temps. » Et au fond de moi, j’avais espéré qu’on aborde le sujet, mais dix-sept ans de non-dits avaient suivi. « Mais comme tu n’as rien dit, je n’ai pas cherché à te forcer la main. Je ne pouvais pas fuir ces responsabilités, alors j’ai ouvert un compte à son nom. Il pourra aller à l’université sans avoir à payer ses frais de scolarité. » C’était le geste qui m’avait paru le plus sensé à défaut de pouvoir l’élever. « Moi je trouve qu’il te ressemble. Et c’est tant mieux. » Avouais-je alors que je la dorlotais.  

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w/ ›› @Eric Carter  

J'esquissais un léger sourire à sa remarque. Je percevais quelques doutes concernant sa carrière, son engagement... Je ne savais pas à quoi cela était du, peut-être à nous, ou au simple fait qu'il était lassé d'évoluer dans cette pshère politique hypocrite. Aspirait-il à une vie plus simple ? C'était possible. Je l'avais aussi envisagé un temps, lui, Jonas et moi, dans une maison éloignée de la ville, vivant comme une vraie famille sans nous soucier du regard des gens. Ca donnait envie mais actuellement ce n'était pas possible. Jonas allait être opéré et sa convalescence allait être longue. Il allait s'en sortir, j'en étais persuadée. Il n'y avait pas d'autre issue à cette histoire et je n'en souhaitais aucune autre. Mon fils était toute ma vie et sans lui, ça ne rimait à rien. Même Eric ne pouvait me suffire si Jonas venait à me quitter pour toujours. Tu n'avais pas cette réserve avant, dis je simplement. Ce n'était surement pas le moment d'en discuter mais il devait partir comme un vainqueur si il voulait, un jour, briller en haut de l'affiche.

J'acquiesçais à ses dires. Ce n'était pas facile parce que les deux hommes de ma vie allaient subir une grosse opération et je m'inquiétais pour eux même si je promettais à demi mot à Eric de ne pas trop stresser. Ne pas connaitre les risques pour le donneur était une façon de me voiler la face, de ne pas imaginer que je pouvais perdre l'un ou l'autre, ou les deux. Et que tu le seras aussi, précisais je.  Je prenais une légère inspiration quand je sentais son corps contre le mien et je le serrais, avec le peu de force que j'avais encore en moi. Finalement on en venait à parler de sa paternité. Presque une vingtaines d'années de secret, même si c'était un secret de polichinelle entre nous. J'étais sure qu'il avait toujours su mais qu'il n'avait rien osé me dire parce que moi même, je n'avais jamais entamé le sujet. C'était une forme de respect, j'en étais conscience. Eric était le père de Jonas et il fallait que j'arrête de vouloir les protéger mutuellement... Ils avaient le droit de savoir, de développer une nouvelle relation, si tant est qu'ils le voulaient. Il n'y a eu personne d'autre, Pendant cette période et pendant longtemps après. Avec le temps, j'avais fait des rencontres mais rien de bien sérieux et quand ça pouvait le devenir, je me sabotais simplement pour les beaux yeux d'un homme marié. Je ne pourrais jamais aimer qui que ce soit d'autre que toi Eric Carter, soufflais je en nichant ma tête dans son cou avec tendresse. Soudain, je relevais la tête en l'entendant me parler du compte ouvert pour notre fils. J'étais évidemment surprise parce que je ne m'y attendais absolument pas. Tu as fait ça ? C'était fou. Je ne sais pas quoi dire... balbutiais je. Pour avoir fait un tel geste, il n'avait jamais du douter de ma fidélité même quand je ne lui devais rien. Etrangement, ça me rassurait. Je ne sais pas pourquoi je ne t'en ai jamais parlé, peut-être que j'avais peur... Peut-être que je ne voulais pas gâcher ce que tu avais avec ta famille, J'haussais les épaules sans savoir réellement pourquoi il y avait ces non dits entre nous alors que nous nous faisions aveuglément confiance. Mais je te remercie d'avoir fait ça pour lui, J'avais mis de l'argent de côté depuis sa naissance mais l'avantage désormais, c'était que je pouvais garder cet argent pour plus tard, lorsqu'il aurait besoin de se lancer dans la vie active notamment. On est pas objectifs, marmonnais je en souriant. Cette bulle de réconfort m'apaisait avant la grosse opération qui n'allait pas tarder.

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(( so kiss me the way that you would If we died tonight ))

w/ ›› @Théa Matthews  

Je rêvais d’une vie loin de cette maudite carrière qui m’avait pris davantage que ce que je ne l’avais réalisé au départ. Si j’en étais là, c’était à cause d’erreurs passées que mon père et certains de ses collègues avaient cherché à gommer. Si j’en étais là, c’est que je servais des intérêts plus élevés que moi. Mais ma vie ne m’appartenait pas. J’étais une marionnette qui subissait les lois des jeux de pouvoir. Et ça me pesait. Thea l’ignorait, mais c’était ma faute si notre couple n'existait que dans l’ombre, et qu’elle était censée y demeurer. « Parce que tout ça me pèse. Ma vie est un mensonge. » Laissais-je entendre, sans pour autant développer, parce que ce n’était pas le moment pour le faire. Je ne discuterais pas de tout ça ici alors qu’elle ne savait pas si son fils allait survivre à leur accident. Il fallait se concentrer sur lui, je ne devais pas être au centre de l’attention. S’il devait lui arriver quelque chose, je savais que Thea sombrerait et qu’elle ne s’en relèverait pas. Aussi, je préférais que toute son attention soit dirigée vers lui et non vers moi, donc quand elle assurait que je serais hors de danger autant que son fils, je lui souriais. « Je ne suis plus en danger depuis que j’ai quitté l’Irak. » C’était un nouveau mensonge. Elle le savait tout comme moi que la politique me plaçait sur une pente glissante et que j’étais une cible potentielle d’un dégénéré en désaccord avec la politique que je défendais, notamment en accédant au poste de gouverneur si tel était le cas. Dean aspirait encore à d’autres sommets pour moi, mais je ne m’en sentais pas capable. Devenir Président des Etats-Unis me paraissait complètement utopique. D’autant plus que ça n’était pas mon souhait. Alors qu’elle admettait que j’avais longtemps été le seul dans sa vie, et éternellement seul dans son cœur, je baissais légèrement la tête, peu fier de cette vie contrainte que je lui infligeais à la laisser espérer à un avenir meilleur. « Je m’en veux, tu sais. » Il était inutile de dire que je me sentais coupable, elle le savait déjà. Là où elle ne jurait que par moi, j’avais eu des enfants d’une autre que j’avais épousée et qui était perçue comme l’une des femmes les plus chanceuses du pays. Ca ne devait pas être facile à encaisser pour elle. Quel homme cela faisait de moi alors que j’infligeais un tel châtiment à la personne la plus importante de ma vie ? Je la laissais se rapprocher de moi, retrouver un peu de tendresse entre nous, parce qu’en cet instant, je n’avais pas envie de prétendre que nous étions des étrangers. Je caressais son visage doucement, l’enlaçant contre moi, cherchant à la réconforter, poursuivant le même discours depuis des semaines : « C’est pour ça que je voudrais tout quitter pour te retrouver. » C’était mon intention. Si je n’avais encore rien mis en marche, je voulais tout envoyer valser. Mais ça voudrait dire détruire encore plus de vies, et m’exposer à une punition bien plus douloureuse qu’un amour impossible. Elle semblait surprise de mon geste financier pour Jonas, là où moi je considérais que c’était la moindre des choses. « Et même s’il n’avait pas été mon fils, par amour pour sa mère, je l’aurais fait. » Elle ignorait pourquoi elle avait fait le choix de ne pas m’annoncer que Jonas était mon fils. Moi j’étais convaincu qu’elle l’avait encore fait par altruisme. A peine de retour d’Irak, on m’avait poussé dans les bras d’une autre dont la grossesse avait été très vite annoncée par les médias. La place de Thea dans tout ça ? Plus que difficile à supporter. Elle ne m’avait même pas demandé de lui rendre des comptes, elle avait simplement accepté la nouvelle notoriété qui était la mienne. « Tu as pris la décision que tu pensais la plus juste. Pour le moment, il vaut mieux que tout le monde l’ignore… » J’entendais par là, Jonas y compris. Trop de choses étaient en jeu et je ne souhaitais pas que ça leur retombe dessus. « Ne lui dis pas que je lui ai donné un rein. Surtout si tu veux qu’il ait la paix. » C’était pour eux qu’il fallait continuer de mentir, qu’il fallait les protéger de tout le marasme que ça allait causer. Je ne doutais plus de la compatibilité de mes cellules, et c’était à ce moment-là que le docteur rentra dans la pièce. « Monsieur Carter ? Vous êtes compatible. Je peux vous emmener tout de suite au bloc. » Je hochais la tête, m’écartant doucement d’elle, déposant un baiser sur son front. « Ca va aller pour toi ? D’ici quelques heures, Jonas sera avec toi. » Et suite au sourire que je lui accordais, je suivais le docteur, quittant la pièce.  

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(( so kiss me the way that you would If we died tonight ))

w/ ›› @Eric Carter  

Je le regardais cherchant à comprendre ce qu'il voulait dire. Evidemment, une partie de ce qu'il disait ne m'était pas inconnue puisque sa famille faisait partie de ce mensonge, du moins son mariage. C'était une jolie façade, une fausse belle histoire parce que depuis plus de vingt ans, sa vraie belle histoire c'était avec moi. Malgré ça, je sentais qu'il ne me disait pas tout, que quelque chose lui pesait et qu'il n'avait pas tout dit. Est ce qu'on avait encore des secrets l'un pour l'autre ? Sans doute que oui. Personne n'était 100% honnête, c'était humain. Ca te pèse au point de renoncer ? demandais je alors que je voulais une réponse franche et pas qu'il botte en touche comme pouvait le faire certains politiques. Je pouvais l'aider, quoi qu'il décide, et si j'étais plus douée pour faire élire quelqu'un que le mettre sur la touche, je savais aussi être un soutien inconditionnel à l'homme de ma vie. Je connaissais assez Eric pour savoir qu'il ne voulait pas que je m'inquiète, il faisait son possible pour me rassurer mais aussi pour éviter que l'on parle trop de lui. Jonas ne quittait pas mes pensées mais cette parenthèse suspendue me permettait d'apaiser un peu mon cœur, le temps de quelques secondes. Je n'envisageais pas de perdre mon fils, si tel était le cas, je savais que je ne m'en remettrais pas. Jamais. Ca se saurait si le danger ne venait que de l'extérieur, En tant qu'homme politique, il était une cible facile et bien souvent, les pires attaques venaient de l'intérieur, des adversaires mais également de son propre camp.

Je secouais la tête quand il m'avouait s'en vouloir. Pourquoi ça ? Je suis restée car je le voulais bien, C'était facile de l'accuser, de tout lui remettre sur le dos mais j'étais fautive aussi. J'étais restée parce que mon amour pour lui était bien trop fort pour que je ne passe à autre chose, je préférais qu'il soit près de moi même marié plutôt que de vivre sans lui. Certes, j'avais mis une partie de ma vie entre parenthèses mais avec Jonas à mes côtés, le fruit de notre amour, j'étais tout de même comblée. Le sentir contre moi me rassurait, il n'y avait pas une présence plus bénie que la sienne, une que j'aimais plus avoir dans mes bras. Un jour, soufflais je sans vraiment y croire. J'avais tendance à croire qu'on avait raté le coche et que si nous avions du être ensemble, plus officiellement, il aurait fallu le faire plus tôt. Finalement, je n'en savais rien, la vie était surprenante parfois. Je t'aime tellement, avouais je sans condition alors qu'il me disait que même sans être le père de Jonas, il aurait pris le risque de lui donner un rein. C'était fou et en même temps pas si étonnant venait de lui. Eric était mon pilier, si je doutais de tout le monde, je n'avais jamais douté de lui pas même lorsque je l'avais vu se marier avec une autre. Je voulais te protéger, me protéger aussi et Jonas... Je pense qu'il vaut mieux que ça reste secret oui, je ne veux pas lui infliger ça, Par infliger ça, je voulais dire que les médias lui tombent dessus ou qu'il soit mis sous les feux des projecteurs lui qui détestait ça. Vraiment ? demandais je. Je ne savais pas quoi faire, je n'avais pas imaginé ne rien dire à notre fils mais si c'était le souhait d'Eric, je n'étais personne pour aller contre. Le temps n'était pas à la polémique et nous n'avions pas le temps d'en débattre plus que le médecin entrait dans la chambre pour annoncer qu'il était l'heure. Oui ça va aller. Tu me reviens entier et en forme c'est clair ? dis je en le fixant profondément dans les yeux. Je lâchais doucement sa main avant d'inspirer longuement alors qu'il quittait la pièce. Les deux hommes de ma vie étaient sur le billard, c'était probablement les pires heures que j'avais passé.

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(( so kiss me the way that you would If we died tonight ))

w/ ›› @Théa Matthews  

A quel moment fallait-il que je m'ouvre et lui raconte tout ce qu'elle ignorait ? Je ne pensais pas qu'il y ait de bon ou mauvais moment, parce que je savais qu'elle m'en voudrait de lui avoir caché tout ça. Mais je n'avais pas le choix. Les faits remontaient désormais, mais je ne cessais jamais de penser à ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas accepté le chantage qu'on m'avait fait. J'aurais probablement fini derrière les barreaux. A l'époque j'avais renoncé à son amour pour ne pas la perdre complètement. Mais serions-nous un jour réunis ? C'était la question que je me posais chaque matin en me réveillant loin d'elle, aux côtés d'une autre pour qui j'avais beau avoir de l'affection, ça ne serait jamais de l'amour. A la question qu'elle me posait, je gardais le silence un instant, réfléchissant à tout ce que ça impliquait. Ca ne concernait pas seulement la politique, mais ma vie de famille, et je ne pouvais pas non plus tout envoyer en l'air en espérant que ça n'aurait pas d'impact sur mes enfants. « Je ne suis pas sûr que de devenir gouverneur me rende plus heureux. Tu sais tout comme moi, tout ce que ça implique. » Des jeux de pouvoir toujours plus grandiloquents, et moins de marge de manœuvre, moins de temps pour la voir elle, aussi. Mais ce n'était ni l'endroit, ni le moment pour en parler. Je savais ce qu'elle sous-entendait en indiquant que les ennemis ne venaient pas seulement d'ailleurs. Parfois, ils étaient bien plus proches que ce que nous le pensions, et c'était pour ça que je préférais leur laisser l'illusion de proximité, alors que je les maintenais simplement à distance raisonnable pour les garder à l'œil. Et alors qu'on abordait quelque chose de plus sensible encore, elle cherchait à me rassurer, à démontrer qu'elle avait fait ses choix malgré les miens qui nous avaient éloignés. J'acquiesçais, mais ça n'enlevait en rien le sentiment de culpabilité. « Tu méritais une vie bien meilleure. Ce n'était pas cette vie-là que je voulais t'offrir. » J'étais sincère, je tenais à le lui exposer parce que je m'étais toujours dit que notre histoire, aussi limpide que de l'eau de roche, ne pouvait pas avoir d'issue malheureuse. Et pourtant, nous nous aimions dans le plus grand des secrets et ça faisait bien trop longtemps que ça durait. Tout quitter, ça ne devrait pas être si difficile. Ca le serait moins s'il n'y avait pas Braeden et Julia. Ils avaient beau avoir vu le jour suite à un arrangement, je ne me voyais pas les abandonner, d'autant plus parce qu'ils n'avaient en rien choisi ce sort. Je me frottais le visage, profitant de l'étreinte avec Thea comme si c'était la dernière, parce que je voulais profiter de chaque instant à ses côtés. « Un jour, » répétais-je comme une promesse. Et à sa déclaration, je souriais, conquis. Il n'y avait jamais eu aucun autre cœur capable de me faire défaillir. « Je t'aime tant. » Comme on n'aime qu'une fois. Son fils, notre fils, aurait je l'espère une autre petite partie de moi, pour que sa mère continue de sourire. Et mes décisions ne devaient pas influencer leur vie. Rester dans l'ombre c'était plus confortable pour eux, pour lui, pour que ce gamin continue d'avoir une vie normale loin des projecteurs, au contraire de ses demi-frère et sœur qui eux devaient supporter la notoriété de leurs parents. Alors qu'elle semblait vouloir plus d'explications sur mon choix, je précisais ma pensée: « Si quelqu'un a le malheur de l'apprendre, ils feront vite des relations de cause à effet et je n'ai pas envie de vous mêler à des histoires politiques. » Officiellement, j'aurai eu un rein qui dysfonctionnait et qu'il avait fallu me retirer. Lui un accident de voiture qui avait mal tourné sans préciser les détails. Ce fut le moment des au revoir, et comme nous ne pouvions pas nous épancher trop devant le docteur, nous restâmes discrets, mais elle me manquait déjà.

Se retrouver dans un bloc opératoire avec son fils qui n'en savait rien était étrange. J'avais quand même demandé à ce qu'on me place dans un autre endroit que la salle de réveil pour ne pas qu'il sache. L'opération fut un succès, et quand j'ouvris les yeux, j'étais dans une chambre, seul. Bien vite, une infirmière m'informa du réveil de cet enfant que je n'osais appeler mon fils, mais qui l'était bel et bien et qui devait rassurer sa mère.