Les voix s’élevaient de chaque côté du téléphone. L’incompréhension. Les mots violents. Les blessures qui se réouvrent, même pas cicatrisées. Son sang était en ébullition dans ses veines. Son cœur se figeait peu à peu dans la glace de la douleur. Toujours les mêmes excuses, toujours les mêmes mots en boucle. La boule dans sa gorge qui grossissait, et la perte de contrôle. « TU n’es jamais là ? TU ne cherches même pas à être là ! Elles te réclament tous les soirs et me détestent. » Le même baratin comme réponse lui créa une nouvelle fissure dans son palpitant. « Ouais c’est ça… Marie toi à ton boulot ! » Clic de fin, et le silence. Mara s’effondra sur son canapé, après avoir faire les cents pas durant tout l’appel avec son fiancé. Rien n’allait, et ça la rendait dingue. Un mariage en septembre ? Plutôt un mirage, qu’une certitude après une de ces conversations qu’elle exécrait toutes les raisons de celles-ci. Un vide, une incompréhension. Les mêmes qu’autrefois. Une souffrance silencieuse, comme avec lui. Si seulement… « Argh, avec des « si » tu mettrais New York en bouteille, ma pauvre. »  Elle était prête à passer son après-midi et sa soirée à s’apitoyer sur son sort en bonne compagnie : Gustavo el fabuloso, sa tortue de compagnie, qu’elle était venue voir chez elle, quand on frappa à la porte. Elle grogna, mais la personne en face de la porte ne sembla pas vouloir partir. « Si, si lo escuché. Ya voy ! » Elle s’extirpa difficilement de son canapé pour se trainer vers la porte d’entrée de sa jolie petite maison. Quand elle l’ouvrit, son sang ne fit qu’un tour. « Kevin ? C’est Jona ? Il s’est passé quelque chose ? » Il n’était pas habituel pour elle de faire face à un collègue de son ex-mari, et encore plus devant chez elle.

Des jours que je me dis la même chose, des tonnes de tupperwares dans des sacs cabas qui attendent de retrouver la maison de sa propriétaire. Mara est l'ex-femme de notre chef de caserne mais chaque garde elle vient et dépose à manger pour l'équipe. Il faut le dire, elle est une cuisinière hors pair. Je connais aussi une autre facette d'elle, une amante incroyable ! Je le sais, si Jona le découvre je pense que mon entente cordiale avec mon chef sera mise à rude épreuve... Seulement voilà, j'ai craqué une fois et il a été difficile de dire non une seconde. Son corps est sublime, et je me suis interdit de dire non. Je profite et advienne que pourra ! Mara est une femme charmante, une femme de caractère et même si je n’ai pas vraiment été très honnête avec elle sur notre première nuit, je l'avoue cela n'aurait rien changé à la destination finale de mon couple avec Linh. Le divorce était inévitable, j'aurais préféré ne pas la blessée mais, c'était déjà fait. Bref, je prends mes sacs en main et je me dirige vers le centre-ville ou habite la jeune femme. D'un pas décidé je sonne, insiste un peu en voyant qu'elle ne vient pas la première fois. Elle ouvre et l'inquiétude ce lis sur son visage. Je pose mes sacs d'un coup sec. - Wow ! Non tout va bien, personne n'est blessé ! - Je m'approche d'elle pour saisir ses mains pour la rassurer. - Jona va bien, tout le monde va bien d'accord ? - Je dépose un baiser sur le haut de son crane afin de calmer son stress monter d'un coup. - Je voulais juste te ramener tes tupperwares mais, j'aurais dû appeler. - Je me passe une main dans les cheveux un peu confus en voyant que tout cela l'a stressé alors que c'était une visite de courtoisie...

Palpitant à l’agonie. Elle le sait pourtant qu’un jour ça pourrait arriver, qu’on vienne frapper à sa porte pour lui annoncer la pire chose qu’on peut lui dire. Lors de sa relation, elle en avait fait des cauchemars à chaque garde de nuit de Jona. Elle ne dormait plus, après un incident sans gravité mais qui lui avait prouvé que cela pouvait arriver. Alors Mara, malgré le divorce, essayer de ne pas trop savoir quand il travaillait de nuit, et si elle savait, elle se pointait à la caserne aux premières lueurs du soleil. Elle se tenait bien de le dire, le noter. Palpitant tétanisé. Il manqua un battement, et ses jambes manquèrent de se dérober sous le soulagement. Elle serra peut-être trop fort les mains de Kevin. Son soupire était peut-être trop bruyant, mais c’était Jona… Jona, Dakota, Billie… Pas juste des pompiers, c’était sa famille. « D’accord… d’accord. Je… J’ai besoin d’un verre. » Elle se redressa et entra dans sa maison vers la cuisine. « Pour cette frayeur, et pour avoir oublié de prévenir, tu vas boire avec moi. Rouge ou blanc ? » Laissa-t-elle déjà la tête dans le frigo. Elle attrapa deux bouteilles, et les posa avec deux verres à vin sur le comptoir. « Et désolée…. Mauvaise journée, j’ai… j’ai peut-être sur réagi… » Oh oui elle avait surréagi, mais était-ce sa faute quand tout n’allait pas dans sa vie. Son fiancé absent, une belle-mère odieuse, des doutes pleins la tête, qui ne craquerait pas en imaginant le pire. Elle fit signe à son ami de prendre un siège. « Merci quand même pour les tupp’. » Un maigre sourire pour essayer de se rattraper. Elle avait honte. Honte de s’être montré vulnérable. Honte de s’être mise dans cet état. Honte d’être si fragile. Honte d’être si fissurée. « Mise à part mon drama, ta journée ? » Elle sortit d’un placard, de quoi grignoter, des biscuits épicé, recette de famille.

Je dois avouer ne pas du tout avoir prévu l'inquiétude grandissante dans le visage et la voix de la jeune femme. J'avais eu espoir qu'elle puisse être contente de me voir mais de là à imaginer le pire... Je crois qu'au fond je me sens totalement coupable. J'essaie donc de la rassurer totalement et de relativisé les choses mais elle tremble un peu. Je suis incapable de savoir comment agir face à tout ça et je l'accompagne jusqu'à la cuisine. Elle me propose de boire un coup avec elle et j'hausse les épaules. - Si tu veux. - J'esquisse un léger sourire. - Rouge pour moi s'il te plait. - Oui le blanc j'ai du mal en fin de journée. Le rouge accompagne les bons comme les mauvais moments. C'est le compagnon de chacun à mes yeux. Du coup je trouve que vu la situation c'est de circonstance. Finalement elle avoue avoir peut-être surréagit et je ris légèrement. - Oh ne t’inquiètes pas. - Je soupire doucement ajoutant alors. - Tu veux en parler ? - Je parle évidemment du fait qu'elle ait pu passer une mauvaise journée. J'étais à son écoute si tel est son désir. Elle me remercie pour les tupperwares et je souris simplement avant de l'écouter me demander ma journée. - Oh comme d'hab. Rien de palpitant. Et toi ? - Oui j'insiste un peu mais pour ma part c'était toujours la même chose, si je ne suis pas à la caserne je suis au club ou je m'entraine pour mes futurs shows. Et si je ne suis ni chez l'un ou l'autre alors je traine avec mes potes ou fricote avec quelqu'un... Ma vie n'a rien de palpitant, enfin pour certains elle l'est pour moi elle reste classique.