janvier 2011. Quatorze mois, et douze jours. Voilà depuis combien de temps tu étais officiellement avec Justus. Après quelques dates à vous voir, des petits Skypes, et des messages échangés, tu avais fini par te mettre officiellement avec Justus lors d'un ultime date, un soir d'Halloween. Les premières semaines avaient été idylliques, vous vous compreniez si biens, tellement bien que même parfois ton propre jumeau n'arrivait plus à trouver sa place. Tout cela était allé très vite, toi qui avais dû mal à te détacher de ton frère, de ta famille, cette fois-ci tu n'hésitais plus à prendre le premier avion pour assister à un show case, vous étiez partis près de deux semaines à Hawaii pour des vacances. Les paparazzi vous suivaient partout, si jeunes, et pourtant déjà si mis en avant.

Hôtel 'San Marina' à Los Angeles. Peut-être que tout cela allait causer votre perte. Après des jours à essayer de communiquer avec Justus, tu avais fini par faire un sac et rejoindre l'hôtel où il logeait depuis quelques jours. Sans le prévenir, tu débarquais dans sa chambre d'hôtel. Tu bouillonnais de colère. Tu en avais marre. Un coup, il t'ignorait, le lendemain tu lisais des choses révoltantes à son sujet, bref - tu avais besoin d'explications et Justus fuyait, il était le champion pour ça. « Bon allez, tu m'expliques ? » T'avais posé ton sac à dos à l'entrée, les bras croisés tu fulminais tel un taureau qui attendait son toreador. Depuis des jours, Justus te mettait en sourdine, et maintenant tu apprenais qu'il fricotait avec une Lola venue de je-ne-sais-où ? C'en était trop pour toi, tu perdais pieds et tu avais besoin qu'il s'explique. Qu'il t'explique pour quoi il devenait de plus en plus distant, pourquoi des photos de lui au restaurant avec une autre nana était partout dans les magazines, pourquoi il ne répondait même plus à tes appels. Juste : pourquoi.

Janvier 2011. « On pourrait pas essayer de calmer le jeu ? », demande-t-il avec la candeur des débuts à son responsable en communication qui est assis aux côtés de son manager. Par calmer le jeu, il évoque évidemment la pression subite sur son couple. Un couple banal, normal. Une union idyllique qu’il avait avec Marlo mais apparemment l’union ne correspondait pas avec l’image du petit bad boy en herbe qu’on essayait de lui coller avec la sortie de son nouvel album. Il ne devait pas être trop « lisse », encore moins romantique. Plus la relation durait, plus cela pouvait faire en sorte de nuire à l’image qu’on voulait faire de lui. Une image. Un produit. « Marlo pète un câble et … perso, même moi, en lisant la presse, je me mets à douter si je ne me la suis pas faite cette Lola. » Ils rient, il ne plaisante pas. A croire que chaque regard, chaque geste peut être interpréter de telle ou telle façon. Il en perd le nord. Lui, il veut juste faire de la musique. « Just’, ça fait partie du business … tu peux pas sortir cet album et surfer sur la vague du bad boy si tu es casé aussi vite … crois-moi, crois-nous, c’est une bonne idée que de mettre un peu de piment dans la presse. On parle de toi. On parle de vous. C’est une bonne chose. » La lourde main de son manager se pose sur son épaule. Un sourire. Justus soupire. « Lola est une nana plutôt sympa et sa fan-base est solide. On ne se mêle pas de ta vie privée, on essaie de juste de planifier les bonnes choses au bon moment. Tu m’fais confiance ? » Évidemment. « On ne te demande pas de lui sauter dessus, on te demande juste d’être vu au bon moment, au bon endroit et de laisser les autres faire le boulot … » C’était pas si grave, non ? Pourquoi avait-il honte alors ? Pourquoi allait-il avoir autant de mal à affronter Marlo ?

Hôtel 'San Marina' à Los Angeles.
Les questions de sa petite amie lui montrent combien il a raison de douter, combien tout ce qu’il fait est faux. Il est un produit. L’ombre de lui-même. Il perd le contrôle et il refuse de se l’avouer. Pour ne pas l’affronter, il l’évite, elle, la vérité. « Bon allez, tu m’expliques ? » Les sourcils se froncent sur la silhouette de la jeune femme qui vient d’apparaître dans sa chambre d’hôtel. Son regard passe de son sac à dos à Marlo et il secoue la tête avant d’avoir un éclat de rire à la fois surpris et amusé. « Putain ! Toujours aussi douée pour faire des entrées remarquables … », un sourire se dessine sur ses lèvres, « que je t’explique quoi exactement ? » Il demande en s’approchant d’elle, prétendant ne pas connaître ce que les on-dit et la presse disent à son sujet, à leur sujet.

janvier 2011. On aurait pu croire que c’était une mise en scène, cela aurait été plus facile pour toi d’avaler la pilule d’ailleurs. Tu n’avais même pas eu le temps de te passer un coup de peigne dans les cheveux, que ton cul était posé dans cet avion. Tout paraissait bien réel, des images sûrement prises au bon moment mais étant loin de Justus au quotidien, il était difficile d’avoir confiance. Avec ton tempérament de feu, il ne t’avait pas fallu longtemps pour prendre une décision. Tu en avais marre de son silence, il t’évitait clairement et n’avouait qu’à demi-mot des choses que tu voulais qu’il assume. Dans ton cerveau, c’était clairement l’apocalypse, tu étais en train de bouillonner et il valait mieux pour tout le monde que les choses s’apaisent… Te retrouver à son hôtel, sans le prévenir, c’était peut-être la seule manière d’avoir de vrais réponses – une réelle réaction. Serait-il heureux de te voir ? Enervé ? Surpris ? Affolé ? Tu allais vite le découvrir.

« Putain ! Toujours aussi douée pour faire des entrées remarquables… » Il semblait surpris mais calme. Pourtant, toi, tu étais toujours aussi en furie. « Que je t’explique quoi exactement ? » Tu les avais bien vues ces photographies, tu n’étais pas la seule d’ailleurs. Tous tes réseaux s’étaient affolés depuis la parution de ces pellicules, et Justus semblait jouer la carte de l’ignorance. « Lola ?! » Un nom, rien d’autre. Y’avait-il besoin de plus de toute façon ? Non. Tout était clair sur les explications que tu attendais. Ton regard le foudroyait, tes yeux plantés dans les siens tu avais un mauvais pressentiment. Tu attendais, les bras croisés, tu ne bougeais pas du SAS d’entrée, espérant difficilement que tout s’arrange, que tout s’explique, et de ressentir enfin ce sentiment de soulagement…

Janvier 2011. « Lola ?! » Le nom est balancé. Le mot est prononcé. Justus lâche un soupir d’agacement tout en roulant des yeux. Il prend même la peine de marmonner un « putain » qui n’est là que pour montrer et souligner son agacement. Ce foutu nom lui colle au cul et ça commence à le gonfler. Qu’il ait des groupies, ça a pu l’amuser à un certain moment. Qu’on lui colle des relations à tout bout de champ, ça avait un côté amusant au début … mais pas depuis que cela commençait à avoir des conséquences sur sa petite amie et encore moins sur lui et sa manière de se voir. « T’es venu jusqu’ici pour voir si elle était dans les parages, si j’étais pas en train de m’offrir une partie de jambes en l’air avec … Lola ? T’es sérieuse ? », qu’il prononce d’un ton las tout en abandonnant l’idée de la saluer en la prenant dans ses bras. De toute manière au vu de la posture qu’elle a … mieux ne vaut pas l’approcher. « Tu crois vraiment que je sois aussi con que ça ? sérieusement ? si j’avais envie de me taper une nana pendant les tournées, je saurais au moins me cacher de la presse … » Pas forcément un argument qui était là pour rassurer une petite amie jalouse. Mais bon, il est un jeune homme un peu idiot, pas encore suffisamment mature pour peser ses mots. « Si tu me prends pour ce genre de type … j’ai pas grand-chose à t’dire … », lâche-t-il sur un ton froid en haussant les épaules, calant ses mains dans les poches de son jean. Elle le foudroie du regard. Et il affronte la foudre.

janvier 2011. Tu sentais tout ton corps tendu, cette pression sur les épaules en imaginant Justus avec cette meretrix. Tu ne développais pas tes propos, en prononçant seulement son nom tu savais que Justus saurait exactement de quoi tu parles. Après tout, il ne vit pas au fin fond des océans comme un vulgaire grimpoteuthis, il lit aussi la presse tout comme toi, et toute ton équipe. « putain » Tu ne bougeais pas d’un pouce, le fixant hargneusement alors qu’il semblait chercher la bonne réponse. Comme s’il y en avait une d’ailleurs. « T’es venu jusqu’ici pour voir si elle était dans les parages, si j’étais pas en train de m’offrir une partie de jambes en l’air avec … Lola ? T’es sérieuse ? »Il balançait cela comme si c’était absurde. « Tu crois vraiment que je sois aussi con que ça ? sérieusement ? si j’avais envie de me taper une nana pendant les tournées, je saurais au moins me cacher de la presse … » Tu haussais les sourcils, ton cœur s’émiettant un peu plus à chacune de ses paroles. On ne pouvait pas dire que Justus était très bon pour savoir te rassurer. « Si tu me prends pour ce genre de type … j’ai pas grand-chose à t’dire … » Tu le regardais abandonner toute bataille devant tes yeux, comme s’il était atteint d’une aboulie, qu’il n’arrivait même plus à se décider à t’aimer. Il abandonnait, il perdait la volonté de te regarder dans les yeux et te rassurer, te dire seulement qu’il t’aimait et que ceci était juste des foutaises. « C’est tout ? » dis-tu finalement, le regard rivé sur lui, le cœur brisé. « Il y a des dizaines d’articles à votre sujet, et ta seule défense c’est ‘tu penses que je suis assez bête pour me laisser prendre en photo avec une autre fille ?’ » tu essayais de résumer ses propos tels qu’il les avait balancés, et tu trouvais qu’il mettait réellement peu de volonté à vouloir rétablir une vérité plus douce à tes oreilles. « En fait, t’en as rien à foutre de moi. Peu importe que tu m’aies trompé ou non, je vois là devant mes yeux, quelqu’un qui ne cherche même pas à me rassurer, que cela soit vrai ou non, t’as répondu à la question principale que je me pose depuis des jours. » tu balanças ces quelques mots tel un venin sorti de ta bouche, tu le dévisageais et sentais que tu allais tourner les talons fermant définitivement la porte derrière toi, derrière vous.

Janvier 2011. « C’est tout ? Il y a des dizaines d’articles à votre sujet, et ta seule défense c’est ‘tu penses que je suis assez bête pour me laisser prendre en photo avec une autre fille ?’ » Justus hausse les épaules avec nonchalance, lui montrant physiquement qu’il n’avait en effet rien à ajouter. Il n’est pas assez con pour tromper sa petite-amie devant les caméras. Elle savait qu’il n’était pas à ce point idiot. N’est-ce pas ? Elle savait que les médias aimaient jouer de ce genre de doute. Elle savait. Il savait. Il n’avait pas envie de devoir se justifier de ce dont il n’était pas responsable : du moins, il ne voulait pas s’en sentir responsable. « En fait, t’en as rien à foutre de moi. Peu importe que tu m’aies trompé ou non, je vois là devant mes yeux, quelqu’un qui ne cherche même pas à me rassurer, que cela soit vrai ou non, t’as répondu à la question principale que je me pose depuis des jours. » Les sourcils de just se froncent et il n’a pas vraiment envie de se lancer dans une longue conversation. Pas sur ce sujet-là, pas sur des inepties qui pour lui ne valaient pas la peine d’être expliquées ou développées. « Ce n’est pas que je n’en ai rien à foutre de toi … c’est juste que ça me gonfle de savoir que tu aies pu croire que je sois ce genre de type … c’est pas comme si tu savais pas que la presse aime bien me donner le rôle de connard … » On avait été d’ailleurs pas mal surpris de les voir en couple. La belle et la bête. « Tu veux m’entendre dire quoi bordel ? Dire un truc du genre : bien sûr que non je ne t’ai pas trompé avec cette nana. Bien sûr que c’est avec toi que j’ai envie d’être au lieu d’être en tournée tout le temps. Bien sûr que j’aimerais pouvoir vivre une vie normale sans qu’on aille reporter le moindre de mes pets sur les unes des journaux. Tu veux que je te dise ça ? Bah voilà, je te le dis … Non, il ne s’est rien passé avec cette nana mais je ne vais pas aller le crier sur tous les toits parce qu’apparemment, je vends même mieux maintenant qu’on m’imagine être un enfoiré qui trompe sa copine. » Il soupire et hausse de nouveau les épaules. « Ca fait partie du package Justus. » La presse. Les potins. Les ragots. Les rumeurs. La mauvaise image. Les embrouilles. Tout.

janvier 2011. Justus avait l’air complètement déconnecté – et pour la première fois, depuis le début de votre relation, tu n’avais plus la force de rien. Tu avais envie d’y croire, de croire qu’il t’aimait sincèrement et purement mais il ne disait rien. Vous étiez trop jeunes pour comprendre que tout n’était pas acquis, qu’il fallait se battre parfois pour se comprendre. Vous n’étiez plus du tout en phase. « Ce n’est pas que je n’en ai rien à foutre de toi … c’est juste que ça me gonfle de savoir que tu aies pu croire que je sois ce genre de type … c’est pas comme si tu savais pas que la presse aime bien me donner le rôle de connard … Tu veux m’entendre dire quoi bordel ? Dire un truc du genre : bien sûr que non je ne t’ai pas trompé avec cette nana. Bien sûr que c’est avec toi que j’ai envie d’être au lieu d’être en tournée tout le temps. Bien sûr que j’aimerais pouvoir vivre une vie normale sans qu’on aille reporter le moindre de mes pets sur les unes des journaux. Tu veux que je te dise ça ? Bah voilà, je te le dis … Non, il ne s’est rien passé avec cette nana mais je ne vais pas aller le crier sur tous les toits parce qu’apparemment, je vends même mieux maintenant qu’on m’imagine être un enfoiré qui trompe sa copine. Ca fait partie du package Justus. » Tu l’avais écouté attentivement mais tu ne trouvais plus ton compte dans cette relation. Tu sentais ton cœur se broyer à chacun de ses mots. « C’est fini alors, j’en veux plus du package Justus. » annonças-tu avec une froideur qui te ressemblait peu. Toi qui souriais en permanence, ta flamme s’était éteinte il y a de cela des semaines et tu ne te reconnaissais plus. Il était temps de vivre pour toi, et non pour lui… Tu n’ajoutas pas un mot, rien. Tu préféras reprendre ton sac, mettant une lanière sur ton épaule. « Salut » soufflas-tu en tournant les talons. Et pas plus tôt le pas de la porte passée que des larmes coulèrent sur tes joues. Ton cœur était brisé et tu ne savais pas quoi faire – mais une chose était sûre, tu ne pouvais pas continuer ainsi.