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J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor)

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Jayson Salazar

Jayson Salazar
1296
Fréquence
Joe of Gilgun
Vesper, Loredana
Fils unique

41 ans (09/03)
Elle pourrait être heureuse avec lui, ils découvriraient de nouveau la vie ensemble. Elle le pousserait à s'accepter, à être meilleur, à croire que leurs différences ne sont pas si insurmontables. Elle lui redonnerait l'goût d'aimer, d'faire confiance et de s'accrocher à son humanité, d'rester à peu près dans l'droit chemin... Il la ferait rire, il serait un homme bien, attentionné, protecteur, loyal et il l'admirera à sa juste valeur à chaque seconde. Ça sera l'bonheur... 34% du temps. Mais est-ce réellement suffisant, face à 66% de p*tain de chaos avec un gars comme lui ? Missy

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Fm6i0kIo_o

Fait de son mieux. Ancien détenu, libéré en 2023 après 5 années passées à la prison fédérale d'Atwater pour trafic de drogue et d'armes. Liberté conditionnelle qui l'oblige au port d'un bracelet électronique jusqu'à juin 2024. Cassos à plein temps, voleur et spécialiste en plans foireux. Non qualifié, sait à peine écrire. Il est devenu Gardien & trappeur pour la fourrière animale.
Dans un appart de l'immeuble communautaire

Does kindness always win ?

If all my scars marked where I was passed through, I would look like a f*coming map

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) 714da2122e36b22fb9933bb025974f5aaffaf00d


Pretending I'm ok. Pretending people can be happy with me.
F**king TDAH

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Tumblr_oa4xs32BX71vte7jro6_400


Comme mon perso, j'fais au mieux.

flightless bird
https://basique.forumactif.com/t5619-jay-god-may-not-make-mistak https://basique.forumactif.com/t5639-jay-misery-loves-compagny
MessageSujet: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyVen 20 Oct - 0:16#


 Stand de tir
FT.   @Victor Nash
 
tw : armes à feu, blessures, idées noires, flashback sensoriels, langage grossier 

J’tangue un peu, des flashes de lumières m’aveuglent et me font furieusement papillonner des paupières… J’penche en avant, j’fais des pas en arrière et puis finalement, crispé comme jamais, j’redresse l’échine. Mes paupières clignent encore douloureusement, puis mes yeux clairs fixent les gars qui m’font face. J’lève le poing, parce que c’est la règle ! Et la salle s’anime d’acclamations et de sifflements ! Chacun y va de son p’tit commentaire : “j’pensais pas qu’il y arriverait, nonos.” Nonos ? Sérieusement… Bon ok.

Ok, j’flotte un peu dans mon gilet pare-balle d’occasion, on fait avec qu’on a les moyens de s’offrir, tant pis. En attendant, j’suis debout. J’ai survécu au tir de ce gars, mieux, j’me suis relevé. J’aurais un bel hématome sur l’thorax. Un de plus. Parce que c’est la troisième balle que j’me prend dans le buffet ce soir, par des armes au calibre de plus en plus périlleux… Tiré par des mecs de plus en plus alcoolisés, susceptibles de tirer trop haut… Dans la tête par exemple. Mais vous savez quoi ? J’m’en fou… Mon cerveau est inondé d’adrénaline, de dopamine, j’me sens bien. Et en plus, j’me fais du fric.

J’suis un peu sonné, mais j’perds pas l’nord, j’vais chercher mon premier dû. J’ai un peu d’mal à marcher jusqu’au comptoir, j’ai l’droit une boisson gratuite. Mon fric, j’le prendrai à la fin. Ici, y’a des barjots de la gâchette, la plupart sont des criminels, les flic ripoux ou des militaires qui ont pas mal déraillés. Rien de vraiment illégal, sans être trop légal… Surtout si la cible humaine crève. Tout l’monde parie, sur la capacité du mec à encaisse le tir. Le mec qui encaisse touche un pourcentage, et j’en fais partie ce soir… Comme pas mal de soir, ces derniers temps. De toutes manières… Y’a pas moyen de dormir et ici j’pense à rien… À part pendant ses secondes de battements où j’me trouve au sol… Ouais… J’le vois, ce gars, ce mec avec qui j’bossais sans m’souvenir de son nom. Ce mec qui s’est prit toutes ces balles, alors que j’ai été épargné, totalement par hasard, une chance sur deux, rien de plus. J’le vois s’faire butter par les flics et alors que j’reste planté là, entendant au loin Izan s’enfuir sur ma moto… Ils m’plaquent au sol et me tabassent avec leurs matraques. Dans le rapport de police, il sera noté que j’ai riposté, alors que j’n’ai rien pu faire d’autre que de sentir mes os s’briser… Puis j’reviens à moi et j’me relève, avec c’te douleur du passé qui m’fait oublier que j’ai arrêté de respirer pendant plusieurs dizaines de secondes.

J’étais en train d’déglutir difficilement ce tord-boyau quand y’a ce taré qui est venu s'asseoir à côté de moi, il pose fièrement son arme sur l’comptoir.

- C’est quoi c’te merde artisanale ?

Minable. Enfin, c’était avant qu’il ne m’explique que celui-ci a une puissance de 70 joules, bien plus que certain fusil à pompe. Ça doit donner l’équivalent d’un direct donné par le meilleur boxeur du monde. Un K.O direct. Le gars veut parier sur moi, sur un tir à distance de dix mètres, j’sais pas s’il veut parier que j’me relève ou pas, par contre…

Ils sont tous comme des vautours, tous. J’viens à peine de me relever, mais ils ne sont pas bêtes, ils savent que l'adrénaline bouillonne encore dans mes veines. Si je redescend, j’pourrais me montrer raisonnable. J’pourrais, ouais…

- Ok j’le fais.

Y’a le mec après moi qui n’a pas l’air de trop se réveiller, on l’a gentiment mis en PLS. Ça devrait me dissuader, mais là, j’réfléchis absolument pas. Bien que j’ai finalement cet éclair de lucidité, parmi tous ces visages, j’pointe mon index tatoué en direction d’un homme…

- Mais c’est lui qui tire.

Il peut voir c’te lueur dans mon regard, celle qu’il connait bien. J’sais pas ce qu’il fou là, mais il doit bien avoir une bonne raison de l’être, mon p’tit ange gardien… Il a mal fait son boulot, parce qu’il m’a pas soufflé à l’oreille que venir ici finira par m’tuer parce que j’ai pas de notion de limites, parce que les conneries… J’les fais avant d’y penser…

Tu t’souviens de ça, Victor ?

J’me lève du tabouret inconfortable, le flingue à la main pour l’poser devant lui. J’profite de cette proximité pour lui désigner les endroits abimés d’mon gilet. Après tout, s’il est là, c’n’est pas juste pour regarder ? Faut bien qu’il s’amuse un peu…

- Essaie d’viser correctement… Hein ?

J’souris, un poil provocateur, toujours aussi puéril et combatif. J’lui dois rien, mais j’sais au fond de moi, que j’lui devrais sans doute une sacrée dose d’explications après ça.

- J'ai besoin d'cet argent. J’suis toujours pas suicidaire… J’crois.

Peut-être que si, j’le suis. Faut bien l’être, pour parier sur sa vie. Si j’étais un peu plus honnête pour une fois… Si j’pouvais seulement m’admettre la vérité. Ça ne va pas mieux, pas l’moins du monde, et j’crois que j’dois m’faire à cette idée… J’suis déglingué comme gars, mon âme l’est. J’n’serais plus jamais heureux malgré toute l’énergie que je mets à faire semblant que si. Si j’bluffe tout le monde, j’arrive pas à m’en convaincre, moi.





_________________
why can't we all live in peace & harmony?
because we fucking can't! And no amount of flowers that you put in your fucking, middle-class, henna'd hair is gonna change that! "Would anybody like a disco biscuit?"
FUCK OFF!
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Victor Nash

Victor Nash
311
spf (il)
Chris Evans
harleystuff
//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) 111da1796a179abd3091571786b897b0224d89f3

☾⋆⁺₊⋆ VICTORI ⋆⁺₊⋆☽
J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Xzov
Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
Our love was serendipity,
Our story was tragedy.



gold member
https://basique.forumactif.com/t92-victor-where-we-fall-are-the- https://basique.forumactif.com/t146-victor-folks
MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyDim 22 Oct - 16:18#

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle
The past is a lighthouse, not a port.
@Jayson Salazar


Octobre 2023, environs de Monterey.
tw : armes à feu, souvenirs de guerre, violence et vulgarité modérées.
Victor n’a aucun ami proche à la base. Aucun lien comparable à celui qui l’unissait au Lethal Warriors du 12e régiment d’infanterie. Des gars qui ont chargé des positions ennemies, enduré la peur sous les fracas d’obus, rendu un dernier hommage à leurs camarades enveloppés dans des housses mortuaires, puis continué à se battre – parce que c’est le métier qu’ils ont choisi. Au Presidio de Monterey, Victor a seulement des collègues. Seules différences avec les civils : un uniforme, une formation basique au combat, le salut au drapeau chaque matin. Il faut bien des volontaires pour gérer la formidable logistique l’US Army. Inutile – pas rentable d’en faire des machines de guerre. Parmi ces logisticiens de vocation, le sergent Melvin Fogler. Ancien conducteur poids lourds, vétéran d’Afghanistan. Jugé inapte aux opérations extérieures depuis son retour au pays. Intolérant au crépitement des mitrailleuses depuis que l’une d’elles a arrosé son camion. Foutaises, d’après Victor. Melvin Fogler est juste un gros froussard. Il aurait vidé sa vessie lors de l’attaque – ce qu’il nie avec véhémence. Victor lui accorde le bénéfice du doute sur ce point. Les ragots sont monnaie courante au sein de l’institution militaire. En revanche, il n’apprécie pas son collègue. « On n’a qu’à les flinguer, ces fils de putes » est à sa solution à tous les conflits de l’humanité. « Moi, j’veux bien m’en charger » prétend-il lorsqu’il s’agit de réduire la surpopulation carcérale ou la récidive des criminels. Les individus comme Melvin Fogler sont trop lâches pour réfléchir à des solutions, trop lâches pour se battre. Ils ignorent jusqu’au sens réel de ce verbe d’action.

Un soir, le téléphone de Victor sonne :
— Monsieur Nash ? C’est madame Fogler, l’épouse de Melvin. Je crois que mon mari ne va pas bien…
Sans blague.
Victor demande une rencontre en face en face. Il est difficile de lire un visage, confronter une personne et capter ses émotions à travers le téléphone.
La rencontre a lieu le lendemain midi, dans un café-restaurant vantant la qualité bio de ses produits. Tarifs élevés, éthique élevée.
Victor dévore une omelette de pommes de terre aux légumes. Il en a commandé trois. Madame Fogler s’en tient à un café. Une femme concernée, inquiète, deux fois moins corpulente que son mari. Deux enfants avec Melvin : un garçon et une fille. Cinq fusils et six pistolets à la maison. Le garçon de onze ans sait déjà tous les manipuler.
— On est aux États-Unis d’Amérique, madame Fogler. Des tas de pères apprennent le maniement des armes à leur progéniture. Ce n’est pas interdit par la loi. Ils pratiquent sur un champ de tir, dans un espace sécurisé ?
— Je sais, bien sûr. Et je savais à quoi m’attendre en épousant un militaire.
Vous pouviez vous attendre à mieux qu’un pleutre accro aux fusillades, songe Victor.
Elle écarte nerveusement une mèche de cheveux qui lui tombe sur l’œil. Déjà des cheveux blancs. Des cernes sous les paupières. Mariez-vous et faites des enfants, qu’ils prêchent dans les églises.
— D’ailleurs, ce n’est pas ce qui me préoccupe pour l’instant.
Je l’aurais deviné.
— Le soir où je vous ai appelé, Melvin s’est encore absenté. Ça dure depuis des semaines. Il ne me dit pas où il va et s’énerve quand je lui pose la question. À son retour, il sent la poudre et la sueur. Et avant que vous ne posiez la question : non, il ne va pas au champ de tir. J’ai interrogé ses amis à ce sujet. Ils m’ont d’ailleurs assuré que personne n’y va quand il fait noir. En outre, Melvin boit toujours une bière ou deux quand il va tirer avec ses copains. Or, il ne boit jamais pendant ses absences. Je le sentirais à son haleine.
Femme de militaire. Observatrice. Précise. Sens du détail.
Victor acquiesce. Réfléchit.
— Un stand de tir dans un local, peut-être ? Quelle arme emprunte-t-il ?
Dénégation de la tête.
— Justement, c’est ça qui est étrange : il n’emporte aucune de ses armes ! Et Melvin déteste les stands de tir en intérieur, avec le casque sur les oreilles et les silhouettes en carton. Il dit que c’est « pour les p’tites bites ».
Froncement de sourcils de Victor. Embarras de la mère de famille.
— Je croyais que vous connaissiez bien mon mari, puisque vous travaillez ensemble, mais je m’aperçois que je me suis trompée. Navrée de vous faire perdre votre temps, monsieur Nash…
Madame Fogler termine son café, se lève de sa chaise.
Victor lui saisit le poignet. Doucement, mais résolument. Il la regarde droit dans les yeux.
— Attendez. Vous avez raison, madame Fogler. Je connais peu Melvin. C’est un collègue exécrable, je ne l’apprécie guère et rien chez lui ne me donne envie d’apprendre à le connaitre.
Ébahissement de madame Fogler. Suspicion.
— Alors pourquoi…
Victor libère le poignet.
— Je n’ai pas pour habitude d’ignorer un appel à l’aide. Je respecte le courage que cela exige. Avant de partir, s’il vous plait, dites-moi ce qui vous inquiète réellement au point de téléphoner à un collègue dont vous ignorez tout.
Madame Fogler soupire, puis se rassied.
— Melvin a aussi de bons côtés.
— Si vous le dites.
Elle se mord la lèvre, hésite. Victor coupe un morceau d’omelette, mâche longuement, ingère. Inutile d’attraper un ulcère à l’estomac.
— L’autre soir, Melvin m’a vraiment fait peur. En rentrant, il parlait tout seul et ne cessait de répéter : « J’vais l’flinguer, ce fils de pute. J’vais l’flinguer ! »
Silence. Deuxième omelette de pommes de terre aux légumes.
— Pas d’arme ? Pas d’alcool ? Vous êtes sûre ?
— Certaine.
— Rien d’autre ?
— Rien. Après, Melvin est venu se coucher. Il tremblait, au début, alors que la température de la chambre dépassait les vingt degrés. Ensuite, il a dormi comme un bébé. J’en suis sûre parce que moi, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.
À voir le teint cireux de madame Fogler, elle n’a pas beaucoup dormi depuis.
— Savez-vous quand il prévoit de s’absenter à nouveau ?
— Ce soir.

* * *

Victor n’a pas lâché le sergent Melvin Fogler de la journée. Rien d’inhabituel au Presidio : le gars était aussi désagréable que d’habitude. Ni plus ni moins. Une diatribe sur les taulards « qui récidivent toujours et coûtent cher à la société ». Après le dîner familial, Victor l’a suivi en voiture. Un an à traquer des salopards en tout genre a aiguisé ses compétences de filature.

Une zone industrielle à plusieurs kilomètres de Monterey. Une usine à l’arrêt du soir au matin. Un grand hangar employé au stockage d’immenses pièces de métal, ainsi qu’à d’autres activités nocturnes à en juger par les lumières et la foule de véhicules garés à proximité. Principalement des gros pickups, mais aussi des voitures familiales ordinaires. Quelques autocollants de la NRA. Des slogans peints à la gloire d’une Amérique fantasmée. Avec sa robe bleue lisérée de blanc, la Camaro SS de Victor dénote.
Contrôle à l’entrée du hangar. Fouille au corps. Un chauve avec une barbe. Physique de colosse. Aimable comme une statue de bronze. Il ouvre la veste de Victor et dévoile le holster de poitrine.
— Les armes conventionnelles ne sont pas admises à l’intérieur. Soit tu me laisses ton 9mm et tu le récupères en partant, soit tu dégages.
Victor observe l’intérieur du hangar. Structure en tôle, des carreaux vitrés crasseux. Éclairage aux néons imparfait – quelques tubes clignotent, d’autres ne s’en donnent plus la peine. D’épais cylindres métalliques stockés au fond, avec des figurines en carton aux couleurs réalistes. Côté gauche, le long du mur, des fusils et des pistolets étalés sur des comptoirs. Côté droit, des tables garnies de boissons en tout genre. Alcoolisées pour la plupart. Une bouteille de limonade. Une machine à café. Entre les étals, des conversations animées. L’endroit fait penser à une foire à l’armement. Dix-neuf individus debout. Deux assis à l’écart sur des tabourets, équipés de gilets pare-balles. Un vieux avec un chapeau de cowboy circule parmi la foule, collecte des billets.
Victor détache son Sig Sauer et le remet au cerbère suspicieux :
— Pardon, c’est mon baptême du feu. Je suis venu pour l’adrénaline. Et parce que j’ai envie de parier sur quelque chose de vrai. Marre des spectacles de tafioles à la télé. Survivor mon cul.
Rictus mauvais du colosse. Probablement son sourire.
Victor pénètre dans le stand de tir clandestin.

Un coup de feu retentit, étourdit les tympans. L’acoustique est idéale pour en mettre plein les oreilles. Chaque tir résonne avec une intensité spectaculaire. On entend distinctement le chargement de l’arme, la puissance phénoménale de la détonation, le gémissement de douleur de la cible, le halètement fébrile du tireur, la clameur et les acclamations.
Révoltant.
Melvin Fogler est là, palpant un fusil trafiqué avec impatience.
Jayson Salazar est là, engoncé dans un gilet pare-balles trop large aussi déglingué que lui.
Le sang de Victor commence à bouillir dans ses veines. Sa forte mâchoire se crispe. Ce n’est pas un hématome au torse que mérite l’ancien taulard, mais une salve de coups de savate au cul pour jouer un rôle majeur dans cette mascarade odieuse.
— C’est quoi c’te merde artisanale ?
Le fusil de Melvin. Bricolé par une intelligence perverse.
Victor saisit le fonctionnement de ces rendez-vous nocturnes. Tirer sur des cibles vivantes avec des armes customisées. Parier sur la résilience de la cible. Plus d’enjeu. Plus de frisson. Plus de satisfaction perverse.
Trop lâches pour se battre.
Des péteux qui jouent au dur derrière un flingue.
Des paumés à l’autre bout du canon.
— Ok j’le fais.
Melvin jubile.
« J’vais l’flinguer, ce fils de pute. J’vais l’flinguer ! »
— Mais c’est lui qui tire.
On s’écarte devant Victor, on découvre le nouveau tapi dans l’ombre de néons ternes.
Le militaire avant dans la lumière, le regard fixe. Le bleu d’orage crépite, foudroie le vert tourmenté qui le contemple.
— C’est quoi ce putain d’bordel !
Melvin, d’abord estomaqué de reconnaitre son collègue, proteste vivement.
« J’vais l’flinguer, ce fils de pute. J’vais l’flinguer ! »
— C’est la règle, Melvin, lui rappelle calmement chapeau de cowboy. La cible a le droit de désigner la personne qui tient l’arme et presse la détente.
— Putain d’merde ! Na–
— Ta gueule, coupe Nash.
Jayson lui apporte le fusil trafiqué, exhibe son pare-balles qui a subi douze tirs de trop.
— Essaie d’viser correctement… Hein ?
Victor lui rend son foutu sourire. Bienveillant comme le loup qui ouvre la gueule pour saisir un lièvre empêtré dans un barbelé.
— Ce n’est pas l’envie qui me manque de viser ton grand front d’abruti. Je suis sûr de n’y rencontrer que du vide.
Jayson se justifie :
— J'ai besoin d'cet argent. J’suis toujours pas suicidaire… J’crois.
Réplique immédiate, menaçante :
— J’espère que tu as économisé suffisamment pour ta crémation. Autrement, c’est ta fille qui va devoir casquer. J’espère qu’elle en a les moyens. Les cercueils ne sont pas donnés, de nos jours. Et j’espère qu’après ça, elle ne plongera pas dans l’abime comme son crétin de père.
Si quelqu’un est capable de ramener ce damné à la raison et lui donner la volonté de se battre, c’est bien son petit ange.
Victor attrape le fusil.
L’ouvre en deux.
Toise l’organisateur au chapeau de cowboy.
— Il est vide.
Sourire pédant.
— C’est tout à fait normal.
Il lève une main sur le côté, claque des doigts. On apporte une petite boîte en plastique. Tintement familier de munitions entassées pêle-mêle.
— Nous fabriquons nos propres balles à pointe creuse. Le pouvoir de pénétration est grandement atténué, ce qui convient à notre utilisation.
Le vieux poursuit ses explications. Satisfait d’exposer ses connaissances et son savoir-faire. Étalage inutile : Victor connait tout des munitions à tête creuse. Y compris ce que l’organisateur de ces soirées abjectes ne dit pas : les balles expansives de ce type endommagent plus de tissus à l’impact. Certes, le kevlar et les plaques de céramique des protections vestimentaires les bloquent plus facilement. Au prix d’un choc particulièrement brutal. En revanche, le gars derrière déguste plus sévèrement si la balle traverse.
Le vieux lui tend une de ses munitions en plomb. Du bel ouvrage, indéniablement. Adapté à leur usage clandestin.
— Combien prend ce fusil ?
— Cinq munitions, en comptant la chambre. Pourquoi cette question ?
Victor désigne Jayson.
— Vous avez entendu Nonos. C’est bientôt Halloween, il a besoin de fric pour offrir des bonbons à sa gosse. Montrons-nous charitables. Cinq tirs paient mieux qu’un seul.
Une vague d’enthousiasme anime l’assemblée. Les iris gris du cowboy pétillent d’intérêt.
Bande de vautours.
Victor charge les cinq balles.
— En place, le squelette, ordonne-t-il à Jayson.
Visage impassible. Aucun accent de compassion dans la voix.
Le tireur se décale vers les étals d’armes customisées. Les spectateurs se mettent en rang de l’autre côté. Ça se sert joyeusement à boire, ça décapsule des bières en pariant sur les chances de Nonos.
Victor adresse un signe de tête à son collègue.
— Viens à côté de moi, Mel. C’est ton fusil. Tu as droit à la place d’honneur. Si tu te conduis correctement, je te laisserai peut-être un tir.
Après un mouvement de surprise, Melvin vide son gobelet de café et bondit comme un gagnant de loterie. « Il ne boit jamais pendant ses absences. » Pour mieux savourer le shoot d’adrénaline.
— Merci, mon pote ! Si j’avais ce flingue entre les mains…
— Je sais, coupe Victor. La Corée du Nord serait une démocratie modèle.
— Les paris sont achevés ! s’exclame chapeau de cowboy. Vous pouvez procéder.
Procéder. Même le vocabulaire est déshumanisant. Comme à l’armée.
Solidement campé sur ses jambes, le militaire épaule le fusil. Canon dans l’axe du plexus solaire de la cible. Index sur la queue de détente. Respiration sous contrôle. Victor Nash a dézingué un certain nombre d’êtres humains de cette manière. Pour suivre les ordres. Pour sauver sa peau. Pour des motifs que des pacifistes forcenés jugeraient condamnables. Aucun tir qu’il regrette à ce jour.
Son regard remonte vers le visage de Jayson. Un frémissement de l’index expédiera l’équivalent d’un boulet de canon sur la cage thoracique de l’ancien détenu. Il est vraiment prêt à encaisser, ce con. Une expression semblable à celle Rio avant qu’il orchestre son trépas. Pas suicidaire, mon cul.
Un étau enserre le cœur de Victor. Il baisse son arme.
Melvin est pris d’un fou rire. Ses prunelles brillent d’excitation.
— Je savais que tu le ferais pas ! T’as pas les couilles de tirer sur quelqu’un, comme tous les branleurs de la logistique. Donne-moi le fusil !
Victor se tourne.
— Ferme-la. Ce midi, j’ai déjeuné en compagnie d’une civile qui a plus de bravoure que toi.
Melvin ne percute pas. Son collègue ne lui en donne pas le temps, plaque le canon du fusil contre sa gorge hargneuse. Victor a commis une erreur. Piqué au vif, il a parlé un peu vite. Après la troisième omelette bio, il a promis à madame Fogler de faire de son mieux, pas de semer la zizanie dans son ménage.

Stupéfaction parmi les maboules de la gâchette. Victor bascule derrière son otage, déplace le canon au creux des reins. Sens en alerte, leur acuité démultipliée. Adrénaline battant contre les tempes. Le bon stress du guerrier.
Victor a l’avantage de la puissance de feu. Il contrôle les comptoirs et les armes. La boîte de munitions posée à l’extrémité. Face à lui, la supériorité numérique de dix-neuf hommes furibards avec des bouteilles et des verres.
— On se calme, intervient l’organisateur. Je suis retraité de la police, nous sommes tous des gens civilisés. Tout le monde ici est responsable et participe de son plein gré. Qu’est-ce que vous voulez ?
Du coin de l’œil, Victor avise le colosse de l’entrée.
— Améliorer la civilisation. Instaurer une nouvelle règle.
— Tu vas nous imposer rien du tout ! vocifère une moustache de morse. Il est tout seul, les gars, et il tirera pas !
Le colosse s’empare une arme
— Ouais ! beugle un autre, tenue militaire. On lui règle son compte, à ce connard !
En trois mouvements rapides, Victor pointe le fusil vers l’entrée, cible et tire. L’arme sournoise quitte les battoirs du colosse. Celui-ci dresse pacifiquement les bras et rejoint les autres d’une démarche prudente.
Victor leur fait face.
— Il me reste quatre balles et je suis sûr de mettre dans le mille à chaque fois. Un tunnel au diamiètre d’une balle de golf dans quatre têtes. Qui veux tenter le coup ? Toi ? (Il dirige le fusil sur moustache de morse : pas de réponse.) Toi ? (Le vétéran : un grognement en réponse.)
— De quelle règle parle-t-on ? relance chapeau de cowboy, formé à la négociation policière.
Victor tourne son visage vers Jayson et aboie :
— Toi, viens ici. Retire ton gilet et aide Melvin à l’enfiler. Il lui ira mieux qu’à toi.
La silhouette de Melvin déborde d’une vingtaine de kilos superflus. Trente-cinq pour égaler la maigreur d’un Jayson Salazar.
Victor dicte au vieux :
— Voici la nouvelle règle : le gars qui veut gagner le droit de tirer doit d’abord prendre la place de la cible, puis tenir bon. Il doit se faire tirer dessus avec l’arme qu’il veut utiliser, avec le même vêtement de protection, et rester debout. Il doit mériter sa cartouche à pointe creuse. Il doit égaler en courage et en folie les bougres qui lui font face.
Le sang quitte le visage de Melvin. La moitié de l’assemblée pâlit.

_________________
☆ The purpose of life is not to have fun.
It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
to have it make some difference that you have lived and lived well.
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Jayson Salazar

Jayson Salazar
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Elle pourrait être heureuse avec lui, ils découvriraient de nouveau la vie ensemble. Elle le pousserait à s'accepter, à être meilleur, à croire que leurs différences ne sont pas si insurmontables. Elle lui redonnerait l'goût d'aimer, d'faire confiance et de s'accrocher à son humanité, d'rester à peu près dans l'droit chemin... Il la ferait rire, il serait un homme bien, attentionné, protecteur, loyal et il l'admirera à sa juste valeur à chaque seconde. Ça sera l'bonheur... 34% du temps. Mais est-ce réellement suffisant, face à 66% de p*tain de chaos avec un gars comme lui ? Missy

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Fait de son mieux. Ancien détenu, libéré en 2023 après 5 années passées à la prison fédérale d'Atwater pour trafic de drogue et d'armes. Liberté conditionnelle qui l'oblige au port d'un bracelet électronique jusqu'à juin 2024. Cassos à plein temps, voleur et spécialiste en plans foireux. Non qualifié, sait à peine écrire. Il est devenu Gardien & trappeur pour la fourrière animale.
Dans un appart de l'immeuble communautaire

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Pretending I'm ok. Pretending people can be happy with me.
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Comme mon perso, j'fais au mieux.

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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyJeu 26 Oct - 0:59#


 Stand de tir
FT.   @Victor Nash
 
tw : armes à feu, blessures, idées noires, flashback sensoriels, langage grossier 

J’étais épuisé par les tirs que je venais d’encaisser, j’avais fait ma soirée, selon moi. J’avais gagné assez, parce que je suis comme ça maintenant… Je mise petit. J’me la joue “prudent”. Et puis dans l’fond, honnêtement, j’suis pas là pour le fric que ça représente… L’argent… C’est plutôt un bonus. J’suis là parce que j’attend l’impossible.. Parce que c’est juste un prétexte pour être là, à jouer avec ma vie, à flirter avec la mort au fil de la soirée et essayer de dégoter un p’tit signe qui m’indiquerait que tout va bien, que j’mérite bien de vivre malgré tout… J’sais pas ce que j’mérite. Survivre ou finir par m’prendre une balle dans la tête par un mauvais tireur. J’aurais pas l’illumination ce soir, j’arrête. J’voulais juste prendre mon verre gratuit et partir avec mon pognon. Ce sera pour plus tard, l’sens de la vie.

C’était sans compter sur Melvin.
Il m’tourne toujours autour, depuis que j’ai commencé ici.

J’aurai dû l’voir, j‘aurai dû comprendre qu’il faisait une fixette sur mon cas. J’me disais qu’il était juste cinglé. J’pensais pas qu’il faisait partie de ce genre de taré là, de ceux que j’ai pourtant côtoyé pendant cinq ans. J’pensais seulement que c’était une sorte d’accro au jeu, un junkie des paris et de l’adrénaline. J’aurais dû saisir la nuance, quand il a tiré la manche de mon froc pour voir mon bracelet électronique, quand il m’a posé toutes ces questions sur la prison… Son regard, quand j’lui ai finalement lâché que j’ai passé cinq ans à Atwater. Prison de haute sécurité, la cabane des grands criminels. J’n’ai rien vu, parce qu’ici j’me méfie de personne parce que tout l’monde peut me buter à tout moment. J’suis en danger constant ici, alors à quoi bon avoir peur d’un type en particulier ?

J’ai pas envie de cette balle supplémentaire.
Mais j’le laisse me convaincre.
Quelque chose cloche, mais j’accepte.
J’accepte, mais quelque chose cloche bordel…
Alors j’ajoute une condition.
Victor, c’est toi la condition.

Melvin pète un câble, mais j’suis dans mon droit. J’suis dans les règles de cette arène de cinglés, de cet endroit qui finira mal pour moi… Tôt ou tard. J’souris, fatigué et triste, lorsque Victor évoque ce qui s’trouve dans ma p’tite tête. Rien. J’aimerais bien, qu’il n’y ait rien justement. Rien qui m’tourmente, rien qui m’pousse à m’trouver là toutes les semaines..

J’sais qu’ils feront disparaitre mon corps sans causer de frais, c’est ce que j’aurais répondu… S’il n’avait pas parlé de ma fille, s’il n’avait pas évoqué la possibilité qu’elle puisse connaître la noirceur mortifère qui m’étreint chaque jour… Ça n’a duré qu’une demi seconde, mais j’ai baissé les yeux. J’fais jamais ça, pas même face à la mort. J’baisse jamais les yeux, à moins qu’la honte m'écrase beaucoup trop.

Mes yeux verts s’relèvent franchement.
Habités par cette lueur, cette fougue de vaincre la douleur. Encore.

- On l’saura jamais, si tu vises bien.

J’sais pas si c’est ça, mais ça a l’air de le motiver. J’l’écoute à peine se renseigner sur les munitions. Il n’y connait rien, alors qu’est-ce qu’il fiche là ? Qu’est-ce qu’il fout avec son histoire de cinq balles ? Un sourcil se fronce, le regard observe l’agitation qui s’forme, les paris qui fusent en ma défaveur… Tu m’étonnes. Une balle de cet engin, j’aurais pu… Cinq. Cinq, c’est beaucoup trop. On l’sait tous les deux. Pourtant, j’proteste pas. J’accepte le deal, j’accepte… Parce que c’est ce que j’mérite, pas vrai ? J’mérite chacune de ces balles et celles qui auraient dû m’tuer il y a presque six ans déjà. J’mérite d’être là. J’mérite de souffrir. J’mérite qu’on m’traite comme un animal ici, comme en taule. J’ai mérité tout ça, sinon y’a pas de justice putain. J’l’ai forcément mérité !

L’squelette, futur macchabée, s’met en place.
Docile, comme en taule. À ma place.

Y’a ce silence. Si j’me concentre, j’peux entendre mon coeur battre. Pour combien de temps ? J’m’en fou. Alors ouais, j’suis peut-être bien un peu suicidaire. Y’a rien pour m’arrêter… Parce que dans ce silence cérémonieux, y’a aucun silence dans ma tête. Y’a aucune quiétude à l’intérieur. Y’a tous les hurlements de douleur d’mon âme, ça braille tellement en dedans que ça m’dégoute, j’me dégoute d’être aussi faible… J’veux plus ressentir tout ça. J’veux ce silence, j’veux que le silence tout autour s'empare de moi.

J’le fixe, Victor. Assuré, avec un p’tit pli à la commissure des lèvres. Ce p’tit rictus de papa qui dit à son destinataire : tout ira bien. Ce sourire, il s’est inscrit dans mon ADN à la naissance d’Azara, l’jour où il s’est imposé à moi que j’devrais à jamais faire semblant d’aller bien et que j’me relèverai quoi qu’il arrive. Cinq putain de balles. J’me relèverai s’il le faut, si c’est pas la mort qui vient, j’me relèverai encore une fois.

Il s’passe rien. Victor, t’attends quoi ?
Qu’on en finisse bordel.
Fais moi crever de douleur.

L’silence se brise par les éclats de rire d’un fou.

J’reste figé. Interdit face à la scène, à cette prise d’otage. Une détonation me ramène à la situation, faisant trembler ma colonne vertébrale en silence. Quatre balles, aucun volontaire. Une nouvelle règle. J’m’approche, je défais machinalement les sangles de mon gilet sans trop comprendre ce qui s’trame dans la tête du militaire, j’veux pas comprendre, j’veux pas qu’il crève lui… Pas à cause de moi. Il y a beaucoup trop d’armes ici, pointées en notre direction. Il se passera quoi quand il n’y aura plus aucune balle dans ce chargeur, hein ? Une fusillade, encore, sous mes yeux ? J’peux pas laisser faire, mais j’sais pas ce que j’dosi faire. Quand j’sais pas, j'obéis bêtement. J’suis là, en train de passer mon gilet à Melvin, robotisé, j'obéis dans ces situations sans m’en rendre compte depuis la taule… J’déteste ça, j’déteste surtout quand j’m’en rend compte… D’à quel point j’peux être domestiqué depuis.

D’un geste sec, d’une force qui coupa l’souffle du fameux Mel, j’boucle la dernière sangle. Ouais, Nonos a plus de forces qu’on peut se l’imaginer. Dans ce geste, j'intègre l’idée que j’n’ai plus rien pour m’protéger. Devinez quoi ? J’m’en fou.

J’me place entre le fou et Victor.

- J’me suis relevé trois fois ce soir.

Alors, j’ai peut-être gagné le droit d’ouvrir ma gueule.

- Si j’t’ai désigné c’est pas pour que tu foute la merde et m’fasse perdre le fric que j’ai gagné en mettant tout l’monde en rogne ! Et ta nouvelle règle… C’est d’la merde. Si l’gars devient la cible, qui tire, hein ? La future cible, c’est ça ? Donne moi ça alors, j’tire  sur ce connard !

J’vais pour prendre le fusil, loin de mesurer la dangerosité de l’engin, loin d’avoir conscience des intentions de Melvin, d’à quel point il veut l’flinguer, ce fils de pute… Moi.

Il lâche pas, Victor.

J’suis pas crédible, à vouloir arracher cette arme des bras incroyablement crispés de Nash, alors j’me tourne et j’me rabat sur le flingue d’un pauvre type à côté. Rapide, et à la stupeur générale, j'prouve que j’serais capable de m’en servir, pas juste d’encaisser. J’me place, j’arme et je vise Melvin plus pâle qu’un cul hétéro en prison. Ma main tremble, je suis épuisé. L’adrénaline m’tient en éveil. Mon regard fixe avec hargne, j’devrais pas être là bordel… J’devrais pas être le type qui tient un flingue, pas avec ce bracelet à la cheville…

- J’aurais dû t’flinguer plus tôt, fils de pute. Raclure de taulard, t’as ça dans l’sang, c’est ta nature, c’est pour ça qu’il faut éradiquer la vermine carcérale jusqu’à sa répugnante descendance ! Crache Melvin face au destin.

J’comprends enfin.
Mais personne.
Personne ne menace ma fille sans le payer.

Tu te souviens, Victor ? Le problème avec moi, les conneries j’les fais avant d’y penser. Avant même de penser cette phrase même. Sans une once d’hésitation, mon index a pressé la gâchette et sans c’fameux ange gardien pour dévier la trajectoire de mon tir, je serai un assassin ce soir. Il s’est souvenu, Victor. De ma capacité de réagir avant de réfléchir, de mon incapacité à me contrôler quand je ne suis plus qu’une plaie à vif.

Il a su anticiper et la balle s’est logée dans le gilet pare-balles. Envoyant Melvin au tapis, seulement assommé. Lui, incapable de se relever après coup. Des voix insultent, d’autres appellent au calme, certaines personnes ont même filé, quitté les lieux avant de que ça dégénère de trop ne laissant que les gros bras, les organisateurs et les fous. Je faisais vraisemblablement partie d’la dernière catégorie des personnes présentes ce soir. J’ai aucune idée de comment rentrer chez moi dorénavant, mais si j’y parviens… Je sais que je ne devrais plus jamais remettre les pieds ici. À moins d’être vraiment suicidaire.

- Et toi, t’as l’air d’une pute à flics avec ton chapeau de cowboy de merde, j’peux pas croire que personne t’la dis putain t’as aucun ami ici…

Ça, c’est une pensée intrusive que j’avais depuis ma première venue dans ce club de dégénérés et là, j’suis carrément en roues libres… J’ai ce rire d’épuisement, de bout du rouleau physiquement et psychologiquement.




_________________
why can't we all live in peace & harmony?
because we fucking can't! And no amount of flowers that you put in your fucking, middle-class, henna'd hair is gonna change that! "Would anybody like a disco biscuit?"
FUCK OFF!
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Victor Nash

Victor Nash
311
spf (il)
Chris Evans
harleystuff
//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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☾⋆⁺₊⋆ VICTORI ⋆⁺₊⋆☽
J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Xzov
Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
Our love was serendipity,
Our story was tragedy.



gold member
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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyDim 29 Oct - 15:47#

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle
The past is a lighthouse, not a port.
@Jayson Salazar


Octobre 2023, environs de Monterey.
tw : armes à feu, souvenirs de guerre, violence et vulgarité modérées.
Victor est venu avec une mission simple : empêcher un drame et rappeler à Melvin ses devoirs familiaux. Les cernes de Madame Fogler sont déjà trop profonds ; leurs enfants doivent être protégés d’un père psychotique, captif d’un tourbillon de violence qui tôt ou tard détruira des vies.
La mission s’est compliquée. À présent, Victor doit en sus protéger un élément imprévisible – Jayson Salazar – ainsi que saborder les réunions abjectes de tordus armés.
Multiples objectifs ; aucune préparation.
La mission ne pouvait se dérouler sans accroc.

Pendant que Jayson habille Melvin de kevlar renforcé, une marée humaine s’abat sur les comptoirs et se réarme séance tenante. Quelques-uns prennent le chemin de la sortie. Les acteurs fanatiques et les discrets qui évitent les problèmes. Victor ne manœuvre pas son fusil d’un pouce. Inutile de déclencher une fusillade : le sabordage est en cours. Loi universelle des activités de spectacle : les acteurs ont besoin des spectateurs pour subsister. La kermesse de l’école et les parents enthousiastes. Le comique de scène et son public rigolard. Les combats de gladiateurs et la clameur du Colisée. Les duels clandestins et leur foule de parieurs frénétiques.
L’ambiance du stand de tir n’est plus à la bonne humeur. L’excitation a cédé à une tension dense, orageuse. L’organisateur débat de la nouvelle règle avec des participants remontés, véhéments. Une nouvelle scission s’opère entre les durs à cuire et les partisans du statu quo. On s’insulte de trouillards, de brêles et diverses dépréciations viriles. On brandit des armes chargées. Le vétéran belliqueux se veut rassembleur en proposant un peloton d’exécution à l’ancienne, avec Nash attaché à un poteau. Moustache de morse soutient le projet de faire un exemple du traitre, mais il est bien le seul. « Nous ne sommes pas des assassins », plaide la majorité non silencieuse. Une voix aux accents d’Europe de l’Est fait entendre qu’un jeu de roulette russe serait plus palpitant.
Victor titille les reins de Melvin avec le fusil. La mission Fogler n’est pas encore achevée.
— On dirait qu’à partir de demain, il va falloir te trouver un nouveau passe-temps. Pourquoi tu ne regardes pas la télé avec ton épouse et tes gosses ?
— Je… je… j’fais ça pour eux, connard !
Victor fronce les sourcils.
Lui fait sentir la bouche mortelle du fusil.
Ouvre la sienne pour demander en quoi flinguer un ancien dealeur qui essaie de filer droit va rendre service à ses gosses.
— J’me suis relevé trois fois ce soir.
Jayson Salazar. L’élément imprévisible qui met les jambes dans le fil barbelé avant de songer à rectifier sa trajectoire. Trois fois stupidement suicidaire, selon Victor. Étonnement, il a emballé Melvin dans son gilet avec une docilité et une méticulosité remarquables. « J’ai l’air plutôt capable finalement, avec les bestioles… » avait-il déclaré au sujet de son travail. Drôle de bonhomme. À présent, il a l’air aussi remonté que les gars alentour :
— Si j’t’ai désigné c’est pas pour que tu foute la merde et m’fasse perdre le fric que j’ai gagné en mettant tout l’monde en rogne ! Et ta nouvelle règle… C’est d’la merde. Si l’gars devient la cible, qui tire, hein ? La future cible, c’est ça ? Donne moi ça alors, j’tire sur ce connard !
L’élément imprévisible enroule ses doigts autour du canon, tire avec une force qui avait surpris Victor la première fois.
Pas la deuxième.
Le fusil reste prisonnier de sa poigne de fer. Mille ans d’efforts ne suffiraient pas à le déloger.
— Attends ! Lâche cette arme, je vais t’expliquer !
La première erreur de Victor fut de trop parler à Melvin. La seconde de ne pas en dire assez à Jayson. De croire que le chaos vociférant à l’intérieur de son crâne agité resterait sous contrôle quelques minutes de plus.
L’élément imprévisible capture le colt du gars à moustache de morse qui soutenait le peloton d’exécution. Ironique : Jayson cible Melvin, une résolution meurtrière dilatant ses pupilles. Spontanément, un espace vide se forme autour du tireur et de la cible.
Imprécations de Melvin. De la hargne et de la peur. Rien de bon.
— Stop !
Victor bondit en avant. Étouffe de sa paume libre la bouche de Melvin. Trop tard pour empêcher le mal d’en sortir. Trop tard pour empêcher l’inévitable. Le bras qui tient le fusil a plus de chance : dirigé par la main habile du militaire, le bout du canon dévie le poignet de Jayson au moment où celui-ci presse la détente. Le claquement de la détonation percute les tympans. Odeur de poudre et de mort. La balle part vingt centimètres plus bas que sa trajectoire initiale. Melvin s’effondre.

Cohue parmi la foule. Ce n’est plus un sabordage, mais un véritable naufrage. Les parieurs quittent le navire malgré les appels au calme de chapeau de cowboy. Le colosse de l’entrée abandonne son poste en secouant son énorme tête rasée, blasé par la tournure des événements. Bravo, Jayson. Médaille de la connerie monumentale ayant abouti à une victoire décisive.
Fusil tenu en béquille, Victor s’accroupit. Contrôle l’état de Melvin. La balle n’a pas traversé le gilet. Sa bedaine a amorti le choc. Pourtant l’ancien camionneur de l’armée gît sur le sol, recroquevillé en position fœtale, tremblant de tout son corps. Il parle d’une petite voix. Victor se penche au-dessus lui.
— J’veux pas que mes gosses voient ça.
— Rien de tout ça ne serait arrivé si tu avais choisi de les emmener au bowling, tranche-t-il d’un ton dur.
Melvin ne semble pas l’entendre.
— Faut pas les laisser dehors, Nash. Là-bas, on a laissé ces fils de putes sortir de prison. On a laissé faire la vermine. (Deux yeux vitreux contemplent Victor.) T’y étais, tout à la fin, à c’qu’on raconte. T’as vu ce qu’ils ont fait. J’veux pas ça pour mes gosses.
Victor tique. En un éclair, il saisit. L’Afghanistan. Les prisonniers talibans – d’autres encore pires – libérés avant le retrait chaotique de l’armée américaine. Les massacres qui ont suivi. L’amertume, la colère sourde des soldats contraints à l’inaction. Un élan de tristesse et de compassion qu’il ne pensait jamais ressentir face à Melvin Fogler lui écrase le cœur.
— Et toi, t’as l’air d’une pute à flics avec ton chapeau de cowboy de merde, j’peux pas croire que personne t’la dis putain t’as aucun ami ici…
L’élément imprévisible, encore lui.
Un grognement agacé et Victor se redresse, fusil en main.
— En voilà un qui ne pipe mot lorsqu’il devrait prendre la parole, et qui l’ouvre quand il ferait mieux de la boucler.
La main libre du sergent enserre le pistolet de Jayson. Fulgurante torsion du pouce, repli incapacitant du poignet. Technique militaire éprouvée : le pistolet lui tombe entre les doigts.
— Fin des hostilités, décrète Victor.
Malgré un calibre 12 à canon scié braqué sur son visage. Le vétéran qui l’a pris en grippe, palpant la détente avec une impatience fébrile. À côté, chapeau de cowboy – une veine courroucée battant contre sa tempe.
Victor extrait le chargeur du pistolet, dégage la balle engagée dans la chambre, fourre l’arme – avec les empreints de Jayson, et maintenant les siennes – dans sa poche. Il décharge le fusil avec la même fluidité des gestes. Quatre balles à pointes creuses tombent au sol avec un tintement métallique. Durée totale du désarmement : moins de quatre secondes. Il garde le fusil en main, ouvert et inoffensif, ses empreintes partout sur l’acier.
— Laisse-moi buter ces enculés ! beugle le vétéran, son calibre 12 allant de la tête de Victor à celle de Jayson.
— Vous n’en ferez rien, contredit Victor avec un calme assuré. (Il fixe l’organisateur au chapeau.) Si vous me liquidez, vous devrez aussi liquider mon collègue ici présent. (Il désigne Melvin du pouce.) Vous étiez dans la police, vous savez que les gars comme lui passent rapidement à table quand on les cuisine. Et deux militaires d’un même service qui disparaissent le même soir, il y aura une enquête criminelle. Enquête qui les mènera très vite ici grâce à l’historique de localisation de nos gadgets électroniques, qui comme par hasard montre un rendez-vous commun avec le traceur intégré au bracelet électronique d’un autre disparu. (Le canon du fusil taquine la cheville de Jayson.) La fête est terminée, vous le savez aussi bien que moi. Vos petites réunions clandestines prennent fin ce soir. Ce fiasco vous a fait perdre trop d’adhérents pour que l’activité demeure viable. Le bouche-à-oreille va détruire votre réputation à la manière d’un vent corrosif que vous ne pouvez pas arrêter.
La veine continue de pulser sous la tempe. Les yeux chassieux mitraillent Victor, puis Jayson. Grincement de molaires du vétéran, pareil à un taureau sur le point de charger. Un soupir résigné, puis l’organisateur baisse le canon du calibre 12.
— Enfoirés de merde… grogne le vétéran.
L’organisateur, malin :
— Je ne peux pas vous laisser partir sans une garantie. Donnez-moi vos flingues.
— Ouais, j’veux récupérer mon Colt ! enchérit moustache de morse. C’est un modèle de collection !
— Que dalle. Vous seriez capable de descendre un malheureux et nous mettre son meurtre sur le dos. Ma parole et le bon sens, voilà vos garanties. (Victor tape l’épaule de Jayson.) Nonos ne racontera rien à personne, encore moins aux flics, car il ne veut pas retourner en prison. Il ne lui reste plus que la peau du cul à tatouer et les repas de l’institution pénitentiaire lui donnent des hémorroïdes. Pas vrai, champion ?
Sourire de connivence à Jayson, pas franchement amusé. Comme lorsqu’une connerie monumentale aboutit à une mort rapide. S’il fait la remarque que le chapeau ressemble à un siège de toilette posé à l’envers, Victor lui tordra le cou dans l’Au-delà.
Coup de menton en direction de Melvin, toujours prostré.
— Quant à lui, il est trop mouillé pour révéler quoi que ce soit de sa propre initiative.
Méfiance du vétéran :
— Et toi, gros con ? Qui nous dit que tu vas pas cafeter ?
Victor le regarde dans les yeux.
— Moi, je ne dirai rien parce que le bien-être de ces deux-là m’importe – pour des raisons qui échapperaient à la compréhension de vos esprits viciés. Et parce que je vous donne ma parole de soldat. Tout comme je vous donne ma parole que si j’entends encore parler de vos réunions abjectes, je reviendrai. Je reviendrai mieux préparé, mieux équipé, et vous regretterez que ce ne soit pas la police du comté qui vous tombe dessus.
Palpitations veineuses, grincements de mâchoires. Le sergent reste calme. Évalue la méthode la plus efficace pour s’emparer du calibre 12 si le vent tourne en leur défaveur. Il estime que les chances de réussite sont élevées, à moins que l’élément imprévisible ouvre encore son clapet. Cette fois, Victor prend les devants :
— Toi ! (Il fouille sa poche de pantalon, lance ses clés à Jayson.) Camaro bleue, bandes blanches. À vingt mètres du hangar, sur la gauche en sortant. Installe-toi côté passager.
Pas sûr que Jayson se souvienne de la muscle car, vu l’état comateux dans lequel Victor l’avait reconduit à sa caravane trois mois plus tôt.
Chapeau de cowboy finit par approuver l’entente. Le vétéran s’éloigne en grommelant des injures.
— On se reverra, Nash. J’ai des relations. Un jour, tu ne t’y attendras pas, c’est nous qui te tomberons dessus.
Sans tressaillir :
— Je suis toujours prêt. Toi et tes potes, vous ne le serez jamais assez.
Rictus de l’organisateur. Il se tourne vers ses hommes :
— Allez les gars, on remballe !

Victor tend le bras à Melvin. Bien qu’il ne tremble plus, son collègue demeure prostré dans la honte.
— On rentre, Fogler. Ta place est auprès de ta femme et de tes enfants, pas dans ce genre d’endroit.
— Qu’est-ce que t’en sais, Nash ? T’es pas foutu de garder une nana !
— Précisément.
Les deux sergents de logistique se redressent. Melvin vacille, frappé d’une douleur à l’abdomen. L’impact de la balle. Quelle chochotte, se dit Victor en plaçant un bras grassouillet sur ses épaules robustes.
— Et l’autre fils de pute de taulard qui a essayé de me buter ? Il lui arrive quoi ?
Leurs visages se tournent vers Jayson, encore assez près pour entendre la conversation.
— Il va falloir que tu te débarrasses de cette fâcheuse manie d’insulter les mères des gens que tu n’apprécies pas, ça donne la fâcheuse envie de t’éclater les dents à coups de rangers. (Ils se mettent en marche.) Tu as menacé un père de famille de « l’éradiquer lui et sa descendance » ; comment aurais-tu réagi à sa place ? Tu as voulu le descendre et tu as échoué, il a voulu te descendre et a échoué : vous êtes quittes, fin de l’histoire. Vous passez tous les deux à autre chose. Vous avancez.

_________________
☆ The purpose of life is not to have fun.
It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
to have it make some difference that you have lived and lived well.
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Jayson Salazar

Jayson Salazar
1296
Fréquence
Joe of Gilgun
Vesper, Loredana
Fils unique

41 ans (09/03)
Elle pourrait être heureuse avec lui, ils découvriraient de nouveau la vie ensemble. Elle le pousserait à s'accepter, à être meilleur, à croire que leurs différences ne sont pas si insurmontables. Elle lui redonnerait l'goût d'aimer, d'faire confiance et de s'accrocher à son humanité, d'rester à peu près dans l'droit chemin... Il la ferait rire, il serait un homme bien, attentionné, protecteur, loyal et il l'admirera à sa juste valeur à chaque seconde. Ça sera l'bonheur... 34% du temps. Mais est-ce réellement suffisant, face à 66% de p*tain de chaos avec un gars comme lui ? Missy

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Fm6i0kIo_o

Fait de son mieux. Ancien détenu, libéré en 2023 après 5 années passées à la prison fédérale d'Atwater pour trafic de drogue et d'armes. Liberté conditionnelle qui l'oblige au port d'un bracelet électronique jusqu'à juin 2024. Cassos à plein temps, voleur et spécialiste en plans foireux. Non qualifié, sait à peine écrire. Il est devenu Gardien & trappeur pour la fourrière animale.
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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyMar 7 Nov - 17:49#


 Stand de tir
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J’ai tiré sur c’type, j’l’ai fais.
J’l’aurai tué, sans Victor.

Est-ce que j’aurai tiré, est-ce que j’aurai cédé à la pulsion si je n’avais pas su qu’il serait là pour moi ? Mon filet d’sécurité… C’est encore pire alors… Ouais… Me sentir, même un peu, protégé pour une fois dans ma vie donne donc ce genre de résultat là ? Bien plus d’insouciance, de mise en danger… Est-ce que j’me sens vraiment en sécurité, là, au milieu de tous ces gars armés ? Non. C’est sans doute pas ça qu’on ressent quand on est protégé, quand on se sent en sécurité quelque part. J’crois que juste… Juste, j’m’en fou. J’men tape de crever ce soir ou demain, j’m’en fou de ne plus avoir de gilet pare-balles pour survivre parmi cette bande de tarés. J’m’en fou, parce que j’arrête pas d’me dire que c’est la seule issue. Y’a c’te voix dans ma tête qui m’dit que si j’veux que tout ça s’arrête, il n’y a plus que cette option. Affronter mes flashback et le passé ? J’pourrais juré que j’ai essayé, j’ai probablement pas les bons outils pour l’faire, j’fais comme je l’peux… J’ai essayé, mais j’ai toujours aussi mal, j’ai toujours ses sensations sales et douloureuses qui m’poursuivent.

Ce mec avait menacé ma fille. La seule force qui m’restait sur cette terre. J’n’ai pas pu hésiter un instant, j’n’ai pas pu résister à cette pulsion sauvage de protéger à n’importe quel prix le fruit d’mon sang. A n’importe quel prix, ouais…

— J’veux pas que mes gosses voient ça.
C’con aussi a des enfants.

Ça m’sert la poitrine, mais j’suis habitué à ce genre d’émotion. J’dis rien. Mes yeux verts regardant fixement l’homme flasque recroquevillé comme un gros bébé, bordel, ça me dégoûte. Pourtant, j’valais probablement pas mieux que lui, l’autre nuit sur la plage. Moi au moins, j’essayais d’me battre ? Je chialais pas sur mon sort parce qu’on m’a tiré dessus… On m’a tiré dessus trois fois ce soir, ça m’a même pas rendu plus vivant.

Désarmé par Victor alors que j’recentrais mon attention sur l’cow-boy au rabais qui m’tapais sur l’système. J’regarde l’autre type demander à nous butter, sérieusement ? J’allais lui demander s’il aimait ça : recevoir des ordres et des autorisations comme un bon cabot, mais Victor prend les devants. J’crois qu’il a compris que dans l’feu de l’adrénaline, faut pas m’laisser trop causer ou prendre la moindre décision. J’fronce les sourcils quand il touche ma cheville avec l’canon du fusil, j’m’écarte d’un pas pour échapper à c’contact. J’échappe pas à cette tape sur mon épaule crispée.

Pas vrai, champion ?
- J’t’emmerde.

Celui là, il n’a pas pu m'empêcher de le sortir.

J’attrape les clés, et j’me fais docile c’te fois encore. J’ai besoin d’prendre l’air, j’me fiche de combien d’flingues nous menacent, j’prend l’chemin d’la sortie, pas mal sur les pas du Village People qui sert d'organisateur à tout c’merdier. J’me stoppe quand les deux hommes semblent statuer sur mon sort, j’me retourne pas, j’entend seulement malgré les bruits d’pas pressés autour de nous. On est quittes. Mon cul.

Une fois dehors, j’repère la voiture.
Ma docilité s’arrête là.

J’repère le comptable de cette mascarade. Il fume une clope d’un air nerveux, j’m’approche de lui sans trop hésiter : j’veux mon argent. Il m’envoie chier, mais avant d’en venir aux mains, j’lui rappelle gentiment à quel point ils ont besoin de mecs désespérés comme moi.

- Parce que t’as sans doute une liste phénoménale de volontaires pour les prochaines sessions, hein ? Surtout après c’qui vient de s’passer… Ça amènera du monde, de savoir que l’on peut m’tirer dessus. Enfin, quand vous aurez remis ça en ordre. Mais si tu m’payes pas ce soir, faudra trouver un autre cul de taulard à plomber ici et on a vu tous les deux qu’en y a pas beaucoup qui tiennent la route…

J’sais que j’suis bon, pour ce job. Il le sait aussi.

- Comment être sûr que t’es assez bête pour revenir après tout ça ?

- T’peux pas, mais tu peux être sur d’jamais me revoir si tu me paye pas. Et j’ai pas envie d’te casser la gueule, Gary… T’es plutôt cool.

L’étape suivante, j’vous jure…J’le tabasse - enfin j’le bouscule, c’est qu’un comptable… - et j’pique la caisse. Et devinez c’qu’il s’est passé…

J’claque la porte de la Camaro, la clé sur l’contact, mon cul de taulard sur le siège passager. Quelques secondes à peine avant que la porte s’ouvre et que Victor prenne place. Pourquoi j’suis pas reparti par mes propres moyens ? J’en ai pas la moindre idée, c’était comme si une force supérieure m’conduisait malgré tout à une certaine forme d'obéissance quand il s’agit de Victor. J’lui devais beaucoup, bien plus encore ce soir…

Une boite métallique mal fermée posée sur mes genoux, maintenue fermement entre mes mains tatouées. S’il la veut, il faudra me les briser pour la prendre. C’est tout c’qui me console cette boite, l’sentiment de pas avoir fait tout ça pour rien. J’suis loin d’être calmé, toujours crispé et sur l’qui-vive, prêt à faire encore autre chose de stupide à tout moment.

- Elle va s’marier… Ma fille. Tu sais combien ça coute une putain d’robe de mariée ? Moi j’savais pas avant… Ça n’aurait pas dû s’finir comme ça ici, mais j’peux pas leur rendre ce fric. J’veux pas leur laisser… Pas après tout l’plaisir qu’ils ont eu à m’faire tout ça.

Y’avait d’la rancune dans ma voix… C’te même hargne qui finalement, m’garde aussi encore en vie. Cette envie d’revanche sur la vie, sur sa manière de me saigner. J’continuerais de déjouer ses plans pour m’détruire, jusqu’à l’épuisement.




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Victor Nash

Victor Nash
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spf (il)
Chris Evans
harleystuff
//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyMar 14 Nov - 20:51#

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle
The past is a lighthouse, not a port.
@Jayson Salazar


Octobre 2023, environs de Monterey.
tw : armes à feu, souvenirs de guerre, violence et vulgarité modérées.
Victor a hâte de quitter cet entrepôt de malheur. Melvin le ralentit – un poids mort de cent dix kilos. Il avancerait plus vite en le portant à l’épaule, façon maxi filet de pommes de terre qui alimente la cuisine des casernements. Cinq individus patibulaires s’activent à ranger les armes dans de grands sacs en toile de jute et à débarrasser les tables. Victor croise leurs regards hargneux, un sentiment d’indignation révolte son âme. Le poids de la honte devrait leur faire baisser les yeux, avant que la volonté de se repentir leur fasse relever la tête et avancer dans la vie sur un chemin plus vertueux. « T’es pas foutu de garder une nana ! » l’a piqué Fogler. Parce que Victor n’est pas foutu de passer une soirée paisible pendant que des timbrés de la gâchette se livrent à des jeux pervers. Quelquefois, il aimerait en être capable. Être capable de mener une existence douce et paisible. Loin des armes et des soudards qui les brandissent.
Après s’être assuré que personne d’autre ne regardait dans sa direction, un gars trapu aux cheveux noirs salue Victor. Pouce dressé, un large sourire égayant son visage revêche. Il le félicite. Encore une réaction que le sergent n’a guère anticipée. Il répond d’un signe de tête amical et discret. Songe qu’il va devoir se livrer à une sérieuse introspection en rentrant chez lui. Son discernement faiblit, en particulier lorsqu’il s’agit de repérer les particules de lumière parmi les sombres mouvements qui agitent les ténèbres. Il se lève de mauvais poil chaque matin. Aucun rapport avec le mythe de la mélancolie saisonnière.

À l’entrée du hangar, il sonde le périmètre et distingue Jayson aux prises avec un fumeur. Ce combat n’est pas le sien. Victor les surveille du coin de l’œil en soutenant Melvin jusqu’à son Land Rover garé plus loin.
— Je t’ai mal jugé, Fogler.
— Comment ça ?
— Je te voyais comme un connard et un pleutre.
— Hein ? Ah, ouais, pardon aussi pour tout à l’heure, collègue. Je voulais pas…
Victor le coupe :
— Je ne demande pas ton pardon, et tu n’obtiendras pas non plus le mien. Tu es un connard et un pleutre. Mais tu es aussi un blessé de guerre. Tu t’es pissé dessus durant l’attaque de ton camion sur la route de Bagram, pas vrai ?
— N’importe quoi ! Cette histoire, c’est d’la merde ! Des putains d’ragots de merde !
Il ment. Victor l’assoit sur le capot du Land Rover. Le débarrasse du gilet pare-balles. Un solide hématome apparait sous les vêtements couvrant l’abdomen grassouillet de Melvin.
— Voilà ce que tu vas faire en rentrant chez toi : tu vas dire aux membres de ta famille que tu les aimes, puis tu vas leur promettre de ne plus t’absenter pour jouer au con. Je te couvrirai pour ce soir. Il s’agissait d’un jeu de guerre débile entre soldats, okay ? Ça ne surprendra personne. Déçois ta famille encore une fois et je changerai ma version. Je leur expliquerai en détail ce que tu as fait. Je leur décrirai comment tu t’es ramassé comme un petit animal mort de trouille après avoir pris une misérable balle – alors que l’homme libre que tu prévoyais d’abattre sournoisement avait encaissé trois tirs sans couche de graisse pour amortir le choc. Compris ?
— Putain ! T’es vraiment un connard, Nash.
— Je suis bien pire que ça. Ne me force pas à te le montrer. Compris, sergent Fogler ?
— Ouais. Compris, sergent Nash.
— Bien. On reprendra cette discussion demain matin au Presidio. Je n’en ai pas fini avec toi. (Victor tapote le toit du Land Rover.) Roule prudemment, ton organisme n’a pas encore évacué le stress de l’impact. Ce serait bête d’avoir un accident sur le chemin de ta rédemption.

Retour à la Camaro. Ouverture du coffre, double fond : gilet pare-balles, fusil bricolé de Melvin, Colt de collection atterrissent près du fusil d’assaut M4A1 Carbine que Victor conserve au cas où. Le militaire s’installe derrière le volant. Observe le grand remballage à l’intérieur du hangar. Se demande combien de corps inanimés ayant servi de cible cette bande de salopards a débarrassés sans plus de considération. Jayson sait peut-être quelque chose. Vaut mieux pas l’interroger : Victor se sent d’humeur à prendre son M4A1 Carbine et appuyer ses avertissements d’impacts de balles réelles.
L’ancien détenu remue sur le siège passager, une caissette sur les genoux :
— Elle va s’marier… Ma fille. Tu sais combien ça coute une putain d’robe de mariée ? Moi j’savais pas avant… Ça n’aurait pas dû s’finir comme ça ici, mais j’peux pas leur rendre ce fric. J’veux pas leur laisser… Pas après tout l’plaisir qu’ils ont eu à m’faire tout ça.
Victor se fige sur le volant. Retour à la réalité. Retour à une réalité passée. Un sourire attendri détend son visage belliqueux.
Il se rappelle très bien la syncope qui avait failli le terrasser lorsque sa future épouse avait glissé les factures du mariage sous son nez. Victor était amoureux comme les jeunes de 19 ans savent l’être, passionnément et à la folie. À défaut de décrocher la lune pour sa dulcinée, il avait contracté un crédit. On lui avait facilement octroyé en dépit de ses maigres revenus de soldat de première classe et du risque de sauter sur un engin explosif en Irak. Après les attentats du 11 septembre, la solidarité nationale battait son plein. Au motif d’éliminer les ennemis de l’Amérique et débusquer des armes de destruction massive dans un désert où il n’y avait que du sable. En 2023, des pères avec des bracelets électroniques à la cheville se font tirer dessus et chouravent les mises d’autres pères qui tiennent l’arme.
Le sourire de Victor s’évanouit aussi spontanément qu’il était apparu. Le monde ne tournait pas rond hier, ne tourne pas mieux aujourd’hui et ne tournera vraisemblablement pas mieux demain. Aucun fichu rapport avec le mythe de la mélancolie saisonnière.
— Mes félicitations. Je veux dire : pour ta fille. J’espère que son mari se débrouillera mieux que nous et qu’il la chérira jusqu’à ses vieux jours. Pour le reste, il y a une chose que je souhaite rectifier. (Silence. Victor fixe le grand front du tatoué.) Ce n’est pas un grand vide que tu as entre les deux oreilles, mais plutôt de la pâtée pour cochon.
Sourire en coin du sergent. La vie continue malgré toutes les conneries qu’on peut faire. Elle continue tant qu’on garde le cap. Le bon cap.
Le moteur de la Camaro s’allume à la suite du Land Rover de Melvin. Le SUV prend de la distance sur la route de Monterey. Conduite stable, prudente. Victor a des raisons de se détendre. Il a d’autres raisons de rester vigilant.
— On va s’arrêter pour manger un morceau. À cause de toutes vos conneries, je n’ai pas encore diné. J’imagine que toi non plus.
Coup d’œil à l’abdomen de « Nonos ». Un vrai repas avant de se faire tirer dans le lard, c’est la garantie de tout régurgiter. Un vrai repas après cinq ans de nourriture abominable, ça aide à afficher une meilleure mine au mariage de sa fille.
— C’est moi qui régale, on ne piochera pas dans ta prime. (Il désigne la caissette métallique.) Tu m’as aidé à accomplir une mission. Même si ton soutien fut partiellement involontaire, cela mérite une récompense.
Contrôle des rétroviseurs. Montée en puissance du moteur. Grondement.
La voix du militaire refroidit et se durcit :
— Ainsi, tu auras le temps de m’expliquer pour quelle raison tu servais de cible dans un stand de tir clandestin. Je déconseille d’invoquer le prétexte de la robe de mariée : mon quota de foutage de gueule est dépassé et les faux-semblants m’irritent dangereusement. Je veux la vérité – ta vérité.

Un restaurant illuminé sur la route. Victor l’estime correct. Pas de produits biologiques, aucune étoile à un quelconque guide gastronomique. Mieux toutefois qu’un service de fast-food qui insulte la grandeur de l’Amérique et gangrène la santé de ses enfants. Pas grand-monde à l’intérieur, personne aux alentours. Parfait.
Victor récupère le Colt de collection à l’intérieur du coffre. L’enveloppe dans un linge blanc.

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It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
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Jayson Salazar

Jayson Salazar
1296
Fréquence
Joe of Gilgun
Vesper, Loredana
Fils unique

41 ans (09/03)
Elle pourrait être heureuse avec lui, ils découvriraient de nouveau la vie ensemble. Elle le pousserait à s'accepter, à être meilleur, à croire que leurs différences ne sont pas si insurmontables. Elle lui redonnerait l'goût d'aimer, d'faire confiance et de s'accrocher à son humanité, d'rester à peu près dans l'droit chemin... Il la ferait rire, il serait un homme bien, attentionné, protecteur, loyal et il l'admirera à sa juste valeur à chaque seconde. Ça sera l'bonheur... 34% du temps. Mais est-ce réellement suffisant, face à 66% de p*tain de chaos avec un gars comme lui ? Missy

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Fm6i0kIo_o

Fait de son mieux. Ancien détenu, libéré en 2023 après 5 années passées à la prison fédérale d'Atwater pour trafic de drogue et d'armes. Liberté conditionnelle qui l'oblige au port d'un bracelet électronique jusqu'à juin 2024. Cassos à plein temps, voleur et spécialiste en plans foireux. Non qualifié, sait à peine écrire. Il est devenu Gardien & trappeur pour la fourrière animale.
Dans un appart de l'immeuble communautaire

Does kindness always win ?

If all my scars marked where I was passed through, I would look like a f*coming map

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) 714da2122e36b22fb9933bb025974f5aaffaf00d


Pretending I'm ok. Pretending people can be happy with me.
F**king TDAH

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Comme mon perso, j'fais au mieux.

flightless bird
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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyVen 1 Déc - 12:43#


 Un Resto-diner
FT.   @Victor Nash
 
tw : armes à feu, blessures, idées noires, flashback sensoriels, langage grossier 

Ça prend un peu de temps, mais j’fini par me détendre un peu. J’craignais qu’il me fasse une leçon d’morale, qu’il me force la main pour me débarrasser de cet argent, mais il ne fait rien en ce sens. J’me sentais pas de taille à l’affronter, j’suis épuisé.

- Les cochons mangent d’la merde, hm ?

Que j’lui fait remarquer presque en grognant, avec un sourire en coin. Le vide était sans doute préférable à la merde, m’enfin, j’peux pas dire qu’il ait tort après tout. Des idées d’merde, j’en ai beaucoup. Beaucoup trop. Malgré tout, j’suis encore là. J’survie à mes idées merdiques.

J’dis rien de plus, j’repense à Jeremy, à ma fille. J’veux croire qu’ils seront heureux ensemble, très heureux, qu’il prendra bien soin d’elle. J’suis obligé de lui faire confiance, mais tant que je serais en vie, je serais jamais loin pour veiller à ce que lui ne dérive pas de c’fameux bon chemin sur lequel j’peine tant à marcher. J’peux au moins le faire fuir de la mauvaise route, l’y chasser. J’dirais pas que ça suffit à donner un sens à ma vie, mais ça aide un peu parfois. Alors l’trajet se faire en silence, j’suis épuisé, j’vous rappelle !

- Hum.

Non, je n’avais pas mangé, heureusement. Je ne touche pas mon torse, l’appui de la ceinture est douloureux, mais je ne bronche pas. La conduite souple de Victor n’exerce que peu de pression sur cette dernière. Mes yeux verts observent la boite entre mes mains tatouées, pas vraiment inspiré de dépenser cet argent pour moi, même si c’est pour me nourrir. Le militaire, c’est comme s’il lisait dans mon esprit, parce qu’il m’garantie de payer pour moi. J’sais pas pourquoi il fait ça, mais j’suis pas en position de refuser. Son argument, j’y crois moyen, mais j’vais m’en contenter, j’ai pas besoin d’en savoir plus…

- Si tu l’dis… Merci.

Le grondement, les vibration du moteur, tout ça forme un cocon qui endormirait n’importe quelle personne à ma place. J’me redresse un peu, lutte contre le picotement de ma nuque et de mes paupières. Je ne sais pas si j’ai besoin de manger, mais d’un café oui. Dire que le sommeil, je le chercher sans cesse en vain, mais la chute brutale de l'adrénaline est assez dévastatrice, mais j’suis têtu. J’suis pas à mon premier round contre Morphée.

J’relève les yeux en direction du conducteur après sa menace à peine voilée.

- J’suis pas certain d’avoir envie d’faire face à cette vérité.

Mais j’vois bien que j’ai pas trop l’choix, qu’c’est non négociable ce soir.

La voiture se stationne devant un restaurant dinner, j’ai un p’tit sourire mélancolique. Ça me rappelle l’endroit où bossait ma mère quand j’étais jeune, j’me souviens que j’avais que seize ans quand j’ai tabassé ce mec qui avait traité ma mère comme un chienne pendant son service. Un mec bien plus vieux et plus baraqué qu’moi. Le problème, c’est que ce mec il connaissait bien le patron du diner, il s’est vengé sur ma mère et l’a faite virée. Elle m’a maudit, ce jour là, j’ai vu à quel point cette femme me detestait. Alors j’ai voulu me racheter, j’ai récupérer sa place dans ce resto de merde en échange de quoi… J’vendais d’la drogue. J’me suis mis dans la merde pour un dinner minable. Non, l’plus triste, c’est d’avoir tracé ma route dans l’illégalité pour une mère incapable d’aimer son fils et qu’aujourd’hui encore… J’suis incapable de lui en vouloir, parce que j’suis pas fichu de m’aimer moi même. Pas même un p’tit peu.

J'hésite longtemps, puis je finis par glisser la caisse sous l’siège, puis sors du véhicule. J’la laisse faire ce qu’il a à faire, il a l’air de s’y connaitre. J’me revigore un peu au contact de l’air frais, j’marche en direction du restaurant en regardant autour de nous, flânant, j’me dis que j’aurais apprécié ça, une cigarette. J’suis dans ma bulle, jusqu’à ce qu’il me rejoigne, qu’il pousse la porte du diner. Quelques regards pivotent en notre direction, s’attardent sur la musculature du militaire puis sur mon état peu rassurant. J’esquisse un sourire, ceux qui bluffant, qui laissent croire que tout va bien, j’le maitrise à la perfection celui-là.

On prend une table au calme, puis un serveur en uniforme nous apporte le menu après vous avoir souhaité la bienvenue avec un sourire de vitrine.

- De l’eau…

Que j’réponds à sa question sur les boissons.
J’ai farouchement besoin de m’hydrater.

Une fois l’gamin plus loin, mes yeux verts pacourent rapidement la carte, j’regarde que les images et j’réfléchis à c’que j’suis sensé dire, ce qu’est c’te fameuse vérité. C’est pas comme si j’avais vraiment les capacités d’organiser mes pensées, alors j’laisse tomber quand la carafe d’eau arrive. J’tends la main pour servir deux verres en faisant pleuvoir sur la table quelques gouttes d’eau et après avoir englouti le contenu d’mon boc…

- Quand j’étais gamin, j’voulais faire ça aussi… Militaire.

J’lache un p’tit rire nerveux, tellement jtrouve ce gamin riddicule d’avoir pu penser que je serais capable de discipline, que je serais capable d’être un bon soldat.

- J’crois que j’voyais un peu ça comme une grande famille. C’est un peu tout c’que les jeunes laissés aux services sociaux espèrent trouver un jour. Mais une famille j’en avais une, j’m’accrochais à ça. A sept ans, on se souvient d’tout. A peu près… Ma mère pouvait pas supporter mon hyperactivité, j’étais ingérable, un enfer pour elle. J’crois qu’elle m’a laissé pour mon bien, et celui de ses autres enfants, pour l’bien de tous. J’foire tout, j’ai foiré d’grandir comme les autres. Et quand j’suis rentré chez elle, à seize ans… J’étais toujours sans famille.

Chez elle, pas chez moi, pas chez nous.

- J’me suis tourné vers les mauvaises personnes. Une famille qui m’a poignardé deux ans après, qui m’a laissé en pâture aux flics lors d’cette putain d’arrestation, une famille qui m’a laissé moisir pour huit ans en taule si je n’avais pu sortir avant. En parallèle, j’ai eu ma propre famille, finalement… La seule qui compte vraiment, qu’ils soient de sang ou non.

Azara, Xiomara, Dante, Albano, Grace, Izan, Killian, Terry, Sandra… Des noms qui donnent foi, qui aspirent à m’faire ressentir que la vie mérite d’être poursuivie. Rien que de penser à eux, une étincelle éclaire mon regard clair.

- Je n’suis pas seul.

Mais… J’me sens seul. J’suis toujours c’gamin qu’on abandonne, qui compte pas, dans ma tête, j’le serais toujours, celui qui gâche tout, qui n’vaut rien. J’ai foiré d’grandir comme les autres.

- Mais j’suis seul face à tout c’que j’dois faire pour.

Pour qu’ils me restent. Parce que si j’fais pas tout ça, ils vont m’laisser. J’le sais au fond de moi. Ouais, si j’avais pas pris sur moi tout ça, si j’avais mêlé Xio ou Azara au piège qui se refermait sur moi depuis mes seize ans, j’les aurais perdues pour toujours. J’ai failli perdre ma fille au bout de quatre ans de prison, me laissant dans une année d’enfer sans nouvelle de sa part, ça ne fait qu’appuyer mes craintes, ma solitude face à ce qui doit être fait…

J’laisse pas trop l’temps à Victor d’intervenir.
Après tout, j’crois que cette fois, c’est mon tour de parler.

- J’aurai pu m’enfuir, le jour où les flics ont débarqué dans l'entrepôt. Mais, c’était moi, ou l’jeune que j’avais promis d’protéger. J’avais une famille moi, mais c’est lui qui a décampé. Ils étaient fiers, ces flics à m’tabasser... Trois semaines d'hôpital, sans morphine parce que j’étais un junkie. Dans l’rapport de police, il est noté que j’étais armé mais c’était faux… Et à côté d’moi, l’seul témoin  ils l’ont plombé. Les rôles auraient pu être inversés, mais c’est moi qu’ils ont choisi de tabasser. Et parfois, j’suis incapable d’savoir si j’ai eu de la chance de me faire dégommer ou si c’est l’autre, le chanceux d’cette l’histoire…

J’passe inconsciemment ma main sur mon torse, au point le plus douloureux. Avec cette balle là, mon souffle s'était coupé et mon diaphragme bloqué quelques interminables secondes.

- D’la pâtée pour cochon…

C’est tout c’que j’ai dans la tête. Et malgré tout, j'trouve la force d'lui envoyer encore ce sourire solaire, parce que y'a rien d'grave, rien d'nouveau sous l'soleil, c'est juste moi, Jayson.




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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyDim 3 Déc - 16:08#

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle
The past is a lighthouse, not a port.
@Jayson Salazar


Octobre 2023, environs de Monterey.
tw : souvenirs de guerre, violence modérée.
— J’suis pas certain d’avoir envie d’faire face à cette vérité.
Et moi, je suis certain que tu n’as pas envie de faire face aux conséquences d’une dérobade, songe Victor. La jauge d’essence de la Camaro atteste qu’elle peut rouler très loin. Par exemple, jusqu’à un chemin escarpé dans les montagnes inhabitées qui se dressent à cinquante bornes de Monterey. Distance 20% plus élevée qu’un marathon. Bien plus longue à parcourir de nuit sur un terrain irrégulier – surtout quand on ignore la direction à suivre. La première fois que l’armée lui a imposé cet exercice, Victor a erré pendant 16 heures avant de retrouver le chemin du camp de base. Son sens de l’orientation s’était miraculeusement amélioré, avec des effets secondaires bénéfiques sur sa conduite de vie. Jayson Salazar, plus débrouillard et endurant que Victor à ses débuts, devrait rejoindre sa caravane en une huitaine d’heures. Pile à temps pour le lever du soleil. Le mirifique spectacle de l’aurore couplé à une hécatombe de douleurs articulaires.
Mon quota de foutage de gueule est dépassé et les faux-semblants m’irritent dangereusement, a prévenu le sergent.

Il franchit la porte transparente du dinner, l’acolyte tatoué sur les talons. Le premier inspecte les lieux, scanne la clientèle. Le second sourit niaisement. Étrange duo. Rapidement, les regards s’en désintéressent. Les familles californiennes sont accoutumées à l’étrange et il y a plus étrange qu’un militaire-type accompagné d’un taulard-type – spécialement à l’approche d’Halloween. Victor choisit une table au fond, sans convives proches. Il s’installe dos au mur, une position qui lui offre une vue imprenable sur les phares crevant l’obscurité de la route.
Un jeune serveur les aborde. Professionnel. Visage large, sourcils épais, pas très bonne mine. Des tracas plein la tête, un peu comme Jayson. Celui-ci réclame de l’eau. Victor ouvre sa veste, extrait un linge blanc enveloppant un objet en métal, qu’il tend à l’employé.
— Cent dollars pour vous, et cent dollars pour le gars des cuisines qui nettoiera soigneusement cette pièce de collection.
Haussement des sourcils qui évoque le bond de deux chenilles sombres. Le serveur déplie le linge. Mouvement réflexe de recul en découvrant le revolver.
— Il n’y a aucun danger, le rassure Victor. Le barillet est vide, la chambre est vide. On a tous vu des Colt semblables dans les films de Clint Eastwood. Utilisez du solvant nettoyant, ainsi qu’une paire de gants pour le manipuler. Ne huilez pas.
Un dépôt d’huile laisse une infime possibilité d’imprimer une empreinte de doigt, même à travers un linge. Or, le sergent veut qu’elles disparaissent. En particulier les empreintes de Jayson et les siennes. Vous seriez capable de descendre un malheureux et nous mettre son meurtre sur le dos.
Le jeune serveur recouvre l’arme précipitamment. Jette un regard concerné autour de lui. Il hésite, tiraillé entre la peur d’avoir des problèmes et une prime qui adoucirait sa fin de mois.
— Les cent dollars ne seront pas décomptés du pourboire, enchérit Victor. Et je suis d’humeur généreuse ce soir, mon ami artiste ici présent peut confirmer.
Signe de connivence à Jayson. S’il consomme uniquement de l’eau, la générosité du militaire sera à peu de frais.
— Très bien, monsieur. Je vais voir ça en cuisine.
Victor acquiesce.
Dehors, des phares manœuvrent sur le parking du restaurant.
— Je vous apporte quelque chose ?
Aucune réponse de Victor.
Les phares s’éteignent.
— De l’eau…
Victor confirme d’un hochement de tête. Très bon choix en prévision d’un marathon +20%. Ou d’un long discours.
Le serveur s’éloigne.

Les deux excités du stand de tir entrent au moment où Jayson débute les confidences. Le propriétaire du Colt et le vétéran. Ceux qui ont plaidé pour leur exécution. Victor soutient leurs regards hostiles, puis reporte toute son attention sur le voleur de caisse. À moins d’avoir des yeux – non tatoués – derrière le crâne, l’ex-taulard ne détectera pas la présence ennemie. C’était l’objectif de Victor. Jayson a subi son quota d’agression et d’hostilité pour la soirée. À mesure qu’il dévoile son parcours chaotique sur le chemin tortueux de la vie, le sergent songe que ce pauvre bougre a subi son quota d’agression et d’hostilité pour toute une vie.

Des histoires comme celle de Jayson Salazar, Victor en a entendu des dizaines. Sa première compagnie, ceux qu’on surnommait « les ploucs », était constituée de paumés au passé trouble, dramatique, quelquefois tragique. Des récits de services sociaux, de gangs, d’espoirs et désillusions. Le rêve américain prend un scénario de cauchemar pour beaucoup de ses rejetons. Les marchands de sable, ceux que Jayson nomme « les mauvaises personnes », profitent de leur détresse. Pas étonnant qu’il ait reçu un coup de poignard dans le dos.
Le coup de poignard, Victor le ressent au niveau du cœur. Vif. Furieux. Les outrages qu’a subis Jayson Salazar offensent les valeurs qu’il attribue à sa patrie. Les failles de la justice l’émeuvent, l’indignent, l’exaspèrent, lui donnent envie de commettre des actes punissables de longs séjours en cellule de haute sécurité. Il serre les poings qui écrasent ses cuisses prêtes à bondir. Détourne un instant le regard et fusille les deux excités du stand de tir, attablés près de la sortie.
— D’la pâtée pour cochon…
Victor reporte ses iris orageux sur Jayson.
— C’est déjà mieux que la fange qui imbibe la cervelle d’une partie de nos concitoyens. Mieux que le terreau putrescent d’un cimetière.
Le militaire penche la tête sur le côté, fait craquer sa nuque.
— En définitive, tu as fait le bon choix en restant loin de l’armée. Tu aurais trouvé une famille, mais elle aussi t’aurait bousillé. Je crois que tu serais mort avant de voir grandir ta fille.
Victor revoit le sac mortuaire de Thomas, rapatrié en urgence d’Afghanistan. Revoit les yeux shootés au fentanyl de Rio avant qu’il s’évapore dans une explosion libératrice. Revoit des colonnes de noms gravés sur des plaques commémoratives. Pour beaucoup d’anciens paumés, les « ploucs » et leurs congénères, le cauchemar s’arrête prématurément ou ne s’arrête jamais. Ceux qui ont brillamment accompli le rêve américain n’ont pas de la pâtée pour cochon à l’intérieur du crâne.
Le jeune serveur émerge de l’arrière-salle. Plaqué contre sa hanche, un objet enveloppé dans un tissu blanc.
Victor accuse réception. Contrôle l’objet. Métal chromé, brillant. Impeccable.
— Personne n’y a touché avec les doigts ?
— Personne, monsieur. Le père de Phil est un fana des armes et lui a tout appris. Il vous a nettoyé ça comme un pro.
— Parfait. Comment sont vos lasagnes potirons et champignons ?
Le visage du serveur s’illumine.
— Je les adore. Elles fondent dans la bouche et sont délicieuses. Les potirons viennent d’une exploitation du coin, j’ai un oncle qui y travaille. Croyez-moi, ils sont beaux et goûteux.
— Excellent ! Je vais en prendre deux parts.
Victor a surtout besoin de calories, de protéines, ainsi que divers nutriments pour alimenter son physique guerrier. S’il peut les obtenir en soutenant l’économie locale et en régalant son palais, c’est encore mieux.
— Rien d’autre ?
— Pas pour moi.
Le militaire fixe Jayson avec un demi-sourire.
— Si tu veux être au point pour le mariage de ta fille, je préconise d’exercer ton estomac à un empiffrage en règle. Un père qui dédaigne le banquet ou cale au dessert, ça gâche un peu l’ambiance.
Commandes prises, le jeune serveur repart en cuisine.
Victor se lève illico.
— Je vais chercher le paiement en liquide. Ça prendra deux minutes.
Il passe à côté de Jayson. S’arrête et pose une main sur son épaule maigre.
— Merci de t’être confié à moi. Je comprends que ce n’est pas facile. Je comprends aussi que ce geste amical t’indispose après des sévices iniques. Mais le plus dur est passé. Tous ces événements seront derrière toi lorsque ta cheville sera libérée de cet affreux collier électronique. Leurs échos résonneront à jamais dans ton esprit, cependant tu seras plus ouvert aux autres voix. Tu vas réapprendre à vivre, mon vieux, et ça t’ôtera l’idée d’aller au-devant de la mort.
Dans un stand de tir clandestin ou ailleurs.

Face à la tablée des deux excités de la gâchette, Colt de collection discrètement dévoilé :
— Soit vous me suivez, soit je balance ce beau joujou dans la benne à ordures.
Victor sort par la grande porte.

La franchit dans l’autre sens cent neuf secondes plus tard, libéré du Colt.
Détour par les toilettes. Lavage des mains légèrement tremblantes, rougies par le pugilat bref et brutal. Vidange. Lavage des mains belliqueuses. Qui ne tremblent plus.
Les deux excités ont refusé de rentrer sagement chez eux. Rejeté l’offre de paix. Victor s’y attendait et leur a fait la guerre. Commotions, maxillaires endommagés, quelques hématomes – rien de sérieux. Deux jours d’alitement, une semaine de convalescence prudente et ils seront comme neufs.
Dans le miroir surplombant le lavabo, Victor aperçoit un visage aux traits durs, dépourvu de remords.

Retour sur le siège face à Jayson. Pensées troubles : à cause du marathon +20%. Larguer un gars abandonné par sa mère et trahi par les siens au bord d’un sentier où des judas se débarrassent de leurs animaux domestiques ? Mauvaise idée. Déplorable. S’en est fallu de peu.
Les plats chauds arrivent. Victor force un sourire, tape dans la main du jeune serveur deux billets de cent dollars issus d’un accord de reddition.
— Merci pour le service. Joyeuse fête d’Halloween à vous et à Phil.
Le sergent attaque sa première assiette de lasagnes. La douceur de la bouchée pacifie son humeur et l’aide à se montrer plus civil :
— Alors, c’est pour quand ce mariage ? Tu as pensé que toi aussi, il va falloir te faire coquet et louer un joli costume ? À moins d’une passion inconsidérée pour les zèbres, je doute que ta fille ou ton gendre raffole de l’uniforme rayé.

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Jayson Salazar

Jayson Salazar
1296
Fréquence
Joe of Gilgun
Vesper, Loredana
Fils unique

41 ans (09/03)
Elle pourrait être heureuse avec lui, ils découvriraient de nouveau la vie ensemble. Elle le pousserait à s'accepter, à être meilleur, à croire que leurs différences ne sont pas si insurmontables. Elle lui redonnerait l'goût d'aimer, d'faire confiance et de s'accrocher à son humanité, d'rester à peu près dans l'droit chemin... Il la ferait rire, il serait un homme bien, attentionné, protecteur, loyal et il l'admirera à sa juste valeur à chaque seconde. Ça sera l'bonheur... 34% du temps. Mais est-ce réellement suffisant, face à 66% de p*tain de chaos avec un gars comme lui ? Missy

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) Fm6i0kIo_o

Fait de son mieux. Ancien détenu, libéré en 2023 après 5 années passées à la prison fédérale d'Atwater pour trafic de drogue et d'armes. Liberté conditionnelle qui l'oblige au port d'un bracelet électronique jusqu'à juin 2024. Cassos à plein temps, voleur et spécialiste en plans foireux. Non qualifié, sait à peine écrire. Il est devenu Gardien & trappeur pour la fourrière animale.
Dans un appart de l'immeuble communautaire

Does kindness always win ?

If all my scars marked where I was passed through, I would look like a f*coming map

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Pretending I'm ok. Pretending people can be happy with me.
F**king TDAH

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Comme mon perso, j'fais au mieux.

flightless bird
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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyMer 13 Déc - 15:16#


 Un Resto-diner
FT.   @Victor Nash
 
tw : armes à feu, blessures, idées noires, flashback sensoriels, langage grossier 

Je ne sais pas d’où il tire tout ce fric Victor, mais j’bronche pas. S’il fait confiance au p’tit serveur pour effacer nos empreintes… Bien obligé d’en faire de même. Le jeune est désormais en possession de l’arme et moi… Moi, j’ai gardé pour moi mes p’tites questions sans intérêt. J’demande de l’eau. Juste de l’eau. Une fois seuls, ou presque, j’fini par l’ouvrir… Je parle, je parle… Je ne sais pas pourquoi j’dis tout ça. J’sais pas si ça m’fait du bien, si j’me sens débile, vulnérable… J’en sais rien… J’l’aime pas cette situation. Je n’aimais pas plus avoir le dos tourné vis à vis de la porte, mais j’bouge pas. J’suis pas si naïf, mais j’imaginais pas vraiment à quel point j’en avais énervé quelques-uns ce soir. Oh, pas que je j’imagine m’être fait des potes, mais ce genre de haine à mon égard, je m’y étais presque déshabitué… Vous savez en prison, on est un peu tous sur un pied d’égalité, en prison, on oublie à quel point dehors on nous méprise. On est des p’tites merdes égales, personne ne vaut mieux qu’un autre… ON porte les même vetements, on mange la même merde, on se voit à poil et on regarde le temps passer. Ça revient en pleine gueule une fois sorti, mais on arrive encore à l’oublier de temps en temps. On oublie à quel point au yeux d’la société, on est l’fond du panier.

Alors, j’continue d’parler. Jusqu’à parler de mon interpellation dont je ne parle jamais. Puis la p’tite histoire se termine enfin. C’est minable putain, ma vie.

- Sans doute.

On ne saura jamais si j’aurai pu être un bon soldat, mais il y a fort à parier que non. C’était trop tard pour le savoir, de toutes manières. Je n’avais aucune envie de ré-écrire l’histoire, même si j’en avais bavé, c’était comme ça. Parce que si je devais ré-écrire quelque chose, cela commencerait certainement à ma naissance, un événement bon à annuler pour le bien de tous. On en revient à des idées noires, alors j’me tais. J’vis avec mon histoire, c’est ce que tout l’monde fait. Parce que j’suis pas seul, à être si minable.

Il revient, le p’tit serveur. J’m’occupe à boire ce p’tit verre d’eau. J’écoute très bien ce qu’il se passe, mais j’dis rien, j’interviens, j’écoute sans être vraiment là. J’me rend même pas compte, quand ils attendent de savoir ce que j’veux commander. J’relève le regard vers le jeune et heureusement pour moi, je ne fais pas l’erreur de demander la même chose que Victor. J’aurai été incapable d’avaler un truc pareil ! Non, à la place, j’commande un hotdog avec des frites. Simple et efficace. J’ai mangé tellement de friture dans ma vie, que c’est aberrant de voir à quel point je suis mince. C’était définitivement ce que pense le môme à cet instant, j’l’ai vu au haussement de ses sourcils aussi épais que mes bras.

- Il parait qu’il y a un tas d’explications ennuyantes à cette musculature de rêve en dépit de mon alimentation, file juste me chercher ça, hm ?

Le jeune sourit enfin, j’ai toujours eu ce p’tit effet là sur les gens réceptifs à l’humour. Victor se lève sous prétexte d’aller chercher de l’argent, je n’y croyais pas une seule seconde, pas avec cette arme planquée sur lui, mais une fois d’plus, j’dis rien. Rien ne m’assure que ce n’est pas lui, qui va m’pièger tôt ou tard, mais j’suis bien obligé d’croire quelqu’un… Sinon, c’est la parano qui viendra ronger mon esprit et ça sera pas beau à voir… J’reste planté là, j’fixe la chaise vide en face de moi et j’me rends compte que j’ai appris ça en prison malgré tout… La patience.

J’me crispe, quand il pose sa main sur mon épaule. Ce geste, de compassion, je n’en doute pas… Douloureux à ma mémoire corporelle. Le plus dur est passé, j’aimerai l’croire ça. J’lui répond pas à Victor, parce que y’a rien à dire. C’est un message d’espoir, qui se voudrait sans doute être un présage. Seul l’avenir me le dira, si j’arrive à me traîner jusqu’à lui… À ce futur sans bracelet électronique, sans l’angoisse de l’autre, des étrangers surtout. Réapprendre à vivre, c’était bien plus complexe que je ne me l’étais imaginé moi même.

J’pensais à tout ça, puis finalement, j’me retourne. J’le voit se diriger vers les toilettes. Une fois encore, je choisi l’ignorance. J’ai bien assez à penser comme ça, j’me dis… Même si sans Victor, à cause de l’autre con, je pourrai bien ne plus avoir à penser du tout à l’heure actuelle. J’peux pas m’empêcher de me dire que ça n’aurait pas été complètement un tort. La fatigue était là, assez pour m’clouer à cette banquette en attendant c’fameux plat chaud.

- Un uniforme rayé ? Maintenant ils sont plutôt adepte du look total orange en prison, on n’est plus à l’époque des Dalton, tu sais.

Que j’lui répond avec un p’tit sourire amusé.

- Il n’y a pas encore de date fixée. Et heureusement… Sa mère n’est pas vraiment… Prête. Moi non plus dans l’fond, j’crois. Mais je l’accepte. C’est ce qu’elle veut, ce qui la rendrait encore plus heureuse. J’crois pas que le mariage soit un truc obligatoire pour un couple… J’me suis pas marié moi, j’avais pas de fric et j’me dis que c’est pas plus mal mais… Sa vie n’a rien à voir avec la mienne et c’est tant mieux.

Elle doit faire ses propres expériences, ses propres erreurs peut-être. Elle ne sera jamais seule, quoi qu’il arrive, ça c’est le plus important. J’picore mes frites, j’ai un peu de mal à avaler, mais c’est certainement normal vu la soirée que j’viens d’infliger à mon corps.

- J’vais avoir l’air ridicule en costume, hm ?

C’est carrément certain même, avec tous mes tatouages… J’esquisse malgré tout un p’tit sourire. Le ridicule ne m’a jamais tué, jamais.

- Mais j’crois que l’un des prix à payer, quand on est père.

C’était pas le pire des prix, je le savais bien assez. Victor n’a sans doute pas d’enfant, sinon il ne jouerai pas au babysitter avec moi… J’imagine. Il serait sans doute un bon père, pas pire que moi en tout cas. J’pose pas la question, j’me dis que ça lui appartient de m’en parler ou pas.

- C’est quoi la suite du programme ? Ils sont nombreux à nous attendre sur l’parking ?

Que j’fini par lui demander. Je suis pas un génie, mais pas totalement idiot.



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Victor Nash

Victor Nash
311
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Chris Evans
harleystuff
//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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☾⋆⁺₊⋆ VICTORI ⋆⁺₊⋆☽
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Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
Our love was serendipity,
Our story was tragedy.



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MessageSujet: Re: J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle (Victor) EmptyMar 19 Déc - 21:30#

J'ai toujours pas trouvé la pièce manquante du puzzle
The past is a lighthouse, not a port.
@Jayson Salazar


Octobre 2023, environs de Monterey.

Victor a connu quantité de personnes qui videraient leur compte bancaire en échange d’un traitement miracle leur conférant le métabolisme de Jayson Salazar. Y compris des militaires au fort appétit. Manger gras sans prendre des kilos : l’atout génétique qui fait rêver. Victor n’a jamais partagé ce rêve depuis ses 18 ans. À cet âge, il était fin comme Jayson et échouait lamentablement au test de recrutement des Marines. Bilan : « Volonté et motivation : OK. Condition physique : insuffisante. » Aujourd’hui, chacun de ses 88 kilos acquis avec discipline lui sert dans ce qu’il fait le mieux. Les deux types étalés dehors peuvent en témoigner.
— Un uniforme rayé ? Maintenant ils sont plutôt adepte du look total orange en prison, on n’est plus à l’époque des Dalton, tu sais.
Victor renvoie le sourire de l’ancien détenu.
— Dommage. J’aimais bien le style d’antan. Ça faisait un peu tenue camouflage, comme à l’armée.
Autre vêtement iconique : la robe de mariée. Celle que mademoiselle Salazar va bientôt porter.
— Il n’y a pas encore de date fixée. Et heureusement… Sa mère n’est pas vraiment… Prête. Moi non plus dans l’fond, j’crois. Mais je l’accepte. C’est ce qu’elle veut, ce qui la rendrait encore plus heureuse. J’crois pas que le mariage soit un truc obligatoire pour un couple… J’me suis pas marié moi, j’avais pas de fric et j’me dis que c’est pas plus mal mais… Sa vie n’a rien à voir avec la mienne et c’est tant mieux.
Victor acquiesce. Il y a des mariages heureux et des mariages malheureux. Des couples non mariés qui vivent heureux et d’autres qui finissent mal.
— Moi, j’ai la conviction que tu es prêt. Après ce que tu m’as raconté et ce que s’est passé ce soir, je crois que tu es prêt pour beaucoup de choses. Notamment voir ta fille heureuse dans sa belle robe blanche, au bras d’un bonhomme en qui tu as confiance. Parce que si l’heureux élu n’est pas un gars correct, quelque chose me dit que tu serais déjà retourné en cellule pour coups et blessures.
Voire tentative de meurtre, se dit Victor en repensant au tir sur Melvin Fogler. Jayson a dû expliquer au futur époux le courroux qui s’abattra sur lui s’il brise le cœur de sa fille. Une pratique courante chez les parents militaires que Victor a connus.
S’ensuit une bouchée de lasagnes. Un régal.
— J’vais avoir l’air ridicule en costume, hm ?
Le sergent observe Jayson et fait travailler son imagination. Il en faut beaucoup. Pour un résultat à faire défaillir les chantres de l’élégance.
— Pas qu’un peu, confirme le sergent. Le plus difficile sera de ne pas devenir le centre de l’attention.
Et piquer la vedette au jeune couple. Parce que Jayson possède le talent d’amuser la galerie, de ravir le cœur des gens un minimum ouverts. Il a démontré ce talent sur scène, au cours du show estival. Il le démontre dans chacune de ses interactions avec les autres – à l’exception des attaques visant à le démolir, ce qui est plutôt compréhensible.
Les estomacs continuent à se remplir. Le petit restaurant est convivial. Baigné d’odeurs qui émoustillent les papilles. Carillonnant de bruits de fourchettes sur fond de palabres entre citoyens ordinaires. Une banalité pour la plupart des gens, une source d’émerveillement pour le sergent Nash.
— C’est quoi la suite du programme ? Ils sont nombreux à nous attendre sur l’parking ?
La guerre se rappelle à lui. Elle le fait toujours. Mais pas cette fois.
Victor plante son regard dans celui du dévoreur de frites.
— La suite du programme, c’est qu’on termine tranquillement notre diner, puis je te ramène à Monterey. Personne n’attendra sur le parking. Aucun des types de ce soir ne viendra te chercher des noises.
S’ils tentent à nouveau quelque chose, une probabilité que Victor estime extrêmement faible, leur cible sera le gars qui a cogné deux fortes têtes et mis fin aux festivités. Pas le misérable qui a emporté la caisse après son dernier numéro. Le militaire ajoute avec un sourire aimable, sa fourchette prisonnière du poing marqué par le récent pugilat :
— J’ai passé un accord à l’amiable avec deux têtes de mule récalcitrantes. (Le sourire s’élargit.) La négociation, vieux papa. C’est la méthode des gens civilisés. On devrait y recourir plus souvent.

* * *

Le lendemain, Presidio de Monterey.
Un local de stockage. Victor se campe devant son collègue. Personne d’autre dans les parages.
— Fogler.
— Nash…
Melvin Fogler grimace et s’assied, une main sur l’abdomen. La zone que le tir de Jayson a molestée à travers le gilet pare-balles.
— C’est quand, ton prochain rendez-vous avec le psy ?
— Je crois que j’ai plutôt besoin d’un vrai médecin…
Nulle lueur de pitié dans le regard du sergent Nash. On récolte ce qu’on sème. Mais Fogler n’a pas semé les balles meurtrières qui ont molesté son véhicule en Afghanistan. Et il n’a pas supporté la récolte de haine dont il n’était guère responsable.
— Quand ?
— En janvier.
— Trop loin. Lève ton cul et appelle-le. Réclame une séance d’urgence et dis-lui la vérité. Il est tenu par le secret professionnel. Il t’aidera à gérer tes angoisses et à descendre plusieurs barreaux sur l’échelle de la connerie monumentale.
Pas de négociation. Victor Nash ne négocie pas avec les pulsions meurtrières.

(FIN.)

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