show must go on

Rosalina aime bien sortir pour s'amuser. Dernièrement, c'est quelque chose de plus en plus important dans sa vie. Quand elle a attendu parler du show de l'été qui mettent en valeur de belles personnes sur la scène. C'est clair que c'est un évènement à ne pas manquer pour la belle femme mûre. En plus, c'est une cause qui est très importante. Rosalina ne peut pas dire qu'elle est très fan des singes. Par contre, depuis qu'elle a sa chienne Lucy à la maison. Les animaux ont une plus grande importance dans sa vie. C'est vraiment quelque chose que Rosalina veut faire plus attention. Elle veut absolument aller à cette soirée. C'est ca qu'elle va faire. Elle a décidé d'une tenue assez chic pour l'évènement. Elle qui s'habille en friperie. C'est maintenant le temps d'aller magasiner dans les grandes marques pour un évènement pareille. Elle opte pour une tenue propre qu'elle adore vraiment. Elle se sent très à l'aise. Elle a décidé de venir avec quelques amis et des membres de sa famille. Rosalina regarde la liste des gens qui sauront sur scène. Elle remarque assez rapidement le nom de Terry qui est son ami. Elle adore vraiment cet homme. Il est unique dans son genre. Il est sensible. Rosalina aime bien la scène qui fait. Terry aime bien les anciennes histoires. C'est peut-être ca qui les rapproche. Rosalina savoure le spectacle qui se trouve devant elle.

Bordel Terry déchire, il m’avait prévenu être une vraie diva, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il mettre une ambiance pareille. Tout à l’heure, je l’avais bien vu alors que j’me ridiculisais sur scène, ça m’avait décroché un sourire de voir sa frimousse dans le publique. J’sais que lui, il m’juge pas dans ma connerie. Je devais avouer qu’il me scotchait, j’le regardais d’un air ébahi, j’crois bien que j’ai meme eu la bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau pendant un temps. C’est pas mon fils, d’ailleurs, il est techniquement un peu trop vieux pour ça, j’sais que j’suis plus tout jeune mais faut pas pousser ! Tout ça pour dire, que j’le regarde malgré tout avec la fierté d’un père. J’veux pas déconcentrer Truffe, j’sais qu’il me kiffe, alors j’reste tranquille, enfin j’essaie. C’était l’idée de base, mais j’me suis mis à applaudir et encourager les gens à miser sur le barbu, parce que moi j’ai pas une thune, j’ai voulu miser trois bouton et deux coquillages, mais ça n’a pas été accepté, tant mieux parce que j’pourrais bien en avoir besoin d’ces fameux boutons vu l’état d’mes fringues.. J’me dis qu'après le show, j’pourrais lui demander à Terry, où c’est que ça se trouve ce foutu Congo.

Victor voit scindé. L’inverse de voir double : il ne voit pas une forme répétée deux fois, mais deux moitiés de forme. Un demi-mec et une demi-nana, tenues extravagantes et différenciées, collés l’un contre l’autre. Le militaire applaudit la prouesse. Alors que des acclamations jaillissent autour de lui, son esprit part des années en arrière, à plusieurs milliers de kilomètres de la Californie.
Operation Enduring Freedom, Afghanistan. Au cours d’un weekend de repos bien mérité – et arrosé –, le sergent Bates avait donné corps à un spectacle de drag sensationnel. Les blagues et commentaires ne volaient pas haut, comme toujours en période de guerre. Il y eut même un début de bagarre quand Bates fut comparé à l’épouse d’un autre sergent. Mais ce fut d’abord un grand moment de camaraderie. Un moyen détourné de faire un doigt d’honneur aux Talibans et leur doctrine rétrograde. De porter les valeurs de liberté et de tolérance où elles sont cruellement bridées.
Juillet 2023, Monterey. Victor observe autour de lui. Le public, enthousiaste, participe dans un bel esprit communautaire. On apprécie le spectacle pour ce qu’il est : de l’art et du divertissement au service d’œuvres caritatives. Un sentiment de fierté gonfle la poitrine du militaire ; c’est l’Amérique qu’il aime. Il faut dire que le type en fauteuil est bien meilleur que le sergent Bates. La force qui lui manque dans les jambes, elle jaillit dans sa représentation.
— Qui a pris des hot dogs ?
Pas grand-monde. Un encas peu approprié à une collecte en faveur d’un refuge animalier, de l’avis de Victor. Le chien qui halète sur scène doit être d’accord. L’animal a l’air futé, en dépit de son accoutrement à paillettes qui scintille telle une cape de faux diamants.
— Qui ne prend rien du tout ?
Victor lève la main. Il aura besoin de tonicité et d’un ventre plat quand son tour viendra de monter sur scène. À trente-huit ans, on n’obtient pas ce résultat avec une maxi portion de frites.
Il se rallie néanmoins à la team patate.
Le show démarre. Astucieux, le changement de profil en pivotant le fauteuil.
Le sergent fait entendre sa voix accoutumée à beugler des ordres. On ne pourra pas dire que la team patate se fait écraser par sa faute.
Le chien gueule plus fort que tous les humains réunis. Victor abdique comme les autres, songeant que cet animal ferait un remarquable sergent instructeur.
Fin du spectacle.
Victor applaudit, siffle bruyamment. Il acclame le chien et le type scindé. Le public. Un show rondement mené avec une belle ambiance.
Et une belle enchère ? Victor peut seulement l’espérer. Lui n’a plus que des miettes à miser, et de toute façon il n’a pas envie de saouler le jeune artiste avec des récits de guerre. Si Victor se bat encore aujourd’hui, c’est justement pour que les esprits libres vivent à l’abri de la violence.