Victor dort à poings fermés. Dehors, affalé dans un vieux fauteuil à l’ombre d’une caravane. Un petit vent frais coule sur son visage, faisant frémir la casquette ornée du drapeau américain fichée sur son crâne. Tombant et légèrement de traviole, le couvre-chef fait souffler le militaire dans son sommeil chaque fois que la visière lui chatouille le nez. Une veste fine monte et descend lentement sur son ventre. Le repos du soldat après une longue période d’entrainement intensif.

Une pluie de petits objets métalliques cascadent et tintent dans le grand gobelet en carton posé à ses pieds. Pas de floc rappelant la petite monnaie lancée dans une fontaine pour se porter chance. Victor a bu l’entier contenu de jus de pamplemousse avant de piquer un somme. Le bruit le réveille. Il ouvre les paupières – à moitié, le temps de se réhabituer à la lumière.
— Heyyy-hhhahhh, marmonne-t-il avant qu’un bâillement pressé de sortir bouscule ses bonnes manières.
Une gamine se tient debout devant lui, sa petite main au-dessus du gobelet. Peau brune, grands yeux foncés. Peut-être cinq ans, peut-être dix. Victor n’y connait rien aux enfants.
— T’es un clochard ?
Directe, la gamine. Aucun mépris dans sa voix fluette. Une simple question à laquelle un gars dans un fauteuil n’a pas l’habitude de répondre. Deux mètres derrière, une version adulte de la petite observe en retrait. Visage fatigué où se lit un fatras d’émotions : embarras, curiosité, tendresse, tension, fierté, crainte, lassitude.
Victor repositionne correctement sa casquette ; on lui a appris à bien se tenir en présence des dames. Coup d’œil furtif au gobelet. Des pièces de 5 cents, quelques-unes de 10 cents, un quarter frappé d’un pygargue à tête blanche aux ailes déployées. Le tout doit représenter une petite fortune pour la gamine habillée de friperies. Victor n’a pas meilleure allure. Son jean délavé est muni de larges aérations inesthétiques, et comme beaucoup de plagistes il ne porte ni chaussures ni chaussettes. Mais la poche droite – non trouée – de son jean renferme deux billets de cent dollars pour profiter de la soirée.
— Moi non, Princesse. (Il sourit à la petite fille.) Mais lui, oui.
Victor soulève théâtralement la veste posée sur lui, pareil à un magicien faisant apparaitre un lapin blanc derrière sa cape.
Avec moins de classe.
Et à la place du lapin traditionnel, un chien blanc et roux ensommeillé. Roulé en boule, niveau de dangerosité équivalent à une peluche de Winnie l’ourson. Mascotte 2023 du refuge animalier de Monterey – à égalité avec tous les autres animaux – après qu’on l’ait trouvé, crasseux et affamé, dans une rue misérable.
Victor gratte le ventre du Clochard. L’animal bâille, avec une telle passion que l’humain doit lui débloquer la mâchoire inférieure. Il cligne paresseusement des paupières l’air de dire « Hein ? Qu’est-ce qui s’passe pour qu’t’interrompes ma sieste ? »

La gamine ouvre de grands yeux émerveillés et rigole. Chacun fait les présentations. Elle s’appelle Elisa, mais elle préfère Elsa.
Victor secoue le gobelet qui contient moins d’un dollar. Il attrape le quarter et effleure, pensif, le relief du rapace emblématique de la nation américaine. Le chien tend le museau et renifle la pièce.
— C’est généreux de ta part, Elsa. (Il avise la femme derrière elle.) C’est ta maman qui t’a appris à donner aux pauvres ?
La femme s’avance. Posant les mains sur les épaules de sa protégée, elle déclare timidement :
— Grâce au show de l’été, l’année dernière, ma fille est partie chez sa famille au Mexique pour les vacances. Nous sommes venues au camping pour témoigner notre reconnaissance. On n’a pas beaucoup d’argent, mais on essaie d’aider ceux qui sont encore plus pauvres que nous. Et puis, Elisa adore les animaux. Pas vrai, ma puce ?
L’enfant approuve vivement de la tête.
Opportuniste, le Clochard quitte les cuisses confortables de Victor pour se mettre sur ses pattes. Il s’étire, se frotte à Elsa qui en profite pour le caresser. Un pelage doux qui apprécie les câlineries. La fillette est aux anges.
Victor se lève, sort les deux billets de cent dollars de sa poche, les glisse dans la paume de la mère.
— Pour les festivités et les enchères. Misez sur qui vous voulez. Je fais moi-même un show dans une heure et nous serons très heureux de vous compter parmi les spectatrices.
La femme hésite. Les cadeaux d’un inconnu sont rarement innocents. Victor insiste :
— L’ambiance est amicale et festive. Je vous garantis que vous passerez un bon moment. Acceptez, pour Elsa.
Il baisse la tête et déclare plus fortement :
— Si le Clochard te plaît, attends de voir Belle !
Elsa délaisse le chien et lève ses grands yeux.
— T’as une petite chienne encore plus mignonne que lui ?
Le militaire glousse.
— La Belle dont je parle est différente de la version Disney. D’abord, elle est plus grande. (Il lève une main à hauteur d’épaule, puis jette un œil au Clochard.) Ensuite, Belle ne m’appartient pas davantage que ce bourreau des cœurs. Si ta maman est d’accord, tu pourras la voir dans une petite heure.
— Mamaaann, s’il te plaiiit…
Elsa tire la robe de sa mère avec le regard d’un chat abandonné sur la route des vacances.
Le Clochard l’imite, en version canine très convaincante.
L’adulte cède.
Imparable.

— Belle est calme ?
Le gars du refuge caresse doucement le long museau de l’animal.
— Dans dix minutes, elle sera aussi détendue que la Belle au bois dormant.
— Vous êtes tous des mordus de Disney, au refuge de Monterey ?
— La patronne a adopté une femelle dalmatien qu’elle a appelée Cruella ; certains d’entre nous rêvent de trouver une sirène sur la plage.
Silence embarrassant.
— J’ai bien aimé Hercule.
— Un grand classique.
Le gars du refuge embrasse le museau de Belle et confie les rênes à Victor.
— Pas de folie, hein ?
— Promis, jure un peu hâtivement Victor, poing sur le cœur. J’ai autre chose à te demander, si tu permets.
Le militaire lui explique.
— Oh, mignon ! Je peux trouver ça au local. D’où t’est venue l’idée ?
— Une gamine qui a jeté une pièce de 25 cents à un clochard.

Victor glisse un pied à l’étrier et monte avec souplesse sur la jument. Jolie pinto au caractère agréable, Belle est arrivée au refuge peu après le Clochard. Les deux quadrupèdes ont immédiatement noué une amitié insolite qui leur a valu leurs surnoms.
— On y est, les artistes. (Victor flatte l’encolure de la jument.) On a bien bossé, maintenant l’heure est venue d’assurer. Si tu veux des pommes juteuses pour le goûter (Belle remue ses oreilles avec intérêt.) ; si tu veux faire huit heures de sieste par jour sur les cuisses des bénévoles (le Clochard agite sa queue avec enthousiasme), on a besoin d’enchères du feu de Dieu qui remettront le refuge sur pied. En plus, le show aidera vos cousins simiesques du Congo.
Le dernier argument semble leur passer au-dessus des oreilles. Victor songe que la solidarité animale a encore du chemin à parcourir. Un travail de longue haleine qui passe par l’éducation : inscrire les équidés à des leçons de géographie, bâtir un programme Erasmus Mundus pour les étudiants canins, installer les félins – typiquement les plus flemmards du lot – devant des écrans qui diffusent les documentaires animaliers de Discovery Channel.
Un organisateur du « show de l’été » approche d’un pas pressé, grosses lunettes braquées sur sa montre de poignet.
— Victor Nash ? On a du retard, c’est à vous dans une minute.
Pas évident d’identifier le cavalier, affublé d’un déguisement intégral du Lone Ranger. Pantalon en toile élimée de couleur sable, veste à franges déchirée, ceinturon, chapeau blanc, masque couvrant ses yeux à la manière d’un Zorro las de se fringuer tout en noir. Aucune arme d’aucune sorte, même factice. Rien ne serait plus incongru dans un événement faisant appel à la compassion envers le règne animal et l’entraide entre pays.
— Le Lone Ranger, rectifia le cavalier parfaitement détendu. Avec ses deux partenaires de show.
L’organisateur remonte ses lunettes sur son nez en sueur, toise les deux quadrupèdes avec suspicion.
— Monsieur Na… Lone Ranger, je ne suis pas sûr que le règlement du camping autori…
— Ne vous inquiétez pas, Disney ne vous accusera pas de plagiat avec une Belle d’un mètre quarante au garrot. Quant à notre Clochard, je ne réponds pas de vos mollets si vous cherchez à l’exclure du spectacle.
D’un grognement qui se veut menaçant mais ressemble plutôt à un ronronnement d’appel aux chatouilles, le chien confirme.
Des perles de transpiration coulent sur le front de l’organisateur.
— Détendez-vous, monsieur Règlement. C’est le show estival de Monterey, pas un spectacle de Brooklyn. Le public ne risque rien ; on a administré un tranquillisant à la jument et le chien fait des léchouilles aux rats depuis qu’il a vu Ratatouille. Faites votre boulot quand je monterai sur scène. (Victor rit de sa blague : monterai / Monterey.) On fera le nôtre et tout se passera bien.
Une main sur la bride, l’autre enserrant une hampe, le cavalier avance sur la plage assombrie. Le disque solaire a disparu sous l’horizon. Le crépuscule emplit le ciel d’un somptueux magma violacé. Une brise glisse sur l’océan paisible, rafraichit l’atmosphère après le pic de chaleur de l’après-midi. Timing idéal.

Belle et le Clochard accélèrent. Le plus petit part devant, un étrange cylindre dans sa gueule.
Le cylindre fume sur le côté tel un cigare géant, conférant au chien un aspect comique.
Le faisceau d’un projecteur l’éclaire, boule de poils courant sur la plage.
La foule observe l’étrange animal, médusée.
Derrière, la fumée enveloppe le cavalier et sa monture d’une brume mystérieuse. On distingue les contours incertains d’une masse imposante, on entend le renâclement et le galop d’une grosse bête en approche.
Un mètre avant la scène, le Clochard opère un virage fulgurant. Il disparait derrière la tribune. Personne n’y fait attention.
Tous les regards fixent la fumée.
Qui tourbillonne.
Un cavalier émerge des vapeurs artificielles. Le Lone Ranger, brandissant un étendard multicolore. Les gens du coin reconnaissent le blason vert et jaune de Monterey, avec son ancre, sa gerbe de blé, son cheval et son taureau. À sa droite, l’emblème facilement identifiable du refuge animalier. Puis le logo vert du programme Help Congo, et enfin la silhouette stylisée d’un cavalier sur fond de soleil couchant.

Un torrent d’acclamations salue l’entrée théâtrale. Le cavalier longe la scène au trot, droit et fier sur Belle, bannière flottant devant la foule. Il se réjouit d’apercevoir Elsa et sa mère, contourne le public et va à leur rencontre. Après avoir planté son étendard dans le sable, le Lone Ranger se penche sur sa selle, ôte galamment son chapeau et le présente à la fillette. Le faisceau du projecteur se braque sur eux. Encouragée par sa mère, Elsa plonge sa petite main dans le chapeau et porte à la lumière une pièce de monnaie gravée d’un pygargue. Ses grands yeux sombres s’agrandissent.
— T’es Vic, le monsieur déguisé en clochard ! s’exclame-t-elle. J’ai reconnu le gentil chien qui fumait. Et toi, tu es Belle ! ajoute-t-elle en cajolant l’équidé, les yeux remplis d’étoiles.
Victor sourit sous son masque. Pivote la tête vers l’adulte.
— Madame, pouvons-nous faire un petit tour avec votre princesse ? La jument l’aime bien.
Elsa s’installe à l’avant, ses petits doigts agrippés au crin de Belle. D’après sa mère, la gamine rêve de monter depuis son premier carrousel sur des chevaux de bois. Elle pousse des cris de joie alors que le Lone Ranger effectue une tournée du public. Des téléphones sont brandis, des photos sont prises. On touche l’équidé, on se connecte à l’espèce qui tient une place unique et éternelle dans l’histoire de l’Amérique ; on hèle amicalement les humains sur son dos. Quel que soit le montant des enchères, Victor sait à présent que le difficile travail de préparation en valait la peine. Et le spectacle est loin d’être fini.

Il dépose Elsa auprès de sa mère, les remercie toutes les deux pour ces moments précieux. Elles sont émues. Le cavalier masqué les salue en touchant l’avant de son chapeau, puis se déporte sur le côté.
Pourvu que ça tienne ! prie-t-il en lançant sa monture vers la scène. Pour des raisons logistiques, Victor n’a pas été en mesure de répéter cette phase délicate du spectacle. Dans les coulisses, monsieur Règlement est au bord de la syncope. Il retire ses lunettes pour ne pas voir la catastrophe et se bouche les oreilles.
Belle bondit avec grâce. Du sable fin coule de ses sabots suspendus dans les airs comme des grains dans un sablier. Sensation d’apesanteur, l’étendard se fige. Le public retient son souffle.
Enfin, les sabots claquent et glissent sur la tribune. Les planches tremblent, grincent, gémissent. Par réflexe, Victor tire violemment les rênes. Par confiance, il les relâche et laisse Belle se stabiliser. La jument se cabre, rue, opère une volte incroyable qui la place au centre de la scène, face à son public.
Les spectateurs applaudissent à tout rompre.
Le Lone Ranger plante solennellement l’étendard dans le support prévu. Puis lève son chapeau et l’agite triomphalement au-dessus de sa tête. Belle hennit, se cabre sur le côté et offre leur meilleur profil.
Les acclamations redoublent. Monsieur Règlement essuie son visage dégoulinant de sueur.
Fatiguée de ses prouesses, Belle cède aux tranquillisants qui circulent dans son organisme et se plante sur ses quatre sabots. « Dans dix minutes, elle sera aussi détendue que la Belle au bois dormant. » Le gars du refuge a très bien dosé. Victor espère qu’il reviendra à temps.

On lance un micro au cavalier. Monsieur Règlement en personne. Sans ses lunettes. Le micro vole trois têtes au-dessus de celle de Victor.
Il tend le bras au maximum, espérant cueillir l’objet dans son chapeau comme un chasseur de papillons avec son filet.
Le micro frôle le feutre blanc, puis opère une descente inéluctable.
— Ehhh merde.
Monsieur Règlement, qui a remis ses lunettes, tombe dans les pommes.
Un fauve bondit hors des coulisses. Saute. Referme adroitement les mâchoires autour du manche du micro en chute libre. La foule, conquise, pousse des vivats exaltés.
L’animal parade jusqu’à Belle avec la suffisance d’un champion olympique de frisbee. Se cramponnant à la bride, Victor bascule sur le flanc et descend le chapeau au niveau du sol.
— Bien joué, Cloclo. Tu sais que t’es mignon comme ça ?
Le Clochard lâche le micro à l’intérieur du chapeau et compose une tête de chien battu. Le déguisement du refuge n’a pas l’air de l’enchanter. Il lui donne l’apparence d’un petit léopard, emblème du Congo. Cheval et léopard, deux symboles forts pour représenter un refuge californien et une association congolaise qui veillent sur la faune.
— Mets-y du tien, mon bonhomme. Pour le refuge, pour Belle et tes potes !
Pas le temps de tergiverser avec son partenaire canin. Le Lone Ranger se rassit sur sa selle, puis porte le micro à ses lèvres.
— Bonsoir, public de Monterey et d’ailleurs ! Au nom de mes partenaires à quatre pattes et des gens formidables qui ont œuvré à rendre possible ce spectacle, je vous remercie de votre super accueil. Je dédie ce show à toutes les personnes qui ressentent de la compassion pour le Vivant et offrent de l’amour aux créatures sensibles.
Au fond de la scène, l’écran géant s’allume. On y voit les soigneurs de Monterey à l’œuvre auprès d’animaux à poils, à plumes et à écailles. Des bénévoles jouant avec les pensionnaires. Les volontaires de Help Congo qui arpentent la jungle et filment le regard quasi humain des chimpanzés.
— Maintenant, dansons pour le refuge de Monterey ! Chantons pour Help Congo ! Unissons nos corps et nos voix, que la joie d’être ensemble fasse trembler la terre et notre clameur éblouisse le ciel. (Il pointe un doigt autoritaire vers monsieur Règlement, ranimé par les grands coups de langue de Clochard-léopard.) Musique !
Les puissants haut-parleurs vrombissent. Les premières notes de When Doves Cry résonnent sur la plage.

Le Longe Ranger se dresse sur ses étriers, remue le haut de son corps au rythme de la musique. Derrière lui, des images de la vie sauvage continuent à défiler.

Dig, if you will, the picture
Of you and I engaged in a kiss

Il joint sa voix aux premières paroles. Le timbre est plus rauque, les syllabes plus hachées que le formidable instrument vocal de Prince. Les chants militaires ont modelé les cordes vocales de Victor comme les séries de pushups ont sculpté ses épaules.

The sweat of your body covers me
Can you my darling
Can you picture this?

Passant le micro d’une main à l’autre, Victor ôte sa veste à franges qu’il jette au cœur de la foule. Des cris et sifflements enthousiastes font monter l’effervescence d’un cran. Seulement un cran : le militaire porte encore un tee-shirt Preserve Wildlife du WWF. Des gens commencent à se dandiner avec allégresse et à chanter. Images de prairies colorées sur l’écran géant.

Dream, if you can, a courtyard
An ocean of violets in bloom
Animals strike curious poses

Arpentant la scène tel un cousin éloigné de Simba, le Clochard déguisé ouvre grand la gueule. À la place d’un aboiement inoffensif, un rugissement de léopard fait vibrer les haut-parleurs. Le trucage surprend et amuse la foule, en particulier les enfants. Victor retire son chapeau et vise l’un d’eux, assis sur les épaules de son père. Le chapeau lui couvre la tête jusqu’aux sourcils.
— You got it, Kid ! scande Victor en dressant un pouce.
Surexcité, le jeune garçon hurle et agite les bras en faisant le V de la victoire.
Autour de lui, des paumes claquent avec entrain. On danse avec une ferveur croissante.

Why do we scream at each other?
This is what it sounds like
When doves cry

Un timbre mélancolique s’invite dans la chanson. Le Lone Ranger descend de selle, flatte l’encolure de Belle, s’immerge dans l’amertume des paroles.

Touch, if you will, my stomach (Hmm)
Feel how it trembles inside (Mhm)

Victor soulève le bas de son tee-shirt et se touche le ventre. Un ventre évoquant une peau dorée par le soleil qu’on aurait tendue sur une délicieuse plaquette de chocolat.

Animals strike curious poses
They feel the heat
The heat between me and you.

La plage remonte en température.
On chante et on danse dans une ambiance désinhibée, festive, obstinément familiale. Tout le monde connait un oncle, un cousin, ayant pris au mot l’expression donner de sa personne afin qu’une fête réussise.
Quant à l’homme sur scène, un peu moins déguisé de minute en minute, on ne le tient plus :

You've got the butterflies all tied up
Don't make me chase you
Even doves have pride

Se faisant face, Elsa et sa mère tentent d’imiter le moonwalk du Lone Ranger. Elles s’élancent vers l’arrière en trainant d’une jambe. Tombent culs dans le sable et essuient des larmes de rire.
Sur scène, le tee-shirt Preserve Wildlife tournoie au-dessus du visage masqué avant d’être catapulté vers la foule.
Qui tourne furieusement wild.

How can you just leave me standing
Alone in a world so cold? (World so cold)

Victor se déplace sur scène avec énergie, s’accroupit devant le chien-léopard comme pour lui adresser les dernières paroles émues.
Le Clochard lui lèche gentiment le visage. Des slurps sirupeux font grésiller le micro.
Hilarité du public.

Yeah, yeah
Doo-doo woah-oh
(Yeah, yeah)

Lone Ranger et Clochard se prêtent au jeu des onomatopées. Les deux complices se croisent devant Belle, opèrent une chorégraphie entraînante de part et d’autre de la placide jument. Même la grande tête chevaline, engourdie par les tranquillisants, oscille comme un pendule. Monsieur Règlement se déhanche avec un étonnant sens du rythme. Sur la plage, une grande part des spectateurs se fond dans le groove.

When doves cry
When doves cry (Hoo)
When doves cry (Hoo)
Baby, baby, baby, yeah.

À l’écran, des tourterelles tristes cessent leur roucoulement mélancolique et prennent leur envol.
Le masque du Lone Ranger fend le ciel crépusculaire, tournoie au-dessus de la foule, puis retombe.
Quelqu’un l’attrape.
Peut-être une créature sensible dont les larmes ont chuté, et qui a placé une enchère sur le cavalier anonyme ?
Car l’identité de l’homme sur scène demeure un mystère pour la majorité des spectateurs : un deuxième masque identique au premier couvre le pourtour de ses yeux.

show must go on

Ce n'est pas parce que Romy s'est inscrite comme monologue pour parler et faire le spectacle qu'elle désire. Elle peut quand même participer à des gens qui lui donnent envie de miser sur eux. Avant de monter sur scène, Victor a tellement gentil avec tout le monde. Il les a encouragé. Romy se fiche bien que les gens soient encouragé. Romy a eu besoin de cet encouragement pour donner le mieux d'elle-même. Romy a une grande confiance en elle mais, ca fait toujours du bien de recevoir de beaux commentaires de la part d'un bel homme comme Victor. Romy a donner une belle performance. Elle a envie d'aller voir cet homme qui lui a donné la force tout donner pour voir ce qu'il va bien faire. Il danse sur une chanson que la mère de Romy, Sylvana aimerait bien. Sa mère viendra peut-être le visiter, qui sait. Elle aime bien la confiance de cet homme sur scène. Ca lui donne un côté sexy que peu de personne peut avoir. Franchement, ca donne un très beau résultat. Romy aime bien ce qu'elle voit sur scène. C'est certain que des éléments peuvent être améliorer mais, il a une bonne préséance sur scène.

- Victor, continue à nous en donner plein la vue.

Romy qui dit quelque chose de gentil. C'est bien rare mais, elle a envie de plus. Elle essaie de voir si elle n'a pas un peu de monnaie pour miser sur cet bel homme assure assez bien.

  

Pourquoi j’étais venue au show de l’été ? Non mais vraiment ? AH oui je sais un pari avec ma meilleure amie, je n’avais pas eu le choix… j’étais aller voir un premier pas top.

Le second je connaissais la personne, Victor… j’avais déjà vue qu’il était sexy quand il m’avait gentiment aidé pour retrouver mon chien.
J’étais restée devant son Show muette juste un petit sourire en coin avant de dire :

« -Waaw aller plus. »

J’étais pas du style à le faire mais j’avoue que pour le coup il était très bon danseur et chanteur, puis le chien avec lui était trop chou. Je regarde si j’ai assez pour pouvoir miser sur lui.