Putain de saloperie de temps. C'est ce qu'a lancé un gamin à côté de lui alors qu'il avançait dans la rue d'un pas pressé. Oui. Bon. Ce n'est pas parce que le temps ne te plaît pas qu'il faut insulter à tout bout de champ. Ta mère ne t'as rien appris, petit connard de … Ah. Hypocrite. Donc. Restons courtois. Il est vrai que le déluge est réel aujourd'hui. Bon, là encore, la météo avait réussi à le prévoir – bien qu'elle n'ait guère annoncé que cela allait ressembler à un phénomène climatique biblique. Ne s'appelant pas Noé – et n'ayant pas l'argent, ni le temps, nécessaires à la construction d'une arche et au rassemble de couples d'animaux – le jeune homme restait plutôt concentré sur son objectif : rentrer chez lui, se déshabiller et plonger dans un bon bain. Et s'il pouvait en plus boire un bon café en même temps, ce ne serait pas du luxe.

Mais la destiné ne voulait clairement pas qu'il rentre et qu'il profite de la douceur d'un bain et de vêtements secs. Même pour lui qui n'a aucun problème avec la pluie, les torrents qui tombent du ciel et ce vent réussissent à le déranger. Donc, finissant par trouver la première porte de boutique venue, il s'y engouffre en laissant entendre un petit soupir de soulagement. Bon. En fait, le gamin avait tort. Il aurait quelques insultes plus croustillantes à lancer en direction du ciel de ce jour. Et surtout de la météo qui n'a pas prévu une telle chute d'eau.
Passant ses mains dans ses cheveux, Cillian avance légèrement. Un échange de salutation avec un visage qui tient la première caisse visible du magasin …

Ah. Des jouets. Avançant à nouveau, il se laisse aller à la visite des rayons. Quitte à patienter que le déluge cesse, autant profiter pour voir ce qu'il y a. Un instant, il regarde son téléphone. « Eh merde. » Le réseau n'a pas l'air d'apprécier la météo actuelle … ou peut-être est-ce à cause de ces étranges phénomènes. Dans certains magasins, ou centre commercial, des mystérieuses disparitions du réseau – ou au moins des instabilités. Haussant un peu les épaules, il avance encore. S'arrête devant des tentatives de reproductions de jouets artisanaux.

Il continue. Des instruments pour enfant. Un haussement de sourcil. Le clavier n'est pas très grand. Bon, il faut espérer que le son ne soit pas aussi désagréable qu'il ne l'imagine.
Sa marche continue … Oh. Les mallettes de petits chimistes. Ah. Il a toujours apprécié ça. S'il a un jour une nièce ou un neveu – ou un petit cousin ou une petite cousine – il offrira ça, un jour. En plus d'un clavier musical désagréable pour commencer à apprendre les bases de ce qu'il ne faut pas faire en musique.

Bonne idée pour être détesté des parents, oui.

Le temps file. Ou peut-être qu'il était déjà tard. Car il s'arrête dans son observation – de jouets rappelant des forces militaires – quand les lumières s'éteignent. Un silence. À part quelques pas, rien ne semble vraiment résonner. Bon. Quelqu'un a sûrement éteint trop tôt et la personne est toujours là. Il n'a qu'à se diriger vers la sortie et entendre … une personne en train de demander, d'une voix forte, s'il y a quelqu'un. Bon. Ce n'est pas dit qu'il n'y a qu'eux deux … Bon. Le fait de voir cette femme lâcher ses sacs et insulter la providence transforme l'hypothèse en véritable certitude.

Ils sont bloqués. Enfermés.
« … Je vais éviter de poser la question bête j'imagine. » Du genre, on est vraiment bloqué dans un magasin qui vient de fermer ?
Sa main passe dans ses cheveux, ramenant la tignasse mouillée en arrière. Il laisse entendre un grognement agacé. Nouvelle vérification du réseau. Toujours aussi mort. « Eh merde. » Encore une fois.

Puis. Un regard vers la personne. Il approche – tout en lui laissant un certain espace. « Vous allez bien ? » Genre … vous ne vous énervez pas parce que vous avez une phobie particulière d'être enfermée dans un magasin plein de jouets et dans une pénombre malsaine avec un inconnu ? Non parce que bon, c'est très spécifique mais, eh, comme par hasard … c'est actuellement cette situation.

Donc oui. Dans le timbre de sa voix, pas la simple question de savoir comment elle va. Mais savoir si cet énervement est passager ou s'il est lié à quelque chose de plus important. Il ajoute, d'ailleurs. « Il devrait y avoir un téléphone au niveau de la caisse. Je vais vérifier. »

Bon. Deux points importants. Le premier est que la personne face à lui rigole. C'est quand même un bon signe. Le deuxième ? Elle n'a pas fait de crise cardiaque à cause d'une frayeur. Deuxième bon signe. Cela aurait été quand même un peu dommage de devoir gérer un enfermement dans un magasin de jouet ainsi qu'une demoiselle dans cet état. Après, si elle venait à faire une attaque pour ça, cela voulait quand même dire qu'elle n'était plus très fraîche niveau organe cardiaque.
Ce qui serait dommage pour cette personne. Être enfermée dans un magasin de jouet avec un inconnu et en plus finir par découvrir que son palpitant est à moitié foutu et lui a causé une attaque cardiaque ? Non, vraiment. Il y a des fois, où rester au lit est une bien meilleure idée.

Mais, par chance, il ne semble pas qu'elle s'est découverte une anomalie cardiaque. On peut retirer ceci du liste des drames. Son interlocutrice confirmant en tout cas qu'il n'y a pas de réseau, le jeune homme laisse entendre un soupir, avant d'imiter et surjouer la voix de la présentatrice de la météo de la veille. « Oui alors nous aurons un petit crachin qui ne devrait pas déranger nos amoureux du sports et de la promenade ! » Un instant, son regard se lève vers le ciel – ou plutôt, le plafond. Puis, reprendre, de sa voix ordinaire. « Je pense qu'il existe une théorie scientifique sur les prévisions météorologiques et sur le principe d'inversion. Peu de pluie ? Un déluge. Il faudra vérifier. » Une quelconque hésitation à donner son avis ? Non. Pas vraiment.

Glissant une main dans sa poche – l'autre tenant son téléphone, la lumière de celui-ci étant maintenant allumée –, Cillian écoute la personne qui lui fait face. Avant de hocher doucement la tête. « Oh. Eh bien de mon côté, je dirai que ça va. Pas heureux d'être enfermé dans le monde fantastique des jouets et des poupées. Mais cela pourrait être pire. » Genre, il pourrait y avoir un gosse à gérer en plus. Intenable. Incapable de s'arrêter et voulant jouer avec tout. Avant de pleurer parce que la situation n'évolue pas et qu'il commence à avoir faim.

Oui. Ce genre de choses.

« Concernant les situations loufoques, je suis un peu habitué aussi. Enfin, plus que loufoques, ce sont des situations particulières. Mais là, j'avoue, c'est la première fois que je me dis que je vais rester possiblement coincer dans un magasin toute la nuit … Sans réseau téléphonique. » Ce qui est quand même le détail le plus compliqué à gérer. Au moins a-t-il toujours un chargeur et son casque dans son sac.

L'idée de chercher un téléphone fixe semblant avoir été acceptée, il commence donc à s'éloigner, pour se diriger vers la caisse. Puis, une voix. La même qui lui parle depuis le début de cette aventure. Ah. Finalement, elle ne préfère pas être seule. Bon. C'est compréhensible.
Il laisse tout de même entendre quelques mots. « Imaginez s'ils commencent à bouger … Est-ce qu'ils seraient du genre Toy Story ou les jouets du Toymaker de Doctor Who ? » Eh. Les références, même lui il peut en faire.

Finissant par arriver à la caisse, il ne vérifie même pas que le battant est bien ouvert et passe au-dessus de celle-ci. « On ne touche qu'au téléphone par contre. À tous les coups, il y a une alarme silencieuse sur les trucs importants. Bon, d'un côté, ce serait un bon moyen de sortir … Mais franchement, on va perdre des heures avec une déposition. » Il hausse les épaules. Au moins, le fait d'être déjà à l'intérieur pourra prouvé qu'ils ne sont pas entrés par effraction …

Maintenant, il faut espérer que les caméras fonctionnent bien, aussi.