Envie de compagnie

@Soraya McKenna & Andrès

Face au soleil levant, j’admire la beauté d’une teinte orangée, dansant sous les nuages. Le jour se lève tandis que j’accorde un peu de temps à cette ville paisible au petit matin. Peu de passage dans les rues, seuls quelques personnes pressées déambulent sur les trottoirs encore humides de la nuit fraiche. Cette vue que m’offre mon petit appartement chaque jour, c’est comme devenu un rituel. Se tenir aux aurores debout, devant cette baie vitrée à observer Monterey se réveiller à son tour. Un café à la main, je prends plaisir de ce petit moment quand un appel vient interrompre ma tranquillité. Sans même prendre le temps de vérifier qui peut me déranger de si bonne heure, je prends l’appel une moue sur les lèvres.  

« Ouais ? »

La voix de mon ami et collègue se fait entendre, me saluant tout d’abord mais ne s’excusant pas de potentiellement me réveiller.  

« Andrès, Lyo est réclamé par la brigade canine, nous avons essayé de le faire travailler mais il semblerait qu’il ne veut pas coopérer »

Je soupire sachant que ma présence va être réclamée afin de calmer le chien, Lyo n’est pas n’importe quel berger malinois. Il nous a été confié tout petit afin d’être éduqué pour une compagnie de gardiennage, c’est une sacrée tête de mule depuis son arrivée. Il s’est retrouvé abandonné chez nous, et malgré son caractère, il excelle dans son domaine. Nous avons noué un lien spécial, tel que souvent, je dois intervenir sur son lieu de recherche afin qu’il décide de coopérer et enfin faire son excellent travail.  

« Envoie moi l’adresse, j’y serai bientôt ! »

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L’heure du départ sonne, j’enfile ma veste en saluant l’équipe, prêt à bondir sur ma bien aimée moto et regagner mon appartement. Enthousiaste à l’idée de filer sous une douche chaude et me préparer pour la soirée. Slaloment entre les véhicules présents sur la route, je prends plaisir à pousser légèrement la machine, profitant du frisson qui parcourt ma colonne. De courte durée, le trajet n’étant pas long, ce que je regrette parfois. Trop impatient de pouvoir décompresser, je me débarrasse de tout ce que je peux porter en courant vers la salle de bain. Quelques secondes plus tard, l’eau coule le long de ma peau, les muscles frissonnant légèrement au contact de la chaleur soudaine. Cette douche me donne l’effet d’une purge après une longue journée de boulot, non qu’il soit difficile et bien que j’adore les chiens, cela sali beaucoup. J’enfile une chemise blanche légère et un peu large afin d’être à l’aise, un pantalon style classique beige prenant soin de marquer le pli. Je continue de me préparer avant de commander un taxi, à moto dans cette tenue ? Oublié cette idée et puis, je compte m’amuser ! Je continue de faire défiler mon fil d’actualité, rattrapant un peu ce que j’ai pu manquer lors de mon absence. Je suis de retour que depuis trois jours et je n’ai encore vu personne, non que ma famille ne me manque pas, disons que j’ai d’autres priorités pour le moment. La route n’a pas été bien longue, j’aurai pu le faire à pied finalement. Je remercie le chauffeur en lui payant la course avant de sortir, retapant un peu ma tenue avant de me diriger vers sa porte. Une bouteille à la main, ouais, j’ai amené de quoi fêter mon retour ! Je frappe trois coups à sa porte, attendant avec impatience qu’elle vienne ouvrir.      

 

Envie de compagnie

@Soraya McKenna & @Andrès Villanueva    

Non, je ne compte pas partir quelques jours chez des amis. Véritable mensonge à l’encontre de Kassandra qui a décidé de partir elle aussi quelques jours. Elle compte revenir avant la soirée d’Halloween et moi je lui dis que j’serais pas de retour. Je suis toujours chez moi, dans mon petit appartement, je n’ai nulle part où aller pour me cacher d’elle et d’autres et en vérité, je ne veux voir personne !

Je préfère ruminer dans mon coin, en vouloir à Gregory de ne pas m’avoir invité à son mariage avec Sofia que je ne connais que très peu, d’ailleurs. Et le hasard qui se veut surtout incroyable c’est que je me suis liée d’amitié avec Andrès, le frère de Sofia sans connaître leur lien de parenté jusqu’à ce que mon frère et elle nous annonce qu’ils allaient avoir un bébé. Je ne savais même pas qu’il fréquentait quelqu’un, jusqu’à dernièrement. Et son mariage secret avec elle me reste en travers de la gorge, je l’admets. Je suis fâchée après lui mais je préfère faire bonne figure. Je me sens mélancolique de savoir qu’il va être papa alors que quelques mois plus tôt, j’ai abandonné la chair de ma chair en me disant que c’était mieux comme ça.

Je préfère bouder dans mon coin, m’éloigner de tout le monde plutôt que de faire face, la tête haute, aux changements dans ma vie. J’ai eu trop de choses qui se sont passées ces derniers mois pour en ressortir plus forte. J’ai l’impression d’être à l’origine d’une réaction en chaîne et que ça ne se finira jamais. Vraiment, JE N’EN PEUX PLUS !!! J’ai envie d’envoyer chier mon entourage, gueuler à ne plus avoir de voix et pleurer jusqu’à ce que je sois à court de larmes… Et j’ai envie de casser des trucs jusqu’à ce que ma colère m’apaise une bonne fois pour toute.

Alors quand on sonne à la porte, je marmonne dans mes dents avant de découvrir Andrès. Justement, je pensais au gens que je ne voulais pas voir et étrangement, il n’en fait pas partie ! Ça fait combien de temps que je l’ai pas vu, bordel !!! Je saute dans ses bras, heureuse de le voir :

« Andrèèèèèèès !!! Bon dieu, t’étais passé où ? »

Question qui n’a pas besoin de réponse, je sais qu’il voyageait en dehors de Monterey. C’est un électron libre, ce mec ! Des fois, j’aimerais n’avoir personne dans mon dos pour faire ce que je veux, quand je veux et avec qui je veux !!

« J’ai des tas de trucs à te dire, ça tombe bien… Entre, reste pas là »

Dis-je, l’invitant à entrer dans mon appartement. Si ce n’est pas moi qui part à la recherche d’un endroit pour crécher, je vois cette visite comme mon salut ! Merci d’être arrivé au bon moment, Andrès !  

 

Envie de compagnie

@Soraya McKenna & Andrès

Toute excité à l’idée de revoir mon amie, je me presse à sa porte sautant presque d’un pied à l’autre, les secondes me semblent longues. Mais quand va-t-elle ouvrir cette fichue porte sérieusement ? Elle attend que j’attrape des cheveux gris peut-être ! Dans mon impatience, prêt à frapper à nouveau, levant la main quand enfin, elle décide de m’accueillir. Le souffle légèrement coupé, je l’enlace à mon tour, heureux de la retrouver mais aussi heureux qu’elle décide de me lâcher. Je respire à nouveau en lui souriant, ce petit bout de femme tient une sacrée force ! Je franchis la porte et m’avance vers la cuisine, faisant un peu comme chez moi, connaissant les lieux. Avant de me tourner vers Sorya et vérifier qu’elle a suivi le pas, comme chez moi je vous dis, je dépose la bouteille sur le comptoir.  

« Ne m’en parle pas ! J'ai tout autant à te dire, des trucs de fou ! »

Mais bien sûr qu’elle est déjà au courant puisque ma sœur a épousé son frère ! Bordel, on a des choses à se dire, ça va jouer les vieilles commères bientôt ! Je secoue la tête, me rendant vers une armoire qui doit contenir les verres à vin, j’en choisi deux et reviens au comptoir. Je fouille dans les tiroirs et débouchonne la bouteille, non sans mal, qui ne galère jamais avec ce genre de bouchon ? Enfin victorieux, je nous sers, veillant à bien remplir le verre avant de lui tendre le sien.  

« Quelque chose me dit que t’en as autant besoin de moi »  

Ouais, la journée a été longue et vu son expression, pour elle aussi. J’effleure le vin du bout des lèvres le goûtant, ce petit côté fruité, boisé et une très légèreté amère. Surpris par la qualité du contenu, n’ayant presque rien payé pour la bouteille, cette piquette est sacrément bonne. J’enfile une gorgée complète, sirotant avec plaisir ce jus de raisin alcoolisé, fier d’avoir trouvé un jus de chaussette buvable. Mon estomac mécontent se manifeste dans un grondement que j’espère, être le seul à entendre et je soupire.

« Tu as quelque chose pour grailler un bout ? Un reste de repas ? De quoi faire un sandwich ? Même une vieille boite de biscuit ? »

Ouais, on dirait un gamin lorsque j’ai faim, ne me jugez pas !        

 

Envie de compagnie

@Soraya McKenna & @Andrès Villanueva    

Ça ne fait pas si longtemps que je me confie à Grégory, que je l’accepte dans ma vie, ainsi que David. Depuis plusieurs mois maintenant, je prends conscience de la chance que j’ai d’être entourée de ces frangins. Ils sont une véritable bénédiction. J’ai tellement eu l’habitude d’être seule que je ne sais pas toujours comment faire avec eux. J’ai eu besoin de temps et surtout d’espace quand j’ai compris que ma vie n’était que mensonge. Papounet paie la même note que moi, à ce sujet. Découvrir que la femme que vous aimiez est responsable de l’enlevement d’un enfant qu’elle a fait passer pour le sien avant de s’ôter la vie plusieurs années après…  Y’a de quoi perdre les pédalles.

J’ai failli ne pas m’en remettre. Enfin… Je n’en suis pas vraiment remise, je cherche toujours certaines réponses mais j’ai décidé de ne plus me laisser atteindre négativement et de profiter de mes frères autant que possible. Quant aux parents, ce n’est pas envisageable. Je ne le veux pas. Pas encore. Je préfère me consacrer à Grégory et sa nouvelle épouse, même si j’suis fâchée après lui de ne pas m’avoir prévenue de son mariage express avec Sofia, que je connais très peu contrairement à son frère Andrès qui est l’un de mes plus proches amis. Et lorsque ce dernier débarque, je ne me fais pas prier pour lui sauter dans les bras. Je n’ai jamais été aussi heureuse de voir quelqu’un qu’en ce moment ! C’est que j’ai des trucs à lui dire. Et visiblement, je ne suis pas la seule.

Dans la cuisine, je reluque la bouteille de vin sous toutes ses coutures tandis que je laisse Andrès se servir dans mes placards, sans aucune restriction. Il fait comme chez lui et ça ne me dérange pas. Il sert même mon verre en premier, que je remercie d’un signe de tête avant de lui répondre en soupirant :

« Oh si tu savais ! »

Je peux lui faire une petite liste non exhaustive, qui risque d'étoffer un peu plus au cours de la soirée ! La première gorgée est bien trop gourmande à mon goût mais bordel que c’est bon !!! Je sirote plus en douceur ce nectar tandis que mon camarade manifeste son besoin irrépressible de manger quelque chose, peu importe ce qui lui tombe dans les mains. Je souris et lui dis :

« Il doit bien y avoir quelque chose dans le frigo, regarde. »

Je pointe le réfrigérateur du menton, non pas pour lui montrer où il se trouve mais seulement pour accompagner mes paroles. Et pendant qu’il se penche à l’intérieur de ce dernier, je lui dis :

« J’en reviens pas qu’ils ne nous aient pas invités pour leur mariage… Faire ça en cachette, sérieux. T’y crois, toi ? »

Je suis indignée, oui. C’est le mot. Je peux cocher une chose sur ma liste des choses à balancer à Andrès. En vrai, y’a aussi le fait qu’ils vont avoir un bébé dans pas longtemps, et toute cette précipitation que je ne comprends pas qui m'énerve encore plus !

« Je tiens une liste, t’en veux d’autres ? … Oh mais avant, t’avais pas des trucs à dire toi aussi ? »

Autant s’indigner à deux, c’est plus sympa, non ?


 

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@Soraya McKenna & Andrès

Loin de l’idée d’aller pleurnicher dans les jupons de Sorya, quoi que, c’est exactement ce que je suis en train de faire ? En même temps, je me vois mal aller brailler sur ma sœur et son compagnon, non pardon, “Mari” ! C’est donc chez mon amie, qui se trouve être la frangine du mec à Sofia, que je franchis la porte près à geindre. Mais d’abord, il me faut quelque chose, de la nourriture, roh oui j’ai faim quand je suis contrarié. En quête du Saint Graal dans son réfrigérateur, bingo, il contient des restes, encore potable à première vue.  

« Qu’ils veuillent faire ça en petit comité, d’accord pas de souci, mais ne pas m’inviter moi, son propre frère ! »

Dans ma tête, ça formait cette phrase mais avec une bouche pleine, disons que cela sonne autrement. Je dépose les restes sur le comptoir non loin de mon verre, ce dernier qui aide à descendre les aliments à peine machés. Je prends le temps de faire le plein, délicate gorgée, pas mauvais pour de la piquette de supermarché.  

« Attends, tu sais autre chose ? Parce que je suis certain qu’ils se sont mariés sur le coup du bébé ! »

D’accord, on dirait deux vieilles commères assisent sur un banc, nourrissant les pigeons tout en se racontant des ragots. Attends, c’est vraiment l’image que l’on donne ?  

« T’en veux ? »

Je lui temps un reste de cuisse de poulet déjà entamé par ma mâchoire super puissante, ouais, j’ai de bonnes dents. Ne me reprochez pas de partager !

« Mais tu l’as su quand pour le mariage ? »  

Bah quoi, je veux juste savoir qui a été mis au courant le premier, question d’égo, voyez ça comme vous le voulez !          

 

Envie de compagnie

@Soraya McKenna & @Andrès Villanueva    

J’aurais tant voulu être présente pour leur mariage, même en petit comité, je suis certaine que ça aurait été magnifique. Même si je trouve qu’ils y sont aller un peu trop vite, c’est à peine s’ils se connaissent. J’veux dire, ils n’ont pas vraiment eu le temps de se fréquenter avant d’avoir un bébé et de se marier. Mais bon qui suis-je pour juger, je peux juste me plaindre à Andrès qui ressent exactement la même chose. J’comprends pas trop ce qu’il veut dire, la bouche pleine, mais je ris à sa façon d’être mais les grandes lignes sont tout de même compréhensibles. Comment ne pas être sous le choc, sérieusement ?

Ouais tu m’étonnes !

je bois quelques gorgées de mon verre de vin, pratiquement vide, hélas, j’ai la descente bien trop rapide, je serais mieux de manger quelque chose, si je ne veux pas finir ivre au bout du second verre hein ? Les mots d’Andrès sonnent écho dans ma propre tête, je hoche celle-ci en disant, convaincue :

Bien sûr que c’est à cause du bébé. Mon frère ne me dit pas tout, mais d’après ce que j’ai compris, tes parents ne sont pas du genre à être ouverts d’esprit ?

La religion veut qu’il y ait mariage, avant d’avoir des relations sexuelles. Surtout des enfants. Cette vision de la famille est tellement barbare. Vous saviez que dans le temps, les prêtres allaient de maison en maison afin de s’assurer que les couples faisaient des bébés et que s’ils ne mettaient pas tous en œuvre, ils les insistaient. Quelle horreur, d’obliger une femme à faire des gamins. DES TAS de gamins, qui plus est !! Je récupère ensuite la cuisse de poulet d’Andrès et y mord dedans, sans hésitation. Faut que je mange pour boire sans être malade ! Après avoir avalé la bouffe, je lui réponds :

La semaine dernière ! Par sms, c’est extra.

Dépitée, je soupire. Ils ont quand même attendu quelques jours après le mariage pour me l’annoncer.  Je lui demande :

Sofia te l’a dit quand, à toi ?