Une dure réalité est moins cruelle que de faux espoirs. Tu l’as appris à tes dépens et ce jour ne manque pas de te rappeler. Tu aurais hautement préféré que Vénus ne te laisse aucun espoir. Qu’elle te les anéantisse dans un coup de vent. Tu aurais préféré qu’elle te dise clairement ce qu’il en était réellement plutôt que de te permettre d’atteindre un certain niveau d’intimité avec elle. Elle t’a, à de nombreuses reprises, donné de quoi nourrir tes espoirs et de les façonner. Un simple geste qui alimente ta rancœur. C’est bien pour cette raison que ta chute t’est atrocement douloureuse. Tu es connu pour être une personne plutôt silencieuse pour la simple et bonne raison, qu’en toi, bouillonne une rage profonde. Elle a toujours été là, et ce, depuis ton jeune âge, mais aujourd’hui tu peines à la canaliser. Tu fais de ton mieux pour réfréner ta colère, car tu le sais, dès lors qu’elle t’échappe les conséquences sont désastreuses. Gemma doit d'ailleurs encore s'en souvenir. Mais, comment rationaliser cet extrême alors même que Vénus est la seule à te faire atteindre d’aussi hauts niveaux ? Comment réussir alors que la découverte de son dessous chez lui t’a fait l’effet d’un poignard dans le cœur ? C’est plus fort que toi. Cette douleur t'est plus insupportable que toutes celles que tu as connues jusqu'à maintenant. Les regrets te gagnent et tu te dis que jamais tu n’aurais dû faire exception à qui tu es. Comme à ton habitude, tu aurais dû ne jamais rien attendre de personne et compter que sur toi-même.

Tu n’as pas cherché à comprendre. Dès lors que tu as su que cette dentelle lui appartenait, celle-là même que tu tenais entre tes mains et que tu avais vu sur son corps, ton sang n’a fait qu’un tour. Tu ne prêtes aucun temps à la réflexion et le sentiment de t’être fait manipuler te prend aux tripes. Dois-tu réellement comprendre qu’elle te met dans le même panier que toutes ces autres personnes ? Tu pourrais facilement croire qu’il ne s’agit que d’une histoire d’ego, mais il n’en est rien. Toi qui ignorais encore ce que voulait dire jouer avec les sentiments, tu en comprends tous les enjeux et les conséquences maintenant. Bien évidemment, tu ne gênes pas pour faire des raccourcis et tu en conclus très rapidement que l’amour, celui avec un grand A, ne sert définitivement à rien. Il n’amène que douleurs, ennuis et complications. Tu en veux d'ailleurs à toutes ces personnes qui te l'ont vendu et qui t'ont poussé dans ses bras avec acharnement. Dans un bruit sourd, tu arrives non sans rapidité devant chez Harmony. Tu ne réponds qu'à l'envie de lui balancer son dessous et de lui hurler le fond de ta pensée. Hélas, alors que tes pneus grippent dans son allée, c'est une chevelure de feu qui attire ton regard. Un visage qui t'est encore totalement inconnu et qui comme à son habitude, Harmony, s'est bien gardée de t'en parler.

Sans attendre, tu sors de ta voiture. Tu n'as le temps que de te retourner vers elle avant qu'elle ne t'interpelle. Bien que tu te demandes ce qu'elle peut bien faire ici, la jeunette a tout l'air de te connaître. Serait-ce l'une de tes aventures d'une nuit ? Impossible. Tu ne connais pas son âge, mais tu déduis bien facilement qu'elle est trop jeune pour toi. D’un air peu angélique et désagréable, tu lui demandes sèchement « T’es qui toi ? » Tout en t'approchant d'elle, tu prends soin de la regarder de haut jusqu'à ce que tu lui fasses face. Même si tu ne le désires pas, tes pensées se tournent vers son choix de mot. Qu'entend-elle par pseudo ? Néanmoins, tu lui donnes facilement raison. Tu trouves qu’il est parfaitement adapté à la situation. Après tout, tout ça n’est qu’une histoire grotesque et le titre de meilleur ami n’est valable pour plus aucun de vous deux. Tu es déterminé à ce que vous ne soyez plus que de simples connaissances, si ce n’est pas de simples inconnus. De façon très peu flatteuse, son regard parcourt tes traits et ton corps, ce qui a le don de rapidement te faire réagir. « Oh ! Regarde ailleurs la petite. » Tu avoues que pour une fois, tu n’apprécies absolument pas ce genre de gestes et ses paroles te hérissent. C’est bien la première fois que tu fais front à ce genre de flatteries. De manière générale, tu es bien le premier à aimer qu’on caresse ton ego. Cela dit, tu estimes qu’elle ne manque vraiment pas d’air. « Je n'ai pas de temps à perdre avec une minette dans ton genre. Va faire mumuse dans ton bac à sable et dégage de mon chemin. » Sans attendre, tu passes à ses côtés te permettant même de la bousculer au passage. Cependant, il y a bien une chose à laquelle tu n'as pas pensé. S'il s'agit d'une connaissance ou d’une proche de Vénus, elle doit être dotée d'un sacré caractère.

À aucun moment, tu n’as jugé utile de prévenir Harmony. Tu ne désires ni la croiser, ni lui parler. Tu comptes simplement déposer son dessous, le laisser en évidence comme un message explicite et silencieux, avant de te terrer dans le mutisme. Une colère à la profondeur d’une jalousie bout en toi. Elle ne mérite que ce qu’elle a décidé de semer. De façon sarcastique, tu te dis qu’elle aura le mérite d’avoir une belle récolte. Par chance, bien que la plupart de ses proches connaissent la cachette de ses clés, tu bénéficies de ton propre double, de quoi te faciliter la tâche. Du moins, c’est ce que tu croyais. Toi qui désirais agir en silence et en toute discrétion, tu te trouves nez à nez avec une inconnue. Tu observes cette enfant avec une froide indifférence. Dans une intensité glaciale, tu prends note de chaque détail de son attitude et de ses mots. Pourtant, un bon observateur remarquerait ce tourment qui t’anime. Elle t’interpelle comme si elle te connaissait, ce qui a le don de t’agacer un peu plus. Immobile et silencieux, elle débite des répliques avec une assurance insolente. Peut-être pense-t-elle que ses mots te piquent comme une épine ? Hélas pour elle, tu n’es pas décidé à flancher. Ton silence habituel, cette façade derrière laquelle brûle une rage contenue, t’aide à te protéger.

Manifestement, elle désire se jouer de la situation allant même jusqu’à t’offrir l’un de ses sourires amusés. Tu la laisses parler, peu désireux de perdre ton temps avec une gamine. Son observation sur ton physique et sa remarque sur ta prétendue pudeur te font serrer les poings. Tu n’es pas ici pour t’engager dans un échange houleux avec une inconnue. Le souvenir brûlant du dessous découvert chez Ambrose te hante. Tu es certain d’une chose, cet ami est à la limite de ne plus en être un. C’est une douleur lancinante au creux de ton être qui s’installe. Tu la sens, cette rage qui monte et menace de déborder à tout moment. Depuis longtemps, tu as appris à contenir et contrôler tes émotions, à les enfouir profondément sous ta façade impassible. En serait-il de même si tu te tenais face à Harmony ? Bien sûr que non. Dans un regard transperçant, tu te décides enfin à sortir de ton silence. « Je me fiche de ce que tu penses de moi. Harmony peut faire ce qu’elle veut de sa vie et de ses relations. J’en ai plus rien à foutre. Mais ne crois pas un instant que jouer à la gamine effrontée avec moi sera sans conséquences. » Ton glacial. Voix dépourvue de toute émotion. Une apparente indifférence qui cache une détermination inébranlable. Tes mots ne reflètent en rien ta pensée. Si tu devais être totalement franc et transparent, tu dirais qu’entrer dans cette maison n’est pas sans conséquences. Néanmoins, tu n’expliquerais pas pour autant ta pensée. Comprendra qui pourra.

Lorsqu’elle te bouscule et t’accuse d’être un connard, ta patience se voit mise à rude épreuve. Elle atteint ses limites et te pousse à faire volte-face. « Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles. Tu n’es qu’une putain d’enfant qui joue à des jeux d’adultes. Retourne pleurer dans les jupons de ta mère et avec un peu de chance, ton père te fera sautiller sur ses genoux si tu restes mignonne. » Ton regard suit ses mouvements. Tu l’observes cacher la clé sous le porche et son regard noir rencontre le tien. Elle te provoque sans une once d’hésitation en parlant de ta Vénus avec une insistance délibérée. À croire que chacun de ses mots est une provocation calculée pour te faire réagir. Malheureusement, tu te refuses à lui donner satisfaction et tu te donnes du mal pour ça. Dangereusement, tu t’approches d’elle, prêt à lui faire face. « Harmony est peut-être du genre charitable avec toi et tolère ta présence jusqu’à maintenant, mais je suis tout, sauf indulgent, alors mêle-toi de tes affaires. Commence par savoir empiler des Lego. » Sans attendre sa réaction, tu la contournes et te diriges vers la porte. Étrangement, tu n’es pas favorable à sortir tes clés et entrer dans cette maison. Tu crains que mettre les pieds à l’intérieur te rappelle pourquoi tu es si proche et amoureux de ta Vénus. Toutes ces choses qui te poussent à rester près d’elle et à vouloir la protéger de façon démesurée. De ton cœur tourmenté, là où la douleur de la trahison et le désir incommensurable s’entremêlent, tu te tournes une dernière fois vers elle. « Pour ta gouverne, je n’ai jamais été prude. » En accompagnant tes mots, tu glisses ta main dans ta poche avant de saisir cette dentelle du bout des doigts. « Le simple fait est que tu n’en vaux pas la peine, alors tu rendras ça à ta si grande amie avant d’aller te racheter une éducation. » Sans en dire plus et dans un lancer habile, tu jettes la dentelle de Vénus sur le visage arrogant de cette enfant. Elle qui se pense adulte ne devrait pas se sentir froissée par un tel geste.

Tu fixes la jeune femme d'un regard impassible, presque détaché. Ses paroles, empreintes d'émotions et de provocations, glissent sur toi comme l'eau sur les plumes d'un canard. Elle dépense son énergie à tenter de te déstabiliser, mais elle ne réalise pas que tu es déjà fermement enraciné dans ta sérénité. Son agitation ne fait que souligner davantage ton sang-froid. Tu te tiens là, immuable, tandis qu'elle agite les bras et élève la voix dans une tentative futile de te faire réagir. Mais pour toi, c'est comme une brise légère qui vient caresser ton visage sans le perturber le moins du monde. Tu te demandes si elle comprend réellement à qui elle s'adresse. Elle semble penser que sa rhétorique peut ébranler tes convictions, mais elle est loin de saisir que tu es un roc inébranlable. Tes pensées restent claires, ton esprit reste calme, et rien de ce qu'elle dit ne peut perturber ton équilibre intérieur. « Et ? J’en ai rien à foutre. Ça me fait ni chaud, ni froid. Si tu veux jouer les victimes, va pleurnicher sur la tombe de tes parents ou sur leur absence. » Alors que ses paroles continuent de s'écraser contre ta tranquillité, tu restes là, silencieux et impassible, attendant que la tempête qu'elle a déclenchée se calme d'elle-même, sachant que rien de ce qu'elle dit ne peut te détourner de ta quiétude intérieure.

Il est indéniable pour toi que la jeune femme est encore loin de saisir les nuances de la vie réelle. Son incapacité à maîtriser ses émotions et son penchant pour les provocations révèlent une profonde immaturité et un manque de contrôle sur elle-même. Tu te demandes si elle croit sincèrement qu'en manipulant les sentiments des autres et en jonglant avec les mots, elle peut obtenir un avantage quelconque. Mais à tes yeux, elle ne fait que se rendre ridicule et mettre en lumière sa propre vulnérabilité. Elle semble se débattre dans ses propres tourments, cherchant désespérément un moyen de se protéger, mais elle ne réalise pas que c'est elle-même qu'elle finit par se blesser. Sa quête pour se défendre contre les éventuelles menaces extérieures la conduit à s'auto-saboter, à se perdre dans un labyrinthe de ses propres démons. Un stade que tu avais déjà dépassé à son âge si tu le juges selon son physique. « La pouf en question, c’est ta pote, mais t’es pas loin de la réalité. Juste pouf, c’est pas assez poussé pour la décrire. » Tu te retrouves à te demander quelle est la motivation derrière tant d'énergie dépensée pour te provoquer. À tes yeux, elle n'est qu'une enfant capricieuse en pleine crise, cherchant à attirer l'attention d'une manière peu productive. Son comportement semble dénué de sens, vide de toute substance réelle ou d'intérêt tangible. Malgré son âge adulte en apparence, elle n'a rien d'autre à offrir que son côté immature et impulsif. C’est bien là une enfant en pleine crise qui te fait face.

Cette rencontre avec elle te laisse avec un sentiment de frustration et de regret, comme si tu avais gaspillé ton temps précieux dans une interaction stérile. Elle n'apporte rien de valeur à ta vie, étant simplement insignifiante, creuse et totalement dépourvue de profondeur. Comme une ombre passagère dans le panorama de ton existence, elle ne laissera aucune trace durable. « Ma parole ! Mais t’es une fille complètement paumée toi, t’as pas l’air de savoir ce que son réellement les relations humaines. Pas besoin de te cacher derrière l’abandon de tes parents pour trouver une excuse à la morveuse que tu es, je vais te donner raison, j’en ai plus rien à foutre de sa gueule. Alors tant mieux si elle se porte mieux sans moi. Elle fait plus partie de ma vie. » Tu choisis alors de te détourner d'elle avec un soupir léger, préférant consacrer ton énergie à des préoccupations plus importantes et enrichissantes. Après tout, tu as mieux à faire que de perdre ton temps avec quelqu'un qui ne mérite pas ton attention ni ton investissement émotionnel. Tu retournes à ta voiture sans perdre de temps, mais après avoir mis le contact, tu prends un instant pour baisser ta vitre. Ton regard se pose sur la jeune femme, alors que tu t’apprêtes à lui faire part de tes paroles énigmatiques dans une froideur calculée. « En fait gamine, dis à ta grande amie que Ambrose l’embrasse. Elle comprendra. » Sans attendre de réaction, tu recules, puis disparaît finalement de la vue de la jeune femme, laissant tes paroles suspendus dans l’air.