@Jeremy Hopkins & Basil

Y’a pas à dire, s’il y a bien une chose qui passionne Basil, c’est son job. La seule activité dans laquelle il peut se donner corps et âmes. Et faire des heures supplémentaires sans trop rechigner. Néanmoins, y’en a une autre de sacrée, et qui pourrait prendre le dessus : la bouffe. Alors la pause déjeuner, il y aura beau y avoir toutes les urgences du monde, tout doit attendre. Le monde doit s’arrêter entre midi et deux, afin de caler son estomac en pleine famine. Comme dirait certain, le gras, c’est la vie.

Grand adepte de la bonne bouffe – et bon cuisinier, faut le souligner – il n’est pas du genre à s’éclipser du parc pour se faufiler dans un fast-food, loin de là. Tous les soirs – ou tous les matins s’il en a le temps – il se prépare sa petite lunch box, du fait maison. Du sandwich bien sculpté à la petite salade recherchée, il y a toujours de quoi satisfaire ses papilles. Puis c’est l’entracte, le tête à tête avec son gourou, le twix droit du twix gauche. Jamais il ne s’installe seul à sa table lors du déjeuner : C’est le moment commérages et confidences – ou simples échanges de conneries – avec nul autre que Jeremy. Qu’il qualifierait de collègue préféré, l’Adam de Eve du boulot – ouai il est ok de prendre le rôle d’Eve. Mais tout le monde sait que leur amitié s’étale bien au-delà des remparts du zoo. C’est donc d’un pas pressé qu’il se rend sur la zone extérieure dédiée aux repas des employés. Il ne pleut pas, il ne fait pas trop froid, temps idéal pour le pique-nique.  

Affublé de sa veste aux couleurs du Zoo, il repose son sac sur l’une des tables en bois - légèrement humide – et en sort sa petite lunch-box isotherme. Sa gourde – parce qu’il évite les bouteilles en plastique polluante, quitte à faire la morale aux visiteurs du parc – puis attrape son téléphone pour taper un rapide texto à l’intention de Jeremy. Il lui fait savoir sa position, et enfin, pose ses fesses sur le banc.  

Attendant sagement, il ne grignote que quelques carottes pour s'occuper, le regard vers l’avant, là où quelques minutes plus tard, le brun fait son apparition. Le sourire se dessinant en coin de ses lèvres, il avale sa bouchée puis fait signe à Jeremy de loin. Bien qu’il ne l’aurait pas raté, personne ne semble vouloir déjeuner dehors aujourd’hui. Toutes les tables sont libres.  

- “ Tiens, preuve que j’aurais assuré si tu m’avais laissé gérer le buffet de ton incarcération à perpétuité. ”

Comprenez par-là, “mariage”. Depuis son divorce, ce simple mot lui ferait redresser tous les poils. Même si la fin tragique, il en est le seul responsable, ce mariage battait de l’aile depuis longtemps, assez pour qu’il ne sache plus vraiment qui est le plus coupable des deux.

Sur ses belles paroles, souriant de plus en plus malicieusement, il se relève, sort un sandwich préparé de ses petites mains, qu’il tend à Jeremy. Ce genre de Sandwich un peu trop haut et bien américain, semblant sortir tout droit d’une vitrine. Faut quand même souligner que des qualités, Basil n’en n’a pas beaucoup. Du savoir-faire non plus, trop souvent qualifié de bon à rien. Pour une fois qu’il peut se vanter de quelque chose.  

Comme si c’était le graal, il tient le sandwich précieusement sur ses deux mains, puis vient délicatement le poser devant son ami, avant de se rassoir tout en assurant une légère révérence.

_ “ Tu devrais en laisser une moitié à ta femme, qu’elle aussi elle regrette. ”

Sourire mutin, toujours au coin de sa bouche. Evidemment, y’avait rien à redire du traiteur au mariage, c’était qu’une façon de plaisanter. Quoi que.