Une famille qui crie est une famille unie

TW : aucun

9 septembre 2024, chez Malone

Ca fait un petit temps que Célian est parti pour son émission. Une éternité au moins ! Le temps commence à se faire long sans lui. Tu ne sais plus quel idiot à affirmer un jour que le temps est plus long lorsque l’on est loin de ceux que l’on aime, mais tu dois reconnaître qu’il a raison. Encore un poète morose, sûrement et tu ne veux pas être morose. Après tout, Céli doit s’amuser de son côté et il voudrait que tu t’amuses aussi. Pas que tu attendes impatiemment son retour en tournant en rond dans ton appartement. Il faut que tu t’occupesEn relativisant, il n’est pas parti depuis si longtemps. C’est un laps de temps que tu as déjà pu passer sans lui. Durant un temps, il n’était plus là, il avait fui. T’avait ignorée. Ce temps paraît si loin.
Et ton idiot de cousin, ton confident, te manque.

Tu enlèves ton casque et jètes un coup d'œil sur l’immeuble face à toi. Il n’est pas très haut. Il a belle mine. 4 étages, ça va être du gâteau, clairement ! Avant d’entrer, tu prends tout de même le temps d’attacher ton nouveau bijou, ta belle Ducati flambante neuve. Elle t’a volé une bonne partie de tes économie mais tu n’en as que faire car dès que tes yeux se posent sur elle, tu souris. Niaisement. Comme une gamine devant son nouveau Kidisecret. Tu rayonnes de bonheur face à ce cadeau que tu t’es toi-même offert.
Tu ne l’aurais jamais cru, mais tout est réglé. Depuis que le patron est une histoire ancienne, tout te semble plus léger, plus simple. Tu es plus confiante, tout simplement. Ta vie est presque simple. Si seulement cet inconnu que tu as recroisé, il y a quelques mois, ne venait pas noircir le tableau avec sa manière troublante… d’agir ? D’être, tout simplement.
Peu importe ! Tu secoues la tête pour te remettre les idées en place. Tu lances un bisou dans les airs à ton nouveau bolide avant de t’engouffrer dans l’immeuble pour monter les quatre étages obligatoires pour rejoindre l’appartement de Célian et… Malone. Tu inspires en repensant à la personne avec qui tu vas partager ta soirée.

Tes relations avec ton beau-frère -car quoi que l’on dise, Célian est plus un frère qu’un cousin- ne sont plus aussi mauvaises qu’elles ont pu l’être. Tu ne peux pas nier qu’il a joué un rôle important dans ta vie. Il a eu un rôle majeur lors de la fouille que vous avez mise en place avec Célian. Il t’a aidé à sortir de ce cercle vicieux. Il a soutenu Célian tout du long. N’est-ce pas tout ce que l’on demande à un bon mari ? C’est le minimum que mérite Célian, toujours.
En quelque sorte, tu en dois une à Malone, puis ce n’est pas un si mauvais bougre. Bien qu’il n’ait pas énormément changé depuis votre rencontre. Enfin si : depuis il est devenu M. Harlow-Barrows. Il fait partie de la famille maintenant. Cela ne le rend pas moins exaspérant. Pas moins clownesques. Pas moins bavard, ni même affligeant. Pourtant, c’est bien chez lui que tu vas te réfugier ce soir pour éviter une énième soirée seule à te répéter que si Céli avait été là, tu aurais passé la soirée avec lui. Tu l’aurais appelé. Tu l’aurais forcé à regarder une énième fois Raiponce avec toi. Une énième soirée à la solitude exacerbée, bien que ce ne soit pas vraiment le cas. Tu connais du monde, tu as des proches. Mais eux, ce n’est pas Célian. Ce n’est pas pareil.
Et ça, Malone le comprend.

Tu n’as qu’à toquer une fois pour que la porte s’ouvre sur un… Malone habituel. Un brin arrogant, un brin charmeur. Rien qu’à la vue de cette mine, tu as envie de lever les yeux au ciel.
En général, tu n’aimes pas ce genre de personnes. Les gens trop sûr d’eux qui le savent, qui en jouent et qui se permettent de manipuler les autres pour arriver à leurs fins. Tout ça, très peu pour toi. Le pire : ces hommes sont en général vraiment beaux. Ils ont bien ce petit truc. Ce charisme qui fait qu’on veut leur offrir la lune. Ce que Célian ferait sans réfléchir pour Malone. Ce qui a rendu leur cérémonie de mariage magique et rendra leur mariage assurément prospère dans bien des domaines.

- Je crois que je le regrette déjà, tu glisses sur un ton rieur. Mais Célian m’a fait promettre de prendre soin de toi en son absence, ce fourbe !

Ce n’est pas par fierté que tu caches ta présence chez lui sous la promesse que tu as faite à Célian mais bien parce que tu sais que ça va l’amuser. Malone est sûrement la troisième personne à connaître aussi bien ton cousin que ton frère et toi et il saura qu’en effet, tu ne mens pas. Célian t’a bien fait promettre cela. Comme il a dû faire promettre à son mari la réciproque te concernant.

Tu fais un pas pour entrer, prenant les mots de Malone comme une invitation, quand ce dernier sort sans hésiter. Tu recules précipitamment. Il ferme la porte. Hein ? Tu n’as pas le temps de dire quoi que ce soit que l’esprit vif de ton beau-frère t'annonce que vous ne mangerez pas ici. Pas chez lui, enfin chez eux. Tu fronces les sourcils en baissant la tête pour apercevoir le casque à la main de Malone.
Dubitative, tu parles lentement pour lui répondre. Tu n’es pas sur la défensive, tu ne sais juste pas ce qui se trame. Or tu adores tout savoir. Tu n’aimes pas vraiment les plans de dernière minute ou les surprises comme celle-ci. Mais as-tu vraiment le choix ?
Visiblement, c’est Malone qui mène la danse. Soit tu le suis, soit tu lui marches sur le pied.

- Très bien, j’ai hâte de voir ce que tu m’as concocté. Je t’emmène où dans ce cas ?

Il faut le dire, ce sera la première fois que tu conduiras avec quelque derrière toi. Aussi confiante puisses-tu être seule sur ta moto, mettre la sécurité de quelqu’un d’autre te stresse légèrement. Une boule se forme alors dans ton estomac que tu caches instantanément. Ce n’est qu’une étape à passer. Rien de grave, ça va aller.
Tu t’apprêtes à descendre les marches que tu viens à peine de monter en te demandant quelle route prendre pour te mettre le moins en difficulté. Enfin, c’était sans compter Malone derrière toi. Il est bavard, ça c’est clair, mais cela a du bon car à cet instant précis, il t’empêche de penser à ton stress. Il t’empêche de l’entretenir. De le faire grandir.

Le sujet sur lequel il te ramène n’est pas forcément joyeux mais au moins, celui-là, tu le connais par cœur. Tu ne réfléchis même pas à tes mots. Tu ne relèves pas le fait qu’il ne finit pas sa phrase, tu déballes simplement ton sac.

- Sincèrement, c’est l’angoisse. C’est super bizarre. Tout le monde est entre le soulagement de voir dégager ce vieux pervers et le stress de la nouvelle direction. La nouvelle direction semble même plus dure, elle retrace tout ce que l’on a pu faire afin de s’assurer que tout est en règle. Je comprends mais ça tend tout le monde, ça rend certaines personnes méfiantes et même agressives dans leur attitude ou dans leur façon de parler. On a l’impression que l’on est sur la corde raide. Qu’à la moindre erreur, la personne va sauter. Je ne sais pas si c’est leur intention mais l’ambiance dans les bureaux est à couper au couteau, maintenant.

Tu n’es pas du genre à te plaindre à n’importe qui mais tu en as gros sur la patate, comme dirait Lukas. Alors tu n'hésites pas. Tu ne connais pas forcément bien Malone, mais tu ne vois pas en quoi lui parler de l’ambiance froide du travail pourrait te porter préjudice.