Le soleil, le vent agréable qui s'imprégnait de mes cheveux, la mer... Tout ça était devenu un indispensable pour moi. J'avais traversé différents pays, visiter pas mal de villes et découvert de nombreuses cultures mais il fallait croire qu'au plus profond de mon être, j'étais bien trop attachée à mes racines américaines. J'avais besoin de cet espace, de ce paysage pour me sentir mieux, pour me sentir comme à la maison. J'avais longtemps rechercher un endroit ou je pouvais me sentir comme chez moi n'ayant plus la sensation que Boston était un endroit qui me convenait. Peut-être qu'à force de chercher, j'avais finalement trouvé, ou alors, la vie m'avait imposé ce choix sans même que je ne m'en rende compte.

Les derniers évènements avaient chamboulé ma routine et je ne savais plus très bien comment gérer mes émotions. En réalité, je n'avais jamais été une as pour ça et j'avais toujours créer le chaos autour de moi. La stabilité, je l'avais feinté notamment avec Micah et finalement, mes vieux démons avaient repris le dessus. Il avait toujours su que j'étais un électron libre, une écorchée vive mais je doutais qu'il ait un jour pensé que j'allais l'entrainer dans ma chute. Je ne savais pas réellement pourquoi, soudainement, je pense à mon ex petit ami, peut-être que l'endroit était familier, à une époque ou tout semblait simple entre nous. Je jetais un regard sur la grande cathédrale qui se trouvait sur ma droite. Je n'y avais pas remis un pied depuis des années, les dimanches à la messe m'avait assez traumatisé comme ça. J'étais si loin de la petite fille que j'avais été, qui suivait ses parents sans broncher... Bon sang, tout aurait pu bien se terminer.

Je me levais du banc sur lequel j'étais assise, et je dirigeais d'un pas décidé vers le café d'en face. J'avais besoin d'un thé ou d'un latté sans café mais quelque chose qui pouvait calmer cette angoisse grandissante qui poussait dans ma poitrine. Faire un exercice de respiration dans la rue n'était pas vraiment adapté, je devais donc trouver une parade ; une boisson sucrée me paraissait pas mal. Je traversais donc la route et alors que j'allais entrer dans le café, je me stoppais face à un homme sortant du même endroit. Micah. Je restais figée quelques secondes, perdant légèrement la face alors que nous ne nous étions plus revus depuis un moment maintenant, depuis que je lui avais brisé le cœur.

Je ne pouvais pas dire que j’avais l’esprit tranquille ces derniers temps. Nous avions des dossiers épineux à traiter au travail, mais au-delà de ça, je ne savais plus comment me comporter avec ma coéquipière. La nuit que j’avais passée avec Cassie avait été des plus exquises et si j’avais choisi de franchir ce cap avec elle, c’est que j’en avais eu envie, mais je ne cessais de regretter depuis parce que je ne savais plus quoi faire. Nous ne pouvions pas être un couple, pas en étant partenaires au travail. Ca nous rendrait vulnérables, et si quelque chose venait à ne pas fonctionner entre nous, ce serait la mort de notre duo et on ne changeait pas comme ça de partenaire sous prétexte qu’on ne savait pas se gérer. Si j’essayais malgré tout de lui parler normalement, ça avait changé quelque chose, comme je m’y étais attendu. Ca ne venait pas d’elle, mais de moi. La déception amoureuse que j’avais vécue avec Olena était encore présente dans ma tête, et je me refusais à me lancer dans quoi que ce soit de sérieux. Et Cassie ne méritait pas ça. Il valait mieux qu’elle et moi passions à autre chose. Mais je n’étais pas parvenu à le lui faire comprendre, ni à vraiment aborder le sujet. Ce matin, comme tous les weekends, j’avais sorti mon frère pour aller courir en sa compagnie – poussant son fauteuil jusqu’à lui faire admirer le lever de soleil avant de rentrer juste à temps pour que l’infirmière vienne s’occuper de lui entre la douche et le reste, ce qui me permettait de vaquer à d’autres occupations. Aussi, comme j’avais besoin de m’aérer l’esprit et que je ne tenais pas à ce que mon frère le remarque même s’il ne me dirait rien à ce sujet parce qu’il me connaissait mieux que quiconque, j’étais de nouveau parti en balade, et je m’étais arrêté dans mon café favori. Un flat white plus tard, je quittais les lieux, bien décidé à aller en direction de la plage pour continuer de me vider l’esprit à l’air libre, appréciant le vent balayer mon visage, et à peine dehors, je me mis à blêmir. La personne qui se tenait devant moi, prête à rentrer dans le café était un fantôme de mon passé, LE fantôme de mon passé, celui qui avait précipité ma chute. Toutes ces dernières années filèrent à la vitesse de la lumière devant mes yeux. Je revivais mon accident, je me souvenais de l’effet de la boite qui contenait la bague dans ma poche alors qu’Olena mettait un terme à notre relation. J’étouffais. Ce que je pensais être un problème avec Cassie, n’avait rien à voir avec ce que je ressentais à cet instant. J’étais en colère. Que faisait-elle là ? Je n’avais tellement pas envie de lui parler, tellement pas envie de prétendre que je détournais le regard et cherchant à la contourner. « Pardon. » Je l’aurais épousée. Elle et sa façon de toujours remettre en question tout ce qu’elle possède, elle et ses émotions changeantes, elle et sa dévotion et sa passion. Elle m’avait fait tellement mal qu’elle avait déclenché des réactions en chaine. Je ne volais plus à cause d’elle. J’avais commis une erreur qui aurait pu me couter la vie, à cause d’elle. Je ne voulais plus que ce passé me pourrisse la vie, et je comptais bien profiter de ma journée.  

Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Je me retrouvais devant Micah sans savoir comment agir. La dernière fois que nous nous étions vus, je l'avais quitté. Notre histoire avait été passionnée, j'avais aimé chaque instant jusqu'à ce que je ne puisse plus, jusqu'à ce que mon cœur, mon âme n'y arrive plus. Je n'étais probablement pas faite pour un amour aussi pur que le sien. En réalité, je ne savais même pas ce que je méritais ou non mais j'étais certaine que dans cette histoire, il n'était pas réellement fautif. Il avait supporté mes humeurs, mon caractère, mes névroses... Je n'avais pas toujours été facile, je le reconnaissais désormais. J'avais longtemps cru que tout m'était du, que j'étais ainsi et qu'il fallait qu'il s'habitue, qu'il s'adapte, ce qu'il avait fait, mais c'était une grossière erreur. Alors j'avais aussi du apprendre à vivre avec un pilote, avec ses absences, avec cette passion dévorante qui prenait toute la place. On avait été fait pour s'aimer un temps mais pas pour l'éternité ; c'était un constant douloureux mais plus que réel. Le voir là me ramenait à tout ce qu'on avait vécu, dieu qu'il était beau, toujours aussi charismatique. Attend... Micah, dis je alors qu'il me contournait. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'avoir envie de m'éviter, de m'ignorer ou même de me repousser. L'eau n'avait surement pas assez coulé sous les ponts. Mon cœur se fendait de savoir que ma présence lui était toujours douloureuse, pourtant je préférais ça à l'ignorance, égoïstement. Je devine que tu n'as rien à me dire, osais je avouer alors que je me mordais l'intérieur de ma joue. Bien sur qu'il n'avait rien à me dire, même après tout ce temps ou alors il allait me blâmer pour tout ce qui avait pu lui arriver après notre rupture. J'avais le dos large, il pouvait y aller. J'ai appris pour la Navy, je suis sincèrement désolée, Désolée qu'il ait failli mourir, désolée qu'il ait tout quitté, désolée d'avoir été dans sa tête au moment ou il ne fallait pas. Je n'avais aucune idée des conditions de l'accident, du réel pourquoi il avait claqué la porte. Je n'avais pas cherché à creuser, ça lui appartenait et nous n'avions plus à partager ce genre de détails. Etais-je une personne si horrible ? J'avais fait du mal à un homme qui n'avait cherché qu'à m'aimer plus que tout.  Mes mots étaient peut-être déplacés à ses yeux, j'en avais bien conscience mais je ne pouvais pas le laisser partir comme un inconnu qu'on croisait une fois et qu'on ne revoyait plus jamais. Peut-être que le mot pardon allait arriver à un moment donné si il m'en laissait le temps, encore une fois, je ne savais pas comment étaler mes regrets surtout après tout ce qui était arrivé ces derniers mois dans ma vie.

Longtemps je m’étais demandé quand est-ce qu’elle réapparaitrait dans ma vie. J’étais persuadé que ça allait arriver, parce que notre vie ne pouvait se terminer ainsi. Et pourtant, les années avaient passé, je l’avais oubliée dans la mesure du possible, mais elle avait tant gâché la vie de rêve qui était la mienne, que je m’étais promis que si un jour je croisais son regard, je lui ferais sentir à quel point elle méritait le malheur. Ce n’était pas digne, d’autant plus qu’elle n’était pas responsable de mon erreur de pilotage, juste de mes émotions. J’aurais dû maitriser un peu plus ce que je ressentais. Et tant que je n’admettais pas qu’Olena n’était pas mon problème, je ne parviendrais pas à tourner la page. Je préfère l’éviter plutôt que de me confronter à ce flashback qui me hante, aux débris de mon avion, à mon parachute qui me sauve la mise, à l’état de mon esprit devant ce constat, cet échec cuisant, le tournant de ma vie. Olena avait pris tant de place dans ma vie. Elle était solaire. On avait vécu à cent à l’heure, et ça me ressemblait. Je n’avais jamais rien fait dans la demi-mesure, alors forcément avec elle, ça avait été fort, voire même au-delà. L’épouser aurait été l’apothéose. Mais elle en avait décidé autrement. Un autre dont elle était folle amoureuse, une lubie, un besoin de changement dans sa routine, parce qu’Olena ne savait pas se contenter de ce qu’elle avait. Elle m’interpelle, malgré mon envie de déguerpir, je m’arrête dans ma démarche, toujours tendu, cherchant à faire bonne figure. J’avais envie de l’envoyer bouler, d’autant plus alors qu’elle pense arriver à lire en moi. Evidemment que je n’ai rien à lui dire. Pourquoi aurais-je envie de lui causer ? « Tu devines bien. » Je suis froid, je la fixe avec tant de rancœur, et pourtant, ce n’est pas faute de chercher à dissimuler mes émotions. Je me maudis d’avoir voulu prendre un café ici, et je n’ai qu’une seule hâte, rentrer chez moi. Et alors que je m’apprêtais à prendre la route, elle franchit la limite qu’il ne fallait pas arpenter. Elle parle de mon ancien boulot, de l’accident, et je sens mon sang bouillir dans mes veines au point de ne plus pouvoir me contenir. « Qu’est-ce que ça peut te foutre, Olena ? Ca te concerne en rien. Oublie-moi, retourne voir le mec qui t’a donné des ailes et fous moi la paix. » J’étais amer, et me voilà à nouveau plongé dans mon cauchemar, voyant mon avion ne plus me répondre, après avoir heurté un obstacle, partir en vrille, et échapper de peu à la mort, alors que je hurlais dans mon masque de rage. La bague maudite, je ne l’avais plus jamais sortie, enfermée dans une autre boite au milieu d’affaires sans intérêt. Et puis, à chaque fois que je reprenais les commandes, je revoyais mon accident, et je m’arrêtais en pleine manœuvre, sans aucune possibilité de pouvoir décoller. « Qu’est-ce que tu veux ? Te donner bonne conscience ? Je ne te ferais pas ce plaisir. T’as gâché ma vie, j’espère que t’es fière de toi. » Je ne comptais plus la ménager, j’étais resté silencieux bien trop longtemps.  

Il était en colère, je le sentais et il ne la dissimulait pas, d'ailleurs, il n'essayait même pas. J'avais la sensation qu'il avait attendu tout ce temps pour évacuer sa rage comme si la soupape avait enfin lâché. J'étais consciente que j'avais merdé, que j'avais été maladroite, que j'avais laissé mes sentiments pour un autre gâcher la fin de notre histoire pourtant si belle au premier abord. Il n'y avait pas vraiment d'excuses, et mes regrets n'y changeaient rien non plus. Pour autant, je refusais d'accepter le fait que j'étais responsable de tout son malheur ; des gens se séparaient tous les jours dans le monde, de la bonne ou de la mauvaise façon mais on sortait tous la tête de l'eau si tant est qu'on le voulait bien. Ca me fout que je n'ai jamais souhaité que ça se passe mal pour toi, Bien évidemment je ne répondais pas sur son pique de fin, à quoi bon ? Sa vie ne me regardait plus mais la mienne non plus. Je n'allais pas lui raconter ce qui était arrivé, j'allais simplement me contenter de lui faire comprendre que me diaboliser n'allait pas l'aider. D'ailleurs, je me demandais si le fait de me cracher son venin le soulageait, j'en doutais mais peut-être que sur le moment, ça allégeait sa peine. J'ai gâché ta vie ? Que je t'ai brisé le coeur, je veux bien l'entendre, que j'ai été maladroite, pas correcte et que tu méritais mieux, ça aussi mais avec tout le respect que je te dois Micah, c'était pas moi aux commandes de ton avion, J'y allais fort, je le savais et j'allais probablement le regretter mais avais je totalement tord ? Il ne me semblait pas. Certes, c'était douloureux à entendre mais Micah était un homme intelligent, et j'étais persuadée qu'au fond de lui, il savait déjà tout ça. Il était pilote et ses émotions avaient pris le dessus, du moins, c'était ce que j'en savais... Peut-être qu'il y avait autre chose, tout ce qu'on m'avait dit, c'était qu'il avait tout arrêté après cet accident et qu'il n'avait plus été le même. Le timing de notre rupture et de son accident coordonnait, le lien était donc facile... Toutefois, le lien de cause à effet était, à mon sens, un peu simple. Je lui faisais face, n'ayant jamais eu peur de le regarder droit dans les yeux même quand j'avais du mettre un terme à six années de relation. J'avais des défauts, c'était un fait, mais jamais je n'avais été fourbe, jamais je ne lui avais menti quitte à lui faire du mal. Une vérité douloureuse était toujours moins pire qu'un mensonge, c'était ce que j'avais retenu de cette putain de vie. Je n'avais pas besoin de lui demander si il avait refait sa vie, son attitude à mon égard en disait long ; il n'avait pas cicatrisé et aucune femme ne pouvait s'immiscer dans son esprit tant que j'y logeais même si l'amour qu'il me portait s'était transformé en rancœur voir en haine féroce.  

Je n’avais vraiment pas envie d’avoir cette discussion maintenant, devant un café. J’étais incapable de réfléchir correctement. Tout me revenait en pleine face et je refusais de lui accorder mon pardon. Désabusé par son comportement, j’écarquillais les yeux alors qu’elle laissait entendre qu’elle n’avait jamais envisagé que derrière ses choix bancals, il y avait des conséquences parfois rédhibitoires. « Parce que tu pensais que ça allait me faire plaisir que tu me dises que t’en aimais un autre ?! » Je n’avais même pas cherché à comprendre depuis quand et pendant combien de temps elle m’avait trompé. J’avais pris une gifle monumentale, moi qui ne songeait qu’à la demander en mariage et le faire suffisamment bien pour que ce soit inoubliable et qu’elle en reparle alors qu’elle vivait ses derniers instants auprès de ses petits-enfants. Elle ne pouvait pas le savoir, je ne lui avais jamais dit. J’avais simplement subi la situation. A quoi bon lui révéler que je voulais qu’on se marie envers et contre tout ? Finalement, c’était peut-être un mal pour un bien quand on voyait le culot qu’elle avait à mentionner mon avion sans même savoir ce qui s’était déroulé ce jour dans mon avion. J’accusais une nouvelle fois le coup, elle allait trop loin. Etouffant un rire cynique, je réagissais vivement à ses propos. « Parce que tu crois qu’on est des robots ?! Tu crois qu’on ne réfléchit pas, que peu importe ce qui se passe dans notre vie, on est des pros ?! » Elle avait beau être hôtesse de l’air, elle n’avait aucune connaissance en aéronautique et elle ignorait que le moindre faux pas est fatal. Nous n’avions pas le droit à l’erreur, et je l’ai payé le prix fort. Pire, que la peur m’étreigne après le crash n’était pas normal et si le psychologue jugeait que c’était parce que je n’étais pas habitué à l’échec et que j’en avais subi deux d’un coup, j’étais plus atteint par le fait qu’elle m’ait quitté que par le manque de vigilance dans mon avion. Sec, je lâchais. « Je voulais t’épouser Lena. Donc oui, tu as gâché ma vie. » Elle ne voulait pas l’entendre, tant pis, mais je ne lui pardonnerais pas. « Et la prochaine fois, évite de parler de quelque chose que tu ne maitrises pas. » Elle avait voulu sortir de ma vie, alors qu’elle arrête de vouloir trouver un moyen d’y rentrer à nouveau. Ca ne marcherait pas. Je ne voulais plus entendre parler d’elle, ni même lui laisser le loisir de se justifier. Me passant une main dans les cheveux, je soupirais, remettant mes lunettes de soleil sur les yeux. « Si tu me recroises, fais comme d’habitude, oublie-moi. » Et une fois de plus, je la dépassais pour qu’elle me fiche la paix. J’avais autre chose à faire que de me remémorer comment j’avais été misérable. Comme je l’avais aimée. Je vivais ce ressenti comme une faiblesse, parce qu’elle semblait très bien faire sans, mais en même temps elle n’avait pas été celle qui avait été trompée. Je ne l’aurais jamais fait. Elle avait tout représenté pour moi et ce dès les premiers instants. Désormais, je ne souhaitais qu’une chose, ne plus jamais la recroiser.

Ce n'était pas vraiment le lieu ni le moment, je m'en rendais compte mais je n'étais pas certaine que cela se serait mieux passé si les circonstances avaient été différentes. Micah était en colère et je ne pouvais pas le blâmer ; c'était toujours difficile d'apprendre que la femme qu'on aime et avec qui on envisage de passer sa vie en aime un autre. J'avais été trop honnête avec lui, on me l'avait déjà reproché. Aurais je du m'en aller sans raison ? Sans lui dire clairement les choses ? Je n'étais pas sure que cela aurait apaiser sa peine, pire, il se serait posé encore plus de questions. Dans cette société, on ne devait pas jouer la carte de la franchise, c'était mal vu. Tant pis. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit Micah, Bien évidemment que non ça n'allait pas le laisser de marbre mais il déformait mes mots et mes intentions. C'était probablement plus facile pour lui ou alors, on ne se comprenait plus tant il m'en voulait leurré par ses émotions négatives. Son rire cynique en disait long sur la façon dont il prenait mes paroles. Je ne lui en voulais pas, en réalité, il pouvait me dire ce qu'il voulait, j'avais mes arguments mais j'assumais également mes actes. Je n'étais pas toute blanche dans cette histoire et ce n'était pas parce que j'assumais que je ne regrettais pas d'avoir mal agi. Comme il le disait si bien, nous n'étions pas des robots, ni eux, les pilotes, ni nous, les autres êtres humains qui les regardons voler. Je pense que vous savez vous déconnecter de la réalité quand vous êtes en vol oui, tu me l'as assez dit, maintenant non, je ne pense pas pour autant que tout glisse sur vous, dis je en le regardant. Je l'avais bien énervé, il n'était plus temps d'en ajouter une couche, du genre : t'es pas le seul pilote à avoir rompu, ce n'est pas pour autant qu'ils déconnent tous. A croire que j'avais appris à tourner ma langue sept fois dans ma bouche désormais.

Je restais quelques secondes sans bouger, sans même avoir de réaction. Petit 1, il m'avait appelé Lena, ce surnom que mes proches me donnait. Petit 2, il avait eu envie de m'épouser. Avait il acheté la bague ? Planifier notre mariage ? Bordel. M'épouser ? Micah, tu ne m'en avais jamais parlé, On avait beau être ensemble depuis un moment, notre quotidien était si rythmé par nos absences, par ses missions, que nous n'avions jamais discuté de nous engager pour la vie. Je le regardais alors qu'il était piqué, encore plus enragé que le jour ou j'avais mis un terme à notre relation amoureuse. Je n'allais plus parler de son avion, c'était une presque certitude mais pour le reste, je ne comptais pas en rester là. Tu me lâches cette bombe et après tu t'en vas ? Parce que l'oublier, je ne comptais pas le faire. Certes, nous n'étions plus ensemble mais ce n'était pas pour autant que j'avais oublié son existence. Malgré ce que l'on pouvait croire, j'avais encore de l'affection pour lui et ça ne changerait surement jamais. Je tournais les talons pour le suivre alors qu'il m'avait contourné, la rue était à tout le monde, il ne pouvait pas me targuer de le suivre n'est ce pas ? 

Je n’avais rien vu venir. Etait-ce parce que j’étais trop absent, toujours plongé dans mes calculs de trajectoires, d’itinéraires, de plans de vol et autres préparations qui m’avaient aveuglé quant à la situation de notre couple ? Non, elle m’aurait signalé que je la négligeais, et puis, elle n’était pas plus présente que moi à voler sur des lignes long courrier. Mais je me sentais bien avec elle. Elle comprenait ce que je vivais d’une certaine manière, même si elle n’était pas aux commandes de l’avion et que le sien volait bien moins vite que le mien. Elle connaissait également mes faiblesses, le décès soudain de ma mère quand j’étais enfant qui m’avaient poussé à avoir des relations compliquées avec mon père et le handicap de mon frère. Et j’avais eu la sensation que sa bienveillance montrait l’amour qu’elle me portait. Au fond, elle s’était lassée et avait trouvé refuge dans une relation potentiellement plus piquante. « Oh désolé, Quelle bienveillance de te soucier de moi, Olena ! » Je continuais d’ironiser, parce que je ne supportais pas être pris au dépourvu une nouvelle fois. Je ne comprenais pas ce qu’elle souhaitait en venant me trouver devant un café, sans me rendre compte que c’était fortuit. Elle n’avait pas prévu que l’on se rencontre ici et elle avait été prise de court. Elle tempérait notre discussion, essayait d’arrondir les angles, mais ça ne m’aidait pas à redescendre en pression. « Quand tout va bien oui. » Mais je n’allais pas bien ce jour-là, et j’aurais dû refuser de voler. Sauf que pour moi, Hangman, le meilleur pilote de la base, il était inconcevable que je m’arrête à un cœur brisé, que je ne vole pas et que j’affiche des faiblesses. Et le drame était arrivé. « Si tu pensais que j’allais m’en foutre, c’est que tu me connaissais mal. » Ce n’était pas ce qu’elle avait dit, mais je considérais qu’elle pensait que j’allais être capable de voler malgré la rupture. Foutre six ans au placard en un clin d’œil revenait d’une prouesse dont je n’étais pas capable. Finalement c’était elle qui restait interdite face à ma révélation. Je comprenais alors qu’elle ne s’était doutée de rien. M’épouser n’avait même pas dû lui effleurer l’esprit, soit parce qu’elle ne voyait pas de lendemain à notre histoire, soit parce qu’elle ne s’en pensait pas digne. « T’es pas censée être au courant de ce genre de choses. Normalement c’est une surprise. » Et la bague avait occupé ma poche pendant de longues semaines sans que je ne trouve le moment de lui demander sa main, car perfectionniste, je voulais que tout soit parfait. Aurait-elle quitté l’autre si j’avais eu le temps de le faire ? Il ne servait à rien de se poser la question désormais, mieux valait prendre la tangente. J’en venais à tout remettre en question. A me dire qu’au fond, je n’aurais pas dû quitter l’armée, que j’aurais dû prendre le temps de réapprendre à voler, me remettre de mes émotions, mais je n’avais pas supporté l’échec. J’aurais pu trouver un prétexte, lui dire que j’avais du boulot, mais je mentais très mal. Elle était stupéfaite que je puisse partir après lui avoir annoncé que j’avais voulu l’épouser, mais au fond, elle se trouvait presque dans la situation qu’elle m’avait fait subir des années en arrière. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ?! C’est trop tard ! » Dis-je en me retournant, d’un regard accusateur avant de reprendre ma route. Et puis je sentais qu’elle me suivait. Je m’arrêtais et soupirais : « Tu comptes faire quoi ? Me suivre ? Tu ne sais même pas où je vais ! »

Je levais les yeux au ciel face à son ironie. Il se moquait bien que je me soucie de lui et je n'allais pas argumenter tous les piques qu'il me lançait. C'était plus facile pour lui d'agir ainsi, soit. Malgré tout, si je passais sur certains détails, je n'allais pas pour autant me laisser faire ; j'étais fautive de sa souffrance mais ça ne voulait pas dire que je devais accepter de me faire piétiner. Si c'est plus facile pour toi de tout me remettre sur le dos, qu'il en soit ainsi, dis je en le regardant. Je peux assumer pas mal de mes erreurs te concernant mais celle-ci, non, c'est trop facile, Je n'avais sans doute pas tous les tenants et les aboutissants mais je n'imaginais pas une seule seconde que ma simple personne ait pu déstabiliser l'excellent pilote qu'il était. Est ce que j'avais trop foi en lui ? Est ce que je mettais ses capacités sur un piédestal ? Je n'étais pas sure d'avoir un jour la réponse, puisque lui aussi manquait d'objectivité. Je n'ai pas pensé que tu allais t'en foutre, juste que tu n'allais pas voler, Parce que c'était la vérité. J'avais toujours pensé qu'en cas de moins bien, que si son cerveau ne suivait pas son corps ou son cœur, il aurait la faculté de dire stop et de renoncer à se mettre en danger. Qui était réellement le fautive dans l'histoire ?

J'étais surprise de cette révélation parce qu'au cours des six années que nous avions partagé, nous n'avions jamais parlé de nous marier. Je n'avais jamais envisagé de me passer la corde au cou, sans doute parce que c'était ce que mes parents rêvaient pour moi. Olena la bonne petite ménagère, mariée, qui attend sagement son époux à la maison... Hors de question. Je ne suis pas totalement stupide contrairement à ce que tu pourrais penser, je parlais surtout du fait qu'on ait jamais parlé de ça, que ça n'a jamais été évoqué, clarifiais je même si il devait avoir compris mais me tacler au passage avait du lui paraitre trop satisfaisant. Pour ma part, je faisais en sorte de ne pas l'échauder plus mais je commençais à ne plus supporter le ton qu'il employait avec moi ; à croire qu'il semblait me prendre pour le diable en personne. Donc t'as le droit de me balancer ce que tu veux, de partir et je dois dire amen ? Il me semble que même le jour ou je t'ai quitté, je t'ai laissé un droit de parole ! osais je répondre sur le même ton. La rue est à tout le monde non ? Je ne vais pas te suivre, j'ai bien compris que la moindre conversation avec toi est stérile, Il n'y avait pas moyen de discuter, c'était comme si je l'avais quitté hier et qu'il ne s'en remettait pas. J'étais en colère désormais mais j'étais également triste pour lui, pour ce qu'il ressentait réellement et pour les chances qu'il avait du laisser passer par ma faute, à cause du fantôme de nos années d'amour.

Je ne parviens pas à passer outre. Tout me revient en pleine figure. Mon passé, le bonheur que jen croyais acquis, les missions, les exercices. Tout ça n’était plus qu’un lointain souvenir, et je nourrissais tant de regrets. Les renseignements ne m’octroyaient pas la même adrénaline, le même plaisir que d’être en vol. Pourtant, je continuais de refuser de piloter. Je voulais passer à autre chose, sans en être capable. Et ça s’appliquait à tous les domaines. Après avoir eu une histoire d’un soir avec Cassie, j’avais presque fait semblant que cette nuit n’existait que dans nos pensées. Etait-ce vraiment à cause du travail au à cause de mon histoire avec Olena ? J’en venais à me le demander. Mais je n’avais pas la réponse, je manquais de recul à l’heure actuelle, et les dires d’Olena, n’arrangeaient rien. « Ah parce que tu en as fait d’autres ? Mais vas-y éclaire ma lanterne, à chaque fois qu’on va se croiser je vais en découvrir une ? » Des erreurs, ça signifiait qu’elle les regrettait, mais de m’avoir quitté ne semblait pas en être une, puisqu’elle ne l’assumait pas. Je ne voyais pas ce que cette discussion allait nous apporter, si ce n’est un tourment pour moi. Alors qu’elle suggérait que je n’aurais pas dû voler si je n’étais pas en capacité de le faire – et elle avait raison sur ce point – je n’avais pas été en mesure ce jour-là de prendre une telle décision parce que je me considérais comme intouchable, comme le meilleur pilote du monde. « La rupture n’est pas un motif d’absence valable au travail. » Que je sois pilote ou cuisinier. Ca aurait fait rire la plupart de mes camarades et ça leur aurait donné un moyen de m’attaquer, et j’avais cru pouvoir passer au-dessus de cette rupture qui sortait de nulle part et qui m’avait blessé au plus profond de mon être. Parce que je n’avais pas eu la sensation que notre couple battait de l’aile, je n’avais pas vu qu’elle s’éloignait et qu’elle en séduisait ou se laissait séduire par un autre en parallèle. Moi j’étais enfermé dans mes idées de mariage, et la douche avait été glaciale. Pour elle, lui demander sa main aurait dû être abordé, discuté. Je ne partageais pas cette vision des choses, parce que la surprise n’en aurait plus été une. « Je me répète, la demande en mariage ne se prépare pas à deux. Le mariage oui. T’as préféré me tromper. » Je continuais à la blâmer parce que si elle m’avait quitté ainsi, ça voulait dire que ça faisait un moment qu’elle me bernait et je considérais ne pas mérité un tel traitement. Elle n’appréciait pas que je la laisse en plan, moi je ne voyais pas ce que je pouvais lui dire de plus. Ca ne menait à rien. Elle se défendait en disant que ce jour-là elle m’avait laissé m’exprimer. Mais ce jour-là, je n’avais juste rien à lui dire, choqué au possible, accusant le coup, encaissant le choc qui était à l’opposé de mes désirs. Je me retourne pour m’adresser à elle, arrêtant temporairement ma marche. « Qu’est-ce que mon droit de parole a changé dans l’affaire ?! Tu veux me dire quoi, vas-y exprime-toi ! Je t’écoute puisque tu as tant besoin de te confier ! » Je ne savais même pas ce qu’elle voulait, ni même si ça en valait la peine, mais faire un esclandre dans la rue n’était pas franchement mon truc. Elle m’avait brisé le cœur, et encore aujourd’hui, la blessure était ouverte.

Tu as fini de m'aboyer dessus Micah ? C'est une façon de parler, dis je d'un ton ferme. Je pouvais comprendre sa peine, sa rancœur et tout ce qui allait avec mais ça ne justifiait pas le fait qu'il me parle de cette manière. Ca devait lui faire du bien, ou je l'espérais au moins, mais pour autant, je n'allais pas plier le genou. J'avais eu tord d'avoir cette aventure, j'avais eu tord de me nourrir de cet autre au lieu de tenter de régler nos problèmes. J'en étais pleinement consciente mais désormais, à part mes regrets, je n'avais rien d'autre, pas de solution ni même de colle assez forte pour recoller nos cœurs brisés. Le manque de concentration n'est pas une excuse valable pour ne pas piloter ? demandais je. J'avais mes tords mais il était seul aux commandes de cet avion et je ne me sentais pas pleinement coupable de ce qui était arrivé. Bien évidemment, j'étais rassurée qu'il ne lui soit rien arrivé. Dans le cas contraire, je n'étais pas sure que j'aurais pu m'en remettre. Malgré tout, mes sentiments pour Micah étaient encore présents, et mon affection n'avait pas changé ni même diminué... C'était ce qui rendait cette situation des plus complexes. Je le regardais sachant qu'il n'avait pas tord sur ce qu'il me disait et ce même si ça me piquait. J'étais humaine, j'avais merdé, que pouvais je faire désormais ? Je reconnais que j'ai eu tord de te tromper, de te faire du mal, je m'en excuse encore, avouais je d'une voix plus douce cette fois. J'ai tout envoyé valser avant de me battre pour nous, Il fallait que je l'admette à haute voix, pas pour moi parce que le chemin avait déjà été fait mais pour lui. Je n'avais aucune idée de comment il allait prendre la chose, surement pas bien, comme depuis le début de cette conversation. Micah, les décisions de se séparer se prennent rarement à deux, alors je suis désolée si tu t'es senti lésé en plus du reste sincèrement, Ce n'était pas franchement le meilleur endroit pour discuter de notre histoire mais en même temps, nous n'étions pas au point de nous poser autour d'un café pour en papoter. Il souffrait encore de mes actes, et je réalisais à quel point j'avais pu lui faire du mal... Dire que je m'en voulais était peu dire. Je regrette ma façon d'agir avec toi et même si tu t'en fiches maintenant, j'avais besoin que tu l'entendes, Peu importait la suite, c'était dit et j'allais accepter ce qu'il déciderait ; qu'on se revoit ? qu'on discute ? ou alors que nos chemins se séparent ici pour toujours, comme cela aurait probablement du être le cas.

« Je t’aboie dessus si j’ai envie. Si ça te plait pas fallait te poser les bonnes questions avant. » Je refusais de me calmer, je n’arrivais pas à lui pardonner, la douleur était vive et pourtant ça faisait maintenant un paquet d’années. Mais savait-elle que je revivais encore mon crash comme si j’étais à bord d’un avion tous les jours ? Savait-elle que ma seule consolation c’était de me dire qu’aujourd’hui j’étais capable de m’occuper de mon frère handicapé ? Chace était la seule personne qui m’avait permis de garder une ligne de conduite, qui m’avait empêché de sombrer. Lui qui ne se plaignait jamais, c’était à croire qu’il n’avait jamais été malheureux. Je ne savais pas comment il faisait, mais pour lui chaque jour était une chance parce qu’il était en vie. De voir Olena en face de moi me poussait à me demander si cet homme lui avait apporté ce qu’elle recherchait ? S’il l’avait rendue heureuse, s’il l’avait satisfaite plus que ce que je n’avais pu le faire. Cette rupture m’avait mis face à des échecs et je n’avais jamais ressenti tel malaise. Et là, elle m’agaçait, à remuer le couteau dans la plaie. Je n’aurais pas dû piloter ce jour-là. Mais mon égo surdimensionné, de star du vol, m’avait fait prendre la mauvaise décision et j’en payais encore les conséquences. Serrant les poings comme la mâchoire je détournais le regard plutôt que de lui répondre. Je n’avais plus envie de parler de mon accident qui même si j’avais miraculeusement pu éviter le drame, m’avait laissé des séquelles psychiques comme physiques. J’avais mis de longs mois à me remettre des légères blessures, mais le mental lui, avait été irréparable. Et aujourd’hui, je ne parvenais pas à comprendre ce qu’Olena attendait de moi à forcer une conversation que je n’avais pas envie de supporter. Elle reconnaissait qu’elle avait eu tort, et même si sa voix semblait d’une bienveillance rare, elle ne m’apaisait pas pour autant. Je restais interdit, à me demander ce qui avait bien pu se passer pour qu’elle en arrive à tout gâcher, à se laisser ou séduire un autre qui surpassait notre quotidien. « Qu’est-ce que tu me reprochais ? » Qu’est-ce qui avait pu lui passer par la tête pour qu’elle en vienne à ne même pas vouloir sauver ce qui pouvait l’être ? J’avais été berné, totalement aveugle au fait qu’elle en voyait un autre, et cette confiance bafouée, je n’étais pas sûr d’être capable de la lui accorder à nouveau. Se battre pour nous n’avait pas été envisageable pour elle. Au-delà de ça, je ne voyais pas ce qui dysfonctionnait et c’était ça qui m’avait été difficile à accepter : la dissonance entre mon envie de l’épouser et elle qui vivait une aventure en parallèle. Comment avais-je pu manquer ces signes que nous décelions chez les autres si aisément ? Ses excuses avaient beau être sincères, elles me torturaient. Ma peine avait été trop grande, et j’en venais à me demander si je l’avais demandée en mariage, si elle aurait mis un terme à son adultère. Cette question me taraudait tant, que je me figeais un instant, à hésiter à lui poser la question. « Si je t’avais demandé ta main, tu aurais accepté ? » Il fallait que je sache. Ca me tiraillait, parce que j’avais hésité si longtemps, parce que de nombreuses fois j’avais mis la bague dans ma poche. De nombreuses fois j’avais organisé une surprise, avant de me raviser. J’avais failli lui demander sa main en vacances à New York pour Noël, en haut du Rockfeller Center, j’avais annulé à la dernière minute le fait de piloter l’avion de ligne dans lequel elle voyageait avec sa compagnie pour lui demander de m’épouser à la radio, parmi les autres fois. Je l’avais aimée au point de me dire que toutes ces choses n’étaient pas suffisantes, qu’elle méritait que je me surpasse. Ce n’était jamais assez et peut-être que ça avait été le cas. Ses excuses me font mal. Tant d’années gâchées, ma vie professionnelle envolée, la douleur présente, vivace, qui m’étreignait aujourd’hui et me poussait à détourner le regard. Mes yeux s’embuaient, la douleur s’emparait de moi et je serrais la mâchoire pour ne pas flancher. Trop tard, une larme traitresse, roula sur ma joue derrière mes lunettes d’aviateur. Merde.

Je levais les yeux au ciel à sa réponse. Il était si énervé qu'il ne se maitrisait plus, il laissait sa colère prendre le dessus sur le reste. Je ne lui en voulais pas, certes je n'acceptais pas ce ton mais je savais que c'était une arme de défense. Comment pouvais je le blâmer ? Je lui avais fait énormément de mal et je m'en étais fait également par la même occasion. Malgré tout, je ne souhaitais pas lui en faire part, d'une il devait s'en ficher et de deux, ce n'était pas réellement important. Je me permettais de parler de le piquer au vif parce que j'avais la sensation que même après notre séparation, je le connaissais et j'avais le droit de d'aller sur un terrain qui était interdit aux autres. Je me trompais un peu, j'en étais consciente mais la peur n'empêche pas le danger comme l'adage le dit si bien. Il ne fallait pas remuer plus longtemps le couteau dans la plaie et je laissais sa non réponse être une réponse. Plongeant mes yeux dans les siens, je mordais mes lèvres ne sachant pas comment expliquer l'inexplicable. C'était cliché de lui dire que ce n'était pas lui le problème, peut-être faux aussi, on était responsables de notre chute même si j'en avais été l'investigatrice. Notre vie, notre quotidien qui n'en était pas un... Ce qui me plaisait au début me pesait à la fin, je crois que je ne savais plus vraiment qui j'étais et ce que je voulais, Et ce n'était que l'horrible vérité derrière sa peine. Ne plus voir ma grande soeur, m'éloigner de mes parents, m'éloigner de mon cocon familial qui explosait. En vérité, j'avais grandi en voulant être l'opposé de ce que mes parents avaient voulu que je sois et j'en étais devenue une version de moi même que je ne reconnaissais finalement pas. J'avais été prise à mon propre jeu. Je ne suis plus la même personne Micah, mes erreurs d'hier ne me rendent pas fière du tout, clarifiais je quand même quitte à ce que ce ne soit pas entendu. Cette conversation était douloureuse, je le sentais dans sa voix. Sa question était pertinente même si je devinais qu'elle aussi, lui faisait mal. Est ce que j'aurais accepté ? Peut-être pas sur le moment mais possiblement que si. Je l'avais aimé et je pensais l'aimer encore aujourd'hui. Comment oublier cet amour là ? Cet homme, malgré ses failles, m'avait aidé à devenir une femme. Tu n'aurais pas voulu épouser celle que j'étais, dis je d'une voix douce. Mais j'aurais été plus que chanceuse, si je l'avais réalisé à ce moment là, de t'épouser, Et cela m'aurait éventuellement sauvé de tous mes maux. Qui pouvait le savoir ? Je me rapprochais de lui, caressant sa joue pour essuyer sa larme de mon pouce avec une certaine tendresse. Je me permettais de lui enlever ses lunettes de soleil, celles qu'il ne quittait que rarement et je plongeais mon regard dans le sien.

J’avais la sensation que la personne que je pensais connaitre par cœur m’avait doublé, s’était jouée de moi pour me vendre une image qui n’était pas le reflet de ce qu’elle était vraiment. Elle laissait entendre que notre vie ne lui convenait pas et je me posais la question à cet instant de ce à quoi elle faisait allusion. On n’était pas pendus l’un à l’autre, parce qu’elle voyageait beaucoup et que moi j’étais très souvent en exercice ou en mission. Etait-ce donc le fait de se croiser qui lui déplaisait ? Ca évitait les disputes, mais quand on était ensemble, je n’avais pas la sensation que quelque chose clochait. Avait-elle caché son jeu, avait-elle feint l’amour qui n’existait que dans ma propre tête ? Je préférais ne pas lui demander, ça toucherait davantage mon égo et me mettrait encore plus à mal. Je n’avais pas besoin de ça. En revanche, j’insistais sur un point. Elle avait manqué d’honnêteté et n’avait pas communiqué. J’aurais pu essayer de l’aider. « Tu aurais pu/dû m’en parler au lieu de me tromper. Et tu entends quoi par tu ne savais plus qui tu étais ?! » Avais-je loupé un quelconque signe qui laisserait entendre qu’elle était malheureuse ou qu’elle déprimait ? Pas à mon sens. Ce que je pensais, c’était qu’elle craignait la routine et qu’elle avait besoin de piment en permanence dans sa vie. Mais je préférais ne pas aborder ce sujet. Je n’étais pas prêt à m’époumoner davantage, j’étais déjà suffisamment secoué de la retrouver ici. Elle parlait d’erreurs du passé, et d’un côté, j’espérais qu’elle pense que notre rupture avait été la pire des erreurs. Mais qu’est-ce que ça m’apporterait de le savoir, si ce n’est de nourrir davantage de regrets et continuer de me morfondre ? Pas grand-chose. De l’autre, je ne voulais pas lui donner une autre opportunité de me faire souffrir. Moi l’homme le plus intrépide de toute l’académie de l’air, moi l’homme qui fanfaronnait et se sentait intouchable, j’étais devenu vulnérable à cause de cette femme qui m’avait touché en plein cœur. « Et qu’est-ce qui a changé ? » Qui était-elle désormais ? L’apprécierais-je ? Souhaitais-je découvrir si la femme d’aujourd’hui était aussi séduisante que la précédente ? Je ne savais pas si je souhaitais obtenir des réponses à mes questions, parce qu’elle me plongeait dans une mélancolie que je ne maitrisais pas. Tout avait été remis en question parce qu’elle m’avait quitté. Aujourd’hui, elle s’excusait, cherchait à atténuer ma peine en redorant mon égo mais la réponse qu’elle me fournit, au lieu de m’apaiser, me tourmenta davantage. Elle me plongeait dans un questionnement sans fin. J’étais perdu. Mon cœur s’agitait et je ne maitrisais rien. Plus rien. Le pire dans tout ça ? Ses gestes si doux me faisaient perdre la raison, me faisaient oublier la rancœur, déroutant toute la raison, bouleversant mon cœur, je captais son regard comme si le monde s’était arrêté autour de nous. « Tu me retournes le cerveau, Lena… » Je ne savais plus quoi faire, ni comment réagir, ni ce que je devais ressentir. Insinuait-elle que je devrais vouloir épouser celle qu’elle était devenue ? Plus rien n’avait de sens. « Je crois que je te déteste autant que ce que je t’aime. » Et je rapprochais dangereusement mon visage du sien, prêt à capter ses lèvres, prêt à me noyer dans son regard et sauter dans le grand bain. Non c’était trop facile. Si je ne franchissais pas le cap, nos souffles se mêlaient au point que mon esprit s’était fermé à une décision raisonnable. Elle m’ensorcelait. Jusqu’à ce que je m’écarte doucement : « J’ai pas envie de revivre ce que j’ai dû supporter. » J’étouffais, je mourais d’envie de combler la distance entre nous, mais ce n’était pas comme ça que je me sèvrerais d’elle.

Il n'avait pas tord sur un point : la tromperie n'était pas justifiable. J'avais fauté et je savais pertinemment que je n'aurais jamais du lui faire subir cette infidélité. Ce n'était pas correcte et encore aujourd'hui, je pouvais voir les stigmates de mes actions sur lui, sur ses réactions. Je réalisais même que je l'avais bien plus blessé que ce que j'avais toujours cru. Un gaillard comme Micah se remettait de tout, ou pas. Je mordais l'intérieur de ma joue, coupable. Je reconnais, commençais je tout d'abord. Il fallait savoir reconnaitre ses tords, si je n'étais pas parfaite, loin de là même, je savais dire quand je faisais n'importe quoi même si ce n'était pas un exercice que j'aimais particulièrement. J'étais à peine défendable mais je tâchais de m'exprimer au mieux même si il avait bien trop de questions à mon gout. J'étais perdue dans ce que je voulais, devais, et pouvais faire... J'étais arrivée à une sorte de croisement de ma vie et je n'ai pas su prendre les bonnes décisions, J'avais ressenti une certaine pression, pas de lui mais de mon entourage, de mes parents... J'avais tout envoyé valser croyant que me retrouver seule était la seule façon de me sentir réellement moi, plus vivante. Je m'étais leurrée malheureusement. Les choses n'étaient pas aussi simples que ça et l'amertume des actes passés étaient parfois plus douloureuse à porter. Je prenais une légère inspiration et je lui souriais. J'avais changé, ce qui avait changé, c'était moi en grande partie ; ma vie, mes ambitions et ma façon de voir le monde. Retrouver Sawyer, savoir que Matt était en fait vivant... Me reconnecter avec celle que je souhaitais être, intrépide mais finalement pas si effrayée par la routine. Moi, moi toute entière ou presque, je n'aime toujours pas le café, tentais je de plaisanter un peu. Je vois la vie différemment, je n'ai plus besoin d'être sous adrénaline H24, Ne jamais se poser, aller à 100 à l'heure, c'était comme ça que j'avais aimé vivre. C'était un peu comme brûler la vie par les deux bouts, tout enchainer avant que quelqu'un ne finisse par m'enchainer. Est ce que j'avais été supportable ? Je me le demandais mais la réponse était sans doute évidente si Micah avait envisagé de m'épouser. Je caressais sa joue ne pouvant pas me tenir éloignée de lui plus longtemps. J'aimerais en être désolée, mais ce n'était pas le cas. J'aimais avoir cette influence sur lui, qu'il n'arrive pas à me repousser prouvait que nos sentiments n'étaient pas encore totalement éteins. Je ne savais pas ce qui pouvait arriver, je n'avais jamais cru à l'âme sœur, aux âmes jumelles mais un adage disait que deux personnes qui s'aiment, quoi qu'il se passe, seront toujours ramenés l'une vers l'autre. Était-ce notre cas ? Il ne parlait pas au passé et je sentais mon cœur se serrer, comme il me l'avait rarement fait. Moi, le cœur de glace, je laissais l'aviateur réinvestir cet organe que j'avais longtemps considéré comme non vital. Au moins, je ne te laisse pas indifférent, soufflais je alors qu'il se rapprochait dangereusement de mes lèvres. J'avais cette soudaine envie de l'embrasser, de le serrer contre moi... Est ce que j'allais ressentir la passion d'en temps ? J'avais envie d'y croire. Je ne veux pas te refaire du mal Micah, tu m'as tant manqué, avouais je en glissant une de mes mains dans la sienne. Je refusais qu'il s'éloigne, je comblais la distance qu'il avait tenté d'apposer entre nous... Il allait craquer, il ne pouvait pas en être autrement. J'ai terriblement envie que tu m'embrasses, dis je d'une voix douce alors que je pouvais sentir son souffle.

Je voulais quitter les lieux au plus vite, mais elle m’en empêchait. Elle avait piqué ma curiosité au vif, je voulais en savoir plus, découvrir ce qui l’avait poussée à me quitter, à détruire ma stabilité et mes rêves. Olena avait toujours eu cette capacité de capter mon attention, de disséminer des indices piquant une curiosité maladive. Mais je ne parvenais toujours pas à comprendre ce qui l’avait poussée dans les bras d’un autre. Tout ce que j’arrivais à déterminer, c’était qu’elle n’avait pas dû rester longtemps avec lui car elle n’avait en rien abordé le sujet. Etait-ce suffisant ? Est-ce que ça me rassurait ? Pas le moins du monde, j’avais juste la sensation qu’elle avait tout gâché pour rien. Et puis, on rentre dans le vif du sujet. Elle s’exprime sur ses doutes, sur ce qui l’animait, sur sa remise en question, et moi je reste pantois parce que je n’avais rien vu, rien entendu, rien remarqué, et soudainement, je m’en sens coupable. « Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ?! » Trouvait-elle que je n’étais pas à-même de comprendre ce qu’elle voulait exprimer ? Elle avait fui les problèmes, mais moi je n’avais pas remarqué sa tourmente. J’étais probablement trop absorbé par mon métier, qui était une véritable vocation et qui demandait beaucoup d’engagement pour rester au top. Je me passais la main sur le visage, car mine de rien, c’était dur à entendre, de se dire qu’il aurait pu se passer bien pire et que c’était au nez et à la barbe de la personne qui était censée être la plus proche d’elle, et surtout, qui voulait l’épouser. Elle poursuivait dans ses explications, affirmant avoir changé du tout au tout ou presque… Cette aversion pour le café persistait et me fit sourire alors que j’en consommais toujours autant. « On peut pas être parfaite… » Plaisantais-je. A mes yeux, elle l’avait été même avant notre rupture. Je l’avais aimée avec ses défauts, jusqu’au point de non-retour, et à mon sens elle avait toujours accepté les miens. Et vivre à cent à l’heure en faisait partie, mais désormais c’était bien moins le cas depuis que je n’étais plus pilote. « C’était pas un défaut ça… » Enfin sauf si on omettait ce besoin constant de pimenter sa vie, et donc de remettre en question son couple. Au fond, je réalisais que même si elle avait accepté, elle n’aurait pas été heureuse et notre mariage aurait été un échec, parce qu’elle cherchait la liberté, et même dans une relation comme la nôtre, où l’on se voyait peu, elle avait réussi à se sentir enchainée. Alors en ayant la bague au doigt… Sa main caressant ma joue me faisait perdre pied et faire tomber les barrières que j’avais érigées pour me protéger d’un potentiel retour de sa part. Je faisais preuve de faiblesse, j’étais incapable de lui résister, et pourtant, je ne souriais pas de façon radieuse comme elle le faisait, j’étais plus fermé. Mais il était évident qu’elle ne me laissait pas indifférent, bien au contraire. Mon cœur s’agitait comme un forcené, battant à tout rompre, incapable de mettre plus de distance entre nous. Elle était tellement belle, son regard brillait d’une sincérité qui me touchait, et si je savais que je me mettais dans l’embarras, je souhaitais tant retrouver ce qui m’avait tant manqué. Olena était une drogue à laquelle je ne pouvais renoncer. J’étais partagé, je me maudissais de me laisser enivrer par tout ce qu’elle représentait, mais le manque d’elle était trop présent. Sa main dans la mienne, c’était justement ce qu’elle me soufflait, et si ma main eu un léger mouvement de recul, elle fut soudainement rassurer d’avoir ces petits doigts à son contact, exécutant une légère pression pour l’enserrer dans la mienne, mais je doutais encore. « Comment être sûr que tu ne me referas pas le coup, Lena ? » Ma main quittait ses doigts, pour qu’elle rejoigne la seconde, entourant son visage, me plongeant dans son regard, à essayer de capter des signaux qui me feraient prendre la suite, mais plus je la regardais et plus mon esprit ne pensait plus qu’à elle. Ses lèvres à une distance infime des miennes, son corps pressant contre le mien, je ne pouvais plus lutter et j’abdiquais, conscient que j’allais forcément le regretter. « Je te jure que je ne te pardonnerais pas si… » Je ne finissais pas ma phrase dévorant passionnément ses lèvres et j’avais l’impression de retrouver mon souffle, de respirer à nouveau, c’était grisant, au point où j’avais la sensation que mes cellules se souvenaient toutes de cette sensation au-delà de l’agréable.

J'avais dissimulé pas mal de choses à mes proches pendant des années, notamment à mes parents. J'avais essayé d'être la jeune femme qu'il voulait que je sois mais finalement, ça n'avait pas tenu longtemps. J'avais été emportée par la fougue de la vie suivant mes ainés. Je m'en voulais du mal que j'avais pu faire à Micah même si j'avais mis un peu de temps avant de ressentir des remords. Ce n'était pas que je m'en fichais mais j'avais éteins mes émotions histoire de voir ce que la vie pouvait donner quand on ne se souciait de rien. Ce n'était pas une façon de vivre, ça ne fonctionnait absolument pas du le long terme. J'en étais incapable, je pensais que personne ne comprendrait, pas même toi... Je ne comprenais pas toujours mes émotions tu le sais alors demander aux autres de les comprendre, c'était impensable, dis je avec une honnêteté que j'avais rarement eu. Bien sur, j'avais été moi-même pendant notre relation mais il y avait eu des moments ou je n'avais pas su dire les choses. Je n'étais qu'humaine et contrairement à ce que fait croire la société, la femme n'est pas parfaite et n'a pas à l'être. Je souriais à sa réponse, il appréciait mon humour pas toujours drôle, c'était bon signe. Je tenterai de boire le tien si tu m'en fais, plaisantais-je à mon tour. Je n'étais pas fermée, même si je n'aimais pas le gout de cette essence, je pouvais éventuellement faire un effort pour lui. On m'avait dit qu'il y avait différents types de café après tout, il était donc possible que j'en aime certains et pas d'autres. Peut-être pas mais à un moment donné, le calme c'est bien aussi, Et je parlais de calme pour ne pas parler de routine. Je ne cherchais pas la routine mais je voulais l'entre deux, d'ailleurs, c'était aussi pour cela que j'avais arrêté mon métier d'hôtesse de l'air. La vie en décalée c'était bien un temps mais j'avais fini par ne plus m'y retrouver. Je le regardais dans les yeux, lui laissant le temps d'accepter ou non ce rapprochement. J'avais besoin de lui exprimer mes regrets de toutes les façons possibles et mes yeux dans les siens, je commençais à croire qu'il baissait enfin la garde. On ne peut jamais être sur à 100% mais j'ai besoin que tu me refasses confiance Micah, Il y avait encore quelque chose de fort entre nous, quelque chose qu'il ne pouvait avoir avec une autre, j'en étais persuadée. Deux âmes faites pour être ensemble ne pouvait pas s'éloigner éternellement, elles finissaient par se retrouver et c'était ce qui se passait pour nous. Je lui souriais en sentant sa main sur ma peau, écoutant ses mots qu'il ne terminait pas pour m'embrasser. C'était si agréable, si parfait, comme une première fois mais en même temps aussi fou que les milliers d'autres fois ou nos lèvres s'étaient découvertes. Mon corps contre le sien, je me laissais aller à un baiser qui oscillait entre la passion et la fusion. Je glissais ma main sur sa nuque puis à la lisière de ses cheveux courts. Si nous n'avions pas été sur ce trottoir, avec autant de gens autour de nous, je l'aurais prié de faire de moi ce qu'il voulait.

Olena avait toujours eu cette capacité de me faire perdre le nord. Dès notre rencontre, elle m’avait fait oublier tout le reste. C’était sur elle que j’avais jeté mon dévolu, elle que j’aurais. Mais ce n’était pas moi qui l’avais séduite, c’était plus l’inverse. Elle m’avait fait tourner en bourrique et je m’étais accroché à elle comme une moule à son rocher. Elle éclipsait le monde. Solaire, un sourire à se damner, et j’étais conquis. De savoir qu’un autre que moi était parvenu à lui faire tourner la tête me déplaisait, remettait en question un bon nombre de certitudes, mais je réalisais que c’était l’arbre qui cachait la forêt. Elle avait face à des tourments que même moi qui partageais sa vie, n’avais pas été capable de voir. Elle se noyait souvent dans ses émotions, incapable de raisonner convenablement sans y mettre une dose d’affect, et c’était ce qui la rendait séduisante, car elle vivait tout à cent pour cent. Mais en même temps, sa souffrance était démultipliée. « T’as même pas essayé… » Dis-je, pas pour la blâmer, mais pour pointer du doigt le manque de discernement dont elle avait fait preuve. Je pensais être suffisamment empathique pour l’écouter, moi dont le frère était handicapé et demandait une attention plus que particulière. Elle n’invitait personne à rentrer dans son monde, comme si elle jugeait que personne n’était assez fou pour s’y installer. Moi je l’étais, et je remarquais que j’avais beau lui en vouloir, je baissais les armes petit à petit, lui laissant tout le loisir de rejouer avec mes sentiments. Elle suggérait qu’elle était même prête à tenter le café si je lui en préparais un et je tiquais légèrement face à cette proposition parce que je percevais du flirt dissimulé derrière ses sous-entendus. Je lui demandais donc, perplexe : « Tu t’invites chez moi ? » Il n’y avait pas d’agressivité dans ma question, mais je commençais à réaliser qu’une fois de plus, son jeu de séduction fonctionnait et m’attirait irrémédiablement. « C’est la machine qui fait tout, tu sais. » Pas exactement, puisque le choix des grains était également important, cependant je voulais lui signaler que je n’avais pas d’action particulière pour le rendre meilleur. Les choses évoluaient bien trop vite, et je ne m’étais pas attendu à un tel revirement de situation. Elle parlait de calme, comme on pouvait envisager une vie paisible, comme si elle souhaitait me faire comprendre qu’elle regrettait presque notre relation. Notre quotidien n’avait jamais été routinier, puisque nos vies se rythmaient en fonction de nos vols et que parfois, on se croisait plus que ce qu’on se voyait, moi partant au petit matin, alors qu’elle était rentrée dans la nuit, ayant à peine le temps de faire l’amour, voire ayant à peine le temps de déposer un baiser sur sa tempe alors qu’elle était endormie. Aujourd’hui, pouvions-nous avoir une vie paisible, sans craindre qu’elle s’y ennuie ? Mes sentiments me jouaient des tours et perturbaient ma capacité de réflexion. L’effet Olena. « Peut-être oui. Si ça te convient c’est l’essentiel. » Dis-je, préférant ne pas me projeter, lui laisser de porte ouverte à une relation potentielle, conscient que j’avais beaucoup à y perdre. Mais en même temps, je ne pouvais pas lui résister, je le sentais. Son regard me faisait fondre, et je buvais ses paroles, bien que je continuais de lui rappeler que la confiance ne se gagnait pas si facilement quand on l’avait brisée. « Ca va m’être difficile de te faire confiance Lena. Ca va être à toi de me prouver que je peux le faire. » Et si la confiance était difficile à rétablir, le manque d’elle me poussait à me soumettre à ses désirs, qui reflétaient les miens. L’embrasser répandit une sensation électrique dans tout mon être. Elle m’avait manqué, terriblement. Mes bras enserraient sa taille, la rapprochant de moi, prolongeant langoureusement notre baiser, comme si je revenais d’une mission de longue durée. Relâchant ses lèvres, je posais mon front contre le sien, caressant à nouveau sa joue, plongeant mon regard dans le sien. « Je suis sérieux Lena, ne joue plus avec mon cœur. » Je voulais qu’elle soit sûre d’elle, qu’elle ne cherche pas à m’entourlouper, je ne pourrais le supporter. Je réalisais que nous étions en public, et je soufflais contre ses lèvres : « Suis-moi. » Prenant sa main, je la sommais de me suivre jusqu’à ma voiture, ne sachant même pas ce qui me prenait. Je ne réfléchissais plus. Nous marchâmes quelques minutes, jusqu’à atteindre ma voiture pour lui dire : « Si tu as quelque chose de prévu, tu l’annules. » Je ne savais même pas où je l’emmenais, mais en tout cas, à l’abri des regards. J’avais besoin de la retrouver, de lui montrer que je l’aimais encore d’un amour brûlant.

Je reconnaissais aisément que je n'avais pas été la personne la plus facile à vivre ces dernières années. Il m'était arrivé d'avoir des sautes d'humeur, simplement parce que je n'avais jamais réellement appris à gérer mes émotions ou même à les exprimer correctement. Merci papa, maman. Micah avait raison, je n'avais pas essayé de sauver notre couple, j'avais pris la poudre d'escampette, j'avais choisi la facilité pensant que ça allait m'aider à me sentir mieux. Au final, je m'étais trompée, le problème ne venait pas de nous, de lui, mais simplement de moi. J'avais un bagage un peu lourd à porter mais avec le temps, j'avais appris à m'en défaire, et parfois même à l'accepter. Possible, ça te dérange ? demandais je en lui offrant un léger sourire en coin. J'avais passé de nombreux matins à le regarder préparer le petit déjeuner, et ce même si l'odeur du café me rebutait un peu, le voir cuisiner m'avait toujours plu, il fallait dire qu'il était très sexy en cuisto du dimanche. Notre relation avait été différentes des autres mais elle avait été belle et le voir baisser les armes face à moi me redonnait un peu confiance en ce qui pouvait être ; en un nous qui pouvait éventuellement se recréer. J'avais été partout dans le monde et pourtant, je ne m'étais jamais trouvée, je ne m'étais jamais sentie aussi bien que dans ses bras. Il avait fallu que je le perde pour réaliser combien j'avais besoin de lui. Et toi ? Ça te convient ? Ta nouvelle vie te plait ? Il était flic, ça je le savais mais je n'avais aucune idée de comment il vivait cette vie et si l'adrénaline constante lui manquait bien qu'il devait la ressentir un peu par moment. Monterey avait beau ne pas être la ville la plus craignos des États-Unis, il y avait quand même de quoi faire. Je le regardais, ne quittant pas son regard ni même ses bras. J'oubliais le monde autour et ça ne m'était pas arrivé depuis des mois. Je suis prête à relever le défi, dis je en souriant. Je n'avais pas peur, quoi qu'il se passe, je savais que je pouvais le faire parce que même si le chemin était long, ses sentiments pour moi étaient palpables et c'était une aide considérable. Ses lèvres étaient si addictives que j'avais du mal à respirer, ma poitrine se contractait et je sentais mon coeur battre à tout rompre dans ma poitrine. J'avais pour habitude de toujours tout maitriser, d'avoir le lead mais je réalisais qu'avec Micah, je ne l'avais pas forcément. J'en prendrai soin, je te le promets, Et ce n'était pas des paroles en l'air, je n'étais pas revenue pour lui mais la vie nous avait remit sur le chemin l'un de l'autre et ça, ça voulait forcément dire quelque chose. J'étais prête désormais, et je sentais que lui aussi même si on allait devoir reconstruire notre relation brique par brique. J'approuvais de la tête quand il m'ordonnait de le suivre et je ne me faisais pas prier, serrant sa main dans la mienne, traversant quelques rues pour aller jusqu'à sa voiture. Je souriais en l'entendant, sentant des frissons parcourir mon échine. J'adore quand tu me parles comme ça, avouais je. Je te suis ou que tu veux, Je l'embrassais avec une fougue non dissimulée me reculant difficilement pour prendre place côté passager. Je le laissais démarrer, prendre la route et je lui indiquais un itinéraire. Il y a la côte sauvage par là il me semble, il n'y a jamais grand monde, Je lui jetais un coup d’œil complice et mordais légèrement le bas de ma lèvre non innocemment évidemment. J'attendais qu'il se gare dans un endroit qui l'inspirait, si je lui avais donner l'idée de cet endroit, je lui laissais le loisir de choisir la place qu'il souhaitait. Je ne savais pas quelle idée il avait derrière la tête, si il avait envie qu'on aille chez lui au risque que son frère y soit et que ça fasse retomber la passion qu'on ressentait l"un pour l'autre actuellement. Finalement, cet endroit n'était pas si mal. Je me tournais vers lui, le regard brillant. J'ai très envie que tu me fasses l'amour dans cette voiture, dis je de manière plutôt cash.

Olena me rendait fou. Elle semblait vouloir enterrer un certain pan de son passé pour me remettre dans son présent. Mais elle n’avait pas idée, aussi appréciable était cette éventualité pour moi, à quel point elle me déroutait parce que j’avais du mal à comprendre ce cheminement et après tant d’absence, qu’elle revienne comme une fleur en pensant que j’allais l’accueillir à bras ouverts. Elle flirtait allègrement, et si j’étais convaincu de pas me laisser berner, je ne pouvais que constater que ça marchait. Aussi, j’avais bien du mal à garder cet air renfrogné du moment où je l’avais croisée. Alors qu’elle me demande si ça me dérange qu’elle s’invite chez moi, je lui réponds par un biais détourné. Elle sait très bien que je ne peux pas lui dire que ça me pose un problème alors que mes sentiments pour elle ont été des plus forts. « Ca pourrait déranger Chace. » Soufflais-je. Mon frère ne la portait plus dans son cœur. Parce qu’il avait vu la peine engendrée par notre rupture, même si au final, c’était grâce à elle et l’arrêt de notre relation que je pouvais aujourd’hui veiller sur Chace. Et peut-être que cette information ne lui conviendrait pas. Après tout, vivre avec un infirme calmerait peut-être ses ardeurs. Alors qu’elle me demandait si je me sentais bien dans ma nouvelle vie, je grimaçais. Ce n’était vraiment pas la question à me poser. Si le boulot à l’unité des renseignements était passionnant, il n’atteignait pas l’adrénaline que je ressentais à bord d’un avion. « Joker. On sait tous les deux que rien ne remplacera ma vie d’avant. » En revanche, travailler avec Cassie était agréable. Nous nous complétions bien, et puis nous n’étions pas débordés, la zone étant loin d’être aussi gangrénée que Los Angeles. C’est drôle que je pense à elle en cet instant, alors que je ne savais pas bien ce que je devais faire avec elle, suite à notre nuit passée ensemble. J’avais craqué, comme j’étais en train de craquer ici avec Olena. Vu de l’extérieur, on pourrait croire que j’étais un Don Juan qui se fichait des conséquences. Ce n’était pas le cas, j’étais perdu, complètement annihilé par mes sentiments, et évidemment je savais ceux pour Lena bien plus présents. Et face à elle, je perdais tous mes repères, toutes mes résolutions, et je rendais les armes. Elle disait qu’elle voulait relever le défi de retrouver ma confiance, et j’avais envie de la croire, mais je demeurais prudent, trop affecté par le passé. « Fais attention avec les promesses. » Ca ne suffisait pas à rester dans cette optique, le baiser échangé me replongeait des années en arrière où j’avais la tête dans les nuages, aussi bien dans un avion, qu’avec elle. Et c’est ce qui me poussa à l’embarquer avec moi, à l’abri des regards, montant dans ma voiture sans se faire prier alors qu’on ne semblait plus vouloir se séparer, réitérant les baisers fougueux. Elle me parlait d’un endroit dissimulé, et je me fichais bien de où on allait tant qu’on sortait de la ville, tant que les regards n’étaient pas tous figés sur nous. Aussi, je hochais la tête et je poursuivais la route, convaincu que notre histoire n’était pas terminée. A la base, je voulais qu’on puisse discuter sans s’afficher, mais il fallait se rendre à l’évidence, ce n’était pas du tout ce dont j’avais envie. Je m’arrêtais à un endroit où la végétation était dense, où on ne viendrait pas chercher ma voiture, où les gens ne devaient pas véritablement s’engager tant ça ressemblait à la jungle. Et puis, alors que je coupais le contact et que je me tournais vers elle, Olena ne passait pas par quatre chemins. « J’en ai très envie aussi… » Soufflais-je. Faire l’amour. Des années que ce n’était plus arrivé. Me détachant, je reculais mon siège pour laisser suffisamment de place et approchais mon visage du sien pour reprendre ses lèvres d’assaut dans un baiser langoureux. Mes mains passèrent directement sous son haut, la caressant avec fièvre. Je ne pensais plus qu’à nos corps en fusion, unis, comme jadis.

Je souriais quand il parlait de Chace. Son frère était vraiment gentil, je ne l'avais plus revu depuis un moment et je me doutais que je n'étais plus vraiment la personne qu'il désirait voir. Toutefois, ce n'était pas parce qu'on ne m'appréciait pas (plus) qu'il en était de même pour moi. Chace avait une condition particulière et je devinais donc à sa remarque que désormais ils vivaient ensemble. Je pourrais m'en arranger, dis je d'un sourire charmeur. Si je savais faire craquer l'un des deux frères, il n'y avait pas de raison que je n'y arrive pas avec l'autre. Il doit être heureux de vivre avec toi, Ils avaient toujours été proches même si Micah avait longtemps privilégié sa carrière au reste. Qui pouvait lui en vouloir ? Il avait réussi, il avait un vrai don pour le pilotage et l'armée l'avait accueilli en héros dès ses premiers vols, comment ne pas apprécier en mettant le reste de sa vie de côté. Je ne savais pas vraiment ou allait aller notre relation, ou ce début de quelque chose qu'on essayait de recréer mais c'était extrêmement agréable de retrouver de l’intérêt à ses yeux. Et est ce que ce ne serait finalement pas moi, le truc le plus cool de ta vie d'avant ? soufflais je contre ses lèvres. J'avais envie de le faire succomber, de voir à quel point, malgré le temps passé, j'avais toujours cet impact sur lui. Peu importe s'il voyait quelqu'un désormais, je comptais bien reprendre ma place coute que coute. Ses lèvres étaient plus que désirables, elles étaient addictives, si bien que j'avais du mal à m'arrêter de l'embrasser. Malgré tout, je tâchais d'être honnête avec lui mais il n'avait pas tord, il fallait faire attention avec les promesses. Elles étaient toujours difficiles à tenir même quand on faisait le maximum pour tenir parole. Tu as raison, il vaut mieux faire attention aux paroles et démontrer le reste par les actes, Je ne voulais pas qu'il croit que je parlais sans croire ce que je disais ou que c'était simplement pour lui faire plaisir. Je tenais réellement à lui, plus qu'à n'importe qui. Je ne l'avais vraiment réalisé qu'en le revoyant sortir de ce café ; son charisme m'avait percuté. Dieu qu'il était beau et c'était donc sans attendre que je l'avais suivi. Je l'aurais probablement suivi n'importe ou d'ailleurs. Une fois arrivés à destination, je ne regardais pas le paysage, je m'en fichais royalement, il n'y avait que lui qui m'importait. Il avait autant envie de moi que j'avais envie de lui ; parfait. Je me détachais et prolongeais son baiser avec une fougue non dissimulée. Je frissonnais aux caresses qu'il m'offrait glissant ses mains sous mon haut. C'était indescriptible et laissant l'envie m'emporter, je passais de mon siège à ses genoux, assise à califourchon sur lui pour lui retirer son tee-shirt sans pour autant arrêter nos baisers fougueux. J'ai tellement envie de toi Micah, soufflais je alors que mon corps entier le réclamait.

C’était drôle de repenser à mon passé maintenant, alors que j’avais fourni de gros efforts pour ne plus me laisser avoir, pour aller de l’avant et surtout oublier mes regrets d’avoir quitté l’armée. Olena représentait l’apogée de ma vie, où j’avais tout, où j’avais réussi. Mais une fois en haut, ça avait été la déchéance, et elle avait été l’instigatrice de ma déchéance. Malgré cette évidence, mon cœur s’emballait alors qu’elle cherchait forcément à se faire pardonner. Pourquoi maintenant ? Parce qu’elle avait réalisé, semblerait-il. Pouvais-je lui en vouloir ? Je n’en étais plus très sûr. Après tout, on faisait tous des erreurs. J’en avais également fait dans ma vie. Notamment en ce qui concernait mon frère. « Oui, suite à notre rupture je l’ai récupéré pour m’en occuper. Ca lui permet d’avoir un semblant de vie. » Je ne lui cache pas, sa décision de me tromper et de me quitter a eu un véritable impact dans ma vie, mais pas qu’en mal. En effet, j’avais pu renouer un peu plus avec mon frère, tout faire en sorte pour qu’il sorte de cet institut, qui certes s’était occupé de lui au niveau médical, mais qui l’empêchait de vivre normalement. Il ne l’était pas. Mon père l’avait toujours dit, et il vivait à travers ce qu’on était capables de lui apporter, mais j’espérais que sa nouvelle vie lui convenait. Est-ce que je faisais une nouvelle erreur en laissant à Olena tout le loisir de reprendre possession de mon cœur ? Ses baisers redevenaient addictifs, ses lèvres me transportaient et je perdais littéralement la tête, en incapacité totale de réfléchir. Je l’avais tant aimée. L’illusion d’un instant, on ne sait jamais vraiment quittés. Cet instant suspendu me procurait tant de bien, que je voulais croire que c’était possible, que ça pouvait marcher. Elle comptait donc me prouver que je valais bien plus que ce que je l’avais cru ces derniers temps. A ses yeux du moins. Et c’était grisant. Ca me donnait des ailes, comme si elle était capable de me redonner cette envie de voler, cette sensation que j’avais perdue avec elle. « Ca reste encore à prouver… » Lui soufflais-je là, si proche de son visage, et dans un sourire. Le premier véritable, qui démontrait même un peu d’effronterie. L’emmener sans but, c’était retrouver le piquant du début de notre relation, où fidèles à nos jobs dans les airs, on avait vécu la tête dans les nuages, sans réfléchir, en profitant du temps imparti. Il était évident que cette escapade impromptue en voiture allait devenir un casse-tête pour moi. Mais sur le moment, je ne réfléchissais plus. Tout ce que je désirais, c’était elle. Mon esprit focalisait sur son nom, son corps, ses lèvres. Elle. Elle, qui m’avait tant fait de mal. Elle, qui avait connu d’autres bras, mais elle dont je souhaitais prendre possession pour ne plus la quitter. Ses baisers m’enivraient, mon cœur battait la chamade et s’extasiait devant elle, et je ne tardais pas à l’imiter alors qu’elle montait à califourchon sur moi pour retirer mon t-shirt. Elle n’en avait aucunement besoin. Je caressais ses fesses alors que nos lèvres semblaient aimantées et s’accordaient dans une valse interminable. C’était presque trop passionnel tant j’éprouvais un désir violent pour elle et je faisais sauter les attaches de son soutien-gorge pour dévorer sa poitrine de baisers, m’attardant davantage sur ses tétons que je cajolais de ma bouche. Je la voulais toute entière, à cet instant, rien d’autre n’avait plus aucune importance. Bouillonnant d’un désir ardent pour elle, je m’affairais à lui retirer toute barrière de vêtements, bien que cela ne soit pas aisé dans cette position. Rien ne nous arrêterait. Je brûlais d’amour pour elle. Reprenant ses lèvres entre les miennes, mon corps cherchait le sien, mes mains la caressait sans ménagement. Je ne pensais plus qu’à lui faire l’amour, à lui procurer ce plaisir qui l’avait faite défaillir tant de fois, avant qu’elle ne disparaisse de ma vie. Mordillant sa lèvre tandis qu’elle réitérait son envie de moi, je lui demandais : « Alors fais-moi vibrer comme avant, Lena. » Aime-moi, aime-moi plus encore que ce que tu n’as su le faire jusqu’à aujourd’hui.

Je voyais une fois de plus le grand cœur de Micah. Il avait pris son frère avec lui pour lui offrir une vie meilleure. Finalement, dans le malheur de notre rupture, il y en avait un qui s'en était plutôt bien tiré. Chace le méritait, c'était un garçon intelligent. J'approuvais de la tête à ce qu'il me confiait sur son frère. Je ne savais pas si j'allais avoir l'occasion de le revoir prochainement mais j'allais surement devoir me faire pardonner auprès de lui aussi et pas de la même façon qu'avec son grand frère. Je n'avais pas spécialement peur, je savais me montrer convaincante que je le voulais et j'allais prendre le temps de l'amadouer, dans le plus objectif des termes. Je ne lâchais plus ses lèvres et je lui souriais repérant enfin un sourire sur son visage, un rictus plus sincère que les autres, moins crispé. Il lâchait prise petit à petit et j'en étais la plus heureuse. Rien ne pouvait nous séparer actuellement, le désir était palpable autant de mon côté que du sien. Ça avait toujours été ainsi, à mon sens, il n'y avait pas de concurrence possible. Tu sais que je n'ai pas peur des défis, je te le prouverai, soufflais je à mon tour avant de capturer ses lèvres dans un baiser passionné. Il y avait quelques minutes, on s'écharpait encore mais tout ça était derrière nous. La température n'avait plus été aussi chaude depuis longtemps et bon sang que c'était agréable. Me retrouver dans cette voiture, avec lui, dans un coin tranquille me ramenait des années en arrière quand rien ne nous faisait peur. L'adrénaline ça avait du bon. Installée sur lui, je le laissais me déshabiller me cambrant légèrement pour l'aider à retirer le dernier morceau de tissu que je possédais encore. Je mordais ma lèvre en sentant ses mains sur moi, sa bouche sur ma peau, sur ma poitrine qui répondait à ses baisers. Il n'y avait plus rien qui pouvait nous empêcher de retrouver cette symbiose qui nous caractérisait tant. Mon échine frissonnait à chaque fois qu'il me touchait et je laissais échapper un petit gémissement tant j'aimais ses caresses. Mon corps le désirait tellement, c'était fou. Je glissais mes lèvres dans son cou, ma main sur son anatomie la plus éveillée de son corps et en un coup de bassin sensuel, je laissais nos corps se retrouver ne faisant plus qu'un. Comme jamais, dis je dans un léger râle de plaisir que je ressentais déjà. Mon corps était déjà chaud, brûlant contre le sien. C'était déjà si bon, si parfait. Je m'appliquais à faire danser mon corps contre le sien, en harmonie tout en accélérant par moment pour faire monter le plaisir entre nous. Je plongeais mon regard dans le sien, posant ses mains sur ma poitrine avant de remonter sa main et de déposer des baisers chauds sur le bout de ses doigts. J'accélérais mes coups de rein et posais mon corps contre le sien reprenant ses lèvres avec passion tout en laissant jaillir, d'entre mes lèvres, des gémissements qui en disait long sur tout ce qu'il me faisait ressentir.

Je me sentais faible et à la fois revitalisé par ce qu’il se passait. D’abord empli de faiblesse parce que j’avais l’impression de lui céder bien trop aisément et qu’elle finirait par se jouer de moi. Mais en même temps, les sentiments brûlants me transportent sur une autre planète et je veux me laisser porter par ce qui nous arrive sans penser au lendemain si ça devait s’arrêter brusquement. Rien ne nous empêche de batifoler sans promesse. Je n’étais pas certain que c’était ce que je souhaitais véritablement, mais je réfléchirais plus tard. Etait-elle vraiment de retour pour de bon ? Ca restait à prouver comme je le lui avais soufflé, et je ne voulais pas ressasser ce qui pesait encore lourd sur mon esprit, je ne voulais songer qu’à ses lèvres, qu’à son corps contre le mien, et l’alchimie qui en découlait. Je ne me souvenais même plus des griefs que j’avais à son encontre un peu plus tôt. C’était le pouvoir qu’elle exerçait sur moi. Elle me faisait tout oublier, que ce soit Chace, Cassie ou même ma vie entière. Je la chérissais comme la huitième merveille du monde et son corps déjà presque nu contre le mien avaient des allures divines. Je ne désirais rien de plus au monde que de m’unir à elle. Son gémissement était à se damner tant il était une mélodie à mon oreille. Il faisait écho à mon souffle qui s’accélérait et qui laissait présager que la voiture aurait besoin de désembuer une fois notre affaire terminée. Elle était aussi impatiente que moi, et tandis que ses lèvres parcouraient mon cou, son bassin vient s’unir au mien dans un long soupir de jouissance. Mes mains glissaient sur ses courbes, mes lèvres retrouvaient les siennes. C’était intense, le bal était entré dans la danse la plus importante de la soirée. Le slow sensuel que nous partagions avaient des allures de passé mais pas seulement. Mes mains accompagnaient ses mouvements de bassin, le mien lui répondait comme une danse latine qui n’appartenait qu’à nous. Alors qu’elle pose mes mains sur sa poitrine que je caresse sans ménagement, elle dépose des baisers sur mes doigts et ce geste est des plus érotiques tant il n’y a jamais eu qu’elle qui l’a fait. Mon regard ne la lâche plus, son rythme s’accélère, le plaisir est tel que je me laisse porter par le moment, mes yeux se révulsant de temps à autres, ne boudant pas mon plaisir, les sons qui émanent de ma bouche sont toujours plus sonores. Je regrette presque de ne pas l’avoir retrouvée avant, et je lui mordille la lèvre inférieure, alors que mon torse vient rentrer en contact avec ses magnifiques seins. Je voulais que le temps reste suspendu ici pour l’éternité que nos corps restent en accord, rentrent en fusion mais ne s’éloignent plus jamais. Je l’aimais comme un dingue mais je craignais de la faire fuir, alors je restais silencieux, si on omettait les bruits qui s’échappaient d’entre mes lèvres pour lui montrer à quel point notre symbiose fonctionnait toujours.

Ce moment était plus qu'enivrant et je me souvenais de tous ces moments érotiques que nous avions vécu tous les deux. Les absences étaient parfois longues mais nos retrouvailles, toujours une pure merveille. J'étais certaine qu'il n'avait pas pu vivre ça avec quelqu'un d'autre, que ça n'appartenait qu'à nous tant nos corps étaient fait l'un pour l'autre. Je ne voulais pas que ça s'arrête et je sentais que Micah était dans la même dynamique. Nous étions littéralement en feu, nos peaux huileuses tant le plaisir était grand en était la preuve d'ailleurs. Ses mains sur mon corps m'avaient affreusement manqué, il savait comment me faire défaillir et je le laissais totalement faire. Il pouvait prendre ce qu'il voulait de moi à cet instant parce que j'étais vulnérable. Chaque caresse me faisait gémir d'avantage sans parler des mouvements de bassin qui s'harmonisaient sans même que l'on cherche à s'accorder. C'était divin. Je ne retenais pas les sons qui sortaient de ma bouche ni même mon envie qu'il continu encore plus fort en moi. Micah semblait mettre de côté ses griefs et j'en étais la plus heureuse, malgré ce qu'il me reprochait, malgré ses inquiétudes sur mon retour, la passion avait repris le dessus comme si aucun de nous ne pouvait réellement se passer l'un de l'autre. J'étais de retour dans sa vie et je comptais bien reprendre ma place parce qu'à mon sens, elle n'appartenait qu'à moi. Je posais mon front contre le sien en expirant bruyamment alors qu'on arrivait au septième ciel ou ce que j'appelais le septième ciel tant l'orgasme qu'il me procurait était intense. Je rentrais mes ongles dans sa peau avant de l'embrasser passionnément ne pouvait me retenir après ces quelques minutes de bonheur partagé. J'étais déjà prête à recommencer tant je ne voulais pas arrêter cette fusion, pas que je ne voulais pas discuter avec lui mais une part de moi avait peur qu'il ne reprenne ses esprits trop rapidement et qu'il regrette nos ébats enflammés. Il n'y avait rien à regretter, au contraire, notre alchimie était toujours là et cela prouvait que nos sentiments aussi. Tout était encore possible. C'était parfait, soufflais je contre ses lèvres sans me décoller de lui, de sa peau brulante et de ses abdos qui me faisait défaillir. Je ne voudrais jamais m'arrêter, ajoutais je avant de capturer ses lèvres dans un baiser sensuel.