Acheter de nouveaux livres, est mon péché mignon. Je les dévore littéralement et il ne se passe pas une semaine sans que j’en achète de nouveau. Il faut dire que j’aime flâner dans les librairies. J’adore l’odeur du papier, elle me met de bonne humeur mais ce n’est rien à côté de la perspective d’acheter de nouveaux bouquins. Ma pile de livres à lire posée près de mon lit est pourtant déjà conséquente mais ça ne m’empêche pas d’avoir déjà deux livres en main, alors que je parcours les rayons. Je ne prête pas attention aux autres clients. Seules les couvertures et les reliures m’intéressent à cet instant.

Je replace un livre sur son étagère après avoir parcouru sa quatrième de couverture. Mes doigts caressent plusieurs dos de livres avant de s’arrêter sur un exemplaire, frôlant les doigts d’un autre homme en le prenant. Surpris, je relève les yeux vers mon voisin, que je n’avais pas remarqué avant que notre attention ne se porte sur le même ouvrage, dont visiblement il ne reste qu’un seul exemplaire.

C’est un livre dont j’ai beaucoup entendu parler et que j’avais envie de lire depuis longtemps, sans avoir eu l’occasion de lui mettre la main dessus. Il faut dire que je n’achète jamais mes livres sur le net. Je préfère me déplacer en librairie, pas celles de grande chaine mais plutôt les petites boutiques de quartier comme celle-ci.

Alors que je m’apprête à dire quelque chose, je reconnais l’homme qui me fait à présent face.
« Tiens donc… Cain Wilder, n’est-ce pas ? »
Acteur et mannequin si j’ai bonne mémoire. Difficile de ne pas sourire devant cette coïncidence puisque ma secrétaire n’avait justement pas réussi à le contacter pour une interview. Que le monde est petit, n’est-ce pas ?

Peu de gens savaient que j'étais un amateur de littérature. On pensait naïvement que j'étais bête à cause de mon côté "diva" comme je pouvais parfois l'entendre autour de moi. Je ne me qualifiais pas de cette manière cependant, loin d'être une Mariah Carey, je savais simplement ce que je voulais et surtout ce que je ne désirais pas. Ce n'était pas ma faute si on m'apportait du café alors que je détestais ça. Ce n'était pas non plus compliqué d'avoir une boisson chaude plutôt que tiède. Mais parfois il fallait croire que si, bien ma veine de travailler parfois avec des idiots. Bref, depuis toujours je lisais beaucoup même si avec mon travail ce n'était pas évident de se poser avec un bouquin. Enfant, les livres m'avaient permis de fuir l'horrible maison dans laquelle j'avais grandis. Une fois assez vieux pour pouvoir prendre le bus sans qu'on se pose de questions, j'avais passé beaucoup de temps à la bibliothèque de Monterey assis dans un coin car je n'avais évidemment pas assez d'argent pour m'acheter un bouquin. Mon professeur à domicile m'en avais aussi prêté pas mal, la seule personne positive qui avait évolué autour de moi. Maintenant que j'avais un compte en banque bien fournir, je pouvais m'acheter autant de livres que je le souhaitais et profitant du fait que ma journée était off, j'étais donc partis flâner à la librairie du quartier. Le bonheur aussi de pouvoir se déplacer tranquillement sans avoir de fans derrière ou prêt à dégainer son téléphone pour prendre en photo. Le bruit du flash incessant avait de quoi donner des maux de têtes.

Mes doigts effleuraient le dos des bouquins, lisant les différents titres qui pourraient m'interpeller jusqu'à m'arrêter sur celui dont j'avais lu un avis fort positif. Je rencontrais des doigts qui n'étaient pas les miens. Manifestement on était intéressés par la même chose. Je ne m'étais pas attendu à ce que l'autre homme me reconnaisse. Il était typé coréen, il était probable qu'il me connaisse par notre origine commune. Mais vu la manière dont il s'était adressé à moi, ce n'était pas un fan.

- Et vous êtes ?

Demandais-je sans toutefois répondre à la question posée.