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Février 2024, chez Eleonor

La fin d’année a été horrible. Le retour de l’hiver frappe le moral, entretient les cauchemars et ravive les remises en questions. Tu l’as mal vécu en silence, te battant avec tes démons pour garder la tête hors de l’eau.
Célian est de nouveau parti. Il n’a pas passé les fêtes avec Lukas et toi. Tu ne lui diras sûrement jamais mais ton cœur s’est brisé alors qu’il fuyait ta fête préférée avec hâte. Il a fui une nouvelle fois. Tu ne lui en veux pas. Il en avait besoin alors tu l’as laissé s’échapper à nouveau, la boule au ventre espérant que ce ne serait pas comme la dernière fois. Tu ne pouvais pas le retenir, il avait besoin de s’aérer l’esprit. De prendre du recul. Respectant son choix et ne voulant pas l’inquiéter, tu ne lui avais donc pas parlé de ce déplacement impromptu à Los Angeles organisé par ton patron. Tu étais convaincue qu’un an après tu pouvais gérer un simple déplacement professionnel. Ce n’était qu’une nuit à l’hôtel et plusieurs réunions. Tu ne serais pas seule avec lui alors tu t’étais tue, prétendant que tu étais restée en ville. Céli avait bien d’autres choses à gérer et tu le savais. Cette fois, tu ne pouvais pas te permettre d’être un poids. Tu avais vite ravalé ton courage lorsque tu avais appris que pour “réduction budgétaire” ton patron n’avait loué qu’une chambre pour deux. Tu avais bien failli l’appeler à l’aide puis tu t’étais reprise : il avait des problèmes plus importants. Tu avais alors fui, refusant de dormir à l’hôtel. Finalement, tu avais fini par dormir dans un hôtel avec un inconnu rencontré au bar. Une solution qui t'avait paru bonne sur le moment. Si tout s’était bien passé, tu avais vite pris conscience que ce n’était pas la chose à faire. Pourtant rongée par la honte, tu n’avais pas encore eu le courage d’en parler à ton confident. Y avait-il vraiment quelque chose à dire ? Tu avais merdé, pris peur et trouvé une solution, pas moins dangereuse en y réfléchissant. Ce ne serait que l’inquiéter un peu plus pour rien. Même maintenant qu’il est revenu, il est là sans vraiment être là. Tu ne seras pas celle qui rajoutera une nouvelle pierre à cet édifice de confusion et de doutes.
Tu avais compté sur Noël pour te changer les idées. Pour masquer ta honte. Censé être une fête familiale, marquée par les retrouvailles, le repas de la Saint Sylvestre n’avait rien été d’autre qu’un échange de pics entre ton père et ton frère. Tu avais de nouveau déchanté rapidement face à la situation et la froideur de ton père. La magie de Noël définitivement envolée. Toi-même, tu n’avais pas réussi à sourire sincèrement à ton père alors même qu’il s’intéressait un peu à ta vie. Une de tes fêtes favorites devenait à présent un moment redoutable. Ce n’était la faute de personne, c’était ainsi. Heureusement que Greta était là pour sourire, pour réchauffer les cœurs glacés. N’avait-elle pas le cœur aussi triste que le tien, marqué par l’absence de Célian ?
Puis 2024 a pointé le bout de son nez.


Nouvelle année et nouvelles résolutions. Si on ne peut pas faire fi du passé, on peut toujours devenir meilleur. Trouver du bon dans la vie et ne pas reproduire les erreurs de l’année précédente. Ainsi, bien déterminée à redresser les choses et à changer les idées de tout le monde, tu as eu cette merveilleuse idée de marathon Disney. Comme au bon vieux temps lorsque les garçons se forçaient à regarder Aladdin avec toi pour te redonner le sourire.
Si les années passent et les personnes changent, il y a des choses qui restent les mêmes. Aujourd’hui encore, par exemple, tu as dû forcer les garçons à venir. Tu as dû vendre ton idée, la négocier. Repenser aux négociations te fait encore sourire. C’est qu’ils ne sont pas simples en affaires ! Tu les as finalement eu à l’usure, un mois après avoir proposé l’idée, et contre de la nourriture. La table basse en est d’ailleurs littéralement blindée. Il n’y a même plus la place d’y mettre une bougie pour l’ambiance. Un petit détail certes mais qui a son importance à tes yeux. Tu veux que ce soit parfait. Ça doit être parfait. Il faut dire que lorsque que l’on reçoit les deux hommes de sa vie, on met les petits plats dans les grands.
Il y en a donc pour tous les goûts. Pour tous vos goûts à tous les trois. Des toasts avec du tartare et de la rillette pour Lukas. Du pop-corn et des carambars, le tout au caramel, pour Célian. Puis des M&M’s pour toi, rien ne te ravit plus le cœur que ces petites sucreries de toute façon. Puis il y a aussi tout ce que tu ne peux pas mettre sur la table par manque de place qui attend dans le frigo. Le plat principal. Tu as pris tout ce que tu pouvais pour répondre aux goûts de tout le monde : des brochettes poulet, boeuf caramélisé et boeuf-fromages ; des sushis ; des makis ; des californians rolls et des sashimis. Plusieurs sortes de chaque. Sans oublier les boissons : vin blanc et champagne.
Une petite fortune est sortie de ta poche pour pouvoir garnir cette table mais tu en es fière. Fière de pouvoir recevoir le trio sous ton toit et de les servir de cette manière. Fière de vous réunir.


Tout est prêt plusieurs minutes avant l’heure du rendez-vous et tu ne sais plus quoi faire. Comme une gamine, tu trépignes d’impatience. Tournes en rond à la recherche d’une activité pour t’occuper les mains. Cela fait un petit moment maintenant que vous n’avez pas tous été réunis pour une soirée comme celle-là. Tu les attends avec impatience
Pourtant, il réside quand même une boule d’appréhension au creux de ton ventre. Les relations humaines ne sont jamais toutes roses. Célian est parti sur un coup de tête. Encore. Et tu sais pertinemment que Luk’ ne l’avait pas apprécié la première fois, déjà. Même s’il est revenu, il est plus renfermé depuis sa rencontre avec son père. Tu le sens, est-ce que Lukas aussi ? Tu en es bien moins sûre et c’est bien pour cela que tu appréhendes leurs retrouvailles. Ne sais pas vraiment où te placer. Il faut dire qu’avec Luk’, tu marches parfois sur des œufs. Tu sais qu’il est là, il est protecteur mais son caractère te freine sur les confidences que tu peux lui faire. Tu n’oublies pas non plus qu’il a fui lorsqu’il est sorti de prison. Il aurait pu te retrouver, venir te voir. Mais il est parti à New York. La rancune n’est pas dans tes gênes mais la blessure est tout de même là. Tu t’es de nouveau retrouvée abandonnée par les hommes de ta vie. Ton père. Célian. Puis Luk’.
Malgré toutes tes préoccupations, tu reste convaincue que cette soirée sera un franc succès. Optimiste, certes, mais tu le ressens aussi au plus profond de toi. C’est comme ça, tu le sais. Comme un sentiment ancré dans ton cœur. Lorsque vous êtes tous les trois, quand vous êtes unis, ça ne peut que bien se passer. Vous êtes liés et les liens du sang ne se dissoudent pas aussi simplement.
Surtout pas quand l’on connaît ta persévérance à les entretenir !


Tu arrêtes finalement de tourner en rond lorsque tu entends du bruit sur le palier. Ce n’est peut-être pas pour toi mais ton excitation fait taire ton bon sens. Tu te rues sur ta porte et l’ouvre à la volée ! Le bonheur sur les lèvres représenté en un grand sourire rayonnant, tu t’exclames :


- Enfin ! Ça fait une éternité que j’attends !

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Février 2024, chez Eleonor

Encore parti. Il lui avait fait confiance, cette fois-ci, Lukas. Il avait cru en ses bonnes paroles, au fait qu’il n’allait plus partir du jour au lendemain, comme ça. Et puis, c’était arrivé à nouveau. Célian était partit, encore une fois. Il avait fui ce monde sans un mot pour celui qui était comme son frère. Cette fois-ci, Lukas l’avait encore plus mal pris. Parce que cette fois-ci, il se pensait suffisamment mâture pour que son cousin décide de se confier à lui. Il avait donné des nouvelles, certes, mais il sentait ceci presque comme une trahison et ça lui faisait mal au cœur. Au lieu de lui avouer que ça l’avait blessé, Lukas préférait transformer ce semblant de faiblesse par une colère qui ne se contrôle pas, qui le consume à nouveau. Malheureusement pour lui, les mauvaises habitudes ont la vie dure. Il avait pourtant travaillé sur ce comportement, mais ça n’avait pas suffit jusqu’ici, visiblement.

Le pire, c’était qu’il était partit pendant les fêtes de Noël. C’était la première année que Lukas était de retour en ville, le premier Noël où ils auraient pu être tous réunis depuis au moins cinq à six ans. Son dernier Noël en famille devait bien remonter à 2018 ou 2017 … C’était un constat terrible. Surtout que le dernier Noël passé avec sa supposée famille s’était terminée par une rixe entre lui et son père dont il ne supportait plus les piques. Lukas avait fini par se barrer avant la fin du repas. Évidemment, il avait pu compter sur le soutien infaillible de sa sœur mais malheureusement, il avait la sensation affreuse de ne pas être à sa place dans cette famille, de ne pas plaire à son père, de ne pas être assez. Il ne supportait plus de voir son visage.
Fort heureusement pour lui et pour Eleonor, Greta était de la partie. Cette femme possédait une joie de vivre et un humour qui avait toujours plu à Lukas. Elle lui avait révélé au cours d’une discussion, une fois, qu’elle aussi avait fait des bêtises dans sa vie mais cela ne l’avait pas empêché d’être une bonne personne, d’avoir un fils incroyable dont elle était particulièrement fière. Greta avait toujours les bons mots pour chaque situation.

Ce soir, il était temps de mettre les rancœurs de côté. De faire en sorte de sourire sincèrement et d’apprécier chaque instant auprès de sa famille. Eleonor les avait invité pour un marathon Disney. Si Lukas n’appréciait pas le départ précipité de Célian, il avait décidé de mettre de l’eau dans son vin quand il avait appris les raisons pour lesquelles il avait disparu. Peut-être qu’il ne lui mettra pas son poing dans la figure, ce soir. Ce sera déjà ça.
Lukas arriva tranquillement à l’appartement de sa sœur et avant même qu’il ait eu le temps de frapper à la porte, elle s’ouvrait à la volée sur le visage angélique de la demoiselle. Un large sourire s’étendit sur les lèvres de Lukas et il la prit dans ses bras, calmement. En entrant dans l’appartement, il aperçut le plateau qu’elle leur avait prévu sur la table, devant la télé et resta bouche bée. Il y avait de quoi nourrir dix gamins ici. Son ventre se mit à gargouiller en découvrant les toasts avec du tartare et les rillettes. « Oh mon dieu. T’as fait des toasts. Et des rillettes. Ooooh, je vais me régaler. » Lukas constata qu’il était le premier arrivé, il ne manquait plus que Célian.

Quand celui-ci arriva enfin, Lukas se retourna, le regard froid. Il ressentait énormément d’appréhension vis-à-vis de cet échange. Une colère froide résonnait dans son crâne. Il entendait en boucle une phrase. Il t’a abandonné.
Il t’a abandonné.
Il t’a abandonné.
Reviens sur Terre. Lukas prit une profonde inspiration, tenta de dissimuler son énervement et serra les dents quand il salua Célian en le prenant rapidement dans ses bras. D’habitude, ces accolades étaient chaleureuses. Mais pas ce soir. À son oreille, il glissa en chuchotant : « T’aurais pu m’en parler au lieu de te barrer comme un voleur. Encore une fois. »  

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Février 2024, chez Eleonor

En ouvrant la porte, c’est Lukas que tu découvres et tu ne perds pas de temps pour aller lui faire un câlin. C’est ainsi que s'envolent les aprioris que tu pouvais avoir de cette soirée. Bien que tu ne puisses pas tout dire à ton frère, il n’en reste pas moins une personne de confiance pour toi. Si son caractère peut être compliqué, tu l’aimes comme il est et tu es toujours aussi heureuse de le voir. De l’avoir. Il est si important de profiter du moment présent. Tu le serres fort dans tes bras avant d’être rattrapée par ta politesse d’hôte et de l’inviter à entrer. Tu le diriges directement dans le salon où l’apéro et les en-cas pour les films sont sur la table.
Tu rayonnes de fierté face à la réaction de ton frère et à sa réflexion à laquelle tu n’hésites pas une seconde à répondre par un doux rire. Tu ne sais d’où te vient cette capacité à recevoir mais tu n’es jamais aussi fier que quand chacun réussi à remarquer la petite attention qui lui est discernée. C’est comme ça que tu exprimes ton amour, autres que par des gestes et des mots, tu accordes de l’importance à toutes les petites attentions comme ça.

- Je suis la meilleure des petites sœurs, je sais, dis-tu en envoyant tes cheveux en arrière pour te la péter un max.

Cette ambiance détendue t’a manqué. Bien qu’elle soit toujours légèrement obscurcie par ce petit sentiment de culpabilité que tu n’arrives pas à te retirer malgré que tu saches que tu as fait le bon choix.

Célian ne tarde pas à faire son apparition quelques minutes après Lukas et tu l’accueilles tout aussi chaleureusement. Un grand sourire sur les lèvres et un câlin fort fort fort. C’est comme ça que tu as toujours accueilli les hommes de ta vie. Bien que tu serres peut-être un peu plus fort ton cousin mais ça a toujours été ainsi. Tu as toujours été plus proche de lui,tu peux tout lui dire sans peur et il sait quasiment tout.
Tu laisses finalement les garçons se saluer en te décollant de ton cousin. Tu ne loupes pas les lèvres qui s’activent aux oreilles de l’un et de l’autre mais tu n’entends pas la teneur des propos alors tu préfères ignorer ce qu’ils se disent. Ils sont grands que tu te dis. Pourtant lorsque les mots de Célian atteignent tes oreilles, tu ne peux que te dire qu’il cherche encore ton frère. Pourtant le sujet est léger. Tu réponds du tac au tac en rejoignant le salon.

- Il est toujours beau, enfin. Sinon comment il remplirait son lit chaque soir ?

On sait tous à quoi tu fais allusions. Ce n’est pas un secret que Lukas a une vie sexuelle active. Tellement active que tes propres proches connaissent mieux l’anatomie de ton frère que toi !
Ce soir, Célian est de bonne humeur et il te taquine aussi. Tu voudrais t’en offusquer mais cela fait tellement longtemps que tu ne l’as pas vu aussi souriant que tu te laisses faire. Répondant sur le même ton que plus tôt.

- Je ne te servirais donc pas les sushis qui attendent dans mon frigo, c’est ça ? Tu tires la langue comme une enfant sur ses mots avant de redevenir sérieuse. Si tu te plains encore du programme de ce soir, je nous fais regarder les trois saisons des Bridgerton et y’en a pour toute la nuit, hein !

Tu n’as pas de vergogne à sortir ton index pour accentuer ta menace. Tu le pointes sur le torse de ton cousin et fronce les sourcils. Tu n’es pas réellement en colère et ils te connaissent assez pour le savoir. Pourtant, la menace, elle, est bien réelle car tu adorerais re-regarder la série des Bridgerton.
Tu te tournes vers ton frère pour le pointer aussi du doigt. La menace est aussi bonne pour ses plaintes à lui. Aucun traitement de faveur par ici.

- Compris ?

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Il essayait depuis longtemps d’être meilleur, Lukas, pour eux. Mais avec les évènements récents de la vie, il avait beaucoup de mal à se montrer calme et compréhensif, comme l’avait toujours été sa sœur. Lukas avait la rancune facile, la colère impulsive et le cœur fermé dans ce genre de situations. Une personne commençait à lui faire perdre les pédales au travail et même si Célian avait été la personne qui lui avait permis d’entrer chez les pompiers, il avait encore en travers de la gorge sa désertion soudaine, quelque soit la raison. Lukas ne le dira jamais mais au fond, il aurait aimé que Célian lui parle. Il aurait aimé qu’il vienne vers lui, se confie et que Lukas puisse lui donner les conseils. Il aurait aimé garder son cousin près de lui et le soutenir, comme le font les gamins d’une famille soudée. Mais Célian avait décidé de se barrer, de les abandonner, encore. Lukas lui faisait pourtant confiance mais … il s’était senti trahi, encore. Et il serait difficile, cette fois-ci, de faire à nouveau pleinement confiance à cet homme qui les avait abandonné par deux fois. Chaque fois qu’il n’est pas bien, plutôt que d’aller vers eux, il s’éloignait d’eux. Et le cœur de Lukas en prenait un coup, provoquant douleur et colère, dont il rejetait la faute aujourd’hui sur le cousin.

La soirée aurait dû se couronner de succès. Eleonor avait tout fait pour que chacun se régale, avec des petites attentions pour tout le monde. Elle était une femme et une petite sœur parfaite que Lukas était très heureux d’avoir à ses côtés. Il ne lui avait jamais dit à quel point elle était importante pour lui, à quel point il tenait à elle. Aujourd’hui, il se sentait prêt à la prendre dans ses bras et à lui dire qu’elle était la meilleure sœur, la seule personne à avoir toujours prit soin de son frère, à s’être battue pour lui, et il regrettait ses agissements. Mais l’arrivée de Célian ternit ce beau tableau qui était en train de se dessiner. Le cœur de Lukas se serrait puissamment dans sa poitrine. En particulier quand Célian en profita pour lui rappeler son erreur, quelques années plus tôt, quand il avait fourré son poing dans la gueule de son cousin sous un excès de colère. « Très amusant, Célian. Mais comme tu le vois, j’ai une admiratrice qui reconnaît mon charme certain. » Ces taquineries avaient un goût amer. Elle radoucissait la colère de Lukas, mine de rien, qui ne voulait pas faire un scandale devant sa sœur. Néanmoins, elles ne ressemblaient en rien aux piques qu’ils s’envoyaient quand toute rancune était effacée. Puis, Lukas devait l’admettre, il avait passé un bon moment devant le miroir avant de venir pour maintenir ses mèches rebelles. Il essayait de faire des efforts, en particulier depuis que tout avait basculé dans son cœur. Remplir son lit chaque soir n’avait jamais été si peu réel ; avant, ça avait été le cas tous les soirs mais désormais, Lukas s’endormait parfois seul dans son lit en pensant à une personne en particulier.

Lukas observe la quantité astronomiques de nourriture en souriant à la remarque de Célian. Il la regarda tirer la langue comme une enfant avant de perdre toute once de joie sur son visage. « Oh nan ! Pas ça ! » Franchement, il pouvait même regarder des Disney ou ce qu’elle voulait mais pas les Bridgerton. C’était si long. Et il n’était pas du tout intéressé. « Petite sœur chérie, qu’est-ce que tu as prévu au programme ? » Autant faire le mielleux s’il voulait espérer voir un film qui allait au moins l’intéresser un tout petit peu. Avec un peu de chance, elle serait indulgente avec la mine adorable de son grand frère.

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Février 2024, chez Eleonor

Tu ris de bon cœur à la réponse de ton frère. Bien sûr que tu seras toujours fan de lui. Sa plus grande fan, même. Ce qui ne t’empêchera pas de te foutre de lui quand il le méritera. Peut-être pas ce soir vu ce que tu leur imposes déjà.
Tu en joues d’ailleurs. Tu sais qu’ils n'aiment pas, qu’ils ne sont là que pour tes beaux yeux. Et tu en profites pour les menacer s’ils ne se tiennent pas ou se plaignent. Ils ne partiront pas. Pas encore… Bien qu’ils finissent toujours par revenir -comme des exs toxiques- la peur de les voir t’échapper est toujours là. Fluette. Omniprésente. Lancinante. Lukas comme Célian rigolent à ta menace pourtant seul Lukas rentre vraiment dans ton jeu. Célian courbe l’échine en quelque sorte. Cela change l’ambiance et bien que tu répondes à ton frère avec décontraction, tu n’es pas imperméable à l’énergie maussade qui se dégage de ton cousin. Ce n’était peut-être pas la phrase à dire… Tu décides de changer de sujet rapidement pour effacer ce moment.

- On commence par Raiponce puis on improvise. Mais d’abord, buvons !

Sans attendre de réponses, tu t’empresses de te saisir des verres et de les remplir de la boisson favorite de chacun. Tu as tout prévu. Tu sais très bien ce que tu fais. Tu tends finalement un verre à chacun.
Pourtant, en tendant son verre à ton cousin, tu vois bien que son sourire est moins franc. Sa mine est plus grave. Endiguer le sujet n’a rien changé. Tu commences à te creuser les méninges pour trouver un moyen d’égayer l’ambiance, ce n’était peut-être pas une bonne idée de les forcer, quand Célian ouvre finalement la bouche. Tu hoches la tête en t’asseyant sur le canapé. Tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre…
Tu souris plus fort alors qu’il affirme à voix haute la bonne idée que tu as eu de vous réunir. Comme tu as géré l’organisation et la réception. Heureusement qu’il le dit car avec son expression, tu commençais à avoir le doute. Si ce n’est pas ça le problème, alors il est autre. Tu attends, sachant pertinemment que quelque chose le ronge, en le regardant fixement. Tu ne cilles pas alors qu’il continue. Tu ne le lâches pas des yeux alors qu’il fait son énième mea culpa. Il s’est déjà excusé et le mois dernier, alors qu’il a appris que Malone l’avait trompé, il n’a pas fui. Cette promesse, tu veux y croire. Tu y crois mais pas aveuglément malheureusement… Tu aimerais mais une partie de toi à trop souffert des abandons répétés de tes proches. Dès que tu y as cru, tu as été blessé. Bien que tu le ressentes ainsi, tu hoches la tête avec vigueur pour lui montrer que tu lui pardonne, pour dire que tu le crois. La partie optimiste de ton être veut croire au fait que l’on peut changer, que l’on pardonne. Parce qu’elle aura besoin d’être pardonnée aussi.
Il y a des choses que tu n’as pas encore dites après tout…
Et que tu ne te sens pas prête à dire…

- A nous ! célèbres-tu en te levant et en faisant tinter ton verre avec celui de ton cousin.

Ce geste a la signification de l’acceptation. Tu n’as pas besoin de le dire, tes yeux l’affirment. Tu y crois. Ton conscient y croit, ton inconscient, lui, se protège encore.
Si de ton côté, tout est réglé, tu n’attends plus que la réaction de ton grand-frère. Lui aussi à toujours mal vécu les départs de Célian.

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Février 2024, chez Eleonor

Lorsque la voix de Célian s’éleva soudainement, il sentit un poids se matérialiser sur les épaules de chacun d’entre eux. Lukas, intrigué, leva les yeux vers lui et attendit patiemment qu’il poursuive. Il se demandait déjà si cela avait un rapport avec sa petite réflexion en arrivant et son absence étonnante. Le brun découvrait soudainement un cousin qui cherchait du courage en regardant n’importe où — il cherchait du réconfort quelque part, de l’aide pour se lancer à parler : ce n’était clairement pas dans ses habitudes. Célian était très souvent serein et sûr de lui. Étonné, il fronça les sourcils puis la raison vint.
Lorsque le regard de Célian se planta dans celui de Lukas, il se sentit vriller. Peut-être que le garçon n’était pas prêt à l’admettre, mais ses excuses rendaient les choses plus faciles. Bien sûr, s’arrêter à des excuses, c’était bien trop facile. Mais pour le moment, Lukas préféra ne pas y penser, et se contenter de profiter de la soirée parce qu’il en avait marre de se prendre la tête. Lukas sentait la sincérité dans le regard et les paroles de Célian, il ne manquait désormais plus que les actes. Lukas le savait, si Célian fuyait une troisième fois, ce serait la fois de trop. La confiance était déjà en train de s’étioler.

Lukas suivit le jeune homme qui levait son verre et fit de même. Il remarqua malgré tout que Célian avait les doigts tremblants, mais il préféra ne rien dire. « À nous. » Lukas restait sceptique quand à cette situation, se contentant d’être observateur et s’installa à côté de Eleonor. Quand Lukas se taisait, Lukas réfléchissait. Il préférait parfois prendre en compte la situation. La plupart du temps, il ouvrait la bouche, il envoyait tout valser mais quand son cerveau était dans l’incompréhension quant aux sentiments intérieurs différents qui se battaient les uns contre les autres, il fallait plutôt prendre son silence pour une acceptation.
Remuer la plaie lui ferait perdre le contrôle. Il préférait enterrer cela pour de bon et avancer. « Alors, ce film, tu le lances ? » En tendant la télécommande à sa sœur.