Stand de tir
FT.    @Ashley Davidson  
tw :  armes à feu, mileu carcéral, alcoolisme et dépendances, TDAH, langage grossier.

Si je n’étais pas du genre à ne pas faire ce que je ne suis pas censé faire, ma vie serait tellement beaucoup plus simple. Les gens se lamentent souvent que les ennuis leur tombent dessus sans relâche, mais j’avais tendance à tomber sur les problèmes. C’est bien pour cela que toute ma vie j’ai toujours entendu cette phrase : il l’a bien cherché.

Evidemment, j’pourrais suivre sérieusement une thérapie, chercher à comprendre pourquoi je m’évertue à m’auto saboter, mais franchement… Qu’est-ce que ça changerait de comprendre ? Je ne changerai jamais, moi. Je serai toujours avec ce trouble. Facile de tout mettre sur le dos du TDAH ? Probablement. Il y a plusieurs degrés à ce trouble, je crois que je suis un putain de cliché en la matière. A tel point, que je ne cherche même plus à me cacher derrière cette excuse, au bout de quarante ans je peux clairement affirmer que personne n’accepte ça. Ceux qui acceptent sont des saints ou me voient comme une sorte d’handicapé ou encore on la chance de ne me cotoyer que trop peu ce qui rend ma présence et mes conneries supportables. Je ne me sortirais jamais, de ce trucs, de cette électricité dans ma tête, de ce moteur à l’intérieur de moi qui m’oblige à constamment être en activité physique ou cérébrale. Alors ouais, à force d’y penser, j’fini par céder, voyez ? Je suis le script de ma vie. J’reviens sur cet endroit où j’aurai pu y laisser ma peau, à ce stand de tir où j’servais de cible humaine il y a quelques mois pour des poignées de dollars. Des jeux stupides, des shoots d’adrénaline qui venaient nourrir mon trouble.

En arrivant sur les lieux, j’stationne ma nouvelle moto du côté où il n’y a pas de  camera. J’suis pas là pour m’faire repérer, pour foutre le bordel, en fait… J’sais pas pourquoi j’suis là. J’ai besoin d’un échappatoire, j’ai besoin de ça. Mais les véhicules qui me cotoient ne sont pas les gros 4x4 de d’habitude, les véhicules de gros kékés qui aiment faire joujou avec leurs armes. Cette fois, il y a pas mal de citadines et même des vélos. Septique j’m’approche de la porte d’entrée et en l’ouvrant, je me sens pas le moins du monde à ma place. Les cibles de papiers sont criblées de flèches tirés par une bande de guignols avec le cul cambré et un carquois sur le dos. Il y a cette fille avec beaucoup trop de barettes dans les cheveux et ses lunettes de traviole qui sautille de joie d’avoir atteint sa cible.

C’est. Quoi. Ce. Délire ?

Mes yeux verts jugaient fortement d’incompréhension à c’moment précis. J’me demandais à quel moment les tireur fous, le bar chargé en whisky et l’odeur de la poudre ; avait été remplacé par des p’tits robin des bois qui s’abreuve à un p’tit bar à jus avec son propre extracteur à jus et ce sans la moindre odeur pénétrante. Ouais, cet endroit avait diablement changé en quelques mois.

Bravo Victor, on a fait de ce stand de tir un nouvel enfer…
Celui où règnent les hipsters avec une  coupe mulet.

Déçu et fasciné à la fois par ce revirement de situation, mon regard s’éclaire lorsque qu’il tombe sur une face pas si étrangère que ça. Le filston de l’enfoiré qui m’en envoyé en taule, Davidson.

- Hé Docteur Lapicole !

Merde, j’ai pensé trop fort.
Encore à mettre sur le compte de ma personnalité horripilante.

- Qu’est-ce que tu fou avec cette bande de…

J’pointe du doigt ce qui dépasse de son épaule.
C’est quoi ce machin sur son dos ?
Ouais, c’est un putain de carquoi.

- Non, rigole ?

Finalement, la journée pourrait s’avérer bien plus drole que prévue, merci maudit cerveau, merci de m’emmener aussi vers des situations qui parfois provoquent beaucoup de joie et d’amusement.