C’est fou, d’être aussi naïf, quand même. Avec les années, Ionas n’apprend pas assez à se méfier, visiblement. Parce que quand l’un de ses plus anciens amis, ou plutôt l’un de ses plus proches amis, lui demande de l’aide pour un projet caritatif, il ne peut visiblement rien lui refuser. Mais ça, c’était bien, bien avant de voir que ledit ami l’a profondément dupé. En retard, comme à son habitude et parce qu’il est incapable de respecter un timing, Ionas observe les pompiers s’agiter, la plupart torse-nu, d’ailleurs, avec des sceaux, des brosses et des lances. Les yeux plissés derrière ses lunettes de soleil, il cherche Timaël du regard et le trouve bien rapidement. Impossible de le rater avec sa belle gueule et ses tatouages.  « Oh mon chéri, je te promets que ce n’est pas ce que tu crois » Visiblement, le bougre est conscient qu’il a fait une connerie, et pire encore, Ionas se rend compte qu’il l’a dupé en toute connaissance de cause. Ce n’est pas une erreur, un accident, un changement de dernière minute imprévu, non. Il lui a menti. « Bon ok, c’est ce que tu crois, mais ça reste pour la bonne cause, je te le promets. Tous les fonds seront principalement reversés au service pédiatrique de l’hôpital. » Est-ce qu’il peut vraiment faire marche arrière, maintenant qu’il sait ça ? Il soupire, assez fort pour que ce soit explicite. « Tu fais chier Tim’, je vais passer pour un ignoble sans cœur maintenant si je me casse ! » Il ne peut pas laisser les enfants malades de l’hôpital ou prétexter que ce n’est pas son affaire, tout ça, si ? Il croise les bras, refusant de répondre à l’accolade de son ami, la tête tournée à l’opposée, il fait style d’être fâché. Même s’il sait pertinemment qu’il ne tiendra pas la distance. « Allez, tu ne peux pas refuser, je te payerai même une bière en fin de journée, ce n’est pas beau ça ? » Ionas hausse les sourcils en tournant son regard vers le blond qui l’entraîne, bien malgré lui, vers son prochain lieu de torture. « Tu crois qu’une bière ça va suffire ? C’est mal me connaître ! J’avais pas prévu de nettoyer des voitures toute la journée ! » Il râle encore un peu pour la forme, parce qu’il ne peut pas seulement accepter sans rechigner, ce serait trop facile, il n’a même pas encore réussi à en profiter. « Tu me dois un repas, plusieurs bières et encore un autre truc, je te préviens, tu vas le regretter ! Tu m’as menti, en plus ! » Il s’offusque, parce qu’entre amis, ça ne se fait pas ça, si ?

Il secoue la tête en décroisant les bras. Visiblement, il est coincé, il n’a pas le choix et il doit bien faire avec. Il s’approche avec son ami pompier du lieu prévu à ses effets et il lui demande. « Tu restes avec moi, au moins ? » Il le regarde en secouant la tête. Il espère au moins qu’ils vont pouvoir faire équipe et passer du temps tous les deux. « Et qui a eu cette brillante idée, au fait ? » Qui a pu pondre un truc pareil ? Il s’apprête à rouspéter encore un peu quand il finit par balayer le terrain des yeux. Des pompiers s’agitent dans tous  les sens pour tout préparer et il doit bien avouer un truc, certains détails lui avaient largement échappé jusque-là. Il penche légèrement la tête vers l’avant, détaille quelques silhouettes d’un regard intéressé avant de devoir admettre, de mauvais grâce. « Ca va faire sensation, votre truc, c’est au moins une certitude. » Il redresse le regard pour pouvoir profiter de la vue en toute impunité, cette fois, cherchant à mater le plus discrètement possible. Même si Timaël n’ignore rien de ses préférences, à présent. « Je peux faire le trésorier, si vous avez besoin. » Passer sa journée à récupérer la thune qu’ils récoltent en se rinçant l’œil, en voilà une très chouette idée. Même s’il craint que son ami n’ait d’autres projets, pour lui.


@Timaël Sörensen