{Mon. 10/28 ~ 10.30 am} Assise dans la salle d'attente du pôle gynécologie de l'hôpital, tu scrolles sur instagram depuis ce qui te paraît être une éternité. Le médecin qui doit te recevoir a du retard sur son planning -des urgences d'après la secrétaire-, et tu as déjà épuisé ton capital patience et tes vies sur Candycrush, téléchargé pour l'occasion depuis au moins une bonne demie heure. Une porte s'ouvre quelque part, et tu relève la tête avec l'espoir d'être bientôt reçue, mais il ne s'agit que d'un couple qui après s'être présenté à l'accueil, vient s'installer sur la rangée de chaises en face de la tienne. Sous son pull en lycra détendu, le ventre de la femme semble sur le point d'exploser et tu ne parviens pas à te retenir le l'observer avec un peu trop d'insistance. Tu n'es pas vraiment fascinée ou attendrie par cette vue. Plutôt dégoutée et surtout, bien heureuse de ne pas être à la place de cette femme qui capte ton regard et t'adresse un sourire tout excité. Comme s'il y avait la moindre raison de se réjouir de voir son corps ainsi déformé. Tu t'obliges tout de même à répondre à son sourire avant de replonger le nez dans ton téléphone. Tu fais défiler à nouveau quelques stories sur ton écran avant d'aller dans la barre de recherche pour taper le nom de Théo. Pas de story, pas de nouvelle publication, et un pas sms depuis votre échange houleux du samedi précédent et pourtant, tu n'arrives pas à cesser définitivement de penser à lui. Tu es tentée de lui envoyer un message, quelque chose de piquant, juste pour qu'il pense à toi lui aussi, même si c'est pour se rappeler à quel point il te trouve insupportable. Les doigts suspendus au-dessus de ton écran, tu réfléchis à ce que tu pourrais lui dire pour avoir un peu de son attention, quitte à passer pour une fille désespérée et qu'il te laisse même en vu. Tu commences plusieurs fois à écrire, mais tu effaces rapidement tes messages, jamais satisfaite. Le dernier message, -Tu me manque, et je te déteste pour ça-, reste en suspend sur ton écran, que tu éteins précipitamment quand on appelle ton nom. "Oui!" Enfin! Tu te lèves prestement, lissant ta jupe et ton chemisier avant de relever les yeux vers la voix masculine qui vient de t'appeler. La vision de l'homme qui se tient dans l'embrasure de la porte au bout de la salle d'attente te fait hausser un sourcil agréablement surpris. Quand la secrétaire t'avais confirmé le rendez-vous avec le Docteur Maddox quelques mois plus tôt, tu t'étais imaginé une vieille femme aux airs de dragon acariatre du même accabit que la regrettée Docteur Richards qui te suivait jusqu'ici, et tu es plutôt contente de constater qu'il n'en est rien. Le Docteur Maddox, à première vue, est un jeune trentenaire BCBG et à en croire le sourire de circonstance qu'il t'adresse, il n'a pas l'air encore usé par son métier. "Docteur...", tu souffles avec un sourire en passant devant lui pour entrer dans le cabinet.

{Mon. 10/28 ~ } Tu es en retard dans ton planning. En fait non, pas vraiment, tu as effectué ton travail, mais l’accouchement n’était pas prévu dans l’immédiat. Après tout on ne peut pas les commander comme l’on veut.  Le petit gars a décidé qu’il voulait rencontrer ses parents maintenant ne voulant pas attendre plus longtemps, alors ton devoir t’a appelé, tu as dû aller l’accoucher. C’est ce qui t’as mis en retard dans ton planning. La suite s’est passée sans accroc, des patientes heureuses de devenir mère, d’autres anxieuses qui t’ont posé des tonnes de questions, que tu as dû répondre sans broncher, sans rouspéter. Les rassurer aussi. C’est ton travail, alors tu le fais et tu te la ferme, même si ton langage non-verbal parle souvent pour toi. Après tout, tu fais honneur aux surnoms que l’on te donne en rapport à ton apparence froide ou ton air flirty. Oui, tu aimes plaisanter avec tes patientes et leur conjoint. T’es comme ça, tu sais le charme que tu peux avoir, t’as une présence facile lorsqu’on regarde derrière la carapace que tu t’es forgée. Du moins, dans le cadre de ton travail, parce qu’en dehors, c’est autre chose.

Quoi qu’il en soit-il ne te restait qu’une patiente à voir avant de retourner chez MOM&ME pour la suite de ta journée. Attrapant son dossier, tu t’aperçois rapidement qu’il s’agit d’une nouvelle patiente, venue pour son examen de routine. Un sourire en fraye un chemin sur ton visage. Enfin une séance qui se voudra reposante, pensas-tu.  Sortant de la pièce d’examen, tu t’adosses contre le cadre de porte, le nez dans le dossier de la patiente. « Mademoiselle Asha Pravesh ? » Demandes-tu d’un air neutre, mais toujours ce sourire aux lèvres. Relevant les yeux vers la demoiselle qui s’est annoncée, ton sourire s’agrandit la laissant pénétrer à l’intérieur de la salle. Refermant la porte derrière vous, tu t’assieds sur le banc, près de ton ordinateur afin de noter certaines informations aux dossiers. « Alors, Madmoiselle Pravesh. Je veux en prie, assoyez-vous. » Dis-tu lui désignant de la main la chaise près du bureau, avant de reprendre la parole : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Avant votre examen de routine, avez-vous des questions ? Des craintes ? des choses donc vous voudriez parler ? »  Tu te tournes finalement vers elle, te penchant légèrement vers l’avant les bras sur tes genoux,  et la regarde attentivement, lui laissant le temps d’assimiler ce que tu venais de lui demander. Pour la première rencontre avec tes clientes, tu prends toujours plus de temps avec elle pour créer une marque de confiance. C’est très important pour toi, puisqu’elles se retrouvent dans une position de faiblesse et tu as besoin qu’elles se sentent à l’aise.

"Merci.", tu réponds avec un nouveau sourire alors que le médecin t'invite à t'installer. Tu t'assois sur la chaise qu'il te désigne, et tu prends le temps de déposer ton sac à main et ton manteau sur la chaise juste à côté pour être à l'aise. Aller chez le médecin n'est jamais une partie de plaisir, et rencontrer un gynécologue, un homme de surcroît, pour la première fois est rarement un moment très agréable. Heureusement, l'air avenant -et la belle gueule-, du Dr Maddox adoucissent un peu la chose. Le fait qu'il soit jeune joue également en sa faveur. Tu espères qu'il soit moins brute et plus prompt à te demander ton consentement que ses pairs plus âgés aux pratiques d'un autre âge.

Alors qu'il te demande ce qu'il peut faire pour toi, un sourire vient étirer les lèvres. Tu es tentée de lui répondre que te recevoir à l'heure serait déjà une bonne chose, mais pour une fois, tu t'abstiens. Tu décides de lui pardonner son retard au nom du privilège accordé aux mecs mignons dans son genre. Non, même si tu vois bien quelques petites choses que tu aimerais qu'il fasse pour toi, -ou plutôt qu'il te fasse-, tu te contente pour le moment de hausser les épaules l'air ingénue. Malone a raison quand il dit que tu aimes te faire passer pour plus stupide que tu ne l'es. En partie parce que ça plait aux hommes, de croire que tu es une petite chose fragile. "Hmm...Non, pas de question spécifique... Comme vous dites, c'est vraiment juste un check-up de routine, voir si tout va bien...", tu lui réponds en soutenant le regard attentif qu'il t'adresse. Tu n'as pas de crainte spécifique. Ca n'est pas ton premier rendez-vous du genre, tu sais déjà comment doit se dérouler cette consultation, et il n'est définitivement pas le premier homme à mettre la tête entre tes cuisses. La routine. "Ca fait longtemps que vous exercez ici?" Tu demandes finalement, plus curieuse d'en savoir davantage sur lui que sur les examens qu'il a l'intention de te faire passer. "Ne le prenez pas mal hein, mais vous m'avez l'air relativement jeune, et j'ai plutôt eu l'habitude de croiser de vieux dinosaures dans ces locaux...", tu ajoutes avec un sourire amusé.

Tu regardes ta nouvelle patiente avec un sourire en coin, amusé par sa remarque. Après t'être installé sur ton tabouret à roulettes et t'être rapproché de la jeune femme, tes yeux pétillants de malice.  "Merci pour le compliment," dis-tu en riant doucement. "Je suis effectivement plus jeune que la plupart de mes collègues, mais je te promets que je suis tout aussi compétent. J'exerce ici depuis quelques années maintenant, et j'aime vraiment ce que je fais." Tu prends un instant pour consulter son dossier, tes doigts effleurant les pages avec une délicatesse surprenante. "Alors, un check-up de routine, dans ce cas ? Pas de problème. On va s'assurer que tout va bien."

Comme la jeune femme n'avait aucune question, tu te relèves et te dirige vers le lavabo pour te laver les mains. Un geste que tu accomplis avec une précision presque rituelle. " Je vais commencer par un examen général. Si tu as la moindre question ou si quelque chose te met mal à l'aise, n'hésite pas à me le dire, d'accord ? " Tu es conscient que les hommes gynécologues puissent rendre mal à l'aise certaines femmes, alors tu préfères être prévenant. Tu reviens vers ta patiente, tes mains maintenant gantées, et tu lui demande de s'allonger sur la table d'examen. "Je vais ajuster la lumière, ça ne prendra qu'un instant." Tu ajustes la lampe au-dessus de vous, créant une ambiance à la fois professionnelle et rassurante. "Tu sais," commence-tu en souriant, "je trouve toujours intéressant de rencontrer de nouvelles patientes. Chaque personne est unique, et chaque consultation est une opportunité d'apprendre quelque chose de nouveau." Tu la regarde dans les yeux, ton regard sincère et attentif. Du moins, autant que possible. Tu n'es pas ainsi dans la vie de tous les jours. T'essayes surtout de rester le plus professionnel possible.  "Alors, dis-moi, qu'est-ce qui te passionne dans la vie ?" T'as besoin de parler lorsque tu fais tes examens, c'est toujours plus intéressant que de rester dans le calme. Inutile de dire que tu n'as pas nécessairement envie d'entendre vos respirations ou une mouche voler.

Tu commences l'examen après lui avoir demandé de déposer ses pieds sur les étrié, avec une douceur et une précision qui veulent faire en sorte de la rendre immédiatement à l'aise. Tes gestes sont assurés, mais jamais brusques, et tu prends soins de lui demander son consentement à chaque étape. "Tout va bien jusqu'ici ?" demande-tu tes yeux cherchant les siens pour s'assurer qu'elle est à l'aise.

"Oh, tout le plaisir est pour moi...!", tu ris alors qu'il te remercie pour le compliment à peine voilé que tu viens de lui faire. Il poursuit, et tu hausses légèrement un sourcil quand le médecin en face de toi passe automatiquement du vouvoiement au tutoiement, sans autre forme de procès et un sourire étire davantage tes lèvres. Ça ne te dérange pas le moins du monde qu'il prenne ses aises, notamment parce que tu n'es pas du genre à te formaliser pour si peu, et parce que c'est plus sympathique de converser sans avoir à faire attention à ce que tu dis, ou comment tu le dis. Et puis après tout, comme il le fait remarquer, il est vraiment beaucoup plus jeune que ses collègues et ça te fait toujours bizarre de vouvoyer les personnes de ton âge. Tu te contentes d'un sourire pour tout commentaire, et tu profites qu'il soit en train de consulter attentivement ton dossier pour attraper ton téléphone qui vient de vibrer dans ton sac. Une notification instagram. Theo vient de poster une nouvelle story. Tu la consulte rapidement avec un léger pincement au coeur. Tu t'apprête à ranger ton téléphone quand une nouvelle notification retiens ton attention. Cette fois c'est un message. Un message de Théo. Ton coeur s'emballe légèrement en voyant son prénom s'afficher sur l'écran et tu parcours rapidement son message qui te reproche gentiment de le stalker. Tu lèves les yeux au ciel, et tu réponds du tac au tac, sans même songer une seule seconde à te faire désirer, même si tu fais mine de ne pas tellement savoir de quoi il parle. S'en suit un échange de quelques messages dont tu laisses le dernier en vu lorsque le Dr Maddox referme ton dossier. "Parfait!", tu rétorques en forçant un sourire. Tu ressors de cet échange de textos légèrement sur les nerfs. Depuis que la petite bulle de bonheur dans laquelle tu t'es enfermée avec Théo la semaine passée a éclaté, tu as l'impression de ne plus savoir communiquer avec lui. En admettant que tu ais réussi à le faire un jour... Tu as l'impression qu'il s'est simplement moqué de toi, et ça t'affecte, beaucoup plus que tu ne veux bien l'admettre.

Chamboulée, tu prends une longue inspiration pour essayer de reprendre tes esprits et te calmer. L'examen auquel tu es sur le point de te soumettre est suffisamment stressant sans que tu n'aies besoin d'en rajouter une couche avec tes histoires de coeur. Heureusement, le jeune médecin se montre rassurant et plein de bienveillance. Tandis qu'il se lave les mains, tu retires tes chaussures, tes collants et ton sous vêtement, te félicitant d'avoir pensé à mettre une jupe pour venir aujourd'hui. Tu te sens ainsi moins exposée au moment de t'installer sur la table d'osculation. La tête posée en arrière, tu fixes le plafond jusqu'à ce qu'il s'adresse à nouveau à toi. Tu trouves sa façon de détendre l'atmosphère en te faisant parler de toi plutôt sympathique. Quelle femme n'aime pas qu'on s'intéresse à elle, hmm? Tu réfléchis un instant à ta réponse. Qu'est ce qui te passionne dans la vie? Tu fixes à nouveau le plafond, comme si la réponse pouvait se trouver dans les dalles de polystyrène du faux plafond. " Si je te dis le shopping, tu vas me prendre pour une fille superficielle..." Et il aurait raison. Tu ris pour toi même avant de hausser les épaules. Tu n'as pas de réelle passion, rien qui te motive réellement à te lever tous les jours. Il y a bien des choses que tu aimes faire, mais tu te donnes rarement à fond dans quoi que ce soit. Superficielle. C'est le mot. Et si il y a quelques semaines de cela, tu n'aurais pas été dérangée qu'on dise cela de toi, tu réalises aujourd'hui que ça t'ennuie, qu'on te vois comme une fille stupide seulement intéressée par son physique et ses vêtements. Tu aimerais qu'on te voit différemment. Qu'il te voit différemment, tu songes, alors que le visage de Théo se dessine derrière tes paupières. "En réalité, je fais du Yoga, et de la boxe..." Quand tu n'es pas occupée à cuver ta soirée de la veille..."Et toi, Dr Maddox. Quelles sont tes passions?", tu lui retournes la question avec une pointe de curiosité.

Allongée docilement, tu te laisses distraite par la conversation que vous menez tandis qu'il procède à son examen. Il est très doux dans ses gestes, bienveillant, et tu remarques à peine qu'il te touche, en admettant qu'il soit possible d'ignorer les mains d'un homme, ou d'un autre être humain qui farfouillent entre tes cuisses. "Tout va bien, oui... Enfin... C'est pas le moment le plus plaisant que j'ai passé avec un homme, mais, ça va.", tu réponds avec un sourire malicieux.