Septembre 2024

Je ne saurais pas tout à fait expliquer pourquoi je m’inquiète. Ash et moi, on a toujours eu une relation un peu particulière et difficile à comprendre. Adolescents, nous nous sommes fait autant de peine que nous nous sommes soutenus. Je sais parfaitement qu’elle s’est servie de moi. Est-ce que je me suis servie d’elle ? Cela y ressemble. Depuis, le temps a fait son œuvre. La majorité des blessures infligées ont cicatrisé. Aujourd’hui…. Ça donne "nous deux", un duo difficile à caractériser.

Arrivé devant chez elle, je l’avertis que son chauffeur personnel est en avance et je l’attends tranquillement, tout prêt à l'accueillir avec mon sourire le plus charmeur qui soit. D’ailleurs, quand elle apparaît finalement, je m’incline bassement. - Mademoiselle Asha Pravesh, vous êtes radieuse. Je cueille délicatement sa main et me penche pour déposer un chaste baiser sur le dessus. De là, je relève vers elle un regard aussi malicieux qu’empli d’une affection sincère. Aux grands jeux des apparences, nous nous hissons jusqu’au podium. Est-ce trop facile pour nous d'avoir l'air sans être vraiment. Pourtant, aujourd’hui, j’aspire à un peu plus de sincérité. L’effet de Célian sur mon tempérament ? Penser à lui me fait automatiquement refermer les doigts autour de son alliance, que je porte autour de cou en son absence. Ce n’est pas impossible, même si, je gage qu’autre chose est en jeu dans l’immédiat. Personne n’a le droit de faire de la peine à cette jeune femme. Je dénie à quiconque le droit de la faire douter d’elle-même. Pas même à ceux qui l’ont mise au monde.

Cédant à mon impulsion, je l’invite aussitôt - Viens là ! J’enroule mes bras autour d’elle et l’enlace doucement pendant de longues secondes. - Je pourrais te dire à quel point tu es divine dans cette tenue, mais j’ai bien l’impression que tu le sais déjà. Je glisse un sourire complice en sa direction tout en l’accompagnant vers la portière passager de ma voiture. - Tu as vu ? J’ai évité de prendre la moto, cette fois. Je lui ouvre galamment la portière et lui tend la main dans l’idée de l’aider à s’installer. Quoi ? Je joue mon rôle jusqu’au bout ! J’ai toujours essayé d’être parfait pour elle. Infaillible. Me voir de cette manière, dans le fond de ses prunelles, me donnait l’illusion d’atteindre cet objectif.

Finalement, je n’ai pas perdu mes habitudes.

Après avoir refermé sa porte, je vais m’installer du côté conducteur. - Je nous ai réservé une table au Coastal Kitchen, on ne sera pas très loin de bateau pour aller danser après. Tu ne m’as d’ailleurs pas dit si tu comptais m’abandonner pour un latino ce soir ? Est-ce qu’elle chasse ou est-ce qu’elle a besoin de réconfort ? Je peux la soutenir dans les deux cas. Je lui dois au moins ça, non ? Pour tout ce que j’ai pris, sans donner assez en retour. Pour tout ce qu’elle a fait pour moi en prétendant monnayer son amitié. Demande, et tu seras exaucée.

@Asha Pravesh    

Le sms de Malone qui t’informe de son arrivée t’arrache un sourire. Tu lui es reconnaissante d’être un si bon ami - le meilleur que tu ais-, et d’avoir insisté pour te sortir et te changer les idées. Attrapant ta pochette, tu glisses la fine bride dorée sur ton épaule, et tu jettes un dernier regard à ton reflet avant de sortir, un sourire satisfait sur les lèvres. Il y a longtemps que tu as renoncé à le séduire, mais tu t’es tout de même mise sur ton trente-et-un pour aller danser dans ses bras ce soir. Parce que même s’il n’est plus ton petit-ami depuis des années, vous continuez de former un très beau duo.

Parvenu dehors, tu ris alors qu’il s’incline et tu fais un tour sur toi-même pour qu’il puisse admirer ta tenue sous toutes ses coutures. Tu as opté pour un cropped top bordeaux croisé dans le dos et une jupe noire taille haute, fendue jusqu’à mi-cuisse, accompagnée de sandales à talons. “Monsieur Harlow, la flatterie ne vous mènera nulle part avec moi…!”, tu minaudes avec un sourire tandis qu’il dépose un baiser sur ta main qui te rappelle celui de Théo à une différence près: Tu sais que Malone n’a pas besoin de faire semblant pour se montrer affectueux avec toi. C’est comme ça qu’il est, tout le temps. Tu ris avant de te blottir dans ses bras. Les yeux clos, tu profites de cette étreinte réconfortante qu’il t’offre naturellement. Même si vous avez formé un couple plutôt atypique pendant plusieurs années et même si tu lui en a voulu d’avoir un peu brisé ton coeur d’adolescente, tu lui as depuis longtemps pardonné son incapacité à t’aimer -amoureusement parlant-. Notamment parce que tu t’es tout autant servi de lui que lui de toi, et qu’il fait de merveilleux câlins. Sans parler du fait qu’il sache toujours quoi dire pour te remonter le moral. “Oui, je sais…”. Tu accompagnes tes paroles d’un petit geste, rejetant tes cheveux sur ton épaule d’un air hautain, le nez en l’air, parfaitement consciente que cette tenue épouse tes formes à la perfection. “Mais tu peux le dire quand même, je pense que je ne m’en lasserais jamais…”. Tu lui adresses un sourire amusé accompagné d’un clin d'œil. Tu n’a jamais été quelqu’un de très modeste. Tu ne penses pas le devenir un jour. Ca fait partie de toi, ou de celle que tu veux laisser croire que tu es. On t’aime comme ça. On te déteste aussi, pour les mêmes raisons. Et ça te va très bien. Tu crois.

Tu suis Malone jusqu’à son bolide, et tu prends sa main pour t’installer, effectivement ravie qu’il ait opté pour l’option quatre roues. Tu n’es définitivement pas habillée pour monter sur une moto, et tu n’es pas très fan de ce mode de transport. Tu aimes le confort et la sécurité qu’offre l’habitacle d’une berline. “J’ai vu! Tu es un amour. Si tu n’étais pas marié -et gay-, je t’aurais épousé!”, tu plaisantes alors qu’il referme la porte et contourne la voiture pour venir s’installer derrière le volant. Tu attaches ta ceinture avant de relever les yeux vers Malone alors qu’il t’annonce votre destination. Tu affiches une moue appréciative. “Dis donc, tu ne t’es pas moqué de moi! J’aurais dû mettre des vêtements plus larges, ma jupe ne va jamais résister à un repas en six services… Tu veux être le plus sexy de nous deux pour aller danser c’est ça?”, tu ris en lui plantant ton index dans les côtes avant de secouer la tête quand il demande si tu compte l’abandonner pour un latino. “Hmm, hmm. J’ai eu ma dose de latino le week-end dernier…Trop imprévisibles…”. Tu songes évidemment à Théo et à la soirée de gala où tu l’as emmené pour faire croire à tes parents que tu avais enfin décidé de te ranger… Tu ne sais d’ailleurs toujours pas quoi penser de cette soirée, ni du comportement de Théo. Est-ce qu’il te faisait vraiment du charme, ou est-ce qu’il est tout simplement un excellent comédien? Cette question te travaille beaucoup. Trop. Tu n’es pas du genre à t’inquiéter de ce que les hommes ressentent pour toi. Tu les utilises comme ils t’utilisent. Rarement plus d’une fois. Jamais pour autre chose qu’un échange consensuel de plaisir éphémère. Tu ne fais pas dans la dentelle, dans les relations ou pire: l’amour. Malone est l’exception qui confirme la règle. “Non, sauf exception -tu n’es pas du genre à fermer la porte à la moindre éventualité-, tu es coincé avec moi pour le reste de la soirée. Tu ferais mieux de prévenir ton mari que tu ne vas pas rentrer tout de suite!”

Revoir Asha me fait toujours du bien. Même si notre relation a traversé des écueils, je ne la changerais pour rien au monde puisqu’elle nous a conduit à partager ce lien si particulier. Avec elle, je renoue avec une part de ce que je suis. Est-ce que je joue un rôle ? Un peu, très certainement. Mais c’est le genre d’interprétation suffisamment positive pour nourrir mon amour-propre. Et puis… Elle a besoin de moi. Hors de question de lui faire faux-bond. Je me veux un repère stable, rassurant, inébranlable. J’ai l’impression que je m’en sors plutôt bien, si je me fie à la couleur de son sourire, non ?

Une fois dans la voiture, je me mets à rire. - Si ça se trouve, j’aurais même accepté, tu sais ? Je plaisante, bien sûr. J’ai fini par apprendre de mes erreurs, à force de persister à les reproduire encore et encore. Je fais claquer ma langue contre mon palais en démarrant la berline. - Ne déconcentre pas ton chauffeur, veux-tu ? Surtout que je suis déjà le plus sexy de nous deux. Ouuuuuh ! Je coule un coup d'œil en sa direction avant de la rassurer. - Tu n’es pas très loin derrière, t’en fais pas.

Lorsqu’elle me signifie “avoir eu sa dose de latino”, je ne peux pas retenir un petit - Ah oui ? Empreint de curiosité. Au fond, j'espère que cela sera suffisant pour lui délirer la langue. J’ai envie d’en savoir plus et nous avons une bonne quinzaine de minutes de trajet. N’est-ce pas le moment parfait ? - Tu me racontes ?

Ma proposition chevauche sa mention à mon tendre époux. Entendre parler de lui me pique le cœur. Il me manque cruellement. - Ne t’en fais pas pour lui, il n’est pas là. Je coule un regard en direction de la demoiselle. Devoir me concentrer sur la route me sert de prétexte pour m’apaiser. Par habitude, je dessine un sourire sur mon visage afin de ne rien laisser paraître. Ma mâchoire se crispe à peine, le temps d’une lente inspiration. Je n’ai pas l’habitude d’être celui pour lequel on s’inquiète. Je préfère, de loin, être celui qui prend soin. Je m’emploie à rester tranquille pour m’expliquer.  - Il est en tournage depuis le mois d’août pour "Survivor All Stars". Il avait gagné, il y a deux ans, tu sais ? Personnellement, je n’en avais aucunement conscience lors de notre rencontre, mais qui sait, peut-être qu’Asha est… Non, je la vois mal regarder ce genre d’émission en fait ! - Il a Instagram très fourni, si tu as envie de fouiner, fais-je d’un ton complice - Mais à ta place j’éviterais de me lancer sur le sujet parce que je suis capable de parler de lui pendant des heures entières, sans jamais être à cours de choses à raconter et, je suis beaucoup trop mignon pour que tu me bâillonnes. Comment pourrais-je te complimenter, après ? J’associe à ma demande cette expression d’innocent qui m’a servi à obtenir bien des faveurs au cours de mon existence. - Je suis désolé de ne pas t’avoir parlé de lui. Tout est allé très vite entre lui et moi. Ça ne fait même pas encore un an qu’on se connaît. J’ai bien conscience d’à quel point ce détail nous fait passer pour des fous - ou des imbéciles selon le degré de cynisme de nos interlocuteurs. N’empêche que je n’en démordrai pas. Quand on sait, on sait.

@Asha Pravesh

Malone a le don de te donner le sourire, quelles que soient les circonstances, et ce soir ne fait pas exception. Son hilarité est contagieuse et tu retiens un nouveau rire lorsqu’il fait remarquer qu’il est déjà le plus sexy de votre duo. “Oh!” Bouche bée, faussement vexée, tu portes la main à ton coeur mais tu as du mal à garder ton sérieux très longtemps et tu éclates de rire alors qu’il cherche à te rassurer. “Rattrapes toi!”, tu lui lances, le regard rieur. Tu ne t’en fais pas vraiment pour ton niveau de sex appeal. Vous ne jouez pas dans la même ligue et tu n’as pas la moindre raison de douter de toi-même. Encore que…

Il t’invite à développer le cours de ta pensée s’agissant des latinos, et tu hésites à lui parler de Théo et de la soirée de gala donnée par tes parents où il a joué ton faux petit ami, et avec tes nerfs. Pas que tu aies quoi que ce soit à lui cacher, au contraire, tu n’es jamais plus sincère qu’avec Malone. Mais tu ne sais pas encore trop quoi penser de toute cette histoire, et des sentiments contraires que tu as ressenti lors de cette soirée. Alors quand il embraye sur son mari, tu le laisses faire, bien contente de ne pas avoir à t’épancher pour le moment.

Tu l’écoutes te parler de celui qui fait battre son coeur. Tu ne le quitte pas des yeux alors qu’il te détaille par le menu les exploits de son mari et tu le trouves adorable. Incroyablement heureux et épanoui. “Oh, mais tu nous as déniché une petite star alors?!” Tu commentes avec un sourire avant de dégainer ton téléphone et d’ouvrir Instagram lorsqu’il mentionne l’application. “T’as dis que c’était quoi son pseudo?”, tu demande, parfaitement consciente qu’il ne l’a pas déjà mentionné. Tu es curieuse de voir à quoi ressemble l’heureux élu. Connaissant Malone, tu es certaine qu’il s’agit d’un petit canon. Il ne mérite pas moins. Tu gardes un sourire amusé sur le visage alors qu’il te conseille de ne pas trop le lancer sur le sujet de son cher et tendre au risque qu’il te rebatte les oreilles avec lui toute la soirée. Tu secoues la tête alors qu’il s’excuse de ne pas t’en avoir parlé plus tôt.“ T’excuses pas…T’as l’air tellement heureux que tu vas finir par me faire vomir…”, tu souffles avec un rire qui contraste avec tes paroles. Tu trouves ça merveilleux qu’il ait trouvé l’amour, le vrai. Celui avec un grand A. Une partie de toi l’envie. L’autre est parcourue de frissons à la seule idée d’être aussi dépendante de quelqu’un. Bâtir ton bonheur sur autre chose que du matériel comme tu l’as toujours fait jusqu’ici… C’est trop risqué. Tu refuses de souffrir comme tu as souffert à la disparition d’Anil. Perdre un être cher est trop douloureux pour que tu laisses à quelqu’un d’autre l’occasion de te mettre à terre. No expectations, no disappointments. Tu te contente de relations superficielles, à de rares exceptions près dont Malone fait partie. Probablement parce que tu l’as rencontré bien avant la disparition de ton frère au moment de laquelle il t’as énormément soutenue, et que tu ne penses pas qu’il puisse te décevoir davantage qu’il ne l’a déjà fait en brisant ton coeur d’adolescente enamourée. Une chance pour lui qu’il se soit rattrapé en étant le parfait faire valoir! “En vrai, je suis vraiment heureuse pour toi. Mais me force pas à le répéter, okay? Parce que je nierais tout en bloc!”.