. man on the moon .

outfit,, coup dur ; et les mots résonnent en écho avec les bips des machines. à contre-courant, on remonte les couloirs. les mains enfoncées dans les poches et le coeur en vrac derrière la blouse blanche. immaculées, ils disent. et pourtant, elle en voit tellement, des gens. des histoires. les lèvres pincées, yuanjun rejoint le vestiaire. la nuit a déjà commencé. pour lui, ses heures de travail s'arrêtent ainsi. transmissions faites à l'équipe qui prend la relève, le regard tombe sur les pieds déchaussés. on troque la tenue contre l'apparat de soi-même. ce n'est pas toujours facile de fermer la porte, d'abandonner aux autres ce qui a été à peine débuté.
un soupir s'échappe avant que deux collègues ne l'encadrent. sourires pour dénoncer les heures qui ne sont désormais plus que des souvenirs. l'envie de vivre dans la nuit, s'amuser, boire pour oublier. yuanjun se demande si c'est ce qu'ils font à chaque fois. ils disent, et pourquoi pas ? alors il se dit, lui aussi, oui, pourquoi pas. ça ira mieux demain. deux jours de repos avant de revenir fouler les couloirs de l'hôpital. et, depuis qu'il a rencontré kohaku, il se demande si les personnes sauvées sont plus nombreuses que celles perdues. parce qu'il sait qu'elles ne sont pas forcément plus heureuses.
yuanjun suit ses collègues dans un restaurant. ils dînent, boivent à peine un verre. ensuite, ils rejoignent un bar. la fatigue viendra plus tard. les lumières tamisées, la musique, le brouhaha ambiant ; et ses yeux. sérieusement ? yuanjun est à peine arrivé qu'il l'aperçoit déjà. là, au beau milieu des autres. il ne sait pas vraiment s'il est en train de danser ou seulement trop saoul pour ne pas tanguer. quoi qu'il en soit, kohaku se tient dans ce même espace et semble tout à fait différent de l'autre nuit. celle où il avait envie d'en finir. ce soir, il a l'air enjoué, un verre d'alcool (probablement) collé entre les phalanges.
- kohaku.
son prénom, en guise de bonsoir. il l'a rejoint instinctivement, comme poussé par les basses sonores, jusqu'à lui. les mains dans les poches de sa veste en cuir, yuanjun découvre un autre visage. une facette supplémentaire de la personnalité de kohaku. pourtant, tout au fond de lui, il ne peut s'empêcher de songer qu'elle ne sera jamais celle qu'il préfèrera. parce qu'au-delà de toutes les blessures, les fêlures sont ravageuses.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, et la vie reprenait son cours. Inlassablement. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il savait d’avance que la nuit serait longue et que le lendemain le serait encore plus. Alors on se rongeait les ongles et on priait pour que la tempête ne se calme à la nuit tombée. Il avait fait de son mieux et avait ravalé la boule dans sa gorge car la vérité était là. Il avait essayé de mettre fin à sa vie. Il avait voulu que ça cesse et n’y était pas parvenu.
Lâche.
Même si le cours de son existence avait largement dévié. Il continuait à éviter les appels et messages de son manager et soit restait-il enfermé dans son appartement sans répondre à la sonnerie incessante, soit s’enfuyait-il lorsqu’il le savait parti pour se perdre au coeur la ville. Il ne savait pas vers où il allait mais il n’avait pas envie de reprendre. Ce ne fut qu’au bout de quelques jours qu’il lui envoya un message pour lui signaler qu’il prenait une pause ou des vacances. Pour résumé, il mettait en suspens sa carrière et il était d’accord sur le fait que ça ne marchait pas comme ça. Mais il n’en avait rien à faire.
Les journées n’étaient pas ennuyeuses, elles n’avaient pas le temps de l’être. Il les passait à composer, à corriger, à composer, recommencer et à tout fermer. Regarder une série ou un film, grignoter et peut-être perdre un peu de poids. Puis, sortir, flâner et partir changer de coiffure. Un changement n’aidait-il pas ? Pas vraiment. Puis il se perdit et songea qu’il aurait mieux valu qu’il ne saute.
Ce fut certainement cette raison qui le poussa ce soir-là à s’engouffrer dans un bar quelconque. Bien qu’introverti, la sociabilité ne lui était pas inconnue et il n’eut aucun mal à se mêler à des personnes qu’il ne connaissait pas et qui eux-mêmes n’avaient pas l’air de le reconnaître. Ça l’arrangeait, d’être cette personne lambda car il ne désirait pas non-plus créer de scandales. Il tenait à sa carrière et il ne doutait pas qu’il y retournerait quand il ira mieux. À savoir quand, c’était la question à se poser.
Il était parti commander un troisième verre à l’entente de son prénom dans son dos. Et cette voix, il ne l’avait pas oublié. Même déjà ivre, il s’en rappelait avec précision. Il se retourna et le vit s’approcher de lui. Yuanjun.

« Yuanjun !, sourit-il, Eh, héla-t-il le serveur, Un deuxième pour Yuanjun s’il-te-plait. »

Puis il reporta son attention sur son interlocuteur. Le trouva fatigué, se demanda s’il sortait d’une garde. Pouvait-il lui poser la question ?

« Tu sors de garde ? »

Oui. Ce n’était pas comme l’autre soir.

« Je fais des parties de jeux de carte avec des potes là-bas, tu te joins à nous ?, attrapa-t-il leurs verres avant de lui en tendre un puis de le cogner gentiment avec le sien, Aux heures infinies, Yuanjun. »

Les yeux dans les yeux, un regard parmi tant d’autres et pourtant… Il but, se mit à rire et n’attendit pas sa réponse. Il l’entraina avec lui, se réinstalla à sa place et proposa à Yuanjun de s’asseoir à côté de lui. Il le présenta rapidement, on lui demanda s’ils se connaissaient et il se remit à rire. C’était si simple. Il attrapa les cartes, les mélangea et les distribua.
laquelle sera la tienne ?

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, Et le voilà qui s’avance vers lui, chemin à demi parcouru lorsque Kohaku l’aperçoit à son tour. Un sourire et Yuanjun, en son for intérieur, ne peut s’empêcher de le trouver à la fois plus et tristement moins vivant que lors de leur précédente rencontre. S’il se montre sous cette facette aujourd’hui, n’est-ce pas grâce à l’aide de l’alcool ? Yuanjun sent son parfum, secoue la tête ; mais il est trop tard. Kohaku est plus rapide. Alors Yuanjun le suit, les lèvres closes. Lui ne répond pas à son sourire, se contente juste d’être là. Au départ, il souhaitait seulement rentrer se coucher. Oublier les heures et cesser de compter les bips au rythme irréguliers.
- Oui.
Il sort de douze heures d’un travail où le temps se manifeste tellement différemment. Douze heures durant lesquelles il a tenté de faire de son mieux, enfermé dans un petit box partagé avec un médecin. Espérer qu’une personne se relève, qu’une autre remercie, qu’une autre s’en aille simplement. Douze heures de déconnexion et pourtant où l’humanité n’a de cesse de lui apparaître sous ses plus simples apparats.
Et Kohaku, combien en possède-t-il ? Les yeux dans les yeux. Qui est-il vraiment ? Caché sous sa chemise à carreaux. Peut-il se faire passer pour si heureux quand il n’aspirait qu’à disparaître ? Avec ses cheveux légèrement bouclés.
Yuanjun a du mal à tout saisir et il se demande s’il y parviendra un jour. La nature humaine lui est si difficile. Est-ce le cas pour tout le monde ? Personne ne le lui a jamais dit.
Assis à cette table avec des inconnus, il fait tourner son verre entre ses doigts. Il n’y a pas encore touché. Il regarde les cartes battues sous ses yeux et glisse sa jambe contre celle Kohaku. Pour attirer son attention. À l’abri des regards.
- T’as mangé avant ?
Il n’ajoute rien. Kohaku sait que Yuanjun sait. Ils se souviennent tous les deux de l’autre nuit. Celle qui, visiblement, a été désireuse de lier leurs deux fils entre eux. Les raisons demeurent obscures et, finalement, qu’est-ce que ça peut bien faire.
Les cartes distribuées, le jeu se met en place. Yuanjun est silencieux mais efficace sur sa main. Il gagne ou il perd, sans importance. Ses collègues ne sont pas venus s’enquérir de l’endroit où il se trouve. Lorsqu’une énième partie lui est proposé, il se retire en choisissant de faire équipe avec Kohaku. Penché vers son épaule, il désigne l’as de pique entre les phalanges de ce dernier.
- Si tu le places maintenant, tu peux faire basculer le cours de cette partie.
Prunelles de jais qui remontent au creux de leurs jumelles qui ne sont peut-être plus vraiment sur la même galaxie. Yuanjun pense que c’est presque dommage. Alors il rajuste sa posture, termine son verre. Se demande quelle carte va choisir Kohaku.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, il ne l'avait pas oublié Yuanjun. Comment aurait-il pu ? C'était lui qui l'avait amené en partie à ne pas sauter. Ah, oui. Il n'avait pas sauté, il était allé dans ce restaurant avec Yuanjun et ils s'étaient quittés comme balayés par une vague amère. Inconnu, personnage qui n'avait aspiré qu'à une nuit reposante suivant sa garde et lui, Kohaku, l'en avait empêché. Il ne s'en était pas pour autant senti désolé mais il avait souvent pensé à lui.
À Yuanjun.
Et il fut surpris de le voir s'asseoir à côté de lui sans rechigner. Prêt à jouer aux cartes avec eux. Méritait-il qu'il ne se joigne à lui après ce qui était arrivé l'autre nuit ? il lui jetait des coups d'yeux de temps en temps et songeait qu'il aurait pu tomber sur une toute autre personne ce soir-là. Et l'issue aurait pu être différente. Yuanjun avait à peu près le même âge que lui et, de ce qu'il entr'apercevait en cet instant, il attirait le regard. Le sien aussi l'occurence. Il avait l'air épuisé après ses longues heures de travail et, malgré tout, il était là. Il était beau. Il avait bien fait de l'entraîner avec lui.
Car, ce soir, il souhaitait apprendre à le connaître.
À cette jambe glissée contre la sienne. L'alcool devait lui jouer des tours mais il aimait bien cela.

« Oui, souffla-t-il, Peut-être pas autant qu'il le faudrait mais j'ai mangé. »

Était-ce de l'inquiétude ? ou une simple demande d'un personnel médical ? Les derniers mots prononcés par Yuanjun l'autre fois claquèrent dans ses esprits, on ne se connaît pas. Aucun tracas, sans doute ne souhaitait-il pas le ramasser à la petite cuillère. Aussi fut-il plus vigilant face à son dernier verre, arrêté évidente qui l'étreignit qu'il eut envie de tout envoyer en l'air.
Et le jeu reprit, avec Yuanjun. Les parties s'enchaînèrent et il rit, sourit, s'énerva et fut frustré. Combien d'émotions pouvait-on voir défiler sur le faciès de quelqu'un ? il ne fut pas le plus doué, pas le pire. Après tout, il n'y avait qu'un domaine où il excellait et que l'on pouvait entendre aux enceintes accrochées dans le bar mais que le brouhaha ambiant masquait par chance. Cela était amusant de pouvoir s'effacer au gré du monde avec aisance pour une fois sans avoir peur. s'il avait su.
Il réfléchissait au prochain coup à venir, Yuanjun se pencha vers lui. L'aida. Il riva lui aussi ses yeux dans les siens et il eut envie de l'embrasser. À la place, il abattit l'as de pique sur la table, gagna. S'échappa de ce lieu avec lui.

« C'était cool, non ?, sourit-il, Et toi, dis-moi, as-tu mangé ? »

Puis, il reconnut une chanson qu'il adorait qui passait à l'intérieur du bar car le son leur parvenait jusqu'à l'extérieur. Ne sut pour quelle envie lui prit de placer ses doigts sur le poignet de Yuanjun et d'y pianoter les notes qu'il devinait sans difficulté. S'il le voulait, il n'avait plus qu'à leur faire tracer un chemin sur le torse de cet inconnu qui ne lui était plus si étranger, ressentir sa chaleur et croiser son regard. Éprouver autre chose que cette foutue tristesse nichée au sein de son être.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, tandis que les parties de cartes s'enchaînent, que kohaku passe par de nombreuses émotions, yuanjun reste en retrait. présent, bien sûr, mais un peu en arrière. pas totalement concerné par ce qui est en train de se dérouler sur la table. en réalité, ses pensées divergent vers ses propres souvenirs du passé et il ne saurait définir si cela lui manque. le japon, son voyage, l'armée un peu avant... tenter d'être quelqu'un d'autre est si compliqué ; c'est pour cette raison qu'aujourd'hui yuanjun a cessé de jouer un double rôle. que ça plaise ou non, il ne désire plus se faire passer pour une personne qu'il n'est pas. il a choisi d'assumer cette personnalité solitaire et renfermée qu'il porte collée à la peau.
mais qu'en est-il de kohaku ?
ce garçon l'intrigue par ses agissements. l'autre fois, il s'apprêtait à mettre fin à sa vie et ce soir il boit, il joue aux cartes, il lui sourit et n'hésite pas à glisser ses yeux tout contre les siens. légère électricité que reçoit yuanjun qui s'interroge sur la manière d'y répondre. n'est-il pas un peu... rouillé depuis le temps ? ses relations se sont faites rares ces dernières années. il serait bien maladroit s'il tentait d'y comprendre quoi que ce soit. pourtant, kohaku l'a attiré à lui, d'une manière ou d'une autre. sur ce toit et à cette table. ça fait déjà deux fois.
yuanjun acquiesce aux paroles de son interlocuteur lorsque ce dernier avoue avoir au moins grignoté avant d'enchaîner les verres d'alcool. yuanjun en est à son deux ou troisième qui sera aussi le dernier de la soirée. avec la fatigue des douze heures de garde, il préfère conserver une certaine contenance. il a l'impression que kohaku est moins responsable, ou peut-être plus joueur, et qu'il doit garder un oeil sur lui. tout ça, ça le dépasse.
yuanjun abandonne un soupir en passant une main dans ses cheveux bruns quand l'as de pique est abattu sur la table. kohaku l'entraîne à l'extérieur du bar où la fraîcheur est la bienvenue sur son visage. l'obscurité les entoure puisqu'ils ne sont éclairés que par un vieux lampadaire et les lumières de l'intérieur de l'établissement.
- ça fait longtemps que je n'avais pas fait ça. et oui, bien sûr, j'ai mangé. je n'ai pas envie d'être malade demain matin.
il le taquine, comme si kohaku pouvait bien en avoir quelque chose à faire d'avoir la gueule de bois. et puis, tout doucement, avec surprise néanmoins, les doigts du plus jeune se faufile sur le poignet de yuanjun. il a retiré sa veste en cuir un peu plus tôt dans le bar, la porte dans l'autre main. kohaku pourrait remonter ses phalanges plus haut s'il le souhaitait. pour jouer une mélodie inconnue à yuanjun qui soutient toutefois son regard du sien.
qu'y a-t-il au fond de ses pupilles noisette ?
des maux qu'il serait bien incapable de définir, encore moins capable de prononcer.
l'étincelle se produit dans le creux de la rétine et alors yuanjun ne pourra que dire oui à l'instant où kohaku lui proposera d'aller chez lui.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, Il jouait la mélodie sur le poignet de Yuanjun, sur sa peau découverte et chaude au toucher. chaleur agréable, se faufilant de ses doigts jusqu’à l’intérieur de son corps. Douce sensation qui se logea au creux du ventre et l’envie soudaine de vouloir une nouvelle fois l’embrasser sans le faire. Pas ici, pas sous les feux des projecteurs. Il lui proposa d’aller chez lui, y fut entraîné et découvrit un studio. Le nécessaire, un logement que d’autres n’avaient pas. Il trouvait cela plaisant, il ne l’aurait pas vu habiter autre part.
Sur le trajet, il s’était demandé si c’était une bonne idée. Il avait bu mais pas assez pour ne plus avoir les idées claires. Il les avait, toujours. jusqu’au bout. donc il ne savait pas si c’était une bonne idée. Aller chez Yuanjun, oser l’embrasser, et après ? Yuanjun avait accepté, ça ne signifiait pas qu’il en avait envie. Il ne désirait pas être déçu, il était effrayé. Non que les déceptions soient son lot quotidien, au contraire, allait-il de surprise en surprise dans son existence d’artiste plus que d’avoir affaire à des désagréments. Sauf que le problème ne se situait pas là.

puisqu’il était malade.
Malade à la vie.
Yuanjun l’avait-il deviné ?
Il avait la gorge nouée. Il le lui avait proposé et n’était pas certain de ce qu’il faisait. Comme un adolescent. Ça craignait. Et pourtant, il redéposa ses phalanges sur sa peau, les glissa jusqu’à son torse et les remonta à son cou. Rapprocha son visage du sien et l’embrassa. Baiser timide, le premier. Ses prunelles rencontrèrent les siennes et il lui en vola un deuxième. Plus sûr de lui. et il esquissa un sourire, les plis de sa bouche fut plus tiré d’un côté que de l’autre.
À quand remonter la dernière fois qu’il avait pu faire ça avec quelqu’un ? La vie qu’il menait ne lui permettait pas d’être à coeur ouvert pour une relation stable, il avait rapidement abandonné l’idée. Il s’était dit qu’entre son métier et sa maladie ça n’irait pas, à moins de trouver une personne qui ne foule elle aussi le tapis rouge. Aussi évitait-il les aventures d’une nuit et il ne voyait pas en quoi Yuanjun serait différent.
Pourtant, il l’était.
Il passa une main dans ses cheveux, laissa glisser sa chemise le long de ses bras parce qu’il avait chaud et regarda ailleurs. En quête d’une approbation, d’un battement qui ne lui ferait pas peur. Le temps que Yuanjun ne réagisse.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, non, yuanjun ne l'a pas deviné.
en réalité, peut-être qu'il se doute de quelque chose, bien sûr. il sait déjà que kohaku ne va pas bien. après tout, il n'est pas idiot ; kohaku a voulu sauter d'un toit lors de leur première rencontre. ça met sur la voie. mais yuanjun ignore tout de son histoire. le pourquoi du comment. et puis, bien qu'il soit dans le domaine du médical, il n'est pas médecin. poser des diagnostics n'est pas de son ressort.
il possède seulement ses yeux pour observer le jeune homme qui se débat. c'est suffisamment pour comprendre le minimum. l'emmener chez lui parce que pourquoi pas. l'emmener là et sentir cette légère étincelle crépiter. cette envie de prendre soin de lui d'une manière qui le dépasse. lui et pas un autre. lui et personne d'autre. sa fragilité qui déborde, son sourire de travers et ses phalanges sur son bras.
la porte close, un baiser à peine appuyé. yuanjun se laisse faire, ne le repousse pas. accepte le deuxième qui vient également de kohaku. demeure quelque secondes là à l'observer dans la pénombre de son appartement. à quoi est-ce que ça peut bien mener, tout ça ? a-t-il seulement besoin de s'en soucier dans l'immédiat ? yuanjun dépose sa veste sur le canapé et revient vers kohaku.
il glisse ses mains sur les bras du garçon pour retirer sa chemise qui rejoint sa veste. l'un de ses bras s'invite autour de la taille de kohaku pour le rapprocher de lui. son autre main rejoint une mèche de cheveux. yuanjun apprécie ce contact qui se noue entre leurs deux silhouettes et qui l'aide à oser davantage. il aime bien la petite différence de taille qui les sépare, il aime bien ce parfum qui rejoint ses narines, éveille ses sens.
cette fois, c'est lui qui se penche un peu pour embrasser kohaku. et puis il recule de quelques pas tout en l'invitant à le suivre, sa main au creux de ses reins. yuanjun s'assoit sur le bord du lit, kohaku sur ses cuisses. ses lèvres glissent des siennes à son cou, à l'une de ses clavicules. le coeur bat à cent à l'heure sous la poitrine. ses prunelles reviennent à la rencontre de leurs jumelles.
sont-ils assez saouls pour imaginer tout oublier ? pour vouloir tout oublier ? les phalanges de yuanjun raffermissent leur prise dans le creux du dos de kohaku.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, Et en cet instant les battements de son coeur se faisaient frénétiques. L’allure avait été donné, elle battait le rythme et l’adrénaline se faisait sentir. Plus que la peur, plus que le reste. Il lui avait proposé d’aller chez lui parce qu’il en avait envie. Il lui avait demandé qu’ils ne s’échappent du monde parce qu’il avait envie. Envie de passer le reste de la soirée avec lui, envie de lui. De se perdre entre ses bras quand il n’y avait plus de possibilités. un échappatoire. quelconque. Loin de la scène, loin des compositions qui se bousculaient par dizaines voire par centaines contre les parois de ses esprits. esprits en désordre, esprits qui rêveraient de vacances autant qu’un fonctionnaire puisse-t-il en avoir. Depuis combien de temps n’était-il pas parti en vacances ? Il en avait eu, mais qu’avait-il fait ?
pars-tu en vacances quelques fois Yuanjun ?
Yuanjun ne le repoussa pas. Par chance. Ce n’était pas que lui, ça le rassura sans qu’il n’en soit sûr. Il l’observa déposer sa veste, encombrante, supposition évidente. Et ses mains qui retirèrent sa chemise pendant au bout de ses bras, elle rejoignit sa veste. Dans un bruissement étrangement silencieux et ce silence aurait pu paraître pesant après le bruit qui les avait entourés au bar mais il n’en était que plus délicat. Plus apte à appréhender et rassurant pour tout ce que Kohaku commençait à ressentir. Un désir plus avenant, un désir doux réciproque dont il était l’unique témoin.
Emporté, enivré des gestes de Yuanjun jusqu’à se retrouver installer sur ses cuisses et de laisser ses phalanges retrouver la chaleur de sa peau. Là sous son haut qu’il se permit de retirer. Ses yeux ne s’étaient détachés des siens que le temps d’effectuer cette action et il se demanda si ce ne serait pas plus simple en cet instant de tout lui dire. Tout de lui, tout de ce qu’il ressentait. De ses sensations folles qui conduisaient le fil de son existence désoeuvré. De ses émotions aux notes musicales parfois exagérées.
De qui il était, vraiment. Cet artiste remplissant des salles. Cet artiste que l’on reconnaissait facilement dans la rue. Cet artiste qui avait réussi. Cet artiste qui rêvait de musique depuis son enfance. Cet éprouvé de la vie.
Puis, il lui fit allonger le haut de son torse sur son lit en l’embrassant. Ses lippes se frayèrent un chemin sur sa peau, la mordilla. S’en abreuva, s’engorgea de son essence.
Mais peut-être n’est-ce pas ce que tu veux savoir.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, une attirance.
voilà le mot qui était là, en suspend. ce mot qui signifie beaucoup de choses depuis que les années sont passées et que yuanjun a tout mis de côté. s'est exilé à l'autre bout du pays pour tenter de se retrouver, se reconstruire et songer que, oui, finalement, il est tout aussi légitime que n'importe qui d'autre. ce n'est pas parce qu'il n'a pas envie de ressembler aux autres qu'il n'en est pas moins légitime. c'est peut-être idiot, mais cela lui a pris du temps.
et maintenant que ses mains encadrent la frêle silhouette de ce garçon qui a failli basculer dans le vide, yuanjun ressent une nouvelle bouffée d'air frais. il n'ira pas jusqu'à prétendre mieux respirer, mais il y a quelque chose qui s'est éveillé en lui dès l'instant où son regard a croisé le sien sur le toit de ce bâtiment.

et aujourd'hui, les voilà enlacés dans son studio. sur ce petit canapé qui est aussi son lit. dans cet espace restreint, mais qui, peut-être, permet à kohaku d'être contenu. concentré sur l'essentiel de ce qu'il ressent.
parce que c'est bien de ça dont il s'agit, n'est-ce pas ? un débordement qu'il ne parvient pas à gérer.



@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, Il aimerait dire qu’il n’y avait que l’alcool pour contrôler ses gestes mais il n’y avait pas que cela. Il était conscience de tout ce qu’il entreprenait et c’était grisant. Peut-être est-ce que la dernière fois qu’il avait pu se laisser emporter par l’enivrement n’avait été justement que grâce à l’alcool et qu’aujourd’hui il se rendait compte que le désir était plus vivant lorsque l’on était sobre. Il ne pourrait s’en détacher, Yuanjun lui apportait ce soir un côté rassurant qu’il n’avait pas connu depuis longtemps.
mais était-ce raisonnable ?



@Yuanjun Seon

. man on the moon .

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, Il n’avait qu’à peine commencé à lui procurer des caresses au-dessus du tissu que Yuanjun le surprit une fois supplémentaire. À ce baiser dans son cou, ce souffle dans son oreille jusqu’à ses doigts imitant les siens. Il y croyait, il se perdait dans son regard et était prêt à ce qu’ils aillent plus loin. S’oublier, oublier. Car au final, c’était cette raison qui l’avait poussé à ce bar où il ne s’était pas attendu à l’y retrouver. Il n’avait pas songé que cela aurait pu être le hasard mais il se demandait s’il n’y était pas pour quelque chose à cette deuxième rencontre. À ces retrouvailles à leurs corps emmêlés.
seulement, ça ne durera pas. Les bons moments ne s’installaient pas dans le temps, ils n’étaient qu’éphémères. Ils vous prenaient de court et stop ! Plongé dans la croyance, dans la confiance et il n’y avait plus rien. Rien que le vide, comme celui dans lequel il avait été prêt à plonger ce soir-là. Sauf qu’il ne l’avait pas fait et il se retrouvait coincé dans instant devenu gênant.

« Qu-qu’est-ce qu’il y a ? »

Toujours installé sur ses jambes, il avait néanmoins retiré sa main et la pressait contre son bras nu. Ses yeux perdus dans les siens en sachant pertinemment la vérité. Il tenait bon, il n’allait pas lâcher prise. Il n’avait pas envie de lui prouver que ça irait et qu’ils pouvaient le faire, il avait déjà essayé et ça n’avait été qu’un leurre facilement repérable. Sinon, Yuanjun ne se serait pas arrêté.
Il regarda ailleurs. Il n’était retourné voir le psychologue qu’une fois depuis cet incident et il ne lui en avait pas parlé. Il n’avait tout simplement qu’à peine parlé là-bas, avait eu peur d’avouer qu’il avait été prêt à sauter d’un bâtiment haut de plusieurs étages. Ne l’aurait-on pas enfermé ? il ferait mieux de partir. Il n’avait fait que le gêner et que lui procurer d’autres inquiétudes alors qu’ils ne se connaissaient pas. Il avait abusé.
Il récupéra son haut et le renfila en se détachant de lui. Il avait mal au coeur, il se sentait mal. Aucune envie de vomir, il n’avait pas assez bu pour le vouloir. seulement une envie de disparaître.
lâche.

« Je suis désolé si j’ai fait quelque chose de mal. »

Se faire passer pour une victime ? Facile. Il déglutit et ne bougea pas d’un pouce. c’était un nouveau combat qu’il menait dans ses esprits mal ordonnées et il prenait peu à peu conscience de son égoïsme. Il prenait si mal soin de lui. La solution n’était pas toute trouvée en couchant avec Yuanjun sous prétexte que celui-ci avait pu l’empêcher de faire une bêtise. Cela en aurait-il une ? Il avait peur.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,,  la tentation est immense quand pourtant il ose stopper leur acte. yuanjun sent le souffle de kohaku, ressent chaque parcelle de son corps tout contre le sien. aimerait l'enlacer, l'embrasser encore. il ignore depuis quand il n'a pas ressenti une telle attraction envers quelqu'un. il pourrait lui demander de se rallonger là, dans les couvertures emmêlées. il pourrait lui murmurer à l'oreille ses soupirs. mais yuanjun ressent tout autant l'indécision qui hurle dans les prunelles de kohaku. alors, ainsi, leur désir doit retomber. aurait-il dû l'emmener plus loin ?
même s'il pense avoir agi de la meilleure des manières, yuanjun est frustré. comment ne pas l'être ! les années ont fait de lui un garçon solitaire avec peu ou pas d'accroches. quelques rares points d'ancrages, voilà tout. ce soir, il espère ne pas être en train de tout gâcher... et en même temps, que sont-ils l'un pour l'autre sinon deux rencontres inattendues ? yuanjun déglutit tandis que kohaku s'agite, s'échappe. il voudrait tendre les doigts, se rattraper quelque part.
- kohaku...
il laisse son prénom s'évaporer dans la petite pièce. yuanjun l'observe agir, presque tremblant ; dans l'incompréhension. vraiment ? ne sait-il pas écouter suffisamment son corps ? yuanjun connaît la réponse, la peur, malgré tout, de cette nuit dans l'obscurité reste ancrée dans son esprit.
à son tour, il finit donc par se mouvoir. il s'extirpe des draps, ne prend pas la peine de revêtir un teeshirt pour attraper doucement la main de kohaku dans l'une des siennes. il soutient son regard, retient son envie de briser la distance qui les sépare pour l'embrasser encore une fois. yuanjun a le coeur serré sans savoir pourquoi.
- je ne voulais pas... je ne voulais pas briser quelque chose. j'ai eu l'impression de lire de la peur dans tes yeux quand ton corps réagissait pourtant.
placer des mots sur ce qui vient de se dérouler en serait presque gênant. yuanjun sent le bout de ses oreilles chauffer sous ses cheveux bruns en bataille. il se demande la tempête qui sévie dans la poitrine de kohaku. ce feu ardent qui tend à le brûler, à faire de lui un homme affaibli par tous les sables mouvants qu'il a pu traverser.
yuanjun ne sait néanmoins rien de son histoire. de son passé. de ce qui a construit le garçon en face de lui. versatile. si fort et si faible. pas de juste milieu.
- je ne veux pas que tu partes.
ça sort tout seul ; ça échappe - dérappe ?
yuanjun encadre de son autre main la joue de kohaku, remonte doucement son visage.
- reste, s'il-te-plaît.
on regardera un film, on se commandera à manger. on restera ainsi l'un près de l'autre, on peut même ne rien se dire.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,,
le mieux serait de partir. Ne pas installer plus d’inquiétude au sein du corps de Yuanjun. Ne pas devoir soutenir son regard peiné de cette inconscience qui le transcendait. Il ne s’agissait que de cela puisqu’il ne s’écoutait pas. Ou justement trop, ou pas assez. c’était emmêlé, entêtant. Insurmontable à ses yeux quand la peur enflait en son sein sans cesse. Il eut envie de pleurer en sachant que ce ne serait pas la meilleure solution parce qu’il ne désirait pas sa pitié.

« Tu as peur que je fasse une bêtise si je pars ? »

Lâché sans le vouloir. Ses prunelles dans les siennes. s’il était égoïste, comment définir le comportement actuel de Yuanjun ? Ils étaient similaires. rester pour mieux se ratatiner. Ils étaient sur le point de coucher ensemble et désormais cela n’arriverait pas. Il ne voyait pas pourquoi il resterait, ça ne ferait que les faire se sentir plus mal à l’aise. Même s’ils pourront faire comme si de rien n’était. Juste se poser, oublier d’une autre manière.
Il se mit à trembler malgré lui, il dévia son regard. fixa le sol, le sentit s’embuer et cette envie de tout envoyer en l’air. ne fais pas de crise s’il-te-plait. Il était ridicule, qu’est-ce qui lui arrivait ? un appel à l’aide. Il était fatigué et il lui souffla qu’il allait rester. Le plus ridicule serait de partir, au contraire, car il savait d'avance qu'il souhaiterait plus tard le revoir. Sinon, que signifiait qu'on ait pu les prédestiner à se revoir ?

« Je n'ai pas désiré te mettre dans cette position délicate, tu sais, murmura-t-il, Je suis désolé d'avoir lâché ça comme ça. »

Faire un effort. ce n'était pas si compliqué. Il releva son regard vers le sien et se demanda à quel moment l'attention de Yuanjun porté à son égard était devenu légèrement différente. Il lui semblait épuisé lui aussi, fatigué des jours passés. La vie n'était pas synonyme de sérénité, loin de là.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, a-t-il bien fait ? manifestement, il l'ignore. néanmoins, yuanjun sait qu'il a agi de la manière dont il a pensé être la meilleure sur cet instant. bien sûr, il en avait envie ; d'aller plus loin ; mais il a préféré choisir l'écoute de leurs corps. en l'occurence, le corps de celui qui a failli être son amant. entre ses bras, il l'a senti fébrile, presque tremblant. chaque caresse sur sa peau ressemblait à un long soupir - alors quoi ?
yuanjun ne saurait réellement expliquer ce qu'il a ressenti. ce fourmillement dans l'âme qui lui a murmuré stop. pas ce soir. ce serait trop... facile ? il passe une main dans ses cheveux bruns, le regard perdu sur la silhouette blafarde de kohaku à qui il a demandé de rester. sûrement de façon égoïste. certainement, oui, par peur. maintenant qu'il peut attraper sa main, sentir sa chaleur contre sa peau, yuanjun ne peut l'imaginer à nouveau en haut d'un immeuble.
prêt à faire le grand saut.
- oui.
il le souffle avec sincérité. avoue à voix haute ce qu'ils savent tous les deux. mais comment se comporter à présent ? n'est-ce pas... étranger ? yuanjun le voit détourner le regard, se renfermer en lui-même. réussira-t-il à l'atteindre ? par quel moyen en sa possession ? les questions sans réponse se succèdent à une vitesse folle dans son esprit.
alors, il décide d'agir. parce que c'est ainsi qu'il a (presque) toujours été le plus doué.
yuanjun récupère un tee-shirt pour lui, puis un autre pour kohaku. il se rapproche à l'instant où ce dernier reprend la parole. il lui tend le vêtement qui sera peut-être un peu trop grand, trop long.
- j'en avais vraiment envie... mais je ne voulais pas avoir l'air d'en profiter.
de profiter de cet état.
gêné, yuanjun revient s'asseoir sur le bord du lit et fait signe à kohaku de le rejoindre. il lui propose de rester dormir là, qu'ils commandent quelque chose à manger si le coeur lui en dit. yuanjun lui dit qu'ils peuvent même tout éteindre et essayer de dormir. et puis, il lui avoue aussi :
- je suis égoïste de te demander de rester. est-ce que tu m'en veux pour ça ?
au fond de lui, yuanjun sait que kohaku a touché un point sensible en lui qu'il ne saurait tout à fait définir.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, À quel moment la vie était-elle devenue compliquée ?
Il lui arrivait de se demander si ce n’était pas lui qui la rendait difficile. Il n’y avait aucun mal à se lever le matin et à avoir un coup de fatigue, cela arrivait à tout le monde. Il n’y avait pas de quoi en faire un drame, il n’y avait pas de quoi à se lancer dans l’idée de disparaître. Il ne ferait que faire du mal autour du soi et il en avait conscience. sa famille le pleurerait-il ? ses amis ? ses fans et son staff ? Et lui, cesserait-il d’avoir mal ? C’était égoïste. Ne l’était-ce pas ? Il n’en avait strictement rien mais il avait mal.
Il s’était passé plusieurs choses au cours de son existence qui ne relevait probablement pas de maux incommensurables comme d’autres pouvaient vivre à travers tout le continent mais qui l’avaient marqué à tel point que les cicatrices étaient vives. Douloureuses. Elles se ravivaient parfois comme ça en plein milieu de la journée ou alors simplement quand il allait se coucher. Et elles le hantaient, elles l’empêchaient de respirer.
Et alors faisait-il des bêtises.
Quelles qu’elles soient.
Il avait envie de changer, de faire des efforts. Ce n’était pas vain, c’était réel sans qu’il n’en soit convaincu que cela puisse l’aider. Il voyait un professionnel depuis plusieurs années et le résultat avait été cuisant. Au final, il n’en avait retiré que cette rencontre non anodine avec Yuanjun.

oui;
venait-il de lui dire. Oui il avait peur qu’il fasse une bêtise. Oui il avait peur qu’il ne recommence et qu’il n’aille jusqu’au bout.
Alors qu’on ne se connait pas. C’est toi-même qui l’as dit.

Il observa le vêtement, songea qu’il sera plus à l’aise là-dedans pour la nuit que son haut qu’il avait renfilé. Il le prit, le serra entre ses doigts. Puis vint s’asseoir près de Yuanjun. Sans rien ajouter pour l’instant jusqu’il l’entende reprendre la parole et lui demander s’il lui en voulait. Il plongea dans son regard, songea qu’il aimait cela et porta la main à sa joue. Un effleurement minime.

« Non, je ne t’en veux pas, lui dit-il, même si tu es égoïste toi aussi. Mais je comprends ton geste et je t’en remercie. Certains n’en auraient pas fait autant. »

Il enleva son marcel, se vêtit du teeshirt prêt par Yuanjun puis le regarda de nouveau. Arrangea quelques mèches sur sa tête en tentant un sourire et songea que même s’ils n’iraient pas plus loin rien ne l’interdisait de déposer un baiser sur ses lèvres.

« Tu es fatigué, on peut dormir si tu veux, lui proposa-t-il, À moins que tu ne veuilles commander quelque chose ou regarder une série ou un film. »

Lui n’avait pas un concept bien défini du sommeil alors ça ne le dérangeait pas de faire une nuit blanche. Il avait ce soir les esprits assez embrumés pour ne pas ruminer bien que cet échange intime avec Yuanjun ait pris une tournure tout à fait inattendu. Ce n’était pas grave, se répétait-il. ça ne l’était pas, ça ne signifiait pas qu’il s’éloignerait de lui.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, il n'a pas l'habitude, yuanjun, de s'occuper des autres de la sorte une fois la porte de l'hôpital refermée derrière lui. il n'est pas une personne particulièrement sociable, n'est pas quelqu'un qui est du genre avenant. bien sûr, si on lui adresse la parole, il ne repousse pas les autres non plus ; mais ce sont toutes ces choses qui font de lui un garçon un peu... différent de ses semblables.
et quand est-il réellement de kohaku ? ce jeune homme qui en dit à la fois tant et si peu. de quelle manière réussir à le comprendre ? saisir toutes les subtilités qui forment cette silhouette au dos courbé. sans le lui avoir pourtant demandé, yuanjun se doute qu'il est un peu plus jeune que lui. ça se sent, peut-être malgré lui, dans ses paroles, au creux de ces faiblesses qu'il expose plus qu'il ne s'en rend sûrement compte.
c'est ce qui percute yuanjun depuis la première fois qu'il a aperçu son corps penché au-dessus du vide. alors oui, ce soir, il se montre égoïste en lui demandant de rester chez lui. il préfère cela à être égoïste s'ils avaient été plus loin dans cet échange charnel. il tend un vêtement à kohaku, un tee-shirt qui lui sera trop grand. kohaku le serre entre ses doigts et yuanjun s'interroge sur ce que cela peut lui évoquer.
il n'a pas le temps de se questionner longtemps que la surprise s'affiche sûrement sur son propre faciès. délicate caresse qui est plume contre sa joue.
- je ne suis pas comme les autres.
un fait dicté depuis des années. ancré à sa peau qu'il applique aujourd'hui à la perfection. cela suffit d'être quelqu'un qu'il n'était pas. à ce baiser volé, yuanjun se relève doucement, attrape son portable pour ouvrir une application de livraison.
- il faut manger avant de dormir. tu peux choisir quelque chose à regarder sur la télé, si tu veux.
peut-être avec maladresse pour s'exprimer ; le plus âgé ne sait pas comment réagir à cette tendresse qu'il ne connaît que peu. à l'évidence, il connaît les gestes, les mots. ceux à déclarer à une personne que l'on apprécie, à sa famille, ses parents. toutefois, les démonstrations de ce genre sont rares pour yuanjun et cela ne lui a jamais trop posé question. toutefois, il se surprend lui-même en ces jours à réfléchir autrement. à désirer vouloir protéger quelqu'un.
kohaku.
il déglutit en coulant un regard vers lui.
je ne suis pas comme les autres et je suis loin d'être très doué au jeu des relations.
pourtant, la soirée se termine, le malaise semble s'être éloigné. et yuanjun s'endort sans s'apercevoir de la proximité qu'il a instauré. sa tête sur l'épaule de kohaku.

@Kohaku Song

. man on the moon .

outfit,, j’ai besoin de respirer.

C’était ce à quoi il avait songé un jour d’école au lycée. À un interclasse, affalé sur sa table de cours, le regard dans le vague. Était-ce là que cela avait commencé ou bien longtemps avant ? À cet enfant turbulent qu’il avait été d’après ses parents ; ça devait bien venir de quelque part ? Et il était arrivé ce jour où il avait songé avoir besoin d’air.
Tu as la musique.
Ah, bien évidemment qu’il avait la musique.
mais ce n’était pas suffisant, visiblement.
Une perte de temps.
Que de vivre.

Et il songea qu’il avait été bien bête, Kohaku. À se laisser porter par les derniers effluves de l’alcool et à oser être affectif. Yuanjin était différent de lui et il n’était pas comme les autres. Il n’avait pas été aveugle, il l’avait bien remarqué l’autre soir. Ça ne le blessa pas, cependant, il mentirait s’il disait ne pas avoir voulu qu’il réagisse autrement. Il le regarda se lever et se demanda quoi faire de mieux. Il n’avait été que maladroit toute la soirée envers la seule personne qui avait su trouver les mots pour le ramener les deux pieds sur terre.
Ancrés bien définitivement au sol.
Yuanjun lui avait dit avoir peur à l’idée qu’il ne refasse une bêtise.
En avait-il envie ?
Ça le terrifia lui-même.
Mais il passa outre. Accepta de manger, de chercher un film ou une série à regarder. Une série, c’était mieux. Yuanjun avait-il vu celle-ci ? Il ne se fit pas non-plus bavard, essaya. Ils étaient bien installés dans ce lit qui faisait aussi office de canapé, l’un à côté de l’autre, avec pour seule compagnie l’obscurité nocturne. Il n’avait pas cru que sa soirée se terminerait de cette façon, il ne s’était pas non-plus imaginé revoir une personne telle que Yuanjun et sentir sa tête se poser sur son épaule.
Malgré tout, ça lui arracha un sourire.

Le lendemain, il fut le premier levé. Simplement parce qu’il n’avait pas dormi, ou quelques minutes. Il avait su s’extirper hors de la couette sans réveiller Yuanjun… enfin le fit-il pour lui demander la permission d’utiliser sa salle de bain. Il en profita pour commander à son tour de quoi prendre un bon petit-déjeuner. Il n’était pas chez lui et il n’était pas non-plus un bon cuisinier.
Une serviette posée sur ses cheveux, il s’était habillé, avait enfilé un masque et était parti ouvrir au livreur. En refermant la porte, il constata que son hôte était en train d’immerger de son sommeil.

« Salut, sourit-il, j’ai commandé de quoi prendre le petit-déjeuner. J’ai pris un peu de tout et le principal, du café !, présenta-t-il, triomphant, deux gobelets larges, Du moins est mon avis qu’une journée ne se commence qu’avec du café. »

Il posa les boissons sur la table où était posé son téléphone portable. Qui ne cessait pas de vibrer. Aussi l’attrapa-t-il et le mit-il en silencieux. Son manager. Qui d’autre ? Il n’avait pas changé d’avis. Il avait besoin de temps, de se poser et ce n’était pas comme s’il ne faisait rien. Il travaillait chez lui lors de ses moments de lucidité. Il s’étira les bras et sentit qu’en ce début de matinée où le soleil rayonnait déjà dans le ciel la douleur était moins oppressante.

@Yuanjun Seon

. man on the moon .

outfit,, yuanjun a l'impression qu'une massue s'est abattue sur son crâne lorsqu'il se réveille quelques heures plus tard. il entend vaguement l'eau de la douche couler, songe qu'il a dû grogner deux ou trois mots un moment plus tôt ; se rappelle de la présence de kohaku. des maux, des gestes, ceux qui ont été poursuivis et ceux qui ont été arrêtés. l'aide-soignant rabat la couverture jusque sur sa tête, garde pourtant les yeux bien ouverts là-dessous.
c'était une soirée particulière durant laquelle beaucoup de choses se sont déroulées. il n'a pas envie de réfléchir à tout cela maintenant, pourtant son esprit semble lui démontrer le contraire. lui dire qu'il a offert de la tendresse et de l'égoïsme à ce garçon qu'il a empêché de sauter du toit d'un immeuble des jours auparavant. qu'est-ce qui les lie vraiment ? que sont-ils aujourd'hui l'un pour l'autre ?
il maugrée quelques secondes avant de s'extirper des draps et frotte ses yeux en se dirigeant vers la petite table de la cuisine. kohaku est toujours là dans un accoutrement un peu particulier. mais yuanjun se dit qu'ils ne sont plus à ça près tous les deux. le plus âgé l'observe poser le petit-déjeuner devant lui. l'odeur du café vient titiller ses narines et ouvrir son appétit.
- merci... c'est gentil.
ponctué d'un fin sourire tandis que le portable de kohaku vibre, que ce dernier y répond. yuanjun referme sa main sur l'un des gobelets chaud en permettant à son regard de s'abandonner sur la silhouette de son invité. il ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il a pu vivre au cours de sa vie pour que le mal-être qui l'habite sous tantôt si puissant et tantôt si calme.
ils déjeunent ainsi, ne parlent qu'à peine mais le silence n'est pas dérangeant. yuanjun a l'impression qu'il s'est passé quelque chose entre eux sans parvenir à mettre des mots sur cette situation. ils s'offrent des paroles comme ci, comme ça, puis vient le moment de se dire au revoir. yuanjun remercie encore kohaku pour ce qu'il a commandé et il ajoute, sur le pas de la porte, qu'il peut lui téléphoner s'il le souhaite.
alors la vie reprend son cours quand la porte se referme. yuanjun fait un peu de ménage avant de s'installer devant un anime. il a replié le canapé, déposé l'un des boutons de la chemise de kohaku sur la table basse. à cette nuit qui renferme bien des secrets.

@Kohaku Song