I screwed up
@Craig Harris -- lieu

La mission est d’aller chercher un paquet jusqu’à Santa Cruz. Tu sais qu’il peut rentrer dans un sac à dos et que tu dois te faire la plus discrète possible. Tu ne sais pas ce qu’il contient, et à vrai dire cela t’importe peu. Tu as déjà 20% de l’argent qui arrive sur ton compte et dès que le colis aura été déposé à l’endroit indiqué ; tu recevras le reste. Plutôt simple ?
Tu t'emmitoufles dans une combinaison, tu as prévu de te rendre jusqu’à la destination en moto. Tu iras plus vite et si cela tourne mal, tu pourras facilement t’extirper d’une mauvaise situation. Et tu aperçois cette malheureuse notification sur ton téléphone t’indiquant que Pavel a une compétition à 14h. Tu grimaces. Tes doigts clapotent nerveusement sur l'engin tactile. Tu as déjà loupé celle de la semaine dernière. Tu te dis que tu vas rouler plus vite et tenter d’arriver à l’heure.
Tu prends la route. L’aller se déroule trop bien pour être réel. Tu rentres dans une ruelle. Tu dois entrer dans un bâtiment. L’endroit ne semble pas le plus accueillant. Mais tu fonces tête baissée, parce que tu n'as pas le temps. Les heures continuent de tourner et dans une heure, Pavel sera à sa compétition.
Le paquet est devant toi. Tu l’embarques dans ton sac et tu dévales les escaliers à une vitesse folle pour remonter sur ta moto. Tu démarres. Au bout de quelques mètres, tu remarques une moto qui te suit. Zut ! Tu accélères, prenant sans doute un peu trop de risque sur une avenue en pleine heure de pointe. Tu as bien failli ne pas la voir cette pauvre mémé qui traversait avec son chien.
Tu t’engouffres dans les rues, ne suivant plus l’itinéraire du GPS. Tu perds du temps. Cela t’agace, d’ailleurs tu entends ta sonnerie de téléphone. Mais le timing n’est pas bon pour décrocher !
Finalement, tu n’aperçois plus le motard. Tu reprends la bonne route. Et c’est le boom ! Le piège. Il était dans l’ombre. Tu glisses au sol avec ta moto. Tu ressens tout ton poids retomber sur l’un de tes coudes. Ce n’est pas le moment de merder !
Tu trouves le moyen de remettre ta moto droite, toi dessus et de foncer. Deuxième tentative pour t’extirper ; ce qui fonctionne, malgré l’affreuse douleur à ton bras droit.
Tu ne seras pas à l’heure pour la compétition. Sur la route, tu as un nouvel appel, tu décroches. Et c’est Craig ! Il enchaîne plusieurs mots : Pavel, compétition, hôpital, médecins. Tu l’entends mal, tu ne captes pas correctement. Foutu réseau !  
La route te paraît trop longue. Tu as encore le paquet à déposer, si tu ne veux aucun problème. C’est sur ta route, alors tu le déposes à l’endroit indiqué, avant de conduire comme une folle jusqu’à l’hôpital.
Tu rentres dans ce lieu trop blanc à ton goût, déboulant dans les couloirs avec ta casque à la main, ta combinaison lacérée sur un côté.
Craig est là. Tu cours vers lui. Tu as le regard inquiet, celui que tu as rarement ; les seuls fois où tu peux l'avoir, c'est pour ton fils. Tu as le coeur qui s'accélère.  
- Qu'est-ce qui se passe ? Comment il va ? Il est où ?

she screwed up
@Blanka Clarke -- hôpital

Les mains qui serrent une dernière fois la ceinture autour du karatégi de ton fils, tu vois son regard qui balaie les alentours, la mine déconfite. Ce n’était pas la première fois que ça arrivait et t’avais pas vraiment besoin de lui demander ce qu’il se passait. Elle avait pourtant dit qu’elle serait là mais comme la semaine passée, Blanka n’allait pas arriver à l’heure pour le premier combat de Pavel… et peut-être les suivants, malheureusement. « Elle a sûrement dû avoir un empêchement. Mais ça reste ta fan numéro un, je suis sûr qu’elle est en train de penser à toi pour ce premier combat » Un refrain auquel Pavel devait être habitué, et malgré ce sourire sincère que tu as aux lèvres, il hausse les épaules, l’air lassé, la tête baissée en se rapprochant du tatami. Toi, tu t’éloignes, te mêlant aux autres parents et tu jettes un coup d’œil sur ton portable dans l’espoir d’avoir un message de ton ex-femme, mais rien. Tu lui en veux d’être absente encore une fois, car si Pavel avait commencé le karaté, c’était en partie pour partager quelque chose avec sa mère. C’était elle l’adepte des arts martiaux, pas toi. Pourtant c’est toi qui étais toujours là, et elle qui apparaissait quand elle le voulait bien. Tu prends sur toi et préfères te mettre à applaudir ton fils quand son combat commence, l’encourageant à chaque fois qu’il touchait son adversaire. Puis il y a eu cette porte qui s’est ouverte et comme toi, Pavel s’est tourné vers celle-ci, comme si vous espériez tous les deux voir la même personne la franchir. Il avait suffi de cette seconde d’inattention pour que ton fils se retrouve au sol, à hurler tout en se tenant le genou. Ton sang ne fait qu’un tour, te précipitant vers ton fils sans même comprendre ce qu’il venait de se passer. Tu vois une infirmière chercher à bouger la jambe de ton fils mais celui-ci se met à crier de plus belle. Tu te rapproches alors en tentant de le calmer et de le rassurer, mais t’en mènes pas large en voyant la détresse de ton fils. C’était pas le genre à crier pour rien, encore moins au karaté, il était trop fier pour montrer quand il avait mal.

Résultat des courses? Tu t’étais retrouvé aux urgences de l’hôpital avec Pavel qui était incapable de poser le pied par-terre. T’avais cherché à joindre plusieurs fois Blanka pour la prévenir, sans cesse dévier sur sa boîte vocale jusqu’à ce que par miracle elle te réponde. Pour rien aider, t’étais incapable d’entendre ce qu’elle disait, t’étais même pas sûr qu’elle entendait non plus ce que tu tentais de lui expliquer alors t’avais écrit un message bref mais clair «Ramène-toi à l’hôpital!». Ça faisait un petit moment que les médecins étaient passés, trimballant le brancard dans lequel était Pavel pour lui faire passer une radio et d’autres examens. T’avais pas tout compris à ce qu’ils t’avaient dit, apparemment c’était moins grave que prévu, le coup avait été plus douloureux qu’autre chose mais tu voyais pas la nécessité de faire des examens supplémentaires, ni même de radio. T’avais profité que Pavel soit entre les mains du médecin pour aller prendre l’air, mais surtout pouvoir t’allumer une petite cigarette en douce… du moins c’était jusqu’à que tu voies Blanka à l’autre bout du couloir. T’es soulagé et en même temps, t’as envie de l’engueuler. Mais comme souvent avec elle, t’arrives pas à lui en vouloir, encore plus quand tu vois dans son regard cette détresse inhabituelle, sans doute parce qu’elle sait qu’elle a merdé, mais aussi parce que comme toute mère, elle est inquiète et tu l’entends dans sa voix. « Hey, hey… Il va bien, plus de peur que de mal… » tu commences par lui dire, pour la rassurer. « Il est en train de passer quelques examens mais les médecins pensent qu’il n’y a rien de grave, juste un mauvais coup reçu. » Tu poses une main sur son épaule pour tenter de la calmer. T’avais à peine eu le temps de la regarder que tu remarques sa tenue, et surtout sa combinaison déchirée sur le côté. « Qu’est-ce que… » Surpris, tu la forces à se tourner un peu pour voir l’état de sa tenue. En agrippant son bras, t’avais remarqué la grimace sur son visage « Putain, t’as foutu quoi Blanka?! » T’essaies d’être discret mais tu t’emportes plus qu’à l’accoutumée, inquiet mais surtout déjà énervé face à la réponse qu’elle t’offrira en retour, car t’étais persuadé qu’elle ne te plairait pas.  « Tu sais quoi? Ça me regarde pas, j'ai pas envie de savoir pourquoi tu débarques dans cet état. Mais apparemment c'était plus important que ton fils faut croire. » C'était sorti tout seul et tu regrettais déjà les derniers mots que tu lui avais adressés.

I screwed up
@Craig Harris -- hopital

Ton regard a changé, plus tu t’es rapprochée de l’hôpital et plus tu as senti tes émotions t’envahir. Cette sensation si terrible dès que cela concerne ton fils ; toi qui habituellement gère parfaitement tes émotions. Ne rien laisser transparaître est ta devise lorsque tu es en mission. Généralement, tu fais le vide dans ta tête. Cette fois-ci les mots hôpital et Pavel n’ont fait qu’un tour dans ta tête.
Moto garée certainement à la mauvaise place, tu te presses dans le long couloir. L’ambiance pesante des hôpitaux ne fait qu’accroître l’angoisse qui te guette. Tu aperçois le visage de ton ex-mari, seul, sans votre fils. Ton cœur s’emballe si vite que tu sens les palpitations.
Plus de peur que de mal… alors pourquoi l’hôpital ? Tu passes nerveusement ta main dans ta chevelure décoiffée par le casque de moto. Pavel a encore des examens. Mais pourquoi ?
- Des examens ? Encore ! Mais si ce n’est rien de mal… ils t’ont peut-être menti. C’est peut-être grave !
Impossible de garder ton sang froid. Craig perçoit les marques sur ta combinaison. Tu grimaces quand il attrape ton bras. Terrible douleur qui vient irradier l’entièreté de ton bras. Comme souvent, les missions ne te laissent jamais sans un hématome ou une égratignure.
Même si beaucoup de gens que tu arrives à berner dans ton entourage pensent que tu es chroniqueuse, ton ex-mari lui est dans la confidence. Il le sait. Il sait que tu te mets en danger avec des missions privées, qu’à tout moment cela peut mal tourner. Même si tu te répètes souvent que tu es indestructible.
Il s’emporte. Il dégaine des mots forts. Ton regard se noircit, le mitraillant. Comment peut-il dire ça ? Tu restes d’abord sans voix. Avant de le pointer avec ton doigt et de commencer à pester.
- Je t’interdis de dire que quelque chose est plus important que lui ! Je n’ai pas su gérer mon temps, j’étais censée être à l’heure ! Rien ne s’est déroulé comme prévu…
Même si cela ne se voit pas au quotidien, tu donnerais ta vie pour Pavel. Certes, ta façon de gérer ton emploi du temps ne semble pas adaptée. Tu as tendance à tout faire à l’envers.
- Qui lui a fait mal ? Qu’est-ce qui s’est passé ? D’ailleurs, te voilà déjà en train de chercher un coupable, sur lequel tu pourrais te défouler. Lorsque Pavel est né, tu as juré que tu ne laisserai jamais personne lui toucher l’un de ses cheveux. Une véritable maman ours prête à défendre son petit, quitte à montrer les griffes. Enfin… toi tu te défends avec d’autres choses que des griffes.
Tu guettes autour de toi, à l’afflux d’une blouse blanche que tu pourrais intercepter pour lui faire passer un interrogatoire. Tu veux savoir où ils ont emmené ton fils et des précisions sur les examens.

she screwed up
@Blanka Clarke -- hôpital

Avec ton ex-femme, les choses pouvaient basculer d’une seconde à l’autre, elle pouvait être d’un calme olympien ou devenir une véritable tornade qui pouvait tout emporter sur son passage, encore plus quand ses émotions prenaient le dessus. Des émotions que t’avais appris à apaiser ou en tout cas, c’est ce que tu aimais croire. T’avais toujours pensé que si Blanka t’avait choisi toi plutôt qu’un autre à l’époque, c’est aussi parce que t’avais été capable de réussir là où tous les autres avaient échoué: à la suivre dans ses excès de folie mais aussi à pouvoir la canaliser quand elle allait un peu trop loin. L’impression d’être cet homme qui la connaissait mieux que n’importe quel autre, l’impression que cet homme faisait partie du passé quand tu voyais la gouffre qui s’était immisçâmes entre vous avec les années. Alors c’est pour ça que tu essaies de rester calme, même si tu partageais son avis sur ces examens supplémentaires que les médecins avaient décidé de faire passer à votre fils. « Si c’était grave, ils me l’auraient dit. Je suis sur le dos des médecins depuis que j’ai posé le pied dans cet hôpital. C’est peut-être pour ça qu’ils sont en train de lui faire passer quelques examens, histoire d’avoir la paix et me voir partir d’ici l’esprit tranquille. » Car si tu étais calme à présent, tu l’avais beaucoup moins été en débarquant à l’hôpital, t’avais pas lâché le corps médical, te jetant sur les médecins à chaque fois qu’ils passaient devant le brancard de Pavel. C’était d’ailleurs pas plus mal que Blanka n’était pas là, car la tension aurait été en plus grande.

Il suffisait de vous voir l’un en face de l’autre dans ce couloir pour comprendre que les choses semblaient intenses. Même si tu surplombais d’un peu plus de vingt centimètres Blanka, ça ne l’impressionnait pas et ça ne l’empêchait pas non plus de te fusiller du regard quand tes mots touchaient l’une de ses cordes sensibles. « C’est ça ton problème, t’es toujours censée être là mais tu l’es jamais. Bordel Blanka, la semaine passée c’était pareil… et regarde dans quel état tu te ramènes aujourd’hui. Tu penses vraiment que Pavel s’attend à te voir comme ça? » Malgré que ça bouillonne en toi, ta voix est plus posée mais tes paroles en disent long sur ce que tu penses de la situation. Tu vois bien dans son regard qu’elle s’en veut, et qu’elle te maudit aussi pour les mots que tu lui adresses. Alors quand elle se met à regarder autour de vous, à s’agiter davantage, tu poses tes mains sur ses épaules pour la forcer à te regarder. « Je sais à quoi tu penses et je te le dis déjà; c’est la faute à personne. Pavel a baissé sa garde l’espace de quelques instants et son appui a flanché lorsqu’il a reçu le coup de pied de son adversaire. » Elle n’avait pas besoin de savoir toute l’histoire, c’était sans doute mieux ainsi. Tu voulais surtout apaiser l’âme en ébullition en face de toi, massant lentement ses épaules pour qu’elle cesse de s’agiter et de lancer des regards assassins à chaque blouse blanche qui passait à côté de vous dans le couloir. « Au lieu de les regarder comme ça, tu devrais plutôt leur demander d’examiner ton bras, non? » Tes doigts quittent son épaule pour glisser le long de son tissu déchiré, sentant le bras de ton ex-femme réagir à certains endroits plus que d’autres. Elle avait pas besoin de te faire un dessin, tu te doutais qu’elle avait chuté en moto, mais t’étais presque persuadé que c’était pas pour Pavel qu’elle était tombée… mais pour l’une de ces missions qui la poussait à prendre des risques inconsidérés la plupart du temps.

I screwed up
@Craig Harris -- hopital

Attendez qu’est-ce que le commun des mortels donne comme conseil à quelqu’un qui gère mal ses émotions… Respire ! Expire ! Cela ne fonctionne pas sur toi ! Hormis, te rendre encore plus nerveuse. Sauf que tu tentes de le faire, respirer profondément et te maîtriser. Finalement, c’est en croisant le regard de ton ex-mari que tu parviens à descendre d’un cran. Lui, il sait. Même si tu n’as jamais voulu l’admettre ;  lui il sait trouver les mots justes, il sait quel est le bon moment pour établir un contact physique. Celui qui sait te canaliser, même quand tout te semble insurmontable. Même si un fossé s’est creusé entre vous, il a toujours cette capacité.
Alors tu le crois, quand il t’explique le pourquoi les médecins ont poussé les examens. Tu lui fais confiance pour ça, il sait s’occuper de votre fils. Il est le père idéal qu’un enfant voudrait. C’est sans doute ça aussi le problème qui t’a fait fuir : Craig a voulu se vêtir d’une image trop parfaite. Il a laissé toutes ses vieilles habitudes au placard dès que Pavel est né. Tu es persuadé que même ainsi, il aurait été un père merveilleux. M’enfin ça tu ne lui as jamais dit, laissant ça se tasser dans un coin de ton esprit.
Tu te contentes d’acquiescer. Avant de subir une reproche justifiée de sa part sur ton absence. Cela ne passe pas, tu ne digères pas les mots qu’il te sort. Tu tentes de te défendre et argumenter. Finalement, il a encore des mots tranchants. Ce qu’il dit est vrai ! Tes yeux s’écarquillent. Habituellement, il ne te fait pas un procès. Il continue de jouer sur la corde sensible : Pavel. Que dire… hormis qu’il a sans aucun doute raison. Tu devais être-là la semaine dernière et aujourd’hui, finalement tu étais sur une mission.
Tu veux aussi en savoir plus, comment s’est produit l’accident ? Est-ce que tu dois déjà envisager un plan pour venger ton fils ? Tout tourne très vite dans ta tête. L’un de tes sourcils se arque, ton fils n’a pas pu baisser sa garde. Non ! Dès qu’il est avec toi, il ne demande que ça de s’entraîner et c’est souvent ce que tu lui répètes le plus : ne jamais baisser sa garde.
- Non ! Pavel est le meilleur, il n’a pas pu baisser sa garde… il s’est passé autre chose ! Tu es certain que ce n’est pas à cause de l’autre gamin ?
Tu t’agites, le regard assombri, en quête d’une blouse blanche à martyriser. Tu as ce léger sursaut quand il pose ses mains sur tes épaules. Tu grimaces dès que sa main glisse sur ton bras. Tu as ce mouvement de recul à cause de la douleur.
- Je vais bien, la douleur passera ! Le plus important c’est Pavel.
Fâcheuse habitude de te soigner toi-même, d’avoir dû te recoudre quand cela était nécessaire, de désinfecter des plaies, de camoufler des hématomes, de retenir des gémissements liés aux douleurs. Si un mot pourrait bien te qualifier c’est : battante.
- Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi ! Enfin, tu dis ça tout haut pour faire la fière et la forte, mais dans le fond de voir qu’après toutes les années passées, il peut se soucier encore de toi, tu trouves ça touchant.

she screwed up
@Blanka Clarke -- hôpital

Ce n’est pas parce que vous étiez divorcés que tu allais arrêter de prendre soin de celle qui avait partagé ta vie pendant presque dix ans. Elle restait celle que tu avais aimé, que tu aimais sans doute encore, mais elle était aussi la mère de votre enfant, celui qui vouait une admiration sans faille à celle qui se faisait trop souvent absente. Jamais t’avais cherché à critiquer ton ex devant ton fils, ni même à avoir des paroles déplacées à son égard. Parce que malgré tous les défauts qu’elle pouvait avoir, tu savais qu’elle aimait votre enfant plus que tout, peut-être même qu’elle l’aimait plus que toi, mais elle s’était égarée durant votre mariage, en partie de ta faute et t’espérais qu’un jour, elle arriverait à se rendre compte des moments qu’elle était en train de rater avec Pavel. Tu vois que tes paroles ont le don de la calmer un minimum, parce que contrairement à d’autres tu ne cherchais pas à lui dire quoi faire, mais simplement à la rassurer. Mais dans le même temps, tu pouvais la blesser, en voyant son regard qui s’ouvre en grand, comme si elle s’apprêtait à te dire quelque chose en retour mais rien, le silence. Est-ce qu’elle savait qu’elle était en tort? Peut-être, sûrement même, mais Blanka avait cette fierté mal placée qui l’empêchait d’admettre l’évidence même.
Seulement avec elle, il lui en faut peu pour que la tension reparte de plus belle. Encore une fois, c’est sa fierté qui parle, le refus de penser que son fils a pu faire l’erreur la plus bête qui soit et celle qu’elle lui répète sans cesse: ne jamais baisser sa garde. Et si ça avait pu te faire sourire en temps normal, aujourd’hui tu te bouffes les lèvres, parce que si elle cherchait vraiment un coupable, t’aurais pu la pointer du doigt. Ça te démange de lui balancer au visage la vérité, mais tu savais qu’elle n’avait pas besoin de ça, pas maintenant. « J’en suis certain, d’accord? Ça reste un enfant, tu peux pas t’attendre à ce que notre fils soit irréprochable à chacun de ses combats. » Et puis si elle avait été là, t’aurais été prêt à parier que Pavel aurait gagné son combat, parce que Blanka avait le don de motiver son fils, jamais il ne serait monté sur le tatami le visage baissé et jamais il n’aurait détourné le regard parce qu’une simple porte s’était ouverte.
Mais elle n’avait pas été présente, au lieu de ça elle s’était retrouvée dans des combines qui la poussaient à faire un pas en arrière quand t’avais cherché à t’enquérir de l’état de son bras. Sa réaction te surprend à peine, te secoues la tête, soupirant face à cette vraie tête de mule. Tu ris jaune quand elle te dit de ne pas t’inquiéter pour elle, ça c’était trop te demander. Jamais tu ne pourrais fermer les yeux si quelque chose lui arrivait, t’avais toujours été là pour elle et tu le serais toujours.  « Que ça te plaise ou non, je m’inquiéterai toujours pour toi. Parce qu’il y a Pavel aussi, et je refuse que ça puisse devenir une habitude pour lui de te voir dans cet état. » Et si en temps normal tu aurais fait signe à un membre du corps soignant de s’approcher, tu décides finalement de retirer ta chemise et de la tendre à Blanka. Les médecins risquaient de passer un sale quart d’heure tout à l’heure, tu comptais pas laisser l’occasion à ton ex-femme de traumatiser aussi une infirmière qui tenterait de faire son travail. « S’il te plaît, enfile-la, au moins pour cacher ça. » dis-tu en montrant l’état de sa combinaison. Ça permettrait de cacher son bras et une bonne partie du haut de sa combinaison, et pour le reste t’espérais que Pavel ne poserait pas trop de questions quand il la verrait. « Inutile de me regarder comme ça, si tu mets pas cette chemise c’est moi qui vais le faire et je ménagerai pas ton bras, crois-moi. » Ton regard se fait plus dur, c’était presque une menace en fin de compte mais c’est ce qui fonctionnait le mieux avec elle.

I screwed up
@Craig Harris -- hopital

Alors ton fils a baissé sa garde ? Tu peines encore à croire cela. C’est impossible ! Tu le connais, il est ta chair et ton sang, c’est une partie de toi. À force de lui avoir répété de ne jamais baisser sa garde face à un adversaire, tu sais qu’il a compris cette règle. Alors, pourquoi subitement il aurait fait abstraction à cette règle ? Oui, ton ex-mari te le dit, c’est un enfant ! Tu pourrais en rester là, l’admettre. Mais c’est avant tout ton enfant, ton joyau et à tes yeux il est exceptionnel. Tu n’es pas d’accord, alors tu grognes dans ton coin, tout bas. Des mots incompréhensibles, ne supportant pas non plus de ne pas maîtriser cette situation. Tout t’a échappé ! Tu détestes ça. Contrôler le moindre des éléments est essentiel dans ton quotidien.
Vous voilà continuant à patienter dans un couloir blanc, tandis que Craig semble s’inquiéter de l’état de ton bras. Bras que tu refuses de montrer à un soignant. Hors de question que l’on te touche. Tu es assez forte pour te soigner toi-même. Et comment expliquer cette blessure ? Alors tu affirmes, que tu ne souhaites pas voir un médecin, une réponse catégorique et indiscutable.
Tu fronces les sourcils dans un premier temps, intriguée qu’il puisse se soucier de toi. Après tout, tu n’es plus que son ex-femme. Et finalement il mentionne votre fils. En effet, que dirait Pavel s’il te voyait avec un bras ensanglanté ?
Il déboutonne sa chemise, et te la donne pour que tu l’enfiles. Tu positionnes l’une de tes mains en avant pour refuser sa chemise, mais il insiste. Tu continues de lui jeter ton regard noir, ne supportant pas de recevoir un ordre. Enfin, c’est ainsi que tu le ressens. Lorsque tu t’agaces, tu tombes vite dans l’interprétation.
- Tu ne tenterais rien qui pourrait me faire du mal ! Tu ne m’en feras jamais ! Bien entendu, tu en es certaine ! Il ne t’a jamais fait de mal, même involontairement. Il a toujours été doux et aimant avec toi. D’ailleurs, tu peux même affirmer les yeux fermés, qu’aucun homme ne t’a aimé comme lui a pu le faire. Alors, tu doutes vraiment qu’il t’enfilerait cette chemise au risque de te faire mal.
Tu finis par prendre la chemise, tout en ayant ton regard fermé. Tu l’enfiles par dessus la combinaison. Finalement, il a réussi à te faire enfiler cette chemise d’une manière ou d’une autre.
- Allez vas-y crache le morceau ! Tu n’agis pas comme ça avec moi habituellement. Tu me reproches quoi ? D’avoir oublié de venir car je travaillais ?
Tu l’as encore en travers de la gorge cette reproche qu’il t’a faite dès que tu as posé le pied dans ce couloir.

she screwed up
@Blanka Clarke -- hôpital

Elle n’avait pas tort sur un point, tu ne lui ferais jamais de mal, en tout cas pas de manière intentionnelle. T’avais déjà eu des propos qui avaient pu la blesser, comme un peu plus tôt, mais ce n’était pas à mal. Avec Blanka tu ne pouvais pas prendre de pincettes, sinon elle ne t’écoutait pas et t’avais appris à toucher certaines cordes pour qu’elle réagisse, qu’elle te réponde et qu’en découlent des conversations parfois plus tendues que d’autres, mais au moins les choses finissaient toujours par s’arranger, et la situation s’apaiser. C’est pour cette raison qu’en lui tendant ta chemise, t’avais insisté avec cette menace à laquelle elle n’avait pas cru. Pourtant, malgré ça, elle avait fini par enfiler le vêtement, avec son éternel regard noir quand elle était contrariée et sur le coup, tu te retenais de sourire, sans doute un peu fier d’avoir gagné cette fois-ci. Peut-être que tu t’étais aussi douté de ce qui allait arriver, et que la fierté mal placée de ton ex-femme prendrait le dessus après avoir dû essuyer un échec cuisant, et ça n’avait pas manqué.

« Toi et ton besoin d’avoir des explications pour tout et n’importe quoi… » t’en soupires sans la quitter des yeux. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle venait de te tendre le bâton pour la battre. Tu t’en mords les lèvres, à te contenir pour ne pas lui balancer ce qu’elle ne voulait pas réellement entendre. « Et puis crois-moi, t’as pas envie d’entendre ce que j’ai vraiment à dire. » c’est presque dans un murmure que tu lui adresses ces mots, comme un avertissement pour la prévenir de ne pas trop chercher. Elle te connaissait suffisamment pour savoir ce que ça voulait dire, mais têtue comme elle pouvait être, elle serait capable d’en faire abstraction… par fierté, encore et toujours. Un défaut qui la rendait aussi chiante qu’attirante, d’autant plus lorsqu’elle avait ce regard dont t’étais incapable de te lasser, quand bien même il pouvait être assassin. T’aurais pu l’observer encore longtemps ainsi, mais c’était sans compter sur la voix nasillarde de cette infirmière qui était passée à côté de vous, se plaignant à une collègue d’un père qui avait emmené son fils aux urgences en faisant tout un cirque, comme si la vie de son garçon en dépendait, et tout ça; pour une entorse du genou. Tu te sens immédiatement visé et encore plus lorsque vos regards se croisent. Elle comprend rapidement son erreur et tes yeux la foudroient aussitôt, son teint qui vire au rouge écarlate tandis qu’elle accélère le pas pour disparaître de ton champ de vision aussi vite qu’elle y était apparue. « Non mais quelle connasse celle-là, j’en reviens pas! » tu rages, reportant ton attention sur Blanka en marmonnant dans ta barbe presque mot pour mot ce que venait de dire l’infirmière, avec la même voix nasillarde. « J’espère qu’elle sera encore à la réception quand on partira, je vais pas la rater. » Et t’avais tout le temps de réfléchir à ce que tu allais lui dire.

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@Craig Harris -- hopital