« M. ? » Sur le seuil du dressing, dont je viens de tester les nouveaux aménagements, je ferme les yeux. Comment une seule lettre peut-elle me soulever l’abdomen aussi facilement ? Le son de sa voix me fait vibrer. Des bulles de bonheur éclatent sous ma peau. Non seulement, nous nous sommes mariés, mais en plus, Célian vit officiellement chez moi depuis… Aujourd’hui ! Chez moi devient chez nous. Ce sera notre refuge temporaire, le temps de finaliser les travaux de la maison.

Ces projets me rendent confiants. Nimbé d’une tranquille assurance, je le rejoins en plaisantant. - Je vais perdre le fil. J’étais en train de compter ton nombre de baskets. C’est un genre fétiche. Lesquelles faut-il que j’enfile pour que tu me trouves encore plus irrésistible ? Même ça, je trouve ça exceptionnel. Tout ce qui se rapporte à mon mari m'émerveille et me captive. Je suis niais, j'en ai conscience, et je m'en contrefous.

Dès mon entrée dans la chambre, je comprends de quoi il s’agit. Je cesse de faire l’idiot. J’approche doucement pour m’accroupir près de Célian. - T’en as envie ? Pour moi, c’est définitivement le plus important. Pour ma part, je veux tout. Tout connaître de lui, tout apprendre et tout explorer. Je cueille ses lèvres d’un baiser tendre. - Tu me racontes les histoires qui vont avec ? Avec une grande déférence, je caresse du bout des doigts le coffret. Je m'arrête sur le crochet métallique, attendant une autorisation de sa part pour le soulever. On fait ça ensemble, non ? Comme tout le reste.

Installé dans son dos, je récupère un à un les trésors qu'il partage avec moi. Je mets un point d'honneur à commenter chacun d'entre eux. Quoi qu'en réalité, je ne le fais pas si consciemment que cela. J'en ai juste énormément envie. J'accueille chaque objet avec une immense déférence. Même si certains paraissent simples en apparence, dévorés par les affres du temps, il n'en reste pas moins de trésors. Ceux de Célian.

Les lettres du phare ? - Tu me laisseras les lire ?
Le bateau englouti ? - Tu as nagé pour les récupérer ?
La bâtisse italienne ? - Tu es passé par la fenêtre du balcon de la fille chérie de la famille pour visiter les lieux ?

Je vibre d'un profond intérêt. Puisque cela le passionne, j'ai envie d'en savoir plus, envie de le comprendre et partager un peu de son univers. Mes yeux se ferment sous ses baisers. La chaleur ses lèvres se répercutent au fond de moi, dans un écho interminable. Mes mains laissent les trouvailles sur le bord du lit, d'un côté et de l'autre de notre couple. Elles se faufilent autour de mon mari, se blottissent sur la peau chaude de son ventre qu'elles caressent à loisir. Mon regard en dit long, au moment où il rejoint le sien. Mon sourire se gorge d'une chaleur inouïe. Dans le creux de son oreille, je chuchote cette vérité. - Quelqu'un m'a très justement expliqué un jour que les failles, les blessures et les imperfections constituent des éléments fascinants ? Qu'ils rendent les lieux, les choses et les personnes, uniques. Il avait tiré un parallèle étonnant avec les maisons. D'un baiser, déposé en offrande sur sa peau, je m'écarte, aussi charmé que conquis. - Raconte-moi. Qu'est-ce que tu as ressenti en allant là-bas, et pourquoi, ce sont ces trésors-ci que tu as choisis. À mes yeux, ses motivations et son expérience valent plus encore que le reste. Célian a su conserver en lui, cette part de magie, propre à l'imaginaire enfantin. Les années l'ont travaillé, affiné. Ce moteur inépuisable de curiosité le pousse chaque jour à se surpasser. Si, un jour, quelqu'un parvient à décrocher la lune ou les étoiles, je suis certain que ce sera lui. Cette perspective me couvre de chair de poule. Cet homme... Il est ma merveille.

D'un mouvement du menton, je l'invite à poursuivre la présentation de ses trouvailles. - Tu as déjà une idée du prochain lieu que tu voudrais visiter ? Le parc aquatique du Lac Dolorès ou quelque chose de plus intimiste ? La perspective de l'accompagner lors d'une de ses expéditions me met en joie. - J'adore l'idée que tu m'emmènes dans ton monde. Plus encore, qu'il m'estime digne d'y aller avec lui, capable de le suivre sans le ralentir. Je sens, au fond de moi, que quelque chose est en train de changer. Dans le creux de mon âme, des forces vives sont à l’œuvre, impulsées par la présence de mon époux.  - À quel point j'ai l'air idiot si je te dis que je commence à croire au destin ? Je ne peux pas croire que ma chance, seule, soit à l'origine de notre rencontre... On a forcément dû avoir un coup de pouce.

« … je sais pas comment l’expliquer. » Pourtant, ses mots façonnent une image très nette de ce qui le pousse à avancer. J’entends vibrer chez lui le goût de l’aventure, la soif de découverte et le plaisir du secret. Cette part d’enfance, accrochée à son âme, m’apparaît plus précieuse que jamais. Elle sublime la beauté de ses traits. Je songe qu’elle alimente certainement sa fougue, sa nature enflammée. N’est-ce pas une raison suffisante pour me promettre de protéger cette part de lui-même ? Indiscutablement.

Sur la question du destin, j’affiche une moue dubitative, aussi sensible aux arguments exposés qu’au passage de ses lèvres sur mon point faible. Je ferme les yeux en expirant l’air de mes poumons. J’incline le visage sur le côté comme pour en demander plus. Sur son ventre, ma paume appuie légèrement. Je me range sans mal à la conclusion de mon époux. - Tu as raison. J’en profite pour lui voler un baiser, aussi léger qu’une caresse. - Je n’ai jamais été aussi heureux de ma vie… Sur cette confidence des plus sincères, je l’invite d’un mouvement du menton à continuer sa présentation. L’ambiance s’imprègne profondément en moi. Pierre après pierre, la confiance que nous nous accordons mutuellement renforce notre intimité. J’aime l’idée de pouvoir tout se dire. Je pensais que personne, jamais, ne pourrait m’accepter si complètement. De la même manière, j’ignorais qu’il était possible d’aimer avec une telle profondeur. Des bulles de joie éclatent dans le bas de mon ventre quand je récupère le stylo. Submergé par la force de ce symbole, je souffle : - Tu l’as gardé… Un sourire béat s’invite sur mes lèvres. Le souvenir de l'instant où il signé, sans même lire l'acte de propriété, brûle en moi de façon si vivace. Rien ne pourra jamais éteindre ce feu.

- Je ne sais pas si je réussirais à… Voir l’exploration de la même manière que toi. Mais j’ai envie de t’accompagner. De toute façon, tu m’as promis de m’emmener dans ton royaume et moi, j’ai juré de t’y accompagner. À mes yeux, l’urbex ne représente pas grand chose. Ce qui compte pour moi, c’est la possibilité de l’expérimenter avec lui. Je sais, sans pouvoir l'expliquer, que cela rendra l'événement magique. Très certainement, parce qu’il est la seule personne au monde, devant qui je ne crains pas d’être mis à nu, avec qui je me laisse à ce point aller.

Est-ce réciproque ? J’en ai bien l’impression. Dès l’apparition de la montre, je perçois une fêlure chez mon mari, à laquelle je réponds en me rapprochant plus encore. Mon corps lui fait la promesse de faire barrage entre lui et le reste du monde. Je l’assure silencieusement de mon soutien. Mes doigts enveloppent les siens tandis que je le serre un peu plus contre moi. - Ce qui t’as fait perdre pied…. Je n'ai pas besoin de finir ma phrase. Nos regards rivés l’un à l’autre nous permettent de dialoguer sans prononcer la moindre parole. Les dates coïncident trop bien pour que cela soit le fruit du hasard. Il n'était qu'un gamin. À peine un homme. Je tends une main vers la montre pour la récupérer, conscient de tout ce qu’elle incarne. De ce qu’il a projeté. Les deux plus grandes blessures de sa vie, réunies dans un seul objet. “Laissé pour mort”. La terminologie n’a rien d’anodin. - Ça t’a sauvé. Je ne demande pas vraiment. J’ai l’impression de comprendre. D’un tendre baiser, sans jamais marquer la moindre hésitation, j’essaie de lui rappeler où il se trouve aujourd’hui. C'est-à-dire entre les bras de son mari. Là où mon amour le protégera de tout ce qui pourrait vouloir lui nuire.

Je choisis, consciemment, de lui laisser le temps de souffler avant de reprendre la parole. S’il a besoin de m’en dire davantage, je l'écouterai. Je resserre mes cuisses autour de lui, laissant mes muscles en tension. Quand je sens qu’il est prêt, je niche mes lèvres dans son cou. Je cajole longuement sa peau, terminant sur un mordillement.  - Tu aurais de la place dans ton coffre ? Je fouille dans son regard. Levant un index entre nos deux visages, je lui demande d’attendre. - Laisse-moi trente secondes. Sans même avoir à réellement quitter ma position, je m’allonge complètement sur le lit. En m’étirant de toute ma longueur, je parviens à atteindre, du bout des doigts, le second tiroir du petit meuble adjacent. J’en extirpe plusieurs missives qui, si elles sont soigneusement pliées, portent les marques de nombreuses relectures.

D’un mouvement souple, je me redresse en me blottissant de nouveau contre son dos. Ma main droite reprend sa place sur son ventre. La gauche, de son côté, lui confie mon trésor. Après avoir déposé sur son épaule une succession de baisers brefs, j’y pose mon menton. - Elles y sont toutes, tu peux vérifier. Celle du dessus, c’est ton poème. Je le connais par cœur. Je frotte doucement ma joue contre sa peau. Rien à faire, je suis accro à lui, en recherche perpétuelle de son contact salvateur. - Tu ne m’as jamais dit… Le secret que tu voulais me confier d’ailleurs. Cela sonne comme un reproche factice, tourné sur fond d’humour. Je ne lui en veux pas. Ma curiosité m’importe moins que son bien-être. - J’aime ta façon de voir le monde C. Tu le façonnes selon ta volonté. Cette force de caractère est épatante. Tu es le maître de ta propre destinée. Personne ne pourra jamais t’enlever ça… Je ne permettrais, de toute évidence, à personne d’en faire la tentative. Plus qu’un aventurier des temps modernes, il est fait de l’étoffe des héros. Il est en tout cas le mien. Indubitablement.

@Célian Harlow-Barrows

« Tu n’as pas idée d’à quel point, ça m’a sauvé. » Les conséquences se trouvent là, juste sous mes doigts, que Célian guide progressivement. Je détecte une première bosse, un sorte de renflement dans le creux de son coude. Être conduit à un second confirme mes soupçons. Dans le silence protecteur de notre chambre, je découvre les cicatrices les unes après les autres. Leur nombre et leur localisation ne laissent aucun doute sur ce qu’elles sont, en réalité : les vestiges d'une douleur si profonde qu’il a voulu l’exorciser en se punissant lui-même. Je voudrais tant pouvoir le délivrer du poids de sa propre culpabilité. Sauf qu’il ne me le permettrait pas. Alors, je n’ai plus qu’une seule option afin d’accueillir au mieux ces révélations. Pour lui faire comprendre que j’aimerais chaque lambeau de sa vie et le moindre pan de ce qui constitue son univers. Sans un mot, j’enveloppe Célian de ma douceur et de mon amour. Je dépose sur son épaule des myriades de baisers en remontant vers sa gorge contre laquelle je m’emploie à respirer lentement. Paisiblement. Je m’engage à éclairer ces noirceurs de mon soutien infini. S’il faut porter le poids des regrets, je lui prête ma force puisque désormais, tout ce qui m’appartient est également à lui. De longues minutes s’écoulent, sans que cela ne soit gênant. Je ne dis rien. Je préfère lui suggérer la présence. Mes bras deviennent refuge. Mon buste est un rempart. Mes lèvres déposent un baume sur ses anciennes blessures. Comment pourrait-on reprocher à un jeune homme de dix-neuf ans, d’avoir perdu espoir ? Je reste convaincu qu’il a fait du mieux qu’il a pu pour survivre. Et il y est parvenu. Un héros… C’est bien ce que je pensais.

J’attends de le sentir plus serein pour lui ramener la moitié de notre correspondance initiale. - Ah oui ? Fais-je quand il affirme m’avoir déjà confié son secret. Une drôle d’émotion s’invite dans ma poitrine à la vue de nos lettres réunies. En refermant la boîte en fer, je promets : - À jamais. Les prémisses de notre histoire resteront bien à l’abri, au milieu de ses trésors. - Tu crois qu’un jour, nos descendants tomberont dessus ? Cette perspective me tire un sourire. Autour de nous, flottent huit mois de séduction, de tendresse, d’émotion et d’amour. Les plus beaux de toute ma vie.

En quelques mots, appuyés d’habiles baisers, Célian me plonge dans un autre univers. Je frémis tandis qu’il s’amuse à verbaliser un jeu de piste, me poussant à me remémorer cette nuit-là. L’attraction entre nous me rend légèrement électrique. Je fais mine de donner un coup de dent dans le vent quand il évoque ce cadre. - Têtu. Il s’agit davantage d’un constat que d’une remontrance. « Est-ce que tu te souviens M. ? » - Comment pourrais-je oublier ? Je prends appui sur la fermeté de son ventre pour me fondre dans son dos alors que dans la foulée, mes dents titillent sa nuque. Je souffle sur cette zone tout en me confiant. - L’une des plus belles nuits de ma vie. Je reviens contre son oreille dont je taquine le lobe. - J'ai cru mourir de bonheur. Je peine encore à réaliser la profondeur de mes propres sentiments.

Puis, ça me frappe…. Il m’a écrit ces mots bien avant de me confier ce secret. Des semaines avant cette rencontre avec son patron. La surprise me fait relever brusquement la tête. - Célian, tu… J’éprouve soudainement le besoin inexplicable de me plonger dans ses yeux. Je cueille sa joue, en essayant de contrôler mon empressement. Dans l’immensité de son regard, je puise le courage de me montrer honnête. - J’ai cru que c’était à cause de ce qu’il t’avait dit, ce soir-là. Quand tu nous as fait écouter l'enregistrement...J’assume de me sentir légèrement déboussolé. Infiniment désolé, également. Ma bouche se tord dans une grimace penaude. Je déteste l’idée de remuer inutilement le passé. Je hais plus encore la possibilité de le décevoir ou de “salir” cette première fois. - T’en avais envie bien avant ça, en fait… Je cherche la réponse dans ses yeux. Finalement, j’ai peut-être besoin de savoir. - Qu’est-ce qui t’a décidé ?

Le merveilleux @Célian Harlow-Barrows

J’acquiesce, dans un sourire conquis, cette proposition de carte au trésor glissée dans notre testament. Auprès de cet homme, je ne crains plus les ravages du temps. Au contraire, j’ai hâte de vieillir et de traverser chaque étape de la vie à ses côtés. Je gage que nous saurons les rendre exceptionnelles. Son amour me stabilise, me rend fort. La perspective de fonder avec lui une famille constitue le projet le plus incroyable de ma vie. En évoquant son poème, j’en viens à l’interroger sur son secret. De fil en aiguille, la conversation s’engage sur un nouveau chemin. « La plus belle nuit, de toute ma vie. » Une vague chaude s’écrase dans mon ventre, me soulevant au passage. Naturellement, je précise. - Juste en dessous de notre nuit de noces, alors… Les souvenirs dansent dans mes iris. Ma peau se réchauffe. Je garde en mémoire, chaque seconde de ce mariage inattendu, résolu à me le remémorer encore et encore afin d’empêcher le temps de me dérober ce souvenir.

Puis, tout bascule.

Tout ça, parce que j’ai eu le malheur d’ouvrir ma bouche ! Je le regrette aussitôt. En suivant du regard les gestes de mon époux, je cherche comment faire machine arrière. Je ne suis plus certain d’avoir envie de connaître la vérité sur cette première fois si cela le pousse à refermer le coffre, à se rembrunir ou à m'abandonner. Son silence m’inquiète. Il réveille en mois des craintes profondes et douloureuses. Je ne m’autorise à respirer qu’à l’instant où nos yeux se retrouvent.  « Je te mentirais si je te disais que ça n’a aucun rapport avec ce qu’il m’a dit ce soir-là. » Une douleur sourde gronde dans ma tête. Contraint d’encaisser cette réalité, je me raidis en acquiesçant légèrement. Mon égoïsme me frappe. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit ! Il n’est pas question de moi dans cette histoire, mais de Célian, et de son rapport à son corps, à son désir. Je culpabilise de ressentir cette pointe de jalousie. Je m’en veux de détester ne pas être la raison, l’unique raison de ce passage à l’acte. Déçu par ma propre réaction, je presse un peu plus mes mains sur sa peau, en faufile une dans le bas de son dos. Je refuse d’accorder la moindre importance à mes pensées négatives. Je les refoule loin de nous. Ce que je veux vraiment faire, ce dont j’ai réellement besoin, c’est être là pour lui, l’écouter et le comprendre. Les battements effrénés de son cœur résonnent contre ma paume. Je ressens sa peur.

Alors, je ne flanche pas. Malgré la dureté de ces révélations, en dépit de la difficulté du sujet abordé. Mon regard resté accroché au sien et je m’enroule autour de lui. Je me redresse même, sensiblement, prêt à endurer plus encore, à supporter tout ce qu’il pourrait avoir à dire. Doucement, ma main cueille sa joue. Mon pouce chasse délicatement la perle salée qui y a tracé un sillon. J’entends, dans son discours, la force de son amour et le courage qu’il lui a fallu pour se jeter pleinement dans notre histoire. Pour me faire confiance…Comment répondre à ce cri silencieux ?

Du bout des lèvres, je capte les siennes. Tendrement et sans un mot, je l’embrasse. Inconsciemment, je réponds à sa fébrilité par la douceur. Je prends même le temps de me détacher. - C…. Je cherche son regard tandis que mes doigts rampent sur son épaule. - Rien au monde ne pourra me faire arrêter de te toucher ou de te vouloir. Tu es la plus merveilleuse personne que je connaisse. Ton passé fait partie de toi. La sincérité fait vaciller ma voix. Je sais qu’il la reconnaîtra. - Je t’aime. Sans compromis. Chaque parcelle de lui, de sa force à ses vulnérabilités, de la lumière qu’il déploie constamment autour de lui aux zones d’ombre qu’il garde parfois farouchement.

- Une seconde, j’ai cru que… J’ai pensé que tu voulais lui prouver qu’il avait tort et j’ai détesté qu’il ait le moindre impact sur nous, sur ce moment-là. Je fouille dans son regard. Je me nourris de son courage pour me livrer à mon tour, sans savoir s’il ne sera pas déçu de découvrir la vérité derrière toute ma fausse assurance. - J'en suis infiniment désolé. Finalement, ce qui compte réellement pour moi, c’est que toi t’ailles bien et que tu n’éprouves aucun regret. Le reste t’appartient. J’ai pas le droit de… De trop en demander ? Je ne suis pas certain de trouver les mots justes. - Moi, je veux juste pouvoir te rendre heureux. Je reprends une inspiration. - J’avais peur que tu t’en ailles, ce soir là… Tu m’as repoussé, et j’avais peur de ne pas réussir à t’aider à te calmer. Le paradoxe de ma vie se situe pile entre ma volonté d’avoir l’air de gérer et ma crainte déraisonnable de perdre ceux que j’aime. - Je me trouve incroyablement chanceux de me voir offrir cette place dans ta vie et d’être ton mari. Cette nuit reste la plus belle de toutes…. Ma voix se suspend sur ce que je me contente de penser. Pour le moment. Et, juste en dessous de notre nuit de noce. Je recule légèrement pour admirer l'homme qui partage désormais ma vie. Les multiples facettes de sa personnalités font de lui quelqu'un de complexe et de sensible. - Je te trouve incroyable. Fort. Résilient. Je te l'ai dit, non ? J'ai envie d'être à la hauteur de l'homme que tu es.

@Célian Harlow-Barrows

« Ça ne pouvait être que toi. Ça ne sera jamais un autre que toi. » Une émotion incroyable me dévale le dos avant de me soulever le ventre. Mes doigts se crispent contre sa peau. Inconsciemment, je me raccroche à lui pour ne pas tomber. Où ? Je n’en ai aucune idée. C’est juste qu’une sensation de vertige me saisit. Cet aveu, aux contours de promesse, épouse à la perfection l’une de mes failles les plus profondes. Toute ma vie, j’ai cherché à être exceptionnel, unique, et irremplaçable aux yeux de quelqu’un. Quant à cette confiance qu’il m’accorde, je la trouve bouleversante. Elle m’éblouit. Silencieusement, je me fais la promesse d’être à la hauteur d’un tel cadeau, pendant que je fais de lui mon unique horizon….

La douceur s’invite entre nous. Chacun de nos gestes en est empreint. Mes yeux se ferment sous ses baisers alors que j’écoute, attentif, le chant apaisant de son point de vue. Sa vision des choses me rassure, elle me console. Elle me rappelle aussi que, si je suis tombé amoureux de lui, j’ai la chance phénoménale d’être aimé en retour.  « Tu es à la hauteur, Malone Harlow-Barrows. » A-t-il décidé de m’achever ? Ses lèvres, posées à un endroit stratégique de mon cou, chassent toute volonté contestataire. Pour qu’il continue, je suis prêt à lui céder sur tous les sujets. Célian me borde de toute sa tendresse, il m’enveloppe de son affection, et m’engourdit de bien-être. Quoi qu’il dise, et puisqu’il le fait de cette manière, je le crois. Les yeux rivés dans les siens, j’acquiesce dans un silence ému. Jamais, de ma vie, je ne me suis senti aussi proche de qui que ce soit.

Un soupir lourd m’échappe en sentant sa langue dans le creux de mon ventre. Ma voix est plus rauque que je ne l’aurais cru quand je lui murmure. - Dis moi. Ma peau se réchauffe au contact de la sienne. Les dents plantées sur le côté de ma lèvre inférieure, je n’essaie même pas de faire semblant de réfléchir. - Tout ce que tu voudras, C. Toujours. Cet homme m’enchante. Je me livre, de bonne grâce à ses envies, non sans caresser ou embrasser chaque parcelle de lui venant, par mégarde à  ma portée. Je le fais, sans réellement y songer, oubliant la consigne élémentaire. Croisant son regard, j’affiche une moue toute innocente pour me défendre. - Tu n’avais pas donné le top départ. Pas terrible comme justification. Mettons mon manque de combativité sur mon envie de me blottir contre lui ? - Je suis tout à toi. Peu à peu, mon désir se réveille.

Je couvre Célian d’un regard conquis. Je ne peux pas m’empêcher d’admirer mon mari. Pourquoi de toute façon ? Son corps est une incitation à la luxure. Sa beauté me subjugue. L’intensité de nos liens m’envoûte. Sans rien lui cacher, entre deux soupirs impudiques, j’annonce tranquillement. - J’ai hâte de poser mes mains sur toi, moi aussi… Même si je pourrais te laisser faire pendant des heures...Un sourire joueur se faufile sur ma bouche. Peu à peu, mon envie de lui fait refluer mon indolence. Le plaisir reste notre maître-mot. - Est-ce que je t’ai dit à quel point j’ai hâte de me réveiller tous les jours à tes côtés ? J'ai même prévu de me retrouver très souvent en retard au travail…. Ma faim de lui ne saurait être rassasiée.

Un éclair d’inquiétude zèbre le ciel suave de notre intimité. Une seconde, je fais cesser le jeu de ses caresses afin d’obtenir toute son attention. Je relève la tête en décollant à peine mes épaules du matelas. - Promets-moi de ne jamais aller plus loin que ce dont tu as vraiment envie. Je veux rester ton refuge. En creux, se dessine ce que je ne veux jamais devenir : une obligation, une entrave, un poids.

@Célian Harlow-Barrows