C’est trop.
C’en était juste trop.

Freya a beau tenté d’absorber… d’encaisser, du mieux qu’elle pouvait cette tonne d’informations qu’on lui jetait en plein visage. Mais elle en était incapable. Ce fut telle une marée venant l’engouffrer et dont elle coulait dans les fonds marins. Son souffle, elle le retient -tout comme elle l’avait retenu lorsqu’elle était tombée nez à nez avec ce fantôme du passé renaissant de ses cendres-. Tout comme le long échange avec Irini via son téléphone portable.
Donc elle se retourne vers lui, telle une bouée de sauvetage à l’horizon flou. Elle ignore si c’est les vagues de l’océan qui rendent nébuleux sa vision ou bien si ses les larmes qu’elle sent remonter et qui n’attendent une seule seconde de faiblesse pour émerger.

Elle sonne. Prends une grande respiration.
Dire qu’en temps normal, ça serait dans les bras de sa meilleure amie qu’elle cherchait le réconfort, mais dans l’immédiat, c’est impossible. La trahison est à vif. Elle est perdue, Freya. Puis, malgré leur histoire brève, il était resté dans les parages. Il ne s’était pas évanoui dans la brume comme les autres. Elle ne saurait dire pourquoi d’ailleurs, mais à l’instant T, elle choyait le fait qu’il soit présent.
Qu’il puisse lui tendre la main. Elle lui en devra certainement plus d’une… sans compter qu’elle ne devait pas rayonner de l’autre côté de la porte. Elle s’efforce d’étirer l’embrasure de ses lèvres dès que la porte s’ouvre. Si son sourire s’affiche, ses yeux ne reflètent que la désolation.

— Hey, dit-elle d’une voix basse. Merci de prendre du temps pour moi.

Elle ne pouvait commencer différemment que par cette légère vague de reconnaissance -bien trop peu à son goût-. Elle n’avait qu’une seule envie, le serrer contre elle et fondre dans ses bras. Son petit monde s’écroule, mais la professeure tente de sauver son image devant le pompier.
Sa main borde son bras, à défaut de se laisser porter par ses impulsions.

— Je ne te dérangerai pas trop longtemps.

Elle entre, esquisse un faible sourire. Elle voudrait démontrer plus ample reconnaissance, mais tout son corps est épuisé -tout son être-. Trop d’émotion l’avait chaviré. Ces cernes qui ornent ses yeux… elle a beau les camoufler avec du maquillage, les traits creux restent visibles comme s’ils désiraient prouver la détresse de la jeune femme.
Elle inspire, espérant retrouver un semblant de paix intérieure dans ce tourbillon. Elle se laisse guider, comme un coquille vide. Elle relève néanmoins la tête lorsque la voix de son ami l’interpelle.

— Une bi-… juste de l’eau. Avec de la glace si tu en as.

Elle se convainc qu’un simple verre d’eau bien froide sera largement suffisant pour remettre de l’ordre dans ses idées. Puis, rien ne pouvait mal tourné maintenant qu’elle était en compagnie d’une personne qui ne lui faisait pas cachette à propos de son frère.
Freya tente de retenir les larmes qu’elle sent monter. Elle peine à l’encaisser encore. Cette nouvelle que sa meilleure amie a pu aussi longtemps lui omettre la présence de son putain de jumeau. Puis pourquoi tout lui explosait maintenant? Toutes ses années à danser sans ce champ de mines sans qu’une seule ne s’active. Comme si elle ne faisait que de faux pas à présent.

Elle chasse une de ses mèches blondes de son visage tandis qu’elle remercie plus chaleureusement son ami de ce verre qui se glisse devant elle.
Elle agrippe son bras, l’attire à elle. Elle cherche la proximité. Un réconfort qu’elle ne peut trouver ailleurs. Si elle croyait le dénicher en premier lieu chez Iri, ce fut un déchirement qui lui perdure le myocarde.

Sa tête blonde vient trouver refuge auprès de Lukas dans le plus parfait des silences.
L’enseignante s’est toujours montrée tactile avec lui, sans réelle gêne. Elle n’a pas besoin de parole, juste de ce contact qui étreint sa frêle personne.
Néanmoins, des propos lui brûlent le bout de ses lèvres.

— Je n’arrive pas à croire à quel point les gens peuvent mentir aussi aisément, crache-t-elle finalement.