La maison au volet bleus. Silas ne sait plus quoi en penser. Emplie de souvenirs heureux, elle fait aussi beaucoup de mal. Sans arrêt, Silas se voit confronté aux doux moments passés en compagnie d’Astra, et la courte année en tant que famille à trois. Ellie ne s’en souvient pas mais il se plaît à lui raconter qui était sa mère. Entre bonheur et malheur, le voilà décidément paumé quant à l’avenir de ce projet — tombé à l’eau malgré lui, malgré sa défunte compagne. Il se dit qu’un jour, Ellie aimerait peut-être avoir cette maison, elle qui adore y être. Sa fille ne comprend pas toujours pourquoi ils vont dormir au ranch alors qu’ils ont déjà un toit.
C’est comme ça, ça passera avec le temps, que se dit Silas, espérant sincèrement que ce soit le cas. Alors comme pour se réapproprier cet endroit beau mais douloureux, il se force à y passer du temps. Créer de nouveaux souvenirs, et si c’était ça une part de la solution ? Peut-être qu’il arriverait à appréhender la maison. Un peu plus. Les belles mémoires, ce sont principalement celles avec sa famille. Alors s’entourer des siens, c’est aussi une façon de refaire vivre cet endroit.
Ellie et Silas, en bons camarades de cuisine, se sont attelés à concocter un délicieux petit plat à Euros. Un chili sin carne. Quel plaisir d’avoir pu entendre le rire de sa fille raisonner dans la pièce. Une Ellie, toujours fidèle à elle-même, et excitée à l’idée de retrouver Euros. Elle l’aime beaucoup, c’est indéniable — tout comme Silas. Comment ne pas l’adorer ? Là est toute la question. «
Tu crois que je pourrais avoir une histoire avant d’aller dodo ? » que demande la petite fille, du haut de son marche-pied.
« Tu verras avec Euros, ce n’est pas avec moi qu’il faut négocier. » Il se doute bien de la réponse de son frangin, mais il laisse Ellie gérer ses affaires comme une grande. Il l’observe d’ailleurs préparer avec attention la recette, en suivant les indications données par son paternel. Soignée, elle l’est véritablement.
« Attention, je vais te couper le bout de ta langue. » que lui dit Silas d’un air malicieux. C’est son truc bien à elle quand elle est concentrée. Il y retrouve les traits de sa mère, même si Ellie tient tout autant de son père.
La sonnette retentit. Odie, couchée près de la cheminée, se réveille en sursaut, affolée, ne s’y attendant vraisemblablement pas — à juste titre, il n’y a pas foule par ici ces derniers temps. Silas aurait pu avoir la même réaction. Ellie s’agite dans tous les sens et prend l’initiative d’aller ouvrir la porte.
« Tonton Euros ! » qu’elle s’exclame, comme si c’était une surprise.
Bienvenue chez Ellie en tout cas, s’amuse à penser Silas. Bientôt, l’ombre du paternel surplombe la petite fille, pour accueillir son frère comme il se doit.
« Content de te voir. » On ne peut pas faire plus sincère que Silas à cet instant précis. Après une brève étreinte, il laisse son frère pénétrer dans la maison, l’ambiance se voulant la plus chaleureuse possible. Le feu de cheminée qui éclaire une partie du salon, une lumière tamisée mais suffisante, quelques bougies à droite et à gauche. En jetant un coup d’œil à son chez lui, Silas se dit qu’il va passer une agréable soirée en compagnie de sa fille, et surtout de son frère. Chaque moment ensemble est précieux, comme ça l’a toujours été depuis le début.
Euros et Silas, c’est avant tout une relation particulière, à leur façon. @Euros Gore