15 septembre 2024, poste de police
Septembre 2022. Sans aucun doute, le pire moment de ta vie. Ce soir-là, alors que ton patron s’emparait de ton corps sans ton consentement, tu avais arrêter de te battre. Cela faisait plus mal qu’autre chose, alors tu avais fini par subir cet abus. Ne laissant de toi plus qu’une coquille vide.
Septembre 2022. Ce même soir, tu avais appelé ton cousin en pleur. Tu lui avais expliqué les choses et l’avait supplié de revenir en ville. Que tu aurais besoin de lui, c’est ce qu’il avait fait.
Septembre 2022. En attendant que Célian arrive en ville, tu avais décidé de t’en remettre à la justice américaine. Tu te dégoûtais mais tu avais bien pris soin d’arriver dans l’état dans lequel on t’avait laissée. Pour ne perdre aucune preuve. Vide, tu n’en voulais qu’à une personne. Et tu voulais qu’il paye.
Décembre 2022. Malgré tout les preuves que tu avais pu fournir, l’affaire fut bouclée. Sans suite.
Synonyme de sans justice. Benjamin Kane avait toutefois proposé de mener de plus amples recherches. De continuer. Il croyait ta version et tu avais accepté son offre.
Mars 2023. Tu avais appris la réalité. Ce qui était aussi arrivé à Célian. Tu avais compris n’avoir été qu’un pion. Cette histoire ne touchait plus que toi. Ensemble, vous aviez convenu de vous venger. Si la justice ne voulait rien faire, si la police avait les pieds et les poings liés, vous vous étiez prêt à prendre les armes.
Septembre 2024, deux ans plus tard, tu retournes au poste de police. Tu n’as qu’un objectif : t’entretenir avec M. Kane. Cet inspecteur qui a toujours été de ton côté. Tu sais que tu ne peux pas lui dire que tu es entrée par effraction chez ton patron pour fournir les preuves que tu as fournies aux médias, avant même que ce dernier ait un accident. Tu ne peux pas lui dire ce que, à trois, vous avez vraiment fait pour qu’il paye. Pour qu’il perde tout ce qu’il avait. Son pouvoir.
Toutefois, lors de cet entretien, tu prends le temps de lui dire que tout est réglé de ton côté. Tu sais que l’inspecteur a vu les informations des derniers mois. Tu sais qu’il sait. Qu’à présent il doit se douter que tu y es pour quelque chose, mais tu sais qu’il ne te dénoncera pas non plus. Tu t’es vengée. Et à juste titre.
Lorsque tu ressors du poste de police, tu es légère. Tu t'arrêtes lorsqu’une brise d’air vient te frapper. Tu la respires, le cœur en paix. Tu es officiellement libérée et tu la savoures, cette liberté. Plus jamais, tu ne te laisseras ainsi détruire. Plus jamais tu ne mettras un genou à terre. Cette expérience aura au moins eu le bénéfice de t’apprendre la force.
C’est avec de nouvelles résolutions que tu sors du poste. Cela fait plusieurs mois que tu souris de nouveau à la vie, que tu fais des choses pour toi. Que tu te sens redevenir la femme forte et confiante que tu es. Aujourd’hui, pourtant, tout semble plus réel. Un chapitre se clôture et c’est ainsi que tu le ressens.
Une page se tourne. Une page qui fera toujours partie de toi, tu en es consciente, qui régira sûrement encore certains de tes actes. Qui aura toujours des conséquences mais que tu accepteras, que tu tenteras de modifier. D’atténuer. De grandir.
Aujourd’hui est un jour nouveau ! Et c’est de ce pas sûr et aventureux alors que la vie s’offre de nouveau toi que tu descends les marches du perron.
Habillée d’un pantalon en cuir moulant, d’un top à bretelle kaki surmontée d’un perfecto en cuir noir ouvert et de boote à talons, tu te diriges vers ta moto. Ta belle Ducati t’attend dans le fond du parking et tu as hâte d’enfiler ton casque, à ton bras, pour la chevaucher et repartir vers la liberté. Il faut dire que ce petit caprice de l’été -le permis moto et le bijou qui l’accompagne- ne font que donner de la force à ce sentiment.
Toutefois, tu n’as le temps de faire que quelques pas avant d’être coupée par une vue étonnante. Là, à travers les vitres d’une voiture de police. L’étonnement et la surprise te fixent sur place, en plein milieu du parking. Tu te tournes vers le mirage que tu penses avoir aperçu. La voiture se gare alors que tu te tournes vers cette dernière. Tu penses encore avoir rêvé ou confondu lorsqu’
il sort de la voiture.
S’il y avait bien un lieu où tu ne pensais pas voir cet homme, c’était bien ici. A vrai dire, tu pensais même qu’il était du genre à fuir ce lieu comme la peste… Mais non. Tu ne sais pas s’il t’a vu. Mais toi, tu ne rêves pas. Il est bien là, devant toi.
Qu’est-ce qu’un combattant clandestin fiche ici ? Ton cerveau carbure à mille à l’heure alors que la réponse est clair. Un détail ne trompe pas : il porte l’uniforme de police. Une seule réponse est possible toutefois ton esprit n’arrive pas à la formuler. Il reste bloqué.
Mais qu’est-ce que cet uniforme lui va bien… te susurre une petite voix. Tu n’as pas le temps de pester contre toi-même que l’homme du bar-combat clandestin lève les yeux et croise finalement ton regard. Ton corps réagit donc automatiquement -et peut-être bêtement-, ton bras se lève alors que ton doigt le pointe et d’une voix étonnée, tu dis simplement :
-
Toi !Tu ne saurais pas dire quelle distance vous sépare vraiment. Sous le choc et l’incompréhension, tu ne fais plus attention à ce qui t’entoure. Ce qui
vous entoure.