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{Hold, hold on, hold onto me
'Cause I'm a little unsteady.}
crédit/ gifhuntforyou feat. @Luis Soares

La nuit est tombée depuis longtemps sur Monterey mais toi, tu es encore dehors, marchant sur la jetée d’un pas vif. Non pas que tu puisses contempler l’océan ou la lune, car tes yeux brouillés de larmes rendent ta vision totalement floue. Tu n’arrives pas à faire la paix avec toutes les émotions négatives qui t’étreignent depuis plusieurs jours. Tout est en train de remonter à la surface et c’est une vraie catharsis que tu es en train de vivre. Dans ta tête, tourne les mots durs que tes proches ont eu pour toi. « T’es une sacrée salope, Allie. » Tu revois le visage figé par la colère de Pete, tu entends à nouveau les mots durs et dégradants qu’il a eu à ton égard, tu revois l’étau de sa main colérique sur ton bras. Tu n’étais pas attendu à ce qu’il prenne bien la nouvelle pour le bébé mais tu n’avais pas pensé que votre discussion serait aussi houleuse, aussi traumatisante. Cette discussion t’avait fait du mal. Mais peut-être pas autant que celle qui avait suivie avec tes parents. Leur déception t’avait blessée encore plus douloureusement que toutes les insultes que ton ex avait pu t’asséner. « Jamais de ma vie, je n’aurai pensé que ma plus grande déception viendrait de toi, Alejandra. Tu n’es plus ma fille, ce n’est pas possible. » Ta mère avait détaché chaque mot avec soin, et avec tout le drama nécessaire. Ton père n’avait rien ajouté mais la honte et le dégoût dans ses yeux avaient parlé à sa place. Ton frère et ta sœur n’avaient pas pris parti, jugeant sans doute plus sage de ne pas s’en mêler... Tu étais en train de déshonorer la famille, de la faire imploser et surtout tu avais tourné le dos à Dieu. Logiquement, les Soares devaient te tourner le dos aussi... Enfin, sûrement pas tous les Soares. Il y avait encore un membre dans cette famille qui ne te jugeait jamais et qui avait tourné le dos à la religion depuis bien longtemps... Le visage de Luis et son sourire chaleureux se dessinent alors dans ton esprit. C’est d’ailleurs chez lui que tu es en train de foncer pour t’épancher. Depuis que tu es toute petite, ton parrain est ton refuge dans la tempête. De l’époque où il collait des pansements sur tes genoux écorchés en séchant tes larmes à celle où tes chagrins sont devenus plus profonds, il a toujours été là pour toi malgré sa propre vie aventureuse... Il est grand temps que tu l’informes de ce qu’il t’arrive. Jusqu’à maintenant, tu ne l’avais pas fait, te répugnant à l’embarquer dans tout ça. Parce qu’une fois au courant, il serait indéniablement dans une situation compliquée vis à vis de son oncle. Mais désormais, il fallait que tu lui dises. Car tu as désespérément besoin de le voir, de puiser du réconfort dans sérénité qu’il t’a toujours apportée... Tu espères juste que tu ne vas pas le déranger vu que tu vas débarquer totalement à l’improviste...  

Arrivée au pied de son immeuble, tu tapes le code que tu connais par cœur, allant jusqu’à son palier puis tu frappes à sa porte. Il y a bien longtemps que tu ne t’embêtais plus à sonner à l’interphone vu le temps que tu passais par ici... Luis, dans sa grande générosité vous avait tous à procéder ainsi, vous faisant toujours vous sentir les bienvenus. Hélas, les minutes défilent et la porte ne s’ouvre pas, même quand tu frappes une seconde fois. Ton parrain n’était pas chez lui. Cette absence sape tes dernières réserves d’énergie. Tu te laisses glisser sur le palier, t’adossant à côté de la porte, repliant tes jambes devant toi, les enserrant de tes bras, posant ton menton sur ces dernières. Tu dois avoir l’air complètement pathétique, à attendre comme ça, surtout s’il a prévu de ne pas dormir chez lui. Mais tu attends, en désespoir de cause. Tu n’as pas la force de repartir pour aller chez Jamie ou Daphné... Tu ne sais pas combien de temps il s’écoule, mais ton attente finit pas être récompensée. Soudain, des bruits de pas dans l’escalier et ton parrain est devant toi. Les yeux rouges, tu relèves la tête, lui demandant d’emblée, d’une voix tremblotante. « Dis... Je peux rester dormir chez toi, ce soir ? »