Fin août 2024

Il existe une règle inébranlable entre Mina et moi : se dire la vérité. De ce que j’en sais, nous ne nous sommes jamais menti, mais plus encore, nous ne nous cachons rien. Des petits coups de cœur qui ne dureront pas réellement au coup d’un soir pour s'amuser, rien n’est tabou. C’est comme ça que ça marche. C’est de cette façon, et de cette façon seulement que nous parvenons à garder un équilibre salutaire.

Il y a un peu plus d’un mois, Ionas et moi avons échangé un baiser. Puis, une nuit. Et, encore une autre après ça. Ne rien dire me rend anxieux. J’ai voulu lui parler. J’ai vraiment essayé ! Alors pourquoi je ne l’ai pas fait ? Au fond, j’ai juste envie de protéger l’un sans avoir à blesser l’autre, ce qui, apparemment, est impossible à faire. Ce dilemme me déchire.

Sauf que moi, je les aime tous les deux. Je n’envisage pas de trahir la confiance de Ionas. Même en ignorant ce qui se passe entre lui et moi, il reste l’un de mes meilleurs amis. Il m’est inconcevable de contrevenir à notre code de l’amitié. D’un autre côté, dès que je pose les yeux sur ma femme, la culpabilité se rappelle à moi. Mina est merveilleuse. Elle l’a toujours été. Ce soir encore, je suis incapable de détourner le regard d’elle tandis qu’elle est occupée. Il n'est pas question de briser les promesses que je lui ai faites. Celles-ci sont aussi rares que précieuses.

L’idée de lui faire de la peine me brise le cœur. Pour arrêter d’y penser, je me glisse tout contre son dos, les mains sur son ventre. Je la fais danser au rythme d’une chanson que je fredonne lentement, la joue blottie contre la sienne. Quelle est la meilleure solution ? Quel est le bon choix ? Aucune idée. Je sais juste que me taire ne constitue pas une solution. La culpabilité me rend parfois distant. Ces derniers temps, je me montre parfois taiseux, comme pris au piège par mes propres pensées. Je sais qu’elle l’a noté. Peut-être même qu’elle se questionne. C'est tellement injuste pour elle.

Au milieu de notre petit appartement, je la fais virevolter en réfléchissant, encore et encore. Derrière elle, j'accroche un bras autour de ses épaules, l’autre enveloppe sa taille. Je me serre contre elle en l’embrassant sur la tempe. - Ich liebe dich. J’espère qu’elle n’en doute pas. Mes sentiments à son égard sont restés intacts. - Il faut que je te parle de quelque chose… L'angoisse s'infiltre dans ma voix. Je me déteste avant même d'avoir ouvert la bouche.

@Wilhemina Lazzari