La veille au soir, Deavon avait rejoint ses collègues de l'unité au bar pour une soirée décontractée. Lui, habituellement charmeur et sociable, avait attiré l'attention d'une jeune femme vive et entreprenante. Elle avait tenté de l'attirer dans une conversation plus intime, mais Deavon, pour une fois, avait mis un terme poli à ses avances. Il n'était tout simplement pas dans l'ambiance et voulait simplement profiter de la soirée, sans drague et sans complications. Il n'avait pas duré aussi longtemps que d'habitude d'ailleurs : il devait se lever relativement tôt le lendemain pour une virée avec Ionas. Relativement car Ionas n'était pas le plus matinal de la bande. Mais Deavon avait réussi à le convaincre, pour une virée en moto, rien de tel que l'air et la tranquillité du matin.

Après une nuit de sommeil courte mais réparatrice, Deavon se leva avec un sourire en pensant à la journée à venir. Petit-déjeuner, café, douche : une fois apprêté, Deavon descendit l'escalier jusqu'au garage, retirant la housse qui protégeait sa précieuse. Une Ducati noire, élégante, qu'il chérissait depuis des années. La moto n'était pas seulement un moyen de transport pour Deavon, mais un symbole de liberté et d'aventure, une extension de lui-même sur la route.

Il n'avait pas sorti sa moto du garage depuis quelques temps, mais l'occasion était trop belle. Ionas venait de s'offrir sa moto et la virée qui les attendait, promettait de belles aventures. Les quelques minutes de conduite qui le séparaient de la villa des Dimitriou lui suiffirent pour raviver son amour pour la liberté et l'aventure que seule la moto pouvait lui offrir.

Arrivé dans la maison d'Ionas, Deavon attendit quelques (bonnes) minutes avant que son ami pointe le bout de son nez dehors. Aussitôt qu'il le vit, Deavon le salua d'un signe de main et descendit de sa moto, casque sous la main.

"Mec, je nous ai prévu un sacré virée, tu vas adorer cette première fois j'te l'dis"

»Je n'ai jamais déçu personne j'te signale... » Il prend un instant, une moue pensive sur glissant sur son visage. « Bon ok, je n’ai jamais déçu mes potes si tu préfères » Sur ce point, c’est la stricte vérité. Il se reprend en souriant, réagissant à l’œil suspect que son ami commençait déjà à lui jeter. Ils se connaissent trop bien pour mentir, même de petits mensonges anecdotiques comme celui-ci. C’est ce qui ressort de quinze ans d’amitié indéfectible. Une connaissance quasi parfaite les uns des autres. Bien sûr, il reste certains secrets, des parts d’eux inavouées mais la majorité a déjà éclaté au grand jour des années auparavant, forgeant leur amitié autour de liens profonds et sincères. Pour Deavon, c’est sa relation brutale avec son père qui a, la première fois, marqué au fer rouge ses 3 amis dans son cœur.

« T’inquiète pas, j’ai choisi une longue route tranquille et à cette heure-ci, pas trop empruntée... Mais faut qu’on se bouge mon p’tit ! Y en a au moins pour 3 heures aller-retour, ça dépend de ta vitesse » Il lui adresse un sourire confiant et alors qu’il s’apprête à enfiler son casque fait signe d'un doigt en l'air qu'il vient de se souvenir d'un élément important. Il tâtonne ses poches à la recherche du saint-graal. « Ah attend j’allais oublier ! » Il descend de moto, pose son casque, retire ses gants et attrape dans sa veste un paquet évidemment non emballé. « L’indispensable pour toute ballade en moto ! Cadeau ! » Il s’approche de la moto de Ionas et lui tend le paquet, heureux de pouvoir lui offrir son premier cadeau de motard. « Un intercom’ mec, c’est pour qu’on puisse se parler à travers nos casques. Ca évitera des longues discussions en solitaire. Mais bon si tu parles trop je peux aussi le couper en un clic... Et si tu te perds au moins je peux te retrouver »

Il gratifie son ami d’une tape amicale dans le dos, heureux comme un gosse de pouvoir aller taquiner le bitume et l’air frais en moto avec lui. « Tu installes ça dans ton casque, je l’ai rechargé déjà... Tout se gère en commande vocal : on peut se parler, écouter ton gps, écouter de la musique... Bref, l’in-dis-pen-sa-ble ! » Il retourne près de sa moto et enfile de nouveau ses affaires avant de se réinstaller dessus.

« T’as déjà pris la 17 Mile Road en voiture ? Tu vas voir c’est la meilleure chose que cette ville nous offre en moto ! » Deavon connaissait cette route par cœur, chaque virage, chaque point de vue. Il s’y évadait quasiment chaque mois, en solitaire généralement. C’est la première fois qu’il partageait ce moment, et avec Ionas, cela semblait comme une évidence. « Bon elle est payante, et vu que y a plus personne au péage, la drague ne marche pas, j’ai essayé »Il vérifie une dernière fois que tout est en place, puis fait signe à Ionas de le suivre. Le ronronnement de son moteur emplit l'air et lui étire un sourire. La liberté.

« Évite de ruiner ta bécane dès le premier jour, ne fais pas ton Ionas tout de suite. » Un sourire moqueur sur les lèvres, Deavon jette un coup d'œil rapide à Ionas, qui ne peut nier qu'il est sûrement le plus maladroit des quatre. Sa meilleure excuse : son centre de gravité différent des autres. Deavon mettrait plutôt cela sur son étourderie légendaire, même s’il devait bien admettre que son ami avait beaucoup changé au fil des ans. Le voir ici, aujourd'hui, prêt à vivre une aventure inhabituelle sur cette moto, le rendait presque fier. Ionas délaissait son côté prudent et timide pour devenir de plus en plus téméraire. Pourtant, il restait quand même le plus posé des quatre, et Deavon avait bien besoin de cette stabilité.

Lorsque Ionas le remercie pour ce cadeau, Deavon lui adresse un sourire enchanté. S’il n’est pas le plus attentif, il n’en demeure pas moins généreux avec ses amis, toujours prêt à leur rendre service. Ce n’est pas un cadeau en tant que tel, c’est pour lui un simple attention qu’il a fait sans vraiment y réfléchir. « Je suis trop heureux de ressortir la mienne, ça faisait longtemps aussi ! » s'exclame-t-il, l’enthousiasme d’un enfant brillant dans ses yeux. Il jette ensuite un regard amusé à Ionas, qui s’apprêtait à faire une remarque bien sentie. « Je parle de ma moto, hein, ça va ! » ajoute-t-il avec un clin d'œil complice.

Deavon lui tapote l’épaule avant de monter sur sa propre moto. « J’essaie de draguer tout ce que je peux, je teste mon niveau de réussite continuellement tu le sais. Je fais des petits calculs comme ça pour savoir où j’en suis » Un sourire fier se dessine sur ses lèvres alors qu’il enfile lui aussi son casque et active l’intercom pour entendre Ionas s'amuser avec son nouveau jouet. « Faucon, faucon, on verra quand tu vas rouler déjà hein on se détend » Ironise-t-il, impatient de voir Ionas enclencher l’accélérateur.

Il démarre le moteur et s’élance à travers les rues. « Je t’ai pas dit y a aussi un super bouton dessus c’est le bouton MUET » Les rues encore endormie sont calmes, les boutiques et cafés fermés. Ils passent devant les maisons colorées et peu à peu, les rues s’étendent et s’ouvrent davantage. « Allez, Faucon Blanc, montre-moi ce que tu sais faire ! » lance-t-il avec enthousiasme, accélérant davantage. La route les mène rapidement hors de la ville, et bientôt, les immeubles laissent place à des collines et des forêts majestueuses. Des routes plus dégagées et des paysages plus vastes. « Carrément ! Je te laisse Tim.. Ah non non lui il va réussir à te foutre dans le ravin avec ses défis à la con... Tu prends Dante, il se mettra sûrement à jurer dans toutes les langues qu’il connait quand il décidera que t’iras pas assez vite ou trop mais t’as moins de risques de t’emplafonner une voiture avec lui » Deavon éclate de rire à sa propre remarque. « T’as vu !? Je suis prêt à prendre des risques à ta place ! » L’odeur de la mer se fait de plus en plus présente.  Son regard est attiré par les falaises escarpées et l'océan en contrebas.

Alors qu'ils s'approchent du péage de 17 Mile Drive, la route devient plus sinueuse. « Tu vois, que des automates froids et fermés à notre charme » dit Deavon en ralentissant légèrement à l’entrée du péage. Il paye les frais à la borne automatique avant de reprendre la route. « J’ai effectivement des trucs à te raconter et c’est peut-être plus facile à distance qu’en face à face » avoue-t-il en soupirant. Il n’a jamais été doué pour exprimer ses sentiments, bien au contraire. Mais de récents événements le tracassent, il a besoin d’en parler. La distance entre eux, l'air frais qui le frappe au visage, et la sensation de vitesse rendent tout cela bien plus facile. Nettement. Il pénètre dans la 17 Mile Drive, où les paysages se succèdent avec une beauté à couper le souffle. « Je vous ai pas raconté la suite de la soirée au lycée... Quand j’ai revu Nevada (Eliana) » Il fait une pause, rassemblant ses pensées, alors que les premiers virages révèlent des plages splendides.

« Selon mes calculs... Je suis toujours au top, un trentenaire comme on en fait plus » Répond Deavon en souriant sous son casque. Mais il sait bien que cette pensée n’est qu'une façade, une manière de se convaincre que tout va bien. Une façon de se cacher derrière une vérité plus facile à accepter. Cette aventure tombe à pic, il sait qu’il en a besoin et que Ionas est l’une des personnes avec qui il sera le plus facile de parler. C’est le plus discret des quatre. Même si Deavon a une confiance absolue en Tim, Dante et Ionas, il ressent ce besoin étrange de commencer par une conversation en tête à tête avant de rendre ce sujet public au sein de leur quatuor. Ils ne se cachent habituellement rien, et Deavon, en particulier, n'a jamais été du genre à dissimuler ses sentiments ou ses pensées. Il a toujours été d’une honnêteté brutale sur sa vie et ses sentiments, ils le connaissent par cœur et c’est une manière pour lui d’être totalement transparent, à l’aise avec qui il l’est, car il sait que Tim, Dante et Ionas savent tout de lui, sans secrets, sans détours. Le bon comme le moins bon. Ses plaisirs comme ses démons. Il n’a rien à cacher, rien à prouver, et c’est une sensation de liberté infinie. Mais cette fois, il a besoin d'un premier avis avant d'aller annoncer à aux deux autres inséparables ce qui le tracasse. Il sait que chacun réagira de manière différente et qu'il pourra trouver individuellement la réponse qu'il souhaite : qu'il ait besoin d'oublier, de parler, de fanfaronner, de boire, de se cacher, d'être rassuré, d'être poussé dans ses retranchements... Dante, Tim et Ionas ont chacun leur façon de faire et d'agir. Et à ce moment précis, il a besoin de l'oreille discrète de Ionas. Dans quelques jours, il aura sûrement besoin des conneries monumentales de Dante et du soutien indéfectible de Tim pour s'embarquer dans l'oubli d'une nuit.

Alors que la route s’ouvre devant eux, un sentiment d'évasion s'empare de lui. Il peut sentir cette même réaction chez Ionas, qui, emporté par l'excitation, accélère pour le dépasser. Le rire de Deavon résonne dans son casque et il se laisse lui aussi aller à des accélérations moins contrôlées. La route est large, vide, le risque est minime. En bon inspecteur de police, il sait qu’il ne prend à ce moment aucun risque. Mais il nierait cela devant un juge « On s’organisera ça, je suis sûr qu’avec un pack de bières et de la bouffe, ils diront oui tout de suite... Ça sera notre prochaine escapade, pour changer de l’intrusion dans le lycée » lance-t-il à Ionas en imaginant leur prochain rendez-vous. Cette simple idée d'une soirée bière et pique-nique après une aventure en moto lui semble être la meilleure qu'il ait eue depuis longtemps. En même temps, ces dernières semaines ont été marquées par une série d'idées pourries, ce n’était donc pas bien difficile.

Ils passent le péage, et Deavon sent l'excitation monter à nouveau alors qu'il accélère, le rugissement du moteur résonnant dans ses oreilles. Il est prêt à parler. Du moins, prêt à émettre l'idée de peut-être pouvoir, à un moment, parler de ce sujet épineux, quand les circonstances seraient réunies pour qu'il puisse, si vraiment on le poussait à le faire, aligner quelques mots en rapport avec la situation actuelle. Mais vraiment, il était prêt à cela. Ionas, comme à ses habitudes, sent bien l’énigme et le doute qui se logent dans la voix de Deavon, et il est bien décidé à les décrypter. Il le rassure, tente l’humour puis se laisse aller à une voix plus sincère et tout en douceur. La technique Ionas par excellence. Il sait exactement comment aborder ces conversations délicates, comment écouter sans brusquer, comment encourager sans laisser trop de place à l'évasion. Il sait y faire et il sait aussi très bien que si Deavon a enclenché la discussion, c’est qu’il est prêt à parler. Mais qu'il faut l'empêcher de divaguer trop longtemps.

« On peut faire un jeu pour que ça soit plus équilibré ? » propose-t-il finalement, cherchant à retarder encore une fois l'inévitable. Mais il sait que ce moment arriverait plus vite que prévu, que les mots finiraient par sortir. Après tout, Ionas était là, et avec lui, ses parades ne tiennent jamais très longtemps. « Alleeeeeeez dis oui Io' ! » S’exclame-t-il à travers à son micro pour s’assurer que les mots résonnent extrêmement fort dans celui de Ionas. La voix d'un enfant qui supplie pour qu'on l'aide. « Je balance une vérité, et toi tu m’en balances une aussi. Peu importe ce que c’est, même ta liste de courses d'hier soir, je m'en fiche, mais juste pour que je ne me sente pas trop con à ouvrir mon cœur tout seul. » C’est toujours plus facile si la personne en face joue aussi le jeu. Il accélère davantage sentant la puissance de sa moto répondre avec une précision familière sous ses doigts gantés. Protégé par la visière de son casque, il se laisse éblouir quelques instants par la beauté des visages qui défilent sous leurs yeux. À leur droite, l'océan Pacifique s'étend à l'infini. Il se sent minuscule face à la grandeur de ces paysages mais aussi totalement libre. Assez pour parler. Il tourne brièvement la tête vers Ionas qui roule à côté de lui et leurs regards se croisent. Même sans mots, Deavon sait qu’ils sont sur la même longueur d’onde.

« Tiens, justement, prochain arrêt le Lone Cypress, on va pouvoir se poser deux secondes  » Lance-t-il brusquement alors que le paysage change. Un spot qu’il connait parfaitement. Le grand arbre centenaire apparaît alors au détour d’un virage, seul sur son rocher. Un dernier coup d’accélérateur pour s’avancer vers cette zone un peu retirée. « Bon, on est pas censé s’y arrêter mais j’ai un passe-droit » Annonce-t-il fièrement. Il coupe le moteur de sa moto et resta assis dessus quelques instants, les deux pieds bien plantés au sol. Deavon fixe l'arbre, perdu dans ses pensées, attendant que Ionas gare sa moto à côté de la sienne.

« Déjà, j'avoue, je me suis pris une gifle. » Il lève la visière de son casque pour croiser le regard de Ionas. Un sourire lent s'étire sur son visage alors qu'il avoue avoir omis certains détails à ses amis. « Mais j'ai pas menti, on s'est vraiment embrassés... Et on s'est revu quelques jours après... Plusieurs fois... » Il soupire, haussant les épaules alors qu'il vient tapoter ses doigts contre la carosserie de sa moto. « Je me suis excusé... Déjà, c'était pas mal pour commencer... » Les mots sortent difficilement, lentement, mais il essaie de remettre le fil de ses pensées dans l'ordre pour essayer d'être le plus clair possible. Et de faire le point en même temps.

« A ton tour un peu, dis-moi un truc »

@Ionas Dimitriou

« Pas qu'un baiser...Si tu vois ce que je veux dire » Lance-t-il avec un sourire fier et la moue d'un gamin qui vient de voler des bonbons pour la première fois. Mais il doit aller plus loin. C’est pour cela qu’il est là. Avec Ionas.

Mais c’est un jeu auquel Deavon n’a pas l’habitude de jouer.

S’il a toujours été sincère et direct avec ses amis, il préfère généralement enfouir ses émotions, les tenir à distance, là où elles ne risquent pas de refaire surface au mauvais moment. Parce qu’elles choisissent toujours le plus mauvais timing pour s’échapper, et souvent sous une forme plus physique que verbale. Des démons de ses jeunes années qui le hantent encore. Pourtant, à cet instant il a envie de faire autrement. D’être plus adulte. Il sent que c’est différent et qu’il lui est presque impossible de tout garder en lui. Il ressent un besoin étrange, presque urgent, de parler. Comme si dire ce qui le pèse allait enfin lui permettre de sortir de sa tête les pensées qui le tourmentent depuis plusieurs semaines.

Une tempête d’émotions et de souvenirs.

Le retour de Nevada a fait remonter des années de souffrance enfouies sous le silence. Ce n’est pas seulement elle qui ressurgit dans sa vie, mais tout ce qu’il pensait avoir mis de côté depuis longtemps. Son adolescence marquée par la violence paternelle, cette haine inassouvie contre un père qui, malgré son décès, continue de le hanter. En fait, avoir recroisé le chemin de Nevada le ramène, sans le vouloir, à une période de sa vie qu’il aurait préféré laisser derrière. Et à des erreurs qu'il s'efforce d'oublier.

On a parlé du passé... Mais je lui ai pas tout raconté... » Les yeux baissés, il trifouille les graviers avec ses baskets, dessinant des ronds dans le sol. « C’était bien qu’elle soit loin… C’était plus facile… Je pensais que je l'avais oublié... » Il prend une inspiration, comme pour retenir les mots qui menacent de se déverser. Il hésite, cherche ses mots, hésite encore. « Elle ne sait pas ce qui s’est passé à cette époque-là… Elle a juste en tête que je l’ai trompée. Que j’étais encore impulsif et con... Normal… » Un silence. « Elle ne sait pas que c’était le bordel dans ma vie et que le décès de mon père m’a… bousillé... Je voulais pas qu'elle me voit faible à l'époque, et je le veux toujours pas aujourd'hui » Sa voix se brise un instant. Il laisse un silence pesant s’installer. « Tu sais, toi, vous savez… Mais pas elle. »

Les mots sont enfin sortis. Comment parler du futur quand le passé n'est pas résolu.

Il relève les yeux, croisant le regard d’Ionas. Dans ces instants-là, Deavon se rend compte à quel point ses amis le connaissent, à quel point ils voient ses faiblesses mieux qu’il ne le laisse paraître. Et même s’il n’est pas prêt à l’admettre, c’est presque intimidant.

Quand Ionas lui répond à son tour, Deavon sent un poids s’alléger encore davantage. Il sait qu'il n’est pas du genre à se confier facilement, alors l’entendre livrer une part de sa vérité le touche bien plus qu’il ne le laisse paraître. « Et qu’est-ce que tu aimerais faire plus que tout ? Si tu pouvais faire ce que tu veux ? » Il fixe l’horizon avant de reprendre. « T’as le droit de penser à toi, Ionas. On est tous là pour toi, si tu veux changer de vie... Et moi, je suis pas là que pour faire le con même si j'excelle dans cet art. Si t’as besoin de quelqu’un pour te donner un coup de main, je suis là... » Un large sourire se dessine sur son visage. « Bon, par contre, si tu te retrouves au chômage, compte pas sur moi pour te prêter du fric. En plus, Moustique (Irini) sauterait sur l’occasion pour me ruiner. »



 @Ionas Dimitriou