lazy morning ☽ In your eyes
I see something to believe in
Your hands are like a flame
It brings the sweetest pain @Maureen Fraser    

Depuis qu’il avait pensé à cette possibilité, Alan n’arrivait plus à se sortir de ce scénario. C’était certain, il était impossible à atteindre. Il l’avait bien poncé, ce côté de sa personnalité. Toujours faire attention à ce qu’il disait, faisait. Son habitation, rien d’important s’y trouvait, simplement du mobilier. De quoi y vivre sans plus. Histoire d’avoir une adresse pour des papiers, pour des comptes. La plupart de son temps, l’homme le passait à la base, ou bien quelque part qu’il se gardait. De ce coin-ci, c’était impossible. Du côté de la famille, c’était aussi une piste qui se refroidissait, il n’avait plus de contact avec ces derniers. En plus de vivre de l’autre côté du globe dans une petite ville rurale d’Australie… Il ne laissait aucune trace sur le net, bien trop précautionneux, parano certains diraient même… Il n’y avait qu’à voir l’enquête de Caleb, qui était un détective de renom, qui pataugeait. Mais c’était tout simplement du pur Alan.

Bonnet sur les oreilles, il se trouvait dans un pays glacial au moment de la réflection. Personne ne pouvait l’atteindre. Du moins, c’était ce qu’il pensait… Avant de voir une photo, une petite image qui ne semblait pas bien méchante. Une où il se trouvait aux côtés de Maureen. Probablement pour faire de la promo à l’hôtel où ils avaient pris une boisson ensemble sur le toit avant d’avoir un moment plus intime. Un cliché qui pour n’importe qui serait anodin, bien que la Fraser était une star de l’écran. Pour Alan, c’était une faiblesse. Puisqu’elle pouvait devenir une cible. Chose qu’il ne voulait pas du tout, c’était impensable même. Mais, trop tard… Elle se trouvait déjà sur le net, c’était qu’elle était déjà disponible pour ceux qui le traquait aussi… Il n’avait pas beaucoup de temps pour agir, il devait faire son choix rapidement. Celui de rester dans l’ombre, loin de tout danger pour mieux surgir et faire payer ce qui venait de se produire. Quitte à laisser Maureen dans un danger qu’elle ne savait même pas existant. Ou… Aller la rejoindre, la vérifier par lui-même que tout allait bien avant de mettre en place des mesures lui permettant de n’avoir aucun danger à courir… La réflexion n’était pas longue, même pas le temps d’une seconde avant de prendre son sac et de commencer à se mettre en mouvement…

(quelques heures plus tard, jours tout au plus…)

Alan savait que Maureen logeait très souvent dans des suites d’hôtels. Elle n’avait pas de domicile à elle à proprement parler, mais préférait plutôt le côté libre que lui offrait de n’avoir aucun endroit fixe, pouvant être là où son travail le demandait sans réel souci. Une vision qui pouvait s’appliquer à lui aussi quelque part. Il ne lui fallait pas longtemps pour trouver là où elle créchait. Il avait encore accès aux informations, il restait tout de même quelqu’un avec beaucoup de ressources. Il ne lui fallait pas longtemps pour s’y rendre, étudiant même l’emploi du temps de la femme pour ne pas commettre l’infraction sous ses yeux, préférant une approche bien plus discrète, plus Alanesque. Il venait donc se mouvoir dans la nuit, pour rejoindre l’appart-hôtel, avant de s’installer dans un coin sombre de la pièce. Quelque chose qui pouvait être effrayant si la personne était quelqu’un d’autre que l’Australien. Quelque part, c’était sa façon à lui de montrer qu’il tenait à quelqu’un. Dans le coin d’une porte, il attendait qu’elle revienne, allumant la lampe pour surgir. Elle allait le prendre pour un fou probablement, mais il s’en foutait. Sa sécurité était bien plus importante qu’un jugement. Surtout qu’elle ne semblait pas enclin à vouloir garder contact, ou simplement avoir quoi que ce soit à faire avec lui…

 

distant angel ☽ In your eyes . I see something to believe in. Your hands are like a flame. It brings the sweetest pain @Alan Murray    

Ton sac de voyage à la main, tu sors du taxi qui t’a amenée depuis l’aéroport, pressée de prendre un bain chaud et de te mettre au lit. Tu es exténuée. L’entraînement physique pour ton prochain film, les allers-retours entre Los Angeles, New-York et Monterey et l’inquiétude que tu ressentais pour ton frère te prenaient toute ton énergie… Déconvenue ultime, ton hôtel favori, le Palm Ressort affichait complet et tu avais dû te rabattre sur un appart hôtel beaucoup moins luxueux pour passer les nuits à venir. Finalement, cette histoire de colocation avec Norah n’était peut-être pas une si mauvaise idée que cela… Prise dans ces réflexions et dans ta lassitude, tu récupères tes clés à la réception avant de rejoindre l’appartement qu’on t’a attribué, poussant la porte avec un soupir de soulagement. Les volets sont tirés, l’endroit est plongé dans l’obscurité. Regrettant déjà l'éclairage automatique du Palm, tu tâtonnes sur le mur à la recherche de l’interrupteur. Cependant, alors même que tes doigts ne rencontrent nullement ce dernier, la lumière jaillit brusquement. Tes yeux se posent alors automatiquement sur la source de cet éclairage soudain, croisant une autre paire de yeux. Il y a un homme dans ta chambre. IL Y A UN HOMME DANS TA CHAMBRE !! Réflexe primaire, pour ne pas dire primal, tu pousses un cri, laissant tomber tes sacs, la peur inondant chaque fibre nerveuse de ton corps. Tu es trop paralysée pour songer à t’enfuir. Ton cœur bat comme un fou, faisant pulser le sang dans tes oreilles, t’empêchant d’assimiler les informations que ton cerveau essaye de t’envoyer, pendant de trop longues secondes… Mais finalement, tu reconnais enfin l’intrus qui vient de surgir devant toi. Momentanément privée de paroles, posant une main sur ton cœur, tu contemples un visage que tu ne pensais plus jamais revoir. Alan, c’est Alan. “ Co…comment es-tu entré ?” Bégayes-tu maladroitement, toujours pas remise du choc. Puis avec un petit temps de retard, tu réalises que ce n’est absolument pas la question la plus pertinente à poser. Car tu as beau avoir identifié ton “cambrioleur”, la peur ne retombe absolument pas. Au contraire. Tu ne savais pas grand-chose de cet homme, à part ce qu’il avait bien voulu te dire. Or, il t’avait plus ou moins fait comprendre qu’il était dangereux… Tu avais pensé qu’il exagérait et que c’était un jeu mais là, tu dois bien reconnaître que tu ne te sens pas en sécurité. Qui entrait comme ça chez les gens ? Pourquoi ? Pire, comment savait-il que tu allais passer la  nuit précisément ici ? Aucune des potentielles réponses n’était rassurante… Néanmoins, tu essayes de ne pas montrer ta peur de manière trop évidente. Tu lèves les mains bien haut, voyant qu’il fait mine de s’approcher. “ Ne t’approches pas de moi. Si tu fais un pas de plus, j’appelle la police. ” Dis-tu d’une voix bien plus ferme que ce que tu ressens vraiment. Subrepticement, tu jettes un discret coup d'œil au sac à tes pieds, te demandant combien de temps il te faudrait pour réussir à ramasser la bombe au poivre qui se trouve dans ton sac. Mais essentiellement, tu ne quittes pas Alan des yeux. Son visage est comme un masque impénétrable, bien différent de celui de l’homme dont tu te rappelles. Ce qui ne fait qu’accentuer l’état d’alerte dans lequel tu te trouves. Lors de ton accident, il t’avait fait te sentir en sécurité mais là, c’était tout le contraire. Quelque chose semblait différent chez lui… Une lueur de dureté nouvelle dans le regard peut-être... “ Qu’est-ce que tu fais là ? ” Demandes-tu, sèchement avant d’essayer de contre-attaquer, de reprendre l’avantage.. “ Peu importe, je ne veux pas le savoir… De quel droit, tu penses que tu peux entrer comme ça, chez moi ?”

 

lazy morning ☽ In your eyes
I see something to believe in
Your hands are like a flame
It brings the sweetest pain @Maureen Fraser    

Alan ne savait pas depuis combien de temps il se trouvait dans cette suite. Cela ne l’importait que peu. Le plus important était d’attendre l’arrivée de Maureen. De s’assurer qu’elle aille bien, c’était son objectif. C’était la seule raison qui l’avait fait se déplacer. Ne pas demander via un téléphone quelqu'un de s’en charger. Non, il était seul, il voulait le rester. Il n’aurait pris de risque pour personne au monde. Sauf pour elle. Maureen était différente. Ne pas savoir si elle allait bien réussissait à faire douter l’Australien. Il ne se sentait pas bien, pas droit. Quelque chose n’allait pas quand il avait cette pensée en tête. Alors, il avait décidé de faire tout ça. Sans lui demander, non. Il préférait faire de sa manière. Quitte à brusquer…

Il était dans le coin de la pièce, lorsqu’il entendait le bruit de la clef, la porte qui s’ouvrait. Telle une ombre, il ne flanchait pas, ne faisait aucun bruit qui puisse trahir sa présence, il devait d’abord s’assurer que c’était bien elle, seule et pas suivie. Lorsqu’elle fermait la porte et allumait la lumière, elle avait une réaction qui était tout à fait normale. Paniquée, elle lâche un cri qu’Alan aurait préféré éviter. Mais il n’allait pas non plus la kidnapper ou lui mettre la main sur la bouche pour la retenir, il n’était pas à ce point là. Quand elle lui demandait comment il était entré, il ne répondait que vaguement. “ Ce n’est pas le plus important pour l’instant, est-ce que tu as été suivie ?” Il ne bougeait pas, il se tournait simplement pour vérifier que la fenêtre avait bien le rideau par dessus. Il voulait en savoir plus, être fixé au plus vite, il faisait un pas vers elle, tout en commençant. “Maureen… Est-ce que…” il n’avait pas le temps de finir qu’elle le coupait, le menaçant d’appeler les forces de l’ordre. Il devait bien avouer qu’il s’en passerait bien, il s’arrêtait, levant les bras avant de faire un ou deux pas en arrière. “Très bien, je reste à distance si ça te permet de te sentir en sécurité. Je ne suis pas là pour te faire du mal, au contraire…” Elle venait lui lancer rapidement ce qu’il faisait là, et de lui faire remarquer qu’il n’avait pas le droit d’être là. Elle disait vrai, il n’avait rien à faire ici. Mais Alan étant Alan, il n’allait clairement pas s’arrêter parce qu’une règle ou quelque chose lui dirait le contraire. S’il avait un objectif en tête, il ne s’arrête plus, il fonce.

“Justement Maureen, je suis là pour m’assurer que tout va bien.” Il essayait de lui faire comprendre que les choses étaient graves. Il avait toujours ce côté ferme, il ne voulait pas qu’elle comprenne de travers, il voulait qu’elle se rende compte rapidement que ce n’était pas des blagues. “Il… Il s’est passé des choses très graves. Est-ce que quelqu'un à essayer de te joindre ?” Il avait des marques au visage qui ne trompaient pas. Avant de reprendre à nouveau. Sans y aller par mille chemins. “J’ai de fortes raisons de penser que des gens veulent s’en prendre à toi. C’est pour cette raison que je suis là, chez toi. Pour…” Il s’arrêtait, une ou deux secondes pour regarder dans les yeux la petite femme, avant de reprendre. “Pour m’assurer que tu allais bien…” il venait lui avouer, avant de faire un pas de recul, à moitié s’asseoir sur un meuble dans son dos. Il baissait la tête. Maureen était l’une des premières personnes qu’il voyait depuis la trahison, depuis cette tragédie. “Je suis…” Il soufflait, avant de reprendre. “Je suis aux yeux du pays décédé.” Il levait les yeux vers elle. Depuis le couteau dans le dos, il avait vu sur ses dossiers, ainsi que sur les nouvelles qui étaient revenus de sa mission qu’il était considéré comme mort au combat, comme ses frères. Sauf qu’il était toujours là, toujours debout. Désireux de vengeance, désireux de faire payer à tous ceux qui sont impliqués dedans. Mais tous ça commençait par ce passage. Peut-être l’une des dernières fois où Alan pouvait être un homme, pouvait ressentir des choses, être encore vivant quelques minutes, heures tout au plus avant d’aller se transformer à nouveau en machine. “Tu as déjà vu Alan Murray, mais jamais Grizzly.” Il venait fixer sur son lit un masque, son masque en tête de mort. Il venait terminer à nouveau sur l’information importante. “Grizzly est toujours en vie, Alan Murray est tombé avec ses frères il y a quelques jours…”

 

distant angel ☽ In your eyes . I see something to believe in. Your hands are like a flame. It brings the sweetest pain @Alan Murray    

Alan ne s’alarme pas un instant face à ta réaction outrée vis à vis de son intrusion, t’assurant que ce n’est absolument pas le important. Tu es prête à soutenir le contraire et à la renvoyer dans les cordes mais avant que tu n’ais pu le couper, il te demande si tu as été suivie. Tu refermes la bouche choquée. La question t’effraye, autant que la brève expression d’inquiétude que tu as l’impression de voir passer sur son visage. Sans compter les regards furtifs qu’il lance sans cesse en direction de la fenêtre. Pourquoi diable quelqu’un t’aurait suivie ? Tu as l’impression d’être dans un mauvais film d’espionnage. Et tu dois bien avouer que tu ne sais plus quoi penser. Dans le doute, tu l’empêches de t’approcher de toi, désireuse qu’il reste à distance tant qu’il ne t’a pas donné un peu plus d’explications. Tu vois une brève lueur s’allumer dans son regard, comme si l’idée que tu puisses avoir peur de lui, lui était insupportable. Mais il respecte ta volonté, levant les mains en signe de reddition, reculant pour libérer ton espace vital. Il te jure qu’il n’est pas là pour te faire du mal, qu’au contraire, il est là pour te protéger, pour s’assurer que tu vas bien. Et tout à coup, ton instinct te souffle que c’est plus logique que ce que tu avais imaginé en le trouvant là, plus en adéquation avec ce que tu avais déjà pu voir de lui, de ce qu’il a déjà fait pour toi. Sans compter qu’il a l’air sincère. « Alan... Ça ne me rassure pas du tout, non plus. Pourquoi quelqu’un voudrait me suivre ?  Il faut que tu m’expliques… » Souffles-tu néanmoins. Si lui n’était pas le danger, où se trouvait ce dernier ? Essayant de démêler la situation, tu le regardes plus attentivement. Il a toujours cet air extrêmement grave, sans doute destiné à te prouver qu’il ne plaisante pas. Si bien, que tu renonces rapidement à demander si c’est une blague ou une caméra cachée. A la place, tu réponds sincèrement à sa question. « Je vais bien... Je n’ai rien remarqué de bizarre... Non, rien à signaler. A part toi bien sûr. » Dis-tu, toujours perturbée par son intrusion. Sauf que bien entendu, tu ne te savais pas en danger, donc tu n’as pas été particulièrement vigilante….

Cependant, le temps de l’insouciance est bel et bien terminé. Il suffit de le lire sur le visage tourmenté de l’Australien. En le scrutant pour essayer de déceler la vérité, tu as bien remarqué qu’il a l’air épuisé, aux abois. Sans compter les blessures qui marquent son visage…  Il n’a plus rien de l’homme décontracté de la dernière fois. Il te confirme verbalement qu’il s’est passé quelque chose de très grave et te donne finalement les détails que tu as réclamé. Sauf que bien entendu, ceux-ci n’ont rien de réjouissant. Tu pâlis, sentant son angoisse te gagner. “ S’en prendre à moi ? Genre me tuer ? Quels gens ?” Demandes-tu à nouveau, ne comprenant toujours rien, à part qu’effectivement, la situation semble sérieuse. Toutefois, malgré ta peur, tu remarques qu’il répète qu’il avait besoin de vérifier que tu allais bien, comme si rien d’autre ne comptait à ses yeux. A vrai dire, il bute sur ses mots, croisant ton regard, paraissant tout à coup… vulnérable. Ta sécurité a l’air de vraiment lui importer. “ Je ne pensais pas que tu te souciais autant de moi.” Tu avais voulu sonner un peu mordante, ce qui était certes puéril vu la situation, mais nécessaire pour ton amour-propre. Sauf que ta voix a plus de douceur que prévu. Ton ressentiment s’était un peu estompé. Tu as du mal à rester en colère contre lui, peu importe à quel point tu veux l’être. Et il doit le sentir. Estimant sans doute que tu ne vas pas le frapper ou appeler la police, il baisse un peu la garde, s’appuyant contre une commode. Toi, tu ne bouges pas, restant dos à la porte. Tu vois bien à la manière dont il prend son souffle et qu’il cherche ses mots, que tu n’es pas au bout des chocs à venir.

Et effectivement, tu es amenée à entendre rapidement des mots tout sauf ordinaires. “Je suis aux yeux du pays décédé.” Dit-il, d’un ton chargé de sous-entendus. Il te parle ensuite d’un grizzly, faisant en sorte que tu remarques le masque posé sur le lit, un masque à l’effigie d’une tête de mort carrément flippante, puis il te parle de ses frères qui sont morts. Le flou subsiste dans ton esprit mais il vient tout de même de te donner quelques éléments pour dérouler le fil. Tu poses donc les questions qui semblent le plus logique. “ Donc tu fais vraiment parti des forces spéciales ou quelque chose du genre ? Et ton nom de code, c’est grizzly ?” Finalement, lors de cette fameuse soirée à l’hôtel, tes suppositions n’étaient pas si ridicules que ça… Et aussi, peut-être bien qu’il ne t’avait pas tant mené en bateau que ça, lorsqu’il t’avait affirmé qu’il ne pouvait pas répondre à tes appels. S’il était au milieu d’une tuerie, il avait peut-être mieux à faire… “ Je sais que tu n’es pas en train de me faire une mauvaise blague, que tu ne mens pas mais bordel, ça fait beaucoup d’un coup…” Tu passes ta main dans tes cheveux, fuyant son regard quelques instants, sentant une migraine épique poindre. Tu n’es qu’une petite actrice avec une carrière sur le déclin. Les complots, les menaces de mort, les alias et les gens dangereux ne font pas partis de ton univers. “ Ton unité a été attaquée ?” Demandes-tu ensuite d’une voix moins assurée, après quelques instants, car tu avais bien entendu quand il avait dit que ses frères étaient décédés, ce qui devait être extrêmement traumatisant pour lui. “ Tu as été blessé ?” Il y a de l’inquiétude dans ta voix. Car malgré tout, tu éprouves une forte compassion pour lui sans compter que ton cœur avait manqué un ou deux battements en réalisant qu’il aurait pu mourir aussi. Ton attachement à cet homme était bien là, aussi atypique puisse être votre relation. Même si tu essayes de ne pas te laisser aveugler par ce dernier. “ Ce n’est pas pour paraître insensible mais je ne vois toujours pas ce que ça a voir avec moi…” Martèles-tu donc.

 

distant angel ☽ In your eyes
I see something to believe in
Your hands are like a flame
It brings the sweetest pain @Maureen Fraser    

Maureen avait toutes les raisons du monde pour mal prendre la présence de Murray. Il n’avait clairement rien à faire ici, encore plus avec la dernière discussion. Elle ne voulait probablement plus jamais le voir, et lui, de son côté, avait fait du typiquement Alan. Ne pas écouter et venir tout de même. Mais il ne pouvait pas faire autrement, il devait s’assurer par lui-même que tout allait bien. C’était plus fort que lui. Placé dans cette pièce qui s’allumait, suivit de sa réaction, Alan ne flanchait pas. Il restait de marbre, alors qu’il venait lui poser une question de manière expéditive, comme ne prêtant plus attention au fait qu’il venait d’entrer quelque part où il n’avait pas le droit. Sa sécurité était plus importante que le fait de l’énerver. Toujours sur le qui-vive, il ne perdait pas le fait qu’elle aurait pû être suivie. Il restait prêt, il gardait les entrées, fenêtres comprises non loin, et sous surveillance alors qu’il s’apprête à faire un pas vers elle. Lorsqu’elle ne se montre pas réceptive, même sur la défensive, il ne va pas plus loin. Faisant preuve de bonne foi, il lui explique qu’il n’est pas là pour lui faire du mal. Il ne peut rien lui faire. Maureen ne le savait pas encore, mais elle faisait partie de ces quelques personnes dans ce monde qu’Alan ne pourrait pas toucher à un cheveu. Bénédiction vu par certains, malédiction pour d’autres. Il ne lui voulait que du bien. Et c’est de cette initiative, de ce sentiment qu’il était là. Son cœur avait fait le choix pour lui, bien qu’il pensait venir de la tête. De sa cervelle. Quand elle demandait des réponses plus que légitimes, Alan n’avait pas de problèmes à vouloir lui donner, mais comment ? Il pouvait tout lui dire, mais d’un autre côté, lui donner autant d’informations pourrait la mettre encore plus en danger. Mais l’était-elle pas tout aussi avec lui non loin? Il ne savait pas tellement, alors, pour lui répondre, Murray commençait. “C’est… C’est une histoire compliquée, tu n’y es pour rien… Mais j’ai l’intuition que des personnes pourraient s’en prendre à toi.” Alan était comme un chien de garde. Quand il sentait quelque chose, il ne lâchait pas. Il se transformait en un vrai chasseur, il faisait tourner la table, pour être toujours celui qui était à la poursuite de l’autre. C’était ce qu’il comptait faire dans les jours à venir. Il hochait de la tête quand elle lui annonçait qu’elle n’avait rien remarqué de bizarre, et une agréable sensation venait se placer contre son cœur quand elle lui disait aussi qu’elle allait bien. Soulagement pour le soldat. C’était la meilleure nouvelle de la soirée. Le reste importait peu à côté de celle-ci.

Maureen était dépassée, qui ne le serait pas dans cette situation ? Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il restait à distance, elle ne voudrait peut-être pas de ce contact. Alan n’était pas le genre de personne à attendre la permission pour faire quelque chose, c’était plutôt l’inverse même. Mais Maureen était quelqu’un de très spéciale. Elle réussissait à provoquer des réactions qui n’étaient pas celle espérée de l’Australien. Il ne venait pas lui dire le mot en question, mais il venait reprendre. “Te faire du mal.” Son regard se fermait, expression qui montrait sa détermination. Sa parole, il ne la donnait jamais, mais il se faisait la promesse que personne en ce monde n’était prêt à toucher à Maureen. “ Je laisserais personne te faire du mal, sois en certaine.” Il venait baisser la tête quand elle lui partageait qu’elle ne pensait pas qu’il se souciait autant d’elle. Si elle savait… Mais il ne pouvait pas lui dire comme ça, ses actions en disaient plus que ses mots. En plus d’être celle qui avait réussi à trouver l’Alan enfouis, elle était aussi la dernière raison de ne pas lâcher une machine de guerre dans les rues de la ville. Son dernier lien vers le monde des vivants. Lui qui avait tant vécu entre les deux mondes. Elle était là, son visage était ce qu’il voyait quand il fermait les yeux. Il ne pouvait pas la perdre, personne ne pouvait lui prendre Maureen, ou Alan allait faire pleuvoir la mort. Le moment était venu de lui annoncer la seconde bombe…

Il faisait un geste de la tête pour confirmer quand elle lui demandait s’il faisait partie d’une force spéciale. Il venait ensuite, toujours adossé à cette commode. “ Une unité anti-terroriste. Parmi les meilleurs du monde.” Il regardait son masque, avant d’ajouter à nouveau. “C’est ça, Grizzly c’était mon nom.” Il a les souvenirs de la dernière opération qui remonte à cette trahison. Ses frères d’armes tous au sol. C’était beaucoup pour elle, peut-être trop. Mais il se montrait sincère. Il n’avait jamais révélé autant. Après tout, il lui avait promis de lui répondre à ce qu’elle voulait la dernière fois, ce n’était en quelque sorte que partie remise. Il ne voulait pas la blesser, encore moins la choquer ou lui faire peur, mais maintenant que son monde pouvait lui tomber dessus, savoir ce genre de chose ne pouvait peut-être que l’aider. Que le danger était là. Regard figé, il répondait. “Oui. Des attaques, on en subissait tout le temps. Sauf que…” Il lui fallait une ou deux secondes pour reprendre. “Elle n’était jamais venue de derrière.” Il ne bougeait pas son regard, toujours figé sur l’objet devant lui, sans trop savoir ce que c’était, il ne cherchait pas plus loin, il servait juste de point d’ancrage. “ Il n’y a eu aucun survivant. Je les ai tous entendus à la radio, je les ai vus de plus loin.” avant de se stopper à nouveau, pendant qu’elle venait lui demander s’il était blessé. “Ce n’est que secondaire ça, tant que ceux qui ont provoqué tout ça respire encore. Et que toi, tu ailles bien.” Il était tranchant dans ses mots, mais une chose était sûre, l’heure des fautifs était comptée. Elle venait finalement lui rappeler qu’elle ne comprenait pas son rôle dedans. Alan se lançait dans un monologue. “Je ne sais pas si tu as déjà essayé de me trouver. Sur les réseaux, aux enregistrements… Tout ça. C’est quasi impossible.” Il la regarde ensuite. “Je n’ai rien. Les seules informations disponibles sont fausses. Je n’ai personne. Pas de domicile connu. Une vraie couleuvre. Si un jour ce scénario se produisait. Sauf que…” Son regard est un peu plus intense. “Une photo de nous sur le toit de l’hôtel à fuitée… Ce qui te place comme cible. Jamais tu aurais dû te retrouver à cette place, c’est de ma faute…”

 

distant angel ☽ In your eyes . I see something to believe in. Your hands are like a flame. It brings the sweetest pain @Alan Murray    

Comme lors de vos échanges téléphoniques, Alan se montre mystérieux, t’embrouillant encore plus par ses réponses sibyllines, ne répondant vraiment jamais à tes questions. Il semble lutter contre lui-même à chacune d’elle, ne sachant sans doute pas s’il peut vraiment te dire la vérité. Et finalement, il décide sans doute que non, il te parle d’histoire compliquée, ce qui en plus d’être incroyablement vague, semble être l’euphémisme de l’année vu que visiblement, quelqu’un veut s’en prendre à toi. Sur ce point là, par contre, il est parfaitement clair… Lentement, tu t’adosses à la porte d’entrée, n’osant toujours pas faire un pas dans l’appartement, te sentant de plus en plus effrayée. Tu aurais voulu te montrer brave mais tout ça, c’était vraiment trop pour toi. Tu sens ton coeur battre un peu trop vite, des palpitations dûes au stress, ralentir ta respiration. Et peut-être qu’il le remarque car c’est pile ce moment-là qu’il choisit pour prononcer les premiers mots rassurants de la soirée. “ Je laisserais personne te faire du mal, sois en certaine.” Et cette fois, tu es bien incapable de lui rire au nez car il le dit avec tant de conviction, de détermination que tu ne peux le croire. La lueur protectrice, presque animale, qui luit dans son regard ne laisse aucune place au doute. Et surtout, il t’avait déjà prouvé une première fois à quel point il était capable de prendre soin de toi. Et pourtant… C’est mal de connaître de penser que tu vas lui faciliter la tâche. “ Et explique-moi au juste, comment, je suis censée te faire confiance ? Qu’est-ce qui me prouve que tu ne vas pas disparaître à nouveau ? ” Demandes-tu, croisant les bras, essayant de reprendre le contrôle de la situation…

Cependant, tu finis par obtenir certaines réponses quand même. Et tu dois bien avouer qu’elles t’apaisent un peu. Car il te révèle que son unité était l’une des meilleures dans la lutte contre le terrorisme. Donc il lutte bel et bien contre les méchants, au lieu d’en être un malgré le masque complètement flippant qui gît sur ton lit. Tu baisses légèrement la garde à son égard même si le reste continue de te faire peur. “ Ce sont des…terroristes qui en ont après nous ?! ” Bégayes-tu avant de finir par te taire de toi-même.  Car Alan est en train de raconter cet épisode traumatisant qu’il vient de vivre et tu ne veux pas l’interrompre. Soudainement, il ne te regarde plus, fixant un point au loin, sa voix devenant monocorde, comme si finalement ce moment ne lui appartenait pas. Sa façon à lui de se détacher des horreurs qu’il est en train de raconter ? En tout cas, tu t’en veux un peu parce qu’à cause de ton besoin de réponses, tu le forces à revivre ce moment. Et peu importe ton état d’esprit actuel vis à vis de lui, c’est cruel… Rien que de l’entendre dire que son escouade subissait en permanence des attaques te secoue. Qui pouvait vraiment avoir ce mode de vie sans péter les plombs ? Tu te rappelles alors de ce que ton père t’a appris à propos du patriotisme, de ses hommes prêts à tout sacrifier pour protéger le pays et tu te sens encore te radoucir à l’égard de l’homme qui te fait face. Et encore plus, quand il parle d’une voix blanche de ce qu’il a vu ou entendu. “ Je suis désolée… Ça a dû vraiment être terrible… Surtout si tu n’as rien pu faire...” Tes mots sont vraiment maladroits, et insuffisants face à l’épreuve qu’il traverse. Alors finalement, la compassion l’emporte sur la méfiance, et tu avances de quelques pas pour te rapprocher de lui et poser une main réconfortante sur son épaule. Tu es forcée de constater que comme lors de vos deux premières rencontres, tu ne résistes pas longtemps à l’aura de cet homme. Et encore moins à sa détresse…

En revanche, son entêtement est un trait de caractère que tu découvres, lorsqu’il refuse de parler de ses blessures, semblant placer sa vengeance au-dessus du reste. Enfin, pour être tout à fait juste, il parle aussi de ton bien-être, ce qui te touche une nouvelle fois malgré les circonstances… Ce qu’il ne sait pas lui non plus, c’est que de l’obstination, tu en as aussi à revendre. “ Si tu es blessé, je ne vois pas comment tu vas pouvoir me protéger. Alors si c’est important.” Tu essayes de croiser son regard mais ce n’est pas facile. Il ne cesse de regarder les portes et les fenêtres comme si quelqu’un pouvait arriver à n’importe quel moment. Tout dans son attitude prouve qu’il est acculé, encore en mission. Ta voix se fait plus douce, lorsque tu imagines ce qu’il est en train de traverser. “ Je suis toujours en colère contre toi mais je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose pour autant.” Finis-tu par avouer, laissant retomber ta main pour t’adosser à côté de lui contre la commode. Tu te maudis contre ta faiblesse, car tu ne veux pas qu’il sache que tu te soucies encore de lui mais c’est plus fort que toi. S’il a besoin de soins, tu dois le savoir… Enfin, pour le moment, le temps est toujours aux réponses et tu ne vas pas t’en plaindre. “ Non, je n’ai pas essayé de te chercher.” Réponds-tu quand Alan te demande si tu as essayé de le trouver sur les réseaux. C’est totalement faux mais tu as ta fierté…Mais au moins, tu comprends pourquoi tu n’as rien trouvé. Car comme il t’explique, il est un fantôme partout. Logique avec son métier. Et cette manie de disparaître…. Tu avais toi-même pensé à lui comme un fantôme dans ta tête… En tout cas, il était habitué à ne pas laisser de traces, jusqu’à votre fameux date qui avait fait de toi, une cible car une photo volée avait fuité. Il ajoute que c’est de sa faute. Tu pousses un profond soupir. Une part de toi avait effectivement envie de lui hurler que c’était de sa faute si tu étais en danger mais ça serait vraiment de mauvaise foi. “ Ce n’est pas entièrement de ta faute… J’ai insisté pour qu’on se rencontre… Et les foutus paparazzis ont fait le reste… Mais oui, je crois que j’aurai aimé savoir dans quoi je m’embarquais…” Tu restes silencieuse, à réfléchir encore de longs instants, complètement dépassée par la situation. Et puis, malheureusement, tu poses de nouvelles questions. “ Qu’est-ce qu’on doit faire maintenant ? Je dois me cacher jusqu’à ce que la menace disparaisse ? Tu vas rester avec moi tout le temps ?”

 

distant angel ☽ In your eyes
I see something to believe in
Your hands are like a flame
It brings the sweetest pain @Maureen Fraser    

Alan voulait tout sauf lui faire peur. C’était l’une des dernières choses que l’Australien recherchait. Mais d’un autre côté, si c’était le seul sentiment qui apparaisserait à la femme pendant qu’il la protège, et qu’il ne pouvait pas faire autrement, il n’allait pas non plus se brider. Sa sécurité était plus importante à ses yeux, tellement plus importante. elle ne savait pas à quel point. Elle ne pouvait pas imaginer aussi loin que l’homme pouvait aller pour être certain que les choses soient faites. Aussi bien pour la revanche qu’il compte prendre, mais aussi pour la protection de cette femme qui lui tappait autant sur le système qu’il appréciait tout autant. Bizarre comme réaction pour lui, mais il ne cherchait pas plus loin, il venait simplement continuer à faire attention à ce qu’il se passait autour. Il réitérait quand il lui disait que personne dans ce monde n’était prêt à ce qui se produirait si un seul de ses cheveux était touché. Mais elle n’avait pas besoin de savoir les détails, il y avait déjà tellement qui allait lui tomber dessus, tellement de chose qu’elle allait prendre dans la figure en révélation, des choses qu’il aurait préféré garder secret, qui n’aurait jamais dû venir dans son monde… Mais maintenant, elle méritait de savoir tout ça…

D’un côté, Alan n’avait pas besoin d’avoir la confiance de Maureen. Il pouvait toujours être là, comme un ange gardien vadrouillent autour d’elle. Mais il ne voulait pas que cela se produise de cette manière, non. C’était impossible d’imaginer ce scénario, ce n’était pas comme ça qu’il voulait faire. “Je suis là, non?” Commençait-il, avant de reprendre ensuite. “De cette manière.” Il venait retirer un collier autour de son cou. Il n’avait pas grand chose, rien qui ne comptait réellement pour lui. Mais ses plaques, celles qui annonçaient qu’il était toujours en vie, c’était quelque chose. Un bout de métal pour tant de gens. Un bout d’âme pour lui. Peut-être qu’elle allait lui pouffer au visage, mais il le faisait. Il venait décrocher le collier, avant de la poser sur le meuble à côté de lui. “Garde le avec toi, sans jamais le montrer.” Il était lié à ce collier, sans savoir qu’il l’était encore plus à elle. Mais c’était une façon très maladroite de montrer comme un bout d’affection, comme un bout de ce qu’il pensait d’elle. Il ne fallait pas trop en demander à ce robot. Il venait ensuite froncer les sourcils, c’était le moment qu’il n’était pas excité à raconter. Non seulement c’était encore frais, mais c’était aussi la partie qui allait probablement effrayer Maureen. Tout ça était de sa faute, et elle était déjà bien trop impliquée dans quelque chose auquelle elle n’y pouvait rien, auquelle elle n’avait rien demandé. Il ne venait pas répondre, simplement faire un signe de tête, il n’avait pas besoin de mâcher les mots. Il préférait les utiliser pour qu’elle soit réellement au courant de ce qui s’y passait. Mais il souhaitait finalement ajouter quelques mots. “Mais ils ne savent pas ce qui va leur tomber dessus, terroriste ou pas.” Il était dedans depuis des années, il était devenu l’un des hommes les plus dangereux du coin, voir du pays. Alan était Alan, il ne savait pas extérioriser, il avait gardé ces visions, ces moments plus que traumatisants. Pour lui, c’était quelque chose de normal, de banal. Se confier, les faire sortir n’était pas quelque chose qu’il était habitué à faire. En parler tout court même. Cela lui provoquait quelque chose d’étrange en lui, de la tristesse, c’était certain. De la haine ? Complètement. Mais il y avait quelque chose de plus, certainement avec la présence de Maureen. Il venait se stopper, sans débloquer son regard. “Non… J’ai compris trop tard ce qu’il se passait. J’étais pas prêt. J’aurais dû.” Il s’en voulait aussi. Il était le chef, il était celui qui devait faire en sorte que tout le monde retourne en vie chez eux. et Alan s’était planté, il avait complètement loupé ce à quoi il était le meilleur. Une erreur, sept cadavres. Sept frères à enterrer. Sept cercueils vides. Il se sentait si mal, il n’avait pas eu le moment de se rendre compte que c’était réellement fait. Il était triste, en colère, il passait par toutes les émotions. Laissant chacune une trace en lui, ou sur son visage. Mais c’était la main de Maureen qui venait se placer sur son épaule qui réussissait le plus à lui faire quelque chose, à venir lui apporter un peu de bonne chose, venant diffuser des bons sentiments, une force qui venait combattre toutes ces mauvaises pensées. Elle venait lui faire du bien, d’être là. Elle ne savait pas à quel point c’était important pour lui, bien qu’il ne le dirait pas, pas de suite. Il ne pouvait pas, bien trop fier, mais aussi si peu habitué à faire ça avec un autre humain. Mais ça lui sauvait la vie. C’était certain même, ça l’empêchait de tomber dans ses derniers retranchements. Ceux où il n’en aurait plus rien à faire d’y passer pendant la dernière mission. Celle où sa vie n’avait plus d’importance. Il aurait encore cette personne, était-ce trop de penser qu’il pouvait s’y attacher un peu? Penser qu’il pourrait songer à quelque chose ?

Il l’entendait se soucier de lui, de ses blessures. Mais comme tout chez lui, le côté de tout faire soit-même était bien trop grand. Mais pour une fois, il laissait ce côté, permettant à Maureen de s’approcher si elle souhaitait. Il venait remonter un peu son t-shirt qui était bien trop usé. Il ne devait pas forcément avoir la plus belle odeur corporelle, mais il n’y pouvait pas grand-chose, il avait bien plus important à faire qu’à s’occuper de son hygiène. Les mots de Maureen venait le toucher, il ne s’y attendait pas. Il pensait qu”elle ne voulait toujours pas entendre parler de lui, et quoi qu’il arrivait, elle ne voulait plus penser à lui, s’en fichait de son sort. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle pense ainsi. Il n’avait rien à y répondre, simplement une sensation d’avoir quelqu’un, d’avoir encore un lien dans le monde des vivants, d’avoir peut-être une chance de toujours avoir Maureen dans la même pièce que lui. Elle aurait très bien pû l’envoyer voler, et n’en avoir rien à faire de ce qu’il avait à dire. Mais elle était tout de même là, prenait le temps, lui envoyait des piques bien méritées, mais se trouvait toujours avec lui. Se souciait toujours de lui, de son état. Il venait lui expliquait ensuite sa façon de faire, était un peu déçu de sa réponse, mais ne le montrait pas non plus. Il aurait aimé entendre autre chose, mais il n’allait pas pousser sa chance trop loin, c’était déjà miraculeux qu’il puisse encore lui parler. Avant de lui avouer que tout était de sa faute. S’il ne s’était pas approché d’elle, s’il n’avait pas accepté, elle ne serait pas dans tout ce tracas… Mais d’un autre côté, il n’aurait pas pu découvrir Maureen… Cette femme qui avait sû chambouler sa vie… Il acquiessait, avant de reprendre. “Le plus simple serait de te cacher… C’est certain, le temps que je gère tout ça…” Il réfléchissait, mais il ne voulait pas priver Maureen de sa vie… Il venait lui laisser le choix, comme toujours avec elle, il ne voulait pas prendre la décision à sa place. “Je peux t’emmener chez moi… Mais… Réellement chez moi. L’endroit que personne ne connaît. Je sais où se trouvent ceux qui font ça, ça ne devrait pas durer longtemps… Mais… Est-ce que tu serais prête à ça?” Finissait-il. Lui faisait-elle assez confiance pour mettre de nouveau sa vie entre ses mains, voir même plus?

 

distant angel ☽ In your eyes . I see something to believe in. Your hands are like a flame. It brings the sweetest pain @Alan Murray    

“Je suis là, non?” Ces mots ont un impact plus important que ce qu'ils ne devraient sur toi, et pas seulement à cause de la manière ferme dont il les prononce. Parce que justement, tu avais passé des heures à espérer le revoir, à rêver du moment où il reviendrait dans ta vie. Plus son silence s’était prolongé, plus tu avais compris que cet espoir était insensé mais pourtant, une part de toi avait continué à y croire en dépit de tout. Tu t’en étais voulu pour ça, tu avais été dans le déni, essayant de te convaincre que tu n’avais pas besoin de cet homme qui avait la fâcheuse manie de disparaître. Mais la vérité était tout autre. Depuis votre première rencontre, il avait touché une partie de toi dont tu ignorais l’existence jusqu’à là, laissant une empreinte indélébile… Tu avais besoin de lui, tu voulais qu’il soit là, à tes côtés. Et comme les autres fois, la magie de l’inexplicable connexion qui semble exister entre vous fait des merveilles car il comprend et prend au sérieux ton besoin d’avoir quelque chose de concret auquel te raccrocher. Il attrape quelque chose autour de son cou, sortant une chaîne métallique de sous son t-shirt. Ses plaques militaires. Il les retire, les posant sur le meuble auquel vous êtes adossés, pour les pousser vers toi. Comme s’il n’osait pas te tendre la main pour te les donner et te toucher… Avec énormément de sérieux dans la voix, il te dit que tu ne dois les montrer à personne. Entre ça et ce qu’il vient de t’expliquer sur la nécessité de garder son identité parfaitement secrète, tu réalises qu’il vient de te donner une belle preuve de confiance. Celle que tu lui avais réclamée… Tu ne peux pas imaginer qu’il s’agit en réalité de plus, de bien plus que cela... “ Tu es sûr ?” Demandes-tu, néanmoins, presque intimidée, car tu imagines qu’il s’agit sans doute d’un des derniers objets qui le rattache au monde réel. Avec délicatesse et respect, tu les prends entre tes doigts, caressant les inscriptions métalliques, celles qui rendaient l’existence de ton fantôme plus concrète. Même si bien sûr, il était tellement plus que les informations contenues sur ce minuscule bout de métal… “ Je les garderai jusqu’à ce que tu me demandes de te les rendre. J’en prendrai soin, promis. ” Dis-tu solennellement en les passant autour de ton cou, les dissimulant toi aussi sous ton vêtement. C’est bête mais ça marche, parce que tu te dis que tant que tu les auras, il y aura forcément un moment où il devra les récupérer s’il veut te quitter à nouveau. Il ne pourra plus disparaître sans un mot…

Il semble qu’une trêve ait réussi à s’installer entre vous. En même temps, comment pourrais-tu continuer à en vouloir à Alan alors qu’il vient de traverser l’enfer et que le danger est tout proche ? Il n’y a pas de temps ou de place pour ton petit drama personnel ou les grandes scènes. Tout ce qu’il te reste à faire, c’est de continuer à essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de la situation et à essayer de réconforter l’homme brisé à tes côtés. Car tu te rends vite compte que te raconter est pour lui très pénible, que souvent son regard se perd au loin, revoyant sans doute des images d’horreur. Et surtout, il y a cette culpabilité qui semble le dévorer. Ton cœur se serre de le voir si vulnérable, lui qui paraissait tout le temps si inébranlable. Ta main serre son épaule pour lui montrer qu’il n’est pas seul, même si ce contact physique peut sembler bien dérisoire face à l’ampleur de sa perte. Tu étais sans doute bien incappable d’imaginer ce qu’il avait vécu. Personne ne le pourrait. Pas une civile lambda en tout cas. “ Je crois que c’est normal que tu te sentes coupable, ça va de pair avec le chagrin et le fait d’être le seul à avoir survécu… Même si je suis sûre que tu as fait de ton mieux… Et je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais maintenant, il faut que tu te reposes, que tu arrêtes de ressasser. Que tu prennes le temps de te remettre et de retrouver un peu de lucidité… C’est quand la dernière fois que tu as dormi ?” Tu l’avais bien entendu lorsqu’il avait dit que ceux qui avaient décimé son unité n’étaient pas prêts pour ce qui allait leur tomber dessus. La menace dans sa voix t’avait fait d’ailleurs frémir même si elle n’était pas dirigée contre toi. Tu te rendais simplement de plus en plus compte qu’il vivait dans un monde diamétralement opposé au tien et qu’il semblait réprimer encore pas mal d’informations, sans doute pour ne pas que tu t’enfuies en courant… Cependant, pour le moment, il n’avait pas l’air en état d’aller venger qui que ce soit. Et tout à coup, tu te donnes pour mission de prendre soin de lui à sa place, car tu n’as pas l’impression qu’il le fera sinon.  

Tu insistes pour qu’il te montre sa blessure et après quelques atermoiements, il cède, soulevant son t-shirt. Tu te penches pour regarder et tu ne peux que réprimer un petit cri étouffé en voyant un pansement imbibé de sang lui recouvrir une bonne partie du flanc. Comment pouvait-il encore tenir debout ? Tu inspires profondément. Depuis qu’il a prononcé le mot “Grizzly”, tu te retiens à chaque instant de craquer, essayant de réagir avec une certaine force de caractère. Mais bon sang, ça devenait de plus en plus compliqué. “ Ça m’a l’air d’être le contraire de pas important… Est-ce qu’on a le temps pour que je change au moins ton pansement avant de partir ? Je sais le faire, ma mère est médecin.” En parlant ainsi, tu réalises que tu as pris ta décision concernant votre départ sans même t’en rendre compte. En même temps, la blessure qu’il vient de te dévoiler prouve bien que le danger est plus réel que jamais et qu’il ne te joue pas la comédie. Tu préfères te cacher avec lui, que rester ici dans une angoisse perpétuelle avec la peur de te faire enlever ou pire par une bande de terroristes. “ Je peux disparaître deux semaines. C’est encore possible à cette période, je dis à tout le monde que je prends des vacances avant la rentrée pour me préparer. Mais à la mi-septembre, je dois pouvoir reprendre ma vie. J’ai décroché un gros rôle dans un film et il est hors de question que j’y renonce.” Expliques-tu, même si tes contraintes doivent sembler bien dérisoires à côté des siennes. “ Je veux bien me cacher. Je ne pense pas que tu serais venu me le demander si ce n’était pas absolument nécessaire. Et je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à mes proches.” Dis-tu, ensuite, frissonnante, pensant surtout à tes frères et à ta sœur. En revanche, tu sentais que tu allais devoir négocier avec lui. “ Je veux bien venir chez toi. Si c’est l’endroit le plus sûr. J’imagine que je ne peux pas te convaincre de renoncer à ta vengeance… Mais j’ai deux conditions quand même. Premièrement, je veux que tu attendes un peu d’aller mieux avant de te lancer à la poursuite de tes ennemis. Deuxièmement, je veux que tu restes avec moi tout le reste du temps. Que tu ne me quittes que quand c’est absolument nécessaire. Il est hors de question que je me terre toute seule, dans un endroit inconnu, en me demandant toute les journée si tu es vivant ou mort et si je suis la prochaine…”