Le soleil enivre la pièce, laissant une trainée dorée se mariant parfaitement contre le tapis blanc au pied du lit. Un si grand lit à moitié vide, pas de mauvaise interprétation, j’adore me réveiller seul, d’avoir un lit king size juste pour mon confort. Ayant dormi comme un énorme bébé, je m’étire lâchant quelques grognements, comme pour chasser le reste de sommeil. Prenant position assise, la même vue, une grande chambre vide. Je note mentalement d’acheter plus de meubles plus tard, la fraicheur du sol réveil quelque peu mes pieds picotant par la pression brutale du repos à une activité.

Une douche plus tard, j’enfile un jean délavé du bleu à gris clair et un t-shirt noir du groupe Nirvana par-dessus. Les cheveux encore humides, un café à la main, j’observe le voisin bien décidé à en découdre avec son jardin. Le sourire aux lèvres, je ne peux m’empêcher de rire en le voyant galérer pour allumer la tondeuse, un énorme sursaut lorsqu’il y parvient enfin et l’expression du désespoir quand le moteur s’éteint à nouveau. Plus loin, son chien lui donne du fil à retordre, le pauvre homme a passé la journée entière la veille à rassembler toutes les feuilles en un énorme tas. Le toutou s’est décidé à ne pas laisser un moment de répit et saute droit dedans, ressortant d’un bon, laissant une masse de feuilles sur son passage. J’en ris avant de terminer cette délicieuse boisson caféine, il est peut-être temps pour moi de me rendre utile en cette journée de congé.

J’ai fini par aider le voisin, l’homme d’une soixantaine d’années ne demande pas notre aide, mais il est toujours ravi que nous lui en apportions entre voisin. De plus, il s’agit du concierge de l’immeuble, l’avoir dans vos bonnes grâces est sans doute plus sage, la rumeur dit qu’il a fait de la prison toute sa vie ! La journée est passée à grande vitesse, après une autre douche, plus rapide cette fois, il est temps de me préparer un bon repas. La cuisine est une de mes qualités, j’ai appris du plus grand chef que je connaisse, ma mère. Ouais, ça sera spaghetti sauce bolo façon Villanueva. Lorsque la sauce est prête, je n’ai plus qu’à m’occuper des pâtes, prêt pour la tâche que je foire toujours, ouais, elles sont toujours trop cuites ! La mélodie de l’interphone interrompt ma concentration quand j’entends une voix, je m’empresse d’essuyer mes mains salies par la sauce avant de courir vers la porte afin de lui ouvrir.

« Vamos mi Hermana, c’est ouvert »

Impatient, je trépigne devant la porte d’entrée déjà entrouverte pour l’une de mes personnes préférées. Le temps semble une éternité, je souris lorsque j’entends enfin ses pas dans le hall en lui sautant dessus avant même qu’elle n’arrive à ma distance. Je sais, peu de personne peuvent dire que je suis ce petit garçon très heureux de voir sa grande sœur, c’est seulement pour la famille ce comportement.

« Vas-y entre, j’ai quelque chose sur le feu »

Je quitte Sofia en direction de la cuisine, ou j’espère ne pas encore avoir foiré la cuisson des pâtes. Laissant la dame s’installer comme chez elle, je remue la sauce avant de revenir vers elle, deux verres en main, sa tête me dit qu’elle aura peut-être besoin de quelque chose de plus fort qu’un jus d’orange !

« De quoi as-tu besoin hermana pour m’effacer cette mauvaise mine ? »