Qui vole est un voleur

Toute naïveté court le risque d'un ridicule et n'en mérite aucun.

Tu n'es pas dans cette succursale depuis bien longtemps, mais déjà tu es complètement perdu. Regardant ta collègue de travail avec de gros yeux, tu clignes plusieurs fois des paupières en essayant de comprendre pourquoi elle te traite de tous les noms. ­­­« Est-ce que tu es fiévreuse? » Elle te regarde comme si tu étais un extraterrestre avant de partir en furie, te laissant seul dans le rayon des cosmétiques. Mais elle va revenir, pas vrai? Une semaine que tu as été jumelé avec elle et déjà, tu ne la cernes pas. Tu es pourtant le genre de personne qui apprend à connaître les autres, alors comment peux-tu avoir raté ce qui ne va pas? Tu te rappelles qu'elle t'a traité de coureur de jupons, de traite et d'obsédé. Pourtant, tu ne lui as jamais fait des avances. Et ce n'est pas parce que tu la remercies quand elle te fait des compliments ou que tu la laisses entrer dans ta bulle que tu lui as fait des faux espoirs. Si? Tu te demandes maintenant si tu as bien fait de venir au travail aujourd'hui, mais puisque tu as vitalement besoin d'argent pour payer ton loyer, tu n'as pas le choix. Tant pis pour la migraine, tant pis si tu dois faire un double quart de travail puisque Rose a maintenant quitté les lieux. Tu te doutes qu'elle est toujours dans le magasin, l'entendant pleurer bruyamment au loin, mais tu n'as pas envie d'avoir des remontrances en quittant aussi la section. On t'a bien fait comprendre à l'embauche de toujours surveiller le tiroir caisse. C'est pourquoi tu la regardes simplement lorsqu'elle se rend dans l'entrepôt du commerce, ne sachant trop si tu devrais lui dire quelque chose.

Tu es perdu et c'est justement sur cet état d'esprit que tu remarques qu'un nouveau client a fait son entrée. Depuis combien de temps est-il présent? Tu n'en as aucune idée, mais tu te dis qu'il devrait prendre un panier, puisque visiblement, il semble avoir oublié d'en prendre un. Tu le regardes tranquillement mettre un parfum dans son manteau, en te demandant pourquoi il ne le garde pas tout simplement dans ses mains. Puis un autre. Il n'a pas compris que c'était des testeurs? Il faut une minute pour qu'il ai un contact visuel avec toi, cessant tout mouvement dès que vos regards se croisent. Tu lui souris donc, te demandant pourquoi il est maintenant figé. Il a pris trop de parfums, c'est inconfortable? Tu devrais peut-être lui donner un panier.... Si tu as compris qu'il est probablement un voleur? Pas du tout. Après tout, personne de censé n'irait voler des parfums dans une pharmacie. Pas vrai? Tu le trouves tellement étrange que tu ne remarques pas qu'il y a un autre employé dans les environs, trop occupé à fixer le client.

@Hanseo Jang  & @Seungkwan Cho

Qui vole est un voleur

Toute naïveté court le risque d'un ridicule et n'en mérite aucun.

Tu ne sais plus depuis combien de temps tu traînes dans l’entrepôt. Assez longtemps pour ne plus avoir la notion du temps en tout cas. Tu ne te souviens même plus ce que tu venais y faire au départ. Tout ce que tu sais, c’est que tu lançais ton crayon dans les airs et que ça t’a éventuellement mené à dessiner sur les boites de papiers mouchoirs trois épaisseurs. Tu ne te contentes pas d’un petit bonhomme sourire ou encore d’un bonhomme allumette. Tu as plus de talent que ça en dessin quand même. L’œuvre que tu es en train de créer prend la forme d’une bande bandes dessinée, du moins dans ta tête, chaque boite jouant le rôle d’une case.  La situation comprend deux personnages. Un employé et un client con. Le client con commence par demander si l’employé qui, notons le porte un name tag du nom de ‘’Luke’’, preuve qu’il est bel et bien un employé, travaille ‘’ici’’. L’expression sur le visage de l’employé respire l’exaspération, mais la petite bulle de texte à ses côtés ne contient qu’un ‘’oui’’. Le client dit ensuite qu’il cherche une petite crème blanche, ce à quoi l’employé demande c’est une crème pour quoi. Le client con rajoute ensuite ‘’bah, pour se crémer’’. Tu es en est rendu à dessiner la réaction de l’employé quand tu es dérangé par une présence indésirable. Pour une fois que tu arrivais à te concentrer à faire quelque chose.

Tu jettes un bref coup d’œil à Rose, alors qu’elle s’assoit sur la palette la plus proche de toi. Tu regrettes de l’avoir fait. C’est comme si ce contact visuel lui avait donné l’impression que tu étais attentif à sa petite personne et maintenant, elle n’arrête pas de se plaindre. Ses pleurs agressent tes oreilles, mais aussi ta personne. Pas parce que tu es une personne insensible à la peine des autres, c’est juste que là, il s’agit de Rose. Tout le monde ici sait qu’elle aime se donner en spectacle. Elle le fait maintenant. Elle aurait dû être actrice, à jouer dans des films à bas budget, mais actrice quand même. Toi qui passes normalement tout ton temps aux cosmétiques, tu évites ce département comme la peste quand tu sais que c’est elle qui travaille. Tu n’es même pas aller voir le nouveau à cause d’elle. Toi qui pourtant si curieux. C’est l’effet Rose. – Ah, j’ai été demandé au laboratoire! Tu ne l’as pas entendu parce que tu pleures, mais c’est vrai. – Tu as lancé la première chose qui t’es venu à l’esprit, étant d’avis que cette excuse est plus acceptable que de te contenter de quitter en silence. Tu n’attends pas sa réaction avant de quitter les lieux, fermant le bouchon de ton crayon en chemin. En chemin… Tu ne sais même pas où tu t’en vas comme ça. Tu voulais juste fuir Rose. PAUSE. Si Rose est dans l’entrepôt, ça veut dire qu’elle n’est pas aux cosmétiques. Si elle n’est pas aux cosmétiques, ça veut dire que le nouveau est tout seul et que tu peux aller le voir! Voilà, ta curiosité est revenue. Tu es quelqu’un curieux de nature, mais tu l’es encore plus comme le nouvel employé est un homme. C’est que tu n’as jamais vu d’employé masculin aux cosmétiques. C’est bien. Tu trouves ça bien. C’est juste nouveau. Le pauvre, il est coincé avec Rose.

Contre toute attente, ce n’est pas sur le cosméticien que ton attention s’attarde, mais plutôt sur le mec louche qui est en train de remplir son manteau de parfum. Est-il un mauvais voleur ou n’essaye-t-il simplement pas d’être subtile? Tu ne pourrais pas dire, mais le geste est évident. Même un aveugle le verrait. Ouais. Non. Ça ne fait pas de sens. Tu ne fais pas de sens. Il faut que tu arrêtes de penser. Maintenant. Reviens au vol. Ton regard passe du voleur à l’employé, de l’employé au voleur. Ton incompréhension est apparente. L’employé regarde le client malhonnête, mais c’est tout. Il le voit, mais il ne fait rien. Et te voilà qui fait pareil! Non. Non, ça ne se passera pas comme ça. Tu traverses le département des cosmétiques d’un pas déterminé sans accordé un regard de plus au nouveau. Tu t’arrêtes devant le client, ou plutôt le criminel, avec le plus beau sourire de service à la clientèle qui soit. – Bonjour, est-ce que je peux vous aider? En fait, ce n’est pas une question, je sais que vous allez me répondre non. Je reformule : laissez moi vous aider. Et si vous commenciez par me remettre le parfum que vous tenez? Et ceux que vous avez dans votre manteau? Vous ne voudriez pas retrouver votre visage sur le mur de la honte à l’entrée de la pharmacie quand même? – Tu balances le tout rapidement, lui parlant comme si rien n’était. Il s’agit là d’une confrontation assez sympathique. Il devrait se compter chanceux que ce soit toi qui l’ait abordé.

@Hanseo Jang  & @Seungkwan Cho

Qui vole est un voleur

Toute naïveté court le risque d'un ridicule et n'en mérite aucun.

Devrais tu aller saluer le client? Tu n'en as aucune idée. En temps normal, tu es le genre d'employé à offrir un service clientèle exemplaire, mais puisqu'il fuit ton regard, tu as l'impression que ce dernier ne désire pas être dérangé. Tu sais au fond que tu ne te poses pas la bonne question, mais celle qui est entrain de te chicoter est: pourquoi il a besoin d'autant de parfum? Pour hommes, pour femmes... est-ce qu'il a du mal à se décider sur quoi porter ou quoi offrir? Tu es entrain d'essayer de comprendre pourquoi il n'a pas pris de panier au lieu de trouver des cachettes pour transporter ses fragrances lorsqu'un collègue que tu ne connais pas encore entre dans le département et se dirige vers l'homme en question. Tu ne le vois que de dos, mais tu sais immédiatement qu'il ne travaille pas dans le rayon cosmétiques. Premièrement, parce qu'il n'est pas habillé en noir, mais bien avec un polo d'une couleur douteuse. Malgré les apparences, tu es observateur. Peut-être que tu rates certaines évidences contrairement aux autres, l'esprit trop embrouillé par tes pensées, mais le style ça tu le remarques. Et l'uniforme des commis de plancher sont malheureusement complètement exempts de tout style convenable. Tu espères au moins pour eux qu'il est confortable. Tu n'as personnellement pas à te plaindre, puisque tu es vêtu entièrement de noir. Une chemise noir, un pantalon noir... rien de plus simple. Peut-être un peu ennuyant puisque tu apprécies aussi les couleurs, mais ça fait le travail.

Tu es entrain de juger le polo de ton collègue lorsque tu remarques qu'il est en pleine discussion avec le client qui ne voulait pas se faire déranger. Tu ne sais pas pourquoi il est allé l'aborder, surtout que ce n'est pas son département, mais tu t'approches tout de même. Tu n'entends que la fin de sa phrase, arquant un sourcil dans sa direction. "Quel mur de la honte?" Qu'est-ce qu'un mur a bien pu faire pour devenir honteux? Aucune idée... mais c'est avec cette interrogation au visage que le client sort de son coma, poussant le commis sans grand ménagement avant de partir à la course vers la sortie, laissant le parfum qu'il avait dans les mains sur le comptoir. Il te faut quelques secondes pour comprendre qu'il n'a pas payé, te demandant pourquoi il était aussi pressé de partir aussi. "Il n'a pas payé..." Tu croises les bras devant toi, avant de te tourner vers l'autre homme, qui vient de se faire bousculer. Tu ne le connais pas, mais tu as décidé que tu l'aimais bien. Pourquoi? Parce qu'il est là voilà tout et tu t'ennuyais. "Ça va? Pas blessé?" Pourquoi est-ce que le client l'a poussé? Tu ne sais pas. Peut-être qu'il lui a dit des mots inconvenants avant que tu n'arrives à leur distance, tu ne pourrais dire. Chose certaine, tu n'as pas trop envie d'appeler le responsable pour lui indiquer que le client a oublié de payer ses achats. Si tu as du mal à comprendre lorsqu'on ne t'apprécie pas, tu as vite compris que c'était son cas à lui. Tu aimerais mieux éviter ses commentaires ce soir.

@Hanseo Jang  & @Seungkwan Cho